Précision : Bonus de Noël
fantasy de M6 aux fics "Les cheveux de Mû" et "In bed with Aldébaran".
Personnages : Coco, chevaliers d'or, etc
Rating : PG
Warnings : Lamberto Bava ; ça va être long ; animaux qui parlent ; top-models italiens.
Dédicace : pour
lilou_black Partie 1
*nappes de synthétiseur*
*chants roucoulants italiens*
Le château de la rose d'or
Il était une fois, il y a bien longtemps, dans un pays sauvage et pauvre, où les hommes connaissaient encore les maléfices, une famille de bûcherons qui peinait à nourrir ses cinq enfants. Le bûcheron et sa femme travaillaient dur, mais le dernier hiver avait été particulièrement rigoureux, et la disette ayant frappé la région, ils ne purent bientôt plus acheter assez de blé, sans parler des animaux qui se faisaient rares.
La plupart de leurs enfants étaient encore trop jeunes pour partir travailler ou aider à la cueillette. Quant à l'aîné, il était si petit et faible qu'il ne pouvait soulever une hache. Mais il avait pour lui son ingéniosité et sa ruse, ainsi qu'une capacité à se glisser partout sans se faire voir ; pour cela on l'appelait « Colibri ».
Quand il fallut choisir de quel enfant on allait devoir se défaire pour nourrir les autres, on pensa qu'il valait mieux que ce fût lui, car il avait davantage de chances de pouvoir survivre seul. Le bûcheron et sa femme prétextèrent donc une après-midi de cueillette dans la forêt, et le perdirent au plus profond des bois.
Mais ils avaient sous-estimé l'intelligence de leur fils ; celui-ci avait surpris leur conversation, et n'ayant aucune envie de courir le risque de se faire dévorer par les bêtes sauvages, il avait accroché, tout au long de l'aller, de petits morceaux de chiffons au branche, si bien qu'il fut de retour à la cabane avant la tombée de la nuit.
Ses parents se désolèrent (son père le battit pour être de retour si tard), et la nourriture vint à manquer davantage les jours suivants. Il fallait se résoudre à perdre à nouveau le garçon, mais cette fois, il fallait le faire au crépuscule de sorte qu'il ne puisse pas retrouver son chemin.
Ce qui fut pensé fut fait. Et Colibri, n'ayant pas de quoi s'éclairer, acheva cette fois de se perdre complètement. Arrivé dans une clairière, il eut envie de pleurer mais ne le fit pas, car une vie dure l'avait entraîné à garder pour lui ses pensées et émotions. Il se coucha sous un buisson et s'endormit, en rabattant comme il pouvait sur lui son petit manteau.
Mais le buisson sous lequel s'était endormi l'enfant n'était pas un arbuste ordinaire ; c'était un buisson de roses, et un buisson-fée, si bien que toutes les roses l'observèrent pendant qu'il dormait, et firent leur rapport à la Reine des Roses, la fée qui habite au sommet de la montagne, dans le Château de la Rose d'Or.
La Reine des Roses était connue pour sa beauté plus éclatante que le matin le plus radieux du printemps. Ses cheveux étaient bleus comme le ciel, ses yeux clairs comme la mer sans tache, sa peau blanche comme le lait. Elle était vêtue de robes d'argent pleines de gonflés et crevés, s'épanouissant en corolles et crinolines. Son château était d'or, et elle se déplaçait dans un char cuivré tiré par des cheveaux ailés. Mais elle était aussi froide, cruelle, et elle rendit visite à la famille de bûcherons.
Quand ils la virent, les parents de Colibri devinrent pâles et tremblèrent, car ils eurent peur pour leur vie. Mais la fée voulait seulement leur fils, pour l'emmener dans son château, et elle leur demanda où il se trouvait. Elle paierait pour lui un bon prix, aussi n'auraient-ils plus à s'inquiéter pour les mois à venir.
Le bûcheron et sa femme passèrent toute la journée à chercher leur fils dans les bois, ce qui fit sourire la Sorcière des roses. Enfin ils lui ramenèrent, et la fée prit le petit visage entre ses mains aux longs ongles diaphanes, observant la petite tête aux cheveux blond sale, aux yeux verts, aux nez retroussé couvert de tâches de son. Les cheveux blond sale disaient « Je suis sans scrupule », les yeux vert pâle clamaient « Mon esprit est plus fort que le plus fort des chevaliers !», le nez retroussé expliquait « Je suis un petit enfant audacieux », et les tâches de rousseur trahissaient « Il reste encore en moi de la naïveté ».
La Sorcière rit.
« Quelque naïveté qu'il reste en vous, taches, bientôt elle ne sera plus là. »
Et elle emporta l'enfant dans son char, au sommet de la montagne, dans le magnifique Château de la Rose d'Or.
Deux shampoings américains et une fausse mouche collée plus tard, Colibri, rebaptisé « Coco », et revêtu d'une luxueuse livrée de valet, devint l'homme à tout faire de la Reine des Roses.
Toute la journée il devait astiquer les bibelots des mille salles du château, laver et cirer les millions de carreaux des sols, briquer les vitres des fenêtres pour qu'elles étincellent de loin au soleil et même la nuit.
De ses dix taches de rousseur, il n'en resta bientôt plus que neuf. La Sorcière était dure avec lui, ne le nourrissant que de bonbons sucrés qui lui donnaient des indigestions, l'obligeant à se maquiller, à se faire des brushings sur ses cheveux éclaircis et à cirer les bottes du Prince Noir, un grand homme basané ami de la Reine, qui ne cessait de pousser de grands rires machiavéliques avec elle et s'enfermait parfois dans sa chambre, dont il ressortait quelques heures plus tard en robe de chambre.
« Un bon esclave que ce Coco ! », dit-il un jour, alors que l'enfant cirait ses grandes bottes noires.
« Je l'ai acheté à une famille de miséreux pour une bouchée de pain », expliqua la Reine des Roses. « Certains parents n'ont même pas honte de vendre leurs enfants. »
« Il était peut-être insupportable. Hein, Coco-Rico ? »
« ... »
« Mais revenons à notre sujet. Ton projet d'épouser la Princesse Raiponce, où en est-il ? »
« Son père est en train de réfléchir à ma demande. Le vieux Roi Shion est dur en affaire, mais les terres que je lui ai offertes l'intéressent hautement, j'ai bon espoir. »
La bouche nacrée de la Fée des Roses fit la moue ; Coco savait pour l'avoir lui-même maquillée que quand elle bougeait de cette façon c'était qu'elle était mécontente.
à suivre