J'ai vu au cinéma Nomad's Land : sur les traces de Nicolas Bouvier avec Juann ce weekend. Il s'agit d'un jeune homme, Gaël Métroz, qui s'est nourri des ouvrages de Nicolas Bouvier, en particulier L'Usage du Monde. Le jeune homme a décidé de faire le même voyage que Bouvier, mais seul, caméra au poing. Depuis, il en a fait un reportage-documentaire, très bien fait, qui rend très bien le vécu d'un voyageur solitaire, ses émerveillements, son enracinement, ses doutes, le fait que ce soit plus dur de rentrer que de partir en voyage... J'ai beaucoup aimé ce film vécu, Gaël Métroz a très bon oeil, ses images il ne les avait filmées que pour lui et éventuellement son entourage, il faut dire! J'ai beaucoup aimé sa vision et ses pensées ; le monde a bien changé, cinquante ans après le voyage de Bouvier, mais la magie se révèle toujours, ailleurs, là où l'on ne s'attend pas.
C'est un film qui m'a beaucoup touchée et qui m'a fait remonter en surface quelques questions et réflexions que j'oublie parfois en moi. Depuis toute petite, j'ai aimé les voyages, cela me fascinait! Le voyage, oui, mais à condition de pouvoir revenir, car je ne suis jamais aussi bien que chez moi, à long terme. Cela est toujours vrai. J'aime partir me nourrir et revenir, peut-être différente, mais fidèle à mes racines. Ce n'est pas plus mal, je trouve.
il est plus difficile de rentrer que de partir en voyage, cela m'a rappelé mon séjour-révélation à London. Combien c'était dur de me réhabituer à la vie "normale", reprendre un rythme plus lent, et me laisser rattrapper par ma pensée, mes remises en questions. C'est là que j'ai compris pourquoi les voyageurs, les baroudeurs repartaient toujours. Parce que parfois c'est trop dur de vivre avec soi-même et ses propres questionnements, ses doutes, lentement, immobile ou presque. Tandis qu'en vivant ailleurs pour une durée déterminée ou du moins courte, tout bouge, tout tourne et l'on suit le mouvement, on s'adapte, on réfléchit à toute vitesse, on est plus ouvert, on accepte la différence, on voit le monde avec des lunettes qui montrent six ou sept nouvelles dimensions.
Je me suis aussi rendue compte d'une injustice. Je me suis déjà dit que si j'avais été un homme, je serais toujours sur les chemins, je serais un baroudeur, un vrai, un aventurier. Je n'aurais peur de rien. Je ne serais pas contraint de me plier aux carcans des femmes dans nombre de pays.
Gaël Métroz m'a fait prendre conscience que, même si les hommes sont plus avantagés dans le baroudage à travers le monde, les hommes ne sont pas forcément moins en danger : un homme étranger inspire la crainte des gens de là-bas qu'il leur vole leurs femmes. Et même les hommes risquent à tout moment de se faire violer, oui, dans le désert... Comme les femmes, proportionnellement moins de risque, mais un grand risque quand même. Ca a failli lui arriver, à Gaël Métroz.
Quand j'étais petite, je lisais avec délices les aventures de Yoko, l'aventurière, débrouillarde. Et puis Aria, qui est aussi une guerrière de BD, mais dans un monde plutôt médiéval ou post-moderne. Mais avec un doute, est-ce féministe ou pas? Est-ce masochiste, une drôle d'impression. En tout cas la difficulté d'être une femme seule, jolie et débrouillarde, qui ne se laisse pas enfermer. Je ne sais pas, il faudrait que je relise Aria.
J'adorais lire aussi les livres de voyage des gens, les collections de récits vécus. Les Enfants de la Baleine Blanche, Un Berceau sur un cheval, et j'en passe.
J'ai envie de relire tout ça. Je devrais retourner à mes bibliothèques communales...