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Correspondance suivie]
Pomfrey,
Inconvénient de toute correspondance longue et développée : la réponse d'une partie finit tôt ou tard par succomber au manque de temps, au travail accumulé, voire à une vague paresse intellectuelle.
Pour commencer par les sujets d'actualité, est-il bien nécessaire que je vous dise être quelque peu inquiet du comportement actuel d'Albus ? J'ai eu vent par Moritz de cette stupide histoire de tisanes, mais par Salazar, je n'aurais jamais cru que l'affaire Vance lui retourne ainsi la tête. Vous vous occupez de lui, je crois - c'est au moins une information rassurante dans ce tissu d'absurdités - mais ne pensez-vous pas que c'est d'un véritable psychomage dont il va avoir besoin, à ce rythme ?
Revenons-en à nos histoires d'Imperium - de magie et conscience.
Les lésions nerveuses dont vous parlez, moins qu'une contradiction, me semblent une preuve assez intéressante des rapports étroits reliant le physique au psychologique : est-ce le sortilège lui-même qui, par sa violence, provoque des dommages physiques dans la région où il est censé agir, ou est-ce l'esprit même de la victime qui, dans une sorte de mécanisme de défense, en vient à altérer ses prolongations physiques ? Je ne suis pas assez versé en médicomagie pour le déterminer, mais cette influence réciproque me semble indubitable.
Toutes ces questions de conscience - de conscience multiple - quoi qu'il en soit, ne peuvent guère prêter à plus qu'à un réseau de suppositions. Seule la légilimencie, qui a elle-même ses limites, pourrait permettre d'y voir un peu plus clair dans les mécanismes mentaux impliqués. Plonger dans l'esprit d'une personne sous Imperium serait du plus grand intérêt, encore qu'extrêmement dangereux pour toutes les parties concernées.
Quant aux répercussions d'un meurtre sur la conscience... j'ai tendance à croire qu'elles sont très largement surévaluées par ceux qui n'ont jamais tué. Encore que le cas d'un meurtre sous Imperium puisse être très certainement bien plus traumatisant qu'un acte commis de sang froid, par sa propre volonté.
Pour ce qui est des Sombrals, l'exemple de Potter est en effet intrigant. La seule explication qui me vienne à l'esprit - outre que ce garçon n'a pas pour habitude de faire les choses comme le commun des mortels - est qu'il n'a pas vu mourir son père, et que le sortilège de sacrifice employé par Lily au moment de mourir a influencé la perception que son fils a pu en avoir... la nature même de la mort, transformée en puissance de protection et de sacrifice.
Cette question de la vision des Sombrals suite à une mort exclusivement humaine m'a également interpellé. Ils seraient donc moins liés à la mort elle-même, qu'à une perception intime de celle-ci, et donc associée à notre propre espèce. Si tant est que la mort soit bien, comme vous le dites, la même pour tout être vivant... La question de la conscience, après tout, ne joue-t-elle pas aussi en ce cas ?
Severus