Je me remets progressivement de notre voyage au Japon, qui m'a laissée dans un état de fatigue considérable. Il faut dire que faire ce qu'on a fait en 4 jours + un total de 24 heures d'avion, c'était intense, mais au final génial.
Samedi 12 septembre
Après un vol tranquille au cours duquel j'ai enfin vu Inside Out et Terminator Genisys, nous atterrissons à l'aéroport de Narita. Les procédures adminitratives effectuées et la valise récupérée, nous réservons une place dans le Narita Express au moyen de nos Japan Rail Pass, et direction Tokyo. Nous avons décollé la veille à 19h30 et débarquons environ 24h plus tard en gare de Tokyo, à l'architecture si caractéristique. La nuit rend d'autant plus magique notre arrivée et nous plonge directement dans l'ambiance.
Fatigués mais motivés, on décide de se rendre à pied à l'
hôtel, situé non loin du palais impérial, et donc de la gare.
LEÇON n°1 : ne JAMAIS se fier aux distances telles qu'elles semblent figurer sur un plan ; une station de métro tokyoïte en vaut 3 parisiennes, au moins.
Toujours est-il qu'on a passé une bonne heure et demi à errer autour des jardins du palais impérial (pas l'endroit le + funky de Tokyo) avec notre grosse valise, à l'air tellement paumés qu'un jogger japonais s'est même proposé de nous porter secours.
Nous sommes enfin dans notre chambre, située au 9e étage et - joie !!!- nous donnant vue sur les douves du palais et surtout sur la tour de Tokyo *_____*
(Elle a bien tenté de faire croire que c'était pas elle en se déguisant en bleu, mais chui pas dûpe.)
Bien fourbus après cette journée à la fois courte et longue, nous mangeons au seul restaurant de l'hôtel encore ouvert (le Patio, cuisine plus franco que japonaise) et partons nous coucher.
Dimanche 13 septembre
C'est aux alentours de 2h30 du matin que les (m)effets du décalage horaire se font ressentir et je ne parviendrai pas à me rendormir ; d'autant que
lord_salyna m'apprend par FB qu'un séisme d'une amplitude assez importante s'est produit à Tokyo 24h plus tôt et je passerai le reste de la nuit à angoisser et à guetter la moindre secousse XD. J'en profite pour jeter un oeil par la fenêtre et découvre une Tokyo toute de noire et rouge vêtue.
Je serai donc en petite forme pour une 1ère visite qui me tient très à cœur : le
Ghibli Museum.
On a bien failli ne pas pouvoir y aller, car le nombre d'entrées par jour est limité pour les étrangers et je m'y suis prise tardivement ; il ne restait donc plus que des places pour le dimanche lorsque j'ai fait la réservation (ou devrais-je dire : par chance, il restait encore des places pour le dimanche).
Après avoir enrichi notre culture devant la TV japonaise par quelques Sentai, nous partons pour la gare à la recherche du train pour Mitaka, petite ville située en banlieue de Tokyo.
LEÇON n°2 : toujours prévoir un laps de temps plus important que nécessaire pour se repérer dans les grandes gares japonaises, en particulier lorsqu'on passe d'une ligne de métro à une autre, parfois éloignées de plusieurs centaines de mètres.
Arrivés à Mitaka, alors que je filme la rue principale, un vieux monsieur s'approche de moi et me fait comprendre qu'il souhaite que je lui laisse me prendre en photo avec mon appareil. Je lui laisse donc et lui explique qu'il faut appuyer sur le bouton. Il s'imagine donc prendre une photo, mais fait en réalité un court film ressemblant à une photo (un genre de photo animée, quoi). En tous cas, les Japonais adorent les touristes et sont toujours prêts à leur rendre service, proposant spontanément leur aide.
Nous longeons un ruisseau sur environ 1 km et peu avant notre arrivée au musée, entendons l'air de Mon Voisin Totoro interprété à la flûte par un passant (?), faisant encore grimper mon excitation. En parlant de Totoro, c'est justement lui qui nous accueille à l'entrée.
Au fait, voyez-vous ce petit personnage sur la droite de la photo ? Il vous rappelle vaguement quelqu'un ? Vous l'avez vu dans un Miyazaki, peut-être ?...Non. Contrairement à ce qui avait été annoncé il y a quelques mois, Dorian a été du voyage. Comment diable ?
*Reconstitution*
7 mars 2015 : "allons au Japon sans Dorian, ça va être trop relou sinon"
7 avril 2015 : "je veux emmener mon béééébéééééé"
Ne me jugez pas, je suis une créature dépourvue de logique qu'on appelle une maman. Ne le cachons pas : il y a effectivement eu un côté relou, d'autant que par quelque sortilège d'amnésie, la poussette a été oublié à la maison, et pas moyen de s'en procurer une sur place. Il a donc fallu :
- le porter lorsqu'il était fatigué
- lui courir après lorsqu'il kiffait la vibe
- assister à ses crises lorsqu'il était contrarié (soit la plupart du temps).
Mais.
Ce voyage n'aurait pas eu la même saveur sans lui : du haut de ses 2 ans 1/2, il a vécu japonais, mangé japonais, a séduit un tas de Japonaises ("kawaii neee !"), a visité couru dans les temples, les rues, les métros, bref, il a vécu à fond ce voyage et on peut espérer qu'à défaut d'en avoir de vrais souvenirs, il en garde plus tard de vagues bribes de moments heureux.
Et pi toutes façons il aime Sailor Moon, c'était donc une raison valable de l'emmener.
Bref, après Dora, voilà Dorian l'explorateur, même qu'on a payé son billet d'avion le double des nôtres. Voilà voilà.
Revenons-en au musée : les photos et vidéos étant interdites à l'intérieur, on se venge en mitraillant l'extérieur.
A l'intérieur, tout est tellement magnifique que le 1er réflexe est de vouloir sortir l'appareil photos, mais les nombreux gardiens veillent scrupuleusement au respect des règles ; d'un autre côté, cela nous oblige à nous focaliser sur l'expo et à vivre à fond l'expérience. Que trouve-t-on donc dans le musée Ghibli ? Sur 3 niveaux, on évolue dans un style art nouveau/baroque/miyazakien au milieu d'extraits de films, de praxinoscopes et autres démonstrations d'animation, d'une reconstitution du bureau de Miyazaki abritant ses outils de travail et ses sources d'inspirations, de cahiers de story-boards, de pellicules de films, de beaucoup de dessins originaux, de cellulos, d'une exposition temporaire basée sur une nouvelle : "The Haunted Tower" comprenant des études, une horloge géante et un labyrinthe pour les enfants et d'un authentique Chat-bus dans lequel peuvent jouer les moins de 12 ans...Quoi, pardon ? Mais oui madame la gardienne bien sûr que j'ai moins de 12 ans, regardez je porte des couettes blondes, j'ai un t-shirt LC Waïkiki et je mâche des chewing-gum à la fraise, regardez, madame, hein...oui bon ça va *enlève sa perruque*.
(L'image provient de
ce blog, qui raconte avec beaucoup de justesse la frustration des adultes face à l'inaccessible bonheur, grmpfh !)
Par groupe de 6 ou 7, les enfants, eux, font patiemment la queue (autant vous dire que "Dorian" et "patient" sont 2 concepts incompatibles), puis, leurs chaussures ôtées, ont droit à 5 minutes d'amusement, à condition de ne pas courir, de ne pas sauter sur le Chat-bus et de ne pas lancer de noiraudes en peluche sur les autres enfants. Dorian a essentiellement occupé son temps à expulser les fameuses noiraudes de l'intérieur du Chat pour en faire un tas à l'extérieur et commençait à escalader le chat lorsqu'il lui a fallu partir, signalant son mécontentement par une belle crise (mwahaha, justice).
Sur le toit, on accède à un petit jardin où veille un Robot Soldier de Laputa grandeur nature (et où enfin les photos sont autorisées).
On termine par la petite boutique dans laquelle il est difficile de circuler au milieu de la foule et donc de s'attarder sur les goodies (et c'est tant mieux pour le porte-monnaie).
Après la visite, nous nous arrêtons dans un petit restaurant pour manger des ramen au fromage (pour Gilles) et au yam (pour moi) tandis que Dorian préfère s'endormir sur mes genoux, rattrapé par le décalage horaire.
LEÇON n°3 : si vous voyez un bouton dont vous ne comprenez pas la signification, n'appuyez pas dessus ; ça m'est arrivé 2 fois, la 1ère dans ce cas-ci a fait rappliquer le serveur, la 2nde s'est passée dans les toilettes d'une gare alors que je cherchais la chasse d'eau. 15 secondes plus tard, 2 messieurs à l'air paniqué sont arrivés en courant et il a fallu que je leur explique tant bien que mal qu'it was a mistake.
Avant de quitter Mitaka, nous jetons un œil à la procession qui se déroule dans les rues de la ville.
Puis nous rentrons nous reposer à l'hôtel avant de consacrer notre soirée à la découverte de la Tokyo Skytree, une tour de radiodiffusion inaugurée en 2012 mesurant 634 m (autant dire qu'à côté, la tour de Tokyo fait figure de naine).
Puis nous retournons au Sensō-ji, un célèbre temple bouddhiste visité de jour lors de notre précédant voyage. Le temple en lui-même est fermé, mais la nuit lui confère une atmosphère mystérieuse et envoûtante (quelque peu troublée par un petit garçon de 2 ans 1/2 qui court partout avec un gashapon Sailor Moon à la main).
Lundi 14 septembre
La journée est consacrée à la découverte de Matsushima, l'un des plus célèbres et pittoresques archipels japonais composé d'environ 260 îlots recouverts de pins aux formes tortueuses. Pour se rendre à Matsushima, on prend le Shinkansen (TGV japonais) pendant 1h30 jusqu'à Sendai, puis un train de banlieue.
En guise de déjeuner nous prenons des menus à base d'huitres (la spécialité locale) et mangeons à la japonaise.
Nous visitons quelques temples dont le Zuigan-ji, un temple bouddhiste possédant de nombreuses galeries creusées directement dans la roche pour y déposer les cendres des défunts.
Ca et là, des panneaux rappellent la procédure à suivre en cas de tsunami. Une promenade en bateau nous offre un très bel aperçu des îlots, puis nous faisons une randonnée sur l'un de ces havres de paix, accessible par le biais d'un pont enjambant l'océan Pacifique.
Après cette promenade très agréable
particulièrement appréciée par Dorian qui courait comme un fou (même les Japonais l'encourageaient en lui criant "gambatte gambatte !"), nous rencontrons un sosie japonais de Minette, l'une des chattes de mes parents puis retournons à Sendai où nous dînons à la gare. C'est là que nous découvrons bien malgré nous le concept du repas pris debout alors qu'une chaise aurait vraiment été la bienvenue, mais seul Dorian y a eu droit, z'ont vraiment droit à tout ces enfants.
Je passe le voyage du retour à dormir, le tourisme ça épuise.
Mardi 15 septembre
Second voyage en Shinkansen : Osaka, que l'on atteint en 2h30. Au cours du voyage, j'ai vécu un grand moment, peut-être même mon meilleur souvenir du séjour puisqu'après m'avoir fui lors du précédent voyage, continuellement dissimulé derrière une épaisse couche nuageuse, me laissant dans une grande frustration (et
l'avoir escaladé ne compte pas), le Mt Fuji a ENFIN daigné s'offrir 2 bonnes minutes durant à mon regard émerveillé *___*.
Arrivés à Osaka, nous nous rendons d'abord au pied de l'imposant Umeda Sky Building.
Nous partons ensuite en quète de nourriture, d'abord dans une galerie reconstituée à la manière d'un quartier traditionnel, puis dans une autre plus imposante où nous avons dégusté des okonomiyaki très appréciés de Dorian, à l'exception du moment où il a posé sa main sur la plaque chauffante.
LEÇON n°4 : le côté à tenir dans les escalators change d'une région à une autre. A Tokyo, on se tient usuellement à gauche, à Osaka, on passe à droite.
Nous visitons ensuite l'imposant château, une reconstitution à l'identique du château féodal, régulièrement détruit puis reconstruit jusqu'à sa dernière rénovation en 1995. L'intérieur du château, très moderne, abrite un musée.
Image d'archive : la 43e destuction du château d'Osaka.
Nous nous rendons ensuite dans le quartier de SPA World, l'un des plus grand centre d'onsen (sources chaudes) du monde dans lequel Gilles a passé une 1h30 de calme et de relaxation (j'ai hélas dû passer mon tour). Néanmoins, le quartier des sources vaut lui aussi le détour : le Shin-Sekai (alias le "nouveau monde") vous transporte littéralement 100 ans en arrière. Créé en 1912, cet endroit, ôde au progrès et à la modernité, semble être resté figé dans le temps avec sa tour Tsutenkaku, un genre de demi tour-Eiffel. En me baladant là, j'ai eu l'impression de me retrouver dans Chihiro, au moment où la ville fantôme s'éveille (et la proximité du centre de sources renforce encore la comparaison !). Le quartier serait désormais plutôt mal famé.
Terroriste occupé à dégrader une statue. Mais que fait la police ?
De retour à la gare, en attendant notre train pour Tokyo, je mange les pires ramen de ma vie, exclusivement préparés à base de gras de viande. Au retour, je tente de revoir le Fuji (merci GPS) et pense vaguement distinguer sa silhouette au milieu de la nuit.
Mercredi 16 septembre
Journée plus calme, consacrée à des lieux de Tokyo que nous ne connaissons pas encore ou que nous voulons revoir.
Nous commençons par la découverte d'Odaiba, une île artificielle située dans la baie de Tokyo et reliée au reste de la ville par le fameux Rainbow Bridge (entre autres). Après une très longue marche (sérieux, j'ai cru que j'allais m'allonger par terre et me laisser trainer par un pied comme Tristesse dans Inside Out), nous entrons dans un grand centre commercial, le Decks, et nous restaurons de tempura et nouilles soba chaudes et froides, avec vue sur la baie.
Puis, comme nous sommes des parents bons et généreux, nous faisons une halte à un étage inférieur, entièrement consacré au plaisir des enfants et laissons Dorian se défouler dans une salle de jeux.
Nous quittons ensuite Odaiba (à regret, cette île mérite plus ample exploration) par le biais de la ligne Yurikamome, qui passe sur le Rainbow Bridge et nous offre des vues spectaculaires sur la baie. Nous descendons à Ueno, désireux de revoir le parc et ses nombreux sanctuaires bouddhistes et shinto.
Louons la Sainte Carpe.
Lorsque tombent les 1ères gouttes de pluie, on se dit que ce serait bien d'aller s'abriter quelque part et, oh, ben justement, il y a un bar à chats à Ueno ! On part donc à sa recherche.
LEÇON n°5 : une adresse tokyoïte se lit de la façon suivante : le n° du district, puis le n° du pâté de maison, et le n° dans la rue. Et donc, le
Neko Maru Cafe se trouve au 7-2-2 Ueno | 8F, Taito 110-0005, Préfecture de Tokyo (Ueno, Asakusa), où 7-2-2 est le district, non, le 7 est le n° du district, et 8F c'est, heu...le n° de pâté !...non ça c'est le 2...nan oubliez, en fait j'ai rien bité.
Toujours est-il qu'après quelques allers-retours dans le quartier très animé de Ueno, nous nous offrons 45 minutes d'immersion au royaume des chats, avec pour ambiance sonore des airs de films de Miyazaki joués au piano. Comme vous vous en doutez, Dorian était très excité, mais est toutefois resté courtois avec nos amis félins. L'un des chats, en revanche,
lui a clairement fait comprendre à la pointe de la dent qu'il n'était pas disposé à subir les assauts d'un jeune enfant survolté. Détail amusant, le café s'appelle le Neko Maru et l'un des pensionnaires ressemble à
Maru, la célèbre star féline du web.
Nous mangeons ensuite dans la gare de Ueno un shabu-shabu un peu décevant qui n'avait pas grand chose d'une fondue, mais compensé par un dessert de malat' on ne peut plus japonais : parfait au thé vert et aux haricots rouges accompagné de dangos, une belle manière de clôturer cette dernière soirée japonaise.
Et Dorian, comme à son habitude, se distingue au restaurant par sa sagesse, son obéissance et sa tenue irréprochable.
Jeudi 17 septembre
Il fait un temps abominable, que nous avons eu beaucoup de chance de ne pas avoir subi les jours précédents (surtout quand on connait l'ampleur des innondations qui ont récemment touché le pays). Nous ne passons heureusement que peu de temps à la surface et rejoignons pour la dernière fois la station de métro Hanzomon qui nous conduit à la gare de Tokyo, où nous reprenons le Narita express pour l'aéroport, sous une pluie battante.
Notre avion décolle à 14h et pendant le vol je profite du sommeil de Dorian pour découvrir les films Tomorrowland et Monsters University et me refais pour la 50ème fois Retour vers le Futur...Nous atterrissons environ 12h plus tard à Paris (19h30 heure locale) et je n'ai pas fermé l'œil. 3 heures plus tard nous sommes enfin de retour chez nous et je retourne encore un peu au Japon, cette fois confortablement allongée dans mon lit...
Quelques faits :
- Les Japonais fêtent Halloween et franchement, niveaux merchandising, à côté d'eux on passe pour des gros tagazous.
- Les distributeurs de boissons possèdent une impressionnante variété de thés, cafés frappés et autres boissons rafraichissantes. Et le fait de ne pas comprendre ce qu'on achète rend d'autant plus excitant l'expérience !
- Pas une seule fois nous n'avons mangé de sushi, sashimi et autres maki.
Quelques regrets :
- Ne pas avoir pris le temps d'étudier plus rigoureusement les bases de la langue japonaise et n'avoir pu échanger avec la population autre chose que de timides "arigato gozaimasu" (merci beaucoup), "konnichiwa" ou "konbanwa" (bonjour, au revoir)...
- Ne pas avoir pu consacrer plus de temps au shopping ; j'ai traversé des galeries marchandes ahurissantes de part leur taille et leur choix, mais une fois encore tant mieux pour le porte-monnaie.
- Ne pas avoir entendu plus de semi (les grosses cigales japonaises) l'été touchant à sa fin.
- Ne pas avoir vu les cerisiers en fleurs, là encore pour une question de saison.
- Ne pas avoir pu profiter des onsen. C'est dur parfois d'être une femme.
En tous cas, on prépare déjà notre prochain voyage au pays du soleil levant mais allons cette fois attendre que Dorian ait atteint l'âge de raison (autrement dit : on est pas prêt d'y retourner) !