En ce moment et jusqu'au 26 avril 2015 se déroule la nouvelle édition de Five Acts un échange de fanfic et de fanarts autour de kinks.
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Vint un soir où elle n’y tint plus.
Son époux dont le nom et les traits lui étaient inconnus s’était assoupi dans leur couche luxueuse. Elle caressa une dernière fois ses boucles parfumées puis, certaine que son gémissement ravi, accompagné d’une ondulation de tout le corps, ne se traduirait pas par un réveil, elle lui embrassa le front et alla chercher une bougie.
La curiosité lui fouaillait le ventre, bête furieuse. Ces amours clandestines l’intriguaient de plus en plus. Ses mains avaient exploré ce visage lisse qui s’ornait à peine d’un duvet d’adolescent, ce corps étranger dépourvu d’imperfections, ces muscles fermes qui trahissaient l’athlète et l’éphèbe. Les ailes si douces au toucher faisaient aussi naître en elle des centaines de question. Zéphyr, qui en revanche, restait visible, avait nié être son mari. Mais alors, qui ?
Pieds nus sur le sol de marbre fin, Psyché avançait à tâtons dans le palais silencieux. Lampes et autres ustensiles, jamais usités, étaient rangés dans une pièce qu’elle ne fréquentait guère. Ce fut avec bien des précautions qu’elle emporta un long cierge, planté sur un support de cuivre, certaine d’enfin obtenir quelques réponses.
Elle revint à leur alcôve, plus sublime encore ainsi illuminée. Les dorures et les fastes qui la décoraient dans l’obscurité jetaient mille feux dans la lumière tremblotante. Et au milieu de ce luxe chatoyant, de l’or et des diamants, semblable à une perle dans son écrin luxueux, gisait Éros, embrumé dans les vapeurs du sommeil.
La lanterne de fortune manqua lui échapper des mains. Éblouie, l’humaine trop curieuse s’approcha encore, contempla à s’en rassasier le cœur cet amant divin. Il n’avait rien d’un serpent ailé ou d’une terreur légendaire - et pourtant, comme elle comprenait l’oracle, à présent ! L’Amour était bel et bien un monstre, c’était indéniable, lorsqu’on connaissait sa cruauté sans limites et les malheurs dont il affligeait les mortels. Mais pour elle, il n’avait été que de douceur.
Elle contempla encore et encore sur ce corps digne d’une statue, ces ailes immenses et majestueuses, cette impression de force qui rayonnait en silence. Seule se faisait entendre sa propre respiration, haletante. Elle considéra le carquois et les flèches, discrètement posés au pied du lit, qu’elle n’avait évidemment jamais remarqués auparavant. Chaque détail resta gravé dans son esprit.
Elle se pencha tant qu’une goutte de cire brûlante tomba sur l’une des épaules nues. Éros ouvrit immédiatement ses yeux d’or, et fronça instantanément les sourcils. Elle se couvrit la bouche de la main, certaine d’être punie pour sa folie ; mais il se contenta de lui jeter un regard noir, où luttaient la peine, la déception et la colère.
« Désormais, tu appartiens à ma mère. »
Sans ajouter le moindre mot, il déploya ses ailes immaculées et s’envola, laissant derrière lui son épousée au désespoir.
***
Psyché n’était plus qu’une masse tremblante, prostrée en position sacrificielle, comme en prière. En la voyant ainsi, enfin offerte à ses coups, Aphrodite eut un grand éclat de rire - de ce rire cruel que l’on pousse parfois, lorsqu’on est à la fois satisfait et en colère. Elle la heurta du pied, comme on vérifie si une proie est bien morte. Elle ne tressaillit même pas, résignée et soumise.
« Ainsi, c’est donc toi, l’aimée de mon fils. », ajouta-t-elle d’un ton empoisonné.
C’était énervant. Psyché était bel et bien aussi belle qu’on le racontait. De là à rivaliser avec elle, peut-être, réalisa Aphrodite avec le frisson des immortels lorsqu’ils s’aperçoivent de la force des humains : Athéna face au tissage merveilleux qui surpassait le sien en dextérité, Apollon battu par l’excellence de la flûte.
Telle une syringe mélodieuse, justement, la voix frêle de la jeune femme s’éleva, la supplia, tandis que ses bras d’albâtre lui enserraient les genoux selon l’ancien geste de supplication rituelle. Aphrodite les détacha, rageuse, non sans le plaisir pernicieux d’ainsi l’humilier. Elle tomba à ses pieds, paumes contre le sol, telle les prêtresses en transe.
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