Remarques :
- Cette fic se situe dans le même univers que Le premier ami de Sirius Black, Les rats et les fées et Runaway boys (donc toute coïncidence... n'en sera pas une !)
- Sur le
vodnik.
Chapitre 6
« Tu veux savoir ce qu'il y a au-delà de la rivière, petite ? », répondit le buraliste moldu. « Il y a des marais là-bas, mais tous les gens "normaux" qui s'y rendent finissent par tourner en rond, au mépris des foutues règles de la logique. Certains disent même qu'ils y ont aperçu des créatures surnaturelles, la nuit. Des lutins au visage rouge. Mais toute la région est étrange. »
En visite au village, Bellatrix avait réussi à échapper quelques minutes à la vigilance de sa grand-tante, restée coincée dans l'épicerie spécial sorciers.
« T'as bien raison Peter !», intervint l'un des habitués. « C'est à cause de toutes ces vieilles pierres dressées au sommet des collines. Ça a affaire avec des choses qu'on comprend pas. »
« Oui. Nos grand-mères ne les appelaient pas roches à fées pour rien... »
* * *
Cette petite escapade valut à Bellatrix dix jours de surveillance extrême, durant lesquels elle ne put emprunter le passage. Parfois elle se demandait si tout le tapage que les divers membres de sa famille faisaient autour d'elle n'était pas lié au fait qu'elle avait, il y a un peu plus d'un an, planté un chandelier dans la main de son cousin Sirius Black, anecdote qui s'était répandue au fur et à mesure des dîners de famille et invitations à boire le thé.
Quoiqu'il en soit, toutes les choses ont une fin, et Bellatrix sut se montrer patiente, tant elle avait envie de revoir le garçon blond de la rivière et celui qui se reposait dans un hamac et dont elle avait conservé le chapeau.
Ainsi, ce second mardi de juillet, alors que Cassiopea Black s'était enfermée dans l'obscurité fraîche de sa chambre pour une sieste d'après-digestion, Bellatrix fit une troisième fois jouer les yeux de la fontaine, et pénétra dans la venelle sauvage qui menait à la rivière.
Elle passa au gué, suivit des ronds de fumée bleue qui circulaient au-dessus du cours d'eau. Les ronds de fumée provenait de la branche haute d'un arbre. Un garçon y était assis, en pantalons rouges et bottes cette fois, le visage caché par les branchages.
« C'est toi encore ? », dit-il, de sa voix mélodieuse, agréable comme le soleil, et Bellatrix sut qu'il s'agissait du garçon au hamac.
Elle n'avait même pas eu à attendre, ou à chercher. Il était déjà là, comme s'il l'avait guettée.
« Oui, bonjour. Je m'excuse, j'avais ramassé votre chapeau la dernière fois... Mais vous aviez disparu. Je l'ai ramené. »
Elle sortit de son sac le bob militaire moldu.
« Oh ! C'est fort courtois, je n'en espérais pas tant. Pose-le par terre et je te donnerai quelque chose en échange. »
Elle posa le chapeau, puis étira le cou, cherchant à deviner le visage de l'inconnu, mais tout ce qu'elle vit c'est qu'il avait les cheveux bruns.
« Tu dois avoir une bonne raison de venir chez moi », poursuivit-il.
« Je m'ennuie ici. »
« Cela commence toujours comme ça... »
« Mais vous étiez fâché parce que j'étais une fille », ajouta-t-elle, les sourcils froncés. « Vous ne vouliez pas que nous fassions connaissance. »
« C'est parce que mon royaume n'est pas fait pour les humains. Il est certes merveilleux, mais aussi difficile, et tramé de souffrance. Toutes les jeunes filles qui y entrent doivent y faire un sacrifice.»
« Lequel ? »
« Tu le sauras en temps voulu. »
« Je vous vois toujours à cet endroit... Êtes-vous un esprit de l'eau ? »
« Tout ce que je peux te dire, c'est que cette rivière que tu vois là, et ces marais, derrière, m'appartiennent. Et un gardien n'a qu'une parole. Tu m'as ramené mon chapeau ; je vais te faire don d'une clef, qui te permettra d'entrer dans mon royaume et sortir de ta prison. Ouvre les mains. »
Elle tendit ses mains gantées, fronçant les yeux. Le gardien de l'eau y laissa tomber un étrange objet, qui semblait à première vue rien de plus qu'un vieux morceau de parchemin trop sec enroulé sur lui-même.
« Qu'est-ce que c'est ? »
« Une mue de serpent. »
« Il me suffit de la toucher ? »
« Non. Tu dois la mettre dans ta bouche. »
« Mais c'est sale. »
« À toi de voir. Elle seule te permet de passer la porte, où que tu sois. »
Elle prit une inspiration, mit la mue dans sa bouche, puis crut tomber évanouie, comme à travers d'un sas noir.
À suivre