Titre: Malagrif Tacheté
Auteur: Arwen00710 (ça, c'est moi!)
Personnages : Lee Jordan/Gabrielle Delacour
Disclaimer : C'est tout à JKR ! (ça, c'est pas moi)
Note : Créature terrestre vivant sur les côtes et qui s'apparente à un homard. La morsure du Malagrif provoque la malchance chez la victime pendant une semaine
Note 2 : River signifie Rivière en anglais
Malagrif Tacheté
A la base, c'était une blague ! Une toute petite blague de rien du tout comme il en avait fait des dizaines, avec les jumeaux. Et même pas foireuse, ou presque. Il l'avait soigneusement préparée, alors qu'ils étaient à l'infirmerie pour se faire enlever cette barbe.
C'est Fred et Georges qui avaient lancé en l'air l'idée que, avec un peu de chance, d'autres personnes auraient droit à une belle barbe blanche. Lee avait surenchéri, disant que maintenant qu'ils avaient montré l'exemple, ce serait plutôt de la malchance.
Et l'idée avait fait son chemin dans sa tête.
A peine sorti de l'infirmerie, il avait envoyé un hibou à son oncle, celui qui travaillait dans le domaine des Créatures Magiques et qui lui avait offert la tarentule géante qui avait fait sensation il y a quelques années. L'homme, farceur dans l'âme, accéda à sa demande. Il lui recommanda la plus grande prudence, toutefois, et Lee ne prenait jamais les conseils de son oncle à la légère. Rien n'aurait du planter, zut à la fin ! Surtout qu'ils avaient fait tout comme il faut, le Malagrif mettant quelques mois à se retrouver entre ses mains, avec autorisations et tout...
Comment aurait-il pu deviner que les Malagrifs Tachetés réagissaient fortement à la présence des Vélanes ? Comment aurait-il pu savoir que, pile au moment où Ginny sortait de la Salle Commune, où il ouvrait le paquet contenant la Créature, la petite soeur de la Championne de Beauxbâtons, passerait devant ? Comment aurait-il pu anticiper que le Malagrif, malgré un aspect anodin, était diablement rapide ?
Il fut dehors en moins de deux, et avant que quiconque ne comprenne ce que c'était que ce machin, avant que Lee ne hurle un avertissement, la Créature Magique avait mordu Gabrielle Delacour. Pas ceux qui auraient dû l'être, afin que Lee et les Jumeaux commencent leur concours de la plus grande barbe de Poudlard aux dépends des mordus, mais Gabrielle Delacour !! Une gamine !
Une gamine au sang Vélane qui réagit très mal à la morsure. Au lieu d'avoir quelques heures de malchance, son oncle lui ayant envoyé une bête très jeune et donc moins dangereuse que ses homologues, l'alchimie entre son sang et le venin de la bête, assez incompatible, avait donné...
« - UNE MALCHANCE A DUREE INDETERMINEE ! VOUS RENDEZ-VOUS COMPTE DE LA STUPIDITE DE VOTRE BETISE, MONSIEUR JORDAN ?! »
« - Oui Professeur McGonagall... »
Ah, ça, depuis la demie-heure où elle lui cassait les oreilles à s'époumoner comme ça, pestant contre son immaturité, son mépris du règlement, son irresponsabilité, sa stupidité et tout les synonymes qu'elle pouvait en trouve, oui, il se rendait compte...
Et il était quand même inquiet pour la gosse, parce que la malchance de Malagrif, c'est pas de la petite malchance, alors quand en plus on est allergique...
« - Vous m'entendez, Mr Jordan ? »
Aie. Perdu dans ses pensées, se contentant d'acquiescer pendant que la vieille McGo répétait les mêmes choses, il a oublier d'écouter, même distraitement, et apparemment elle s'en est aperçue, adoptant un ton doucereux et plein de fureur sous-jacente qu'elle a dû emprunter à Rogue...
« - Euh... peut-être ? »
Les yeux de la Directrice des Gryffondors se plissent de colère.
« - Mr Jordan... »
« - Désolé, Professeur, je suis absolument désolé, je vous écoute, je vous écouterais toute ma vie, je ne ferais plus que ça, et mes devoirs de Métamorphose aussi ! »
Lee Jordan ferait le pitre même si c'était son dernier jour. Même McGonagall semble s'apaiser quelques instants, se retenant de sourire, avant de se recomposer une mine sévère.
« - Je disais donc, Mr Jordan, que votre punition a été décidée. Miss Delacour ne pouvant décemment pas prendre un quelconque moyen de transport pour rentrer en France, sa malchance risquant de provoquer un accident grave, douloureux voire potentiellement létal selon les cas, elle restera ici à Poudlard, puisque des dispositions ont déjà été prises dûes à sa présence pour la Deuxième Tâche du Tournoi. Toutefois, même à Poudlard, lorsqu'on joue de mauvaise fortune, elle ne sera pas en totale sécurité, au milieu d'armures et d'escaliers en pierre. L'animal que vous possédiez ne devrait pas avoir autant de pouvoir sur un sorcier ordinaire, mais sur une demi-Vélane... Il faudra qu'elle soit sous surveillance constante. Et cette surveillance, Monsieur Jordan, vous en serez responsable ! En étant aussi près de cette jeune fille, vous lui éviterez de se faire mal, et les répercussions malencontreuses de sa malchance risquent aussi de vous atteindre, ce qui n'est que justice. Ai-je été bien claire ? »
« - Oui Madame. »
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Répercussions malencontreuses... il était beau, l'euphémisme de la McGo ! Et Lee en avait plus qu'assez que sa Potion lui explose au nez en cours de Potions ! Gabrielle l'accompagnait dans ses cours, puisqu'il ne pouvait pas la lâcher d'une semelle, le moindre coin de mur devenant dangereux...
Mais du coup, la malchance s'appliquait à lui aussi. Et s'il était de mauvaise foi, il aurait dit, SURTOUT! La proximité de la petite fille faisait que, si un ingrédient n'était pas frais, si une poussière étrange qui avait une chance sur deux mille de se trouver dans les Cachots et était incompatible avec les potions, si le mélange donné par la potion ratée du voisin d'à côté provoquait des effluves aux effets bizarres, c'était invariablement pour lui ! Parce qu'il était dans le trajet des différentes réactions visant Gabrielle.
« - Suffit, Jordan, j'en ai assez de ce déploiement de catastrophe ! Vous et votre malchance, sortez de ma classe et n'y remettez pas les pieds avant d'en être débarrassé ! »
Lui et sa malchance ! Mais ce n'était pas la sienne !
Gabrielle Delacour lui jeta un regard désolé.
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Au départ, la jeune française avait été aussi hautaine que sa soeur, regardant Lee de haut et ne cessant de lui dire que, de toute façon, c'était de sa faute. Elle ne lui adressait que des remerciements du bout des lèvres lorsqu'il l'empêchait de se faire mal, et encore, seulement après une semaine !
Passer le cap de la-dite semaine avait été un calvaire pour Lee, parce qu'il espérait vraiment que le pouvoir du Malagrif ne pourrait pas s'étendre plus loin que sa capacité ordinaire, même à pleine puissance.
Raté. Et apparemment, Gabrielle avait espéré la même chose, et c'était en voyant qu'elle devrait vraiment coutoyer Lee plus longtemps qu'elle était devenue plus polie.
Et puis, de fil en aiguille, ils s'étaient rapprochés. Lee lui avait présenté les Gryffondor, et surtout Fred et Georges, puisqu'elle allait devoir aller en cours avec lui, il en avait assez raté comme ça.
Et elle, elle avait perdu ce masque de froideur adopté pour se protéger. Car finalement, elle était apeurée, poursuivie par une malchance vicieuse, dans un pays étranger dont elle parlait assez mal la langue...
Oui, au fur et à mesure, Lee et Gabrielle s'étaient rapprochés. Il la faisait rire et elle lui apprenait le sens des responsabilités qu'il ne possédait pas vraiment. Trois semaines après l'accident, il protégeait la jeune fille non plus à cause de la punition, mais en grand frère inquiet, avec l'attitude toute Gryffondoresque consistant à se prendre les répercussions en pleine tête à la place de Gabrielle plutôt que de la pousser hors de danger.
Du coup, il avait fait plus d'aller-retours à l'infirmerie en un mois qu'en six ans.
Et Gabrielle s'en souciait de plus en plus.
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« - Lee, hey, Lee, ça va ? » fit la voix inquiète de la petite française, son accent vrillant un peu les oreilles du garçon allongé par terre.
« - Super, j'adore me prendre les portes en pleine poire, t'inquiète pas... »
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« - Oh, Lee, ça va ? »
« - A merveille, j'ai trois mains et un seul pied, je sais pas à quel point tu as raté ton sort d'inversion, Adens, mais merci... »
**« - Ah, aucun effet, cette fois ? »
« - Euh, si, Lee, tu es... euh... vert. »
« - Encore ? »
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« - Oh, Lee, je suis désolée ! »
« - Désolée de quoi, Gabrielle ? La prochaine fois, je saurais qu'un sort bleu et blanc, c'est un aller-simple pour l'infirmerie. Effets intéressants quand même... »
« - Oui, tu es très sympa en nain. »
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« - Gab, ça va ? »
« - Oui, pour une fois, c'est bien moi qui suis touchée... à force, je me demandais si tu n'avais pas été mordu par ton propre... truc, en fait. »
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La catastrophe la plus marquante fut probablement l'excursion près du Lac de Poudlard. A ce moment-là, l'effet semblait diminuer et ni Lee ni Gabrielle n'avaient vu Madame Pomfresh depuis des jours. Ils s'étaient dit que sortir un peu ne serait plus aussi dangereux. Aller près du Lac leur paraissait trop risqué, quand même, alors ils s'étaient rendus près d'un des affluents.
Tout s'était passé très vite, le pied de Gabrielle avait dérapé sur une touffe d'herbe humide, alors qu'il n'avait pas plu depuis des jours, et elle avait roulé au sol, droit dans l'eau, la tête la première. L'eau était peu profonde, mais encore froide vu la saison, et avait figée la française, lui bloquant ses réflexes de se retourner pour retourner à la surface et respirer.
Heureusement, à force d'éviter des sortilèges perdus, des potions explosives et des portes qui s'ouvrent sans prévenir, les réflexes de Lee s'étaient, eux, développés. Il avait été prompt à tirer Gabrielle de la rivière, le tout n'ayant pour conséquence que des pleurs, dus à la peur panique qu'elle avait ressentie, incapable de respirer et étouffée par l'eau. Ils étaient retournés, trempé pour Lee, trempée, frigorifiée et tremblante pour Gabrielle, au Château. Pomfresh avait hurlé, bien sûr.
Mais Lee s'était surtout empressé de faire rire Gabrielle, qu'elle ne prenne pas peur de l'eau, et qu'elle oublie l'accident. Une comparaison entre la couleur pâle de ses cheveux qui, mêlés à l'eau, l'auraient dissimulée...
Et elle avait gardé le surnom de « River » après ça.
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La malchance avait passé quelques jours après. Toutefois, Gabrielle était restée, parce que la Troisième Tâche approchait et que, de toute façon, ses parents seraient là pour voir sa soeur.
Alors, bien sûr, elle ne passait plus autant de temps avec Lee et les autres, mais elle continuait de venir les voir. Beaucoup.
Et surtout Lee.
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Un soir, rougissante jusqu'aux oreilles, elle avait dit à Lee qu'elle l'aimait.
Le jeune homme avait été incroyablement embarrassé. Ils avaient huit ans d'écart, et l'amour pour lui n'était surement pas le même que l'amour pour une fillette de huit ans.
Et pire, il voyait plutôt Gabrielle comme une petite soeur que comme une petite amie. S'il avait du sortir avec une Delacour, il aurait jeté son dévolu sur Fleur plutôt qu'elle. Et puis, Gab était Gab, sa River, et pas... autre chose.
Heureusement, huit ans ou pas, Gabrielle était très mature. Elle avait du en parler avec sa soeur aussi, et bien que ses mots s'emmêlent un peu, parfois en français, elle dit à Lee qu'elle savait qu'il ne la voyait pas ainsi, mais qu'elle attendrait. Et qu'il avait intérêt à l'attendre aussi !
Lee était toujours aussi gêné, et n'osa pas répondre positivement à cette demande.
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La Troisième Tâche finit horriblement mal. Les deux écoles rentrèrent dans leurs pays dans une ambiance morose.
Gabrielle aussi, et ils n'eurent pas l'occasion de se dire au revoir.
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Le temps passa. Fred et Georges quittèrent l'école. Lee se sentit seul, et fit quelques tentatives de blagues avortées ou plus ou moins réussies.
Il devint même vert. Et il pensa à Gabrielle.
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Il finit ses études. Rejoignit les jumeaux dans leur commerce. Et quelque part durant l'été, il y eut même une lettre de Gabrielle.
Elle allait rentrer à Beauxbâtons l'année prochaine, et prenait juste des nouvelles, comme ça...
La jeune française avait même signé 'Rivière'.
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Leur correspondance, déjà légèrement irrégulière, avait cessé dès que Voldemort avait commencé à agir plus violemment.
La seule chose que Lee avait pu faire, c'est que son pseudonyme à Potterwatch, soit le reflet des années plus calmes, plus douces, plus drôles.
De l'année où il avait grandi aux côtés d'une toute petite fille.
Et pour la radio clandestine, Lee Jordan devint Rivière.
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Voldemort tué, la vie reprit place doucement... Lee assista au mariage de Georges, mais n'eut aucune envie de l'imiter.
Quelques copines, par-ci, par-là, mais pas d'envie de se fixer.
Il continuait d'écrire à Gaby. Elle avait entendu son pseudo sur les fréquences cachées et ne s'étaient pas privée de le charrier dès les hostilités finies... Il n'y avait bien que Lee pour faire pareil clin d'oeil alors qu'ils étaient recherchés par les Mangemorts.
Le jeune homme avait même revu la française en quelques occasions, notamment la naissance de Victoire ou lorsqu'elle était venu passer des vacances chez sa soeur.
Gabrielle grandissait, passait au stade de l'adolescence... Et Lee s'en voulait de la trouver de plus en plus belle.
Elle était trop jeune pour lui, et avec son affection fraternelle, bien qu'aucun lien ne les lie, il avait l'impression de faire quelque chose de mal.
**
Gabrielle en avait assez d'attendre. Elle avait essayé de passer à autre chose que Lee. Ce n'était qu'une amourette de gamine, et elle n'avait plus huit ans !
Mais aucun de ses petits copains n'était à son goût. Pas assez drôle, pas assez prévenant, trop prévenant, humour à pleurer...
Inconsciemment, elle leur imposait l'image de Lee, et aucun n'arrivait à la cheville du souvenir qu'elle en avait.
Pourtant, elle savait qu'il n'était pas aussi parfait que ça! C'était juste... plus fort qu'elle.
Et quand son copain actuel, celui avec qui elle avait fêté sa sortie de Beauxbâtons, l'avait appelée River en pensant lui faire plaisir, elle avait explosé.
D'abord, un Chauve-Furie digne de Ginny Weasley pour celui qui avait osé utiliser le surnom qui n'appartenait qu'à elle.
A elle et à Lee.
Et ensuite, un transplanage pour l'Angleterre.
**
« - Lee, c'est pour toi ! » fit la voix, amusée, de Georges.
Le garçon sortit de l'arrière boutique... pour se retrouver nez à nez avec Gabrielle. Une Gabrielle à l'air déterminée, les cheveux ruisselants d'eau, les vêtements collés à son corps -son incroyable et magnifique corps- par la pluie battante, les mains campées sur les hanches, et qui le fixait.
« - Bah alors, River, t'es tombée dans l'eau ? » demanda-t-il, la blague sortant pourtant sans l'emphase habituelle, alors qu'il n'arrivait pas à détacher son regard d'elle.
Merlin, quand est-ce qu'elle était devenue aussi belle ?
« - Non, je me jette à l'eau, nuance. » répondit Gabrielle en souriant. « Et cette fois, t'as pas intérêt à m'envoyer balader ! Un deuxième râteau, dix ans après, ce serait vraiment pas fairplay ! »
Et ne laissant pas l'information pénétrer le cerveau du garçon en face d'elle, la jeune femme s'approcha et posa ses lèvres sur celle du garçon qui lui avait ravi son coeur quand elle avait huit ans et qu'elle n'avait jamais véritablement cherché à reprendre.
Et elle sourit contre ses lèvres quand il l'enlaça, ne cherchant pas à le repousser.
Et quelque part au milieu du baiser, ils eurent une pensée pour le Malagrif Tacheté qui, pour une fois, leur avait apporté de la chance, la chance d'être ensemble.