Ce n'est pas toujours suffisant

Jul 05, 2009 15:34



DISCLAIMER : Les personnages ainsi que les lieux ne m’appartiennent pas et sont la propriété de JKR.

AUTEUR : Petitchaton

PAIRING : Hermione/Harry

GENRE : Romance, drame et amour à sens unique

RATING : G

NOTE DE L’AUTEUR : La suite de « C’est mieux que rien ». Cette deuxième partie se situe plus ou moins en 5ème année. Hermione aime toujours Harry d’un amour à sens unique et l’intrigue reste toujours aussi floue. Je présume qu’on peut lire cette histoire comme des morceaux de la vie d’Hermione ou comme des pages de son Journal Intime.  

OoooooooooO

Tristement, tu refermes ton livre.

Tu soupires et machinalement, tes doigts partent jouer avec les fils rouges et or du vieux fauteuil dans lequel tu es installée. Un regard à ta montre, il est 23h. Le feu crépite dans la cheminée et le calme de la salle commune te fait frissonner.

Tes yeux s’attardent sur la couverture. Tu relis le titre pour t’imprégner de chaque mot, chaque syllabe, chaque lettre. Et tu souris en te disant que les écrivains ne connaissent rien de la vraie vie. En fait, tu sais pourquoi ils ne parlent pas de la réalité. Et ce n’est certainement pas parce qu’ils ne la connaissent pas.

Après tout, ils la vivent comme toi.

Jour après jour. Larme après larme. Sourire après sourire. Coup après coup.

La vie est une garce qui se moque bien de blesser, de détruire, de salir, de tuer. La vie est une menteuse. Elle te promet plein de choses, un avenir, un bonheur. La vie te donne ce qu’elle te reprendra, vicieusement, en secret, en silence, au moment où tu t’y attends le moins.

Le feu crépite dans la cheminée et un goût de cendres envahit ta bouche. Le temps a passé. Tu as quinze ans maintenant. Tu es une jeune fille avec un avenir brillant. Un chemin tout tracé qui se déroule devant la pointe de tes chaussures. Un avenir dans lequel il n’a pas vraiment sa place. Et, bizarrement, cet avenir ne te convient pas.

Tu t’agites un peu, dépliant tes jambes, enserrant ton buste de tes bras. Tu ne veux pas penser à la soirée que tu viens de passer en sa compagnie. Tu ne veux pas te rappeler, te souvenir de ce qu’il t’a dit. Mais les mots raisonnent dans tes oreilles, impitoyables tortionnaires.

H a embrassé l’autre.

Un éclair passe dans ton cœur, ton ventre se noue, ta gorge se resserre et tes yeux piquent. Ta réaction te semble ridicule, pitoyable et déplacée. Et c’est exactement ce qu’elle est. Tu es ridicule car un baiser n’engage à rien ou à pas grand-chose. De plus, tu n’as pas le droit de condamner ce que tu as connu avant lui, l’année passée avec un autre garçon dont l’existence t’importe peu.

Tu es pitoyable parce que cela fait un an que tu te contentes d’être son amie. Un an où tu chéris chaque miette de lui qu’il te laisse sans s’en rendre compte. Un an que tu ne vis que pour ses minuscules marques d’affection, pour sa tête posée sur ton épaule, pour sa main qui s’égare dans ton dos, pour les petits baisers mouillés sur tes joues lorsqu’il te salue le matin et le soir.

Tu es déplacée parce que tu n’as pas le droit de ressentir des papillons dans le ventre à chaque fois que ton regard se pose sur lui. Tu n’as pas le droit de trahir ainsi la confiance qu’il te donne lorsqu’il te raconte ses problèmes en pensant que tu es objective et prête à l’aider. Bien sûr, tu t’efforces de le conseiller à chaque fois du mieux que tu peux mais c’est difficile.

Et, puis, tu n’apprécies pas l’autre.

Tu soupires. Tes yeux picotent. Tu n’aimes pas cette sensation. Tes doigts se crispent sur la couverture du livre et tu te concentres sur le cuir brun pour éviter de penser à autre chose. Ce qu’il y a de bien avec les romans, c’est que l’histoire se termine presque toujours sur un Happy End. Malgré les difficultés et les obstacles. C’est vraiment dommage que la vie ne soit pas comme cela.

Nouveau soupir. Un regard à ta montre. Il est 23h30. Tu n’aimes pas les samedis. Tu ne les aime pas parce qu’ils ressemblent aux dimanches en un peu moins pires, en un peu moins vides. Vide. C’est comme cela que tu te sens. Vide. Un coquillage déserté. Une plage abandonnée. Un sourire tout cassé. Et, puis, il y a le vide partout dans ton ventre, dans ta tête, dans ton corps.

Partout sauf dans ton cœur.

Un frisson agite tes épaules. Le feu s’est éteint dans la cheminée. Il est l’heure d’aller te coucher. Mais tu ne peux pas te résoudre à quitter le fauteuil pour rejoindre ton lit. Après tout, le vide ici ou le vide là-bas, c’est toujours du vide. Le vide partout sauf dans ton cœur. Tu pourrais rire de cette pensée trop mièvre si tu n’avais pas autant envie de pleurer tout à coup.

C’est vrai que ton cœur n’est pas vide. Au contraire, il est même tout rempli. Il est saturé de lui, de son sourire, de son odeur, de ses cheveux, de son regard, de ses mains et de son amitié dont tu ne veux plus. Ton cœur est rempli de toutes ces choses qui font qu’il est lui, qui fait qu’il est ton monde, ton univers.

Oh, tu n’es pas naïve.

Tu as conscience que le premier amour est celui qui fait le plus mal. Parce qu’on découvre les sentiments, le désir, le feu dans le ventre et dans les yeux. Parce que tout est nouveau, inhabituel, déplacé, étrange. Parce qu’on n’oublie pas la première personne qui a su nous faire vibrer, pleurer, aimer.

Mais tu sais aussi que, un jour, toute cette tendresse disparaitra. Et tu tomberas amoureuse d’un autre garçon. Le premier amour ne dure pas. Il est trop fragile, trop maladroit, trop timide. Il n’existe que dans la tête et ne se concrétise que très rarement.

C’est comme ca.

A 14 ans, tu ne t’imagines pas en couple.

A 15 ans, tu ne te vois pas avec lui.

Tu ne te vois pas le laisser toucher ce corps qui n’appartient qu’à toi, qui ne connait que toi. Tu ne te vois pas dans ses draps, avec son corps de garçon allongé près du tien. D’ailleurs, tu ne sais même pas très bien à quoi ressemble un garçon nu. Tu as une vague idée, bien sûr, mais rien de vraiment concret ne te vient à l’esprit. Et tu n’as pas très envie de savoir, de toute façon.

Tu rougis en tentant d’imaginer la peau brune de H, les muscles de son corps, ses cheveux sur l’oreiller et son regard perdu dans le tien. Tu as chaud partout maintenant. Parce que, même si tu n’as que 15 ans, tu commences déjà à découvrir le désir. Sentiment dérangeant et étrange que tu voudrais faire taire, que tu voudrais étouffer.

Tu secoues la tête brusquement. Tes pensées sont absurdes. Tu as oublié un détail dans ta longue réflexion sur H. H est amoureux de l’autre. Tellement plus belle, plus intéressante, plus drôle, plus populaire. Tellement pas toi. Ce qu’elle a de plus, tu ne le sais pas vraiment. Ca n’a pas d’importance.

Tu te lèves, les jambes tremblantes de froid. Ta main caresse une dernière fois le cuir souple et soyeux du roman. Tu décides soudainement que tu n’aimes pas cet auteur. Marc Lévy. Il n’a rien compris à la souffrance d’aimer, à la douleur de l’attente, au poignard dans le ventre. Il n’a pas compris qu’aimer ce n’est pas toujours suffisant.

Non, ce n’est pas toujours suffisant.

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