Comme annoncé, une (courte) scène supplémentaire pour le chapitre
Décembre du JTD! Après être rentrés du lac, June et son père ont une petite conversation.
Si je m'écoutais, je ne la posterai peut-être pas. Mais comme j'ai décidé de ne plus m'écouter... ;)
Titre: (à trouver)
Personnages: OC
Rating: K+ (pour le vocabulaire?)
Disclaimer: Tout est à JKR.
Note: Il y a quelques références faites au chapitre, notamment à la scène du lac, et à Jamie Carragher (mais si vous avez lu l'histoire, plus la peine de le présenter! ^^ Sinon, voir le chapitre
Eté). J'ai mis juste avant le texte la toute fin du chapitre, la scène entière aurait été trop longue. Mais ça peut être intéressant de se la remettre en mémoire... ^^
Il reste sûrement des tas de fautes, j'en suis désolée.
*
oOoOo
- J'ai hâte que tu me présentes ce fameux Jamie Carragher !
Eclatant de rire, elle profita de ma surprise pour écarter mes mains et poser un baiser sonore sur mon front. Soulagée (puisqu'ils plaisantaient apparemment pour Olivier et que je m'étais enflammée toute seule concernant mon ex petit-ami), j'esquissai un sourire, encore un peu troublée.
Cela dit ma mère n'était pas si loin de la vérité. Mister June occupait le peu de place laissé par Olivier. Mais comment elle le savait ? Mon père évidemment.
- Tu trouverais ça nettement moins drôle si tu avais été témoin de la scène ce jour-là, crois-moi, expliqua-t-il à ma mère, pince-sans-rire. Notre fille va avoir dix-sept ans, Ellie… Par pitié, ne l'encourage pas !
(extrait du chapitre Décembre)
oOoOo
- Pourquoi tu n’as pas refait ta vie ?
De surprise, mon père s'étrangla et recracha à moitié le thé qu’il était en train de siroter, renversant au passage le reste de sa tasse sur la table basse.
A grand peine, je retins un sourire amusé. Ma question pouvait sembler sortir de nulle part, je le reconnaissais. Mais je n’en espérais pas tant.
Une fois ma mère partie, nous avions englouti les restes du déjeuner et nous étions effondrés sur le canapé, épuisés par cette longue journée et encore plongés pour quelques heures dans l’atmosphère un peu irréelle du jour de Noël.
J’avoue avoir prêté une attention toute distraite aux programmes de fêtes qui se succédaient à la télévision, plus occupée à essayer de me sortir de la tête Olivier et ce « truc » qu’il avait remarqué.
Sans succès jusque là.
Mon esprit y revenait sans cesse, m’interdisant d’y croire pour finalement me pousser à le faire l’instant d’après, me faisant passer d'une seconde à l'autre du désespoir le plus total (quand je parvenais à me raisonner et à me dire qu'une fois de plus, je n'avais rien compris) à une euphorie presque douloureuse (quand mon esprit m'assurait qu'au contraire, pour une fois, je ne pouvais pas m'être trompée).
Et c'était épuisant.
Penser à mes parents, à leur attitude depuis le début des vacances, à tout ce qu'ils avaient fait depuis l'été, était la seule chose qui avait fonctionné. De fil en aiguille, j'avais fini par poser la question qui me taraudait.
Alors oui, mon père qui, loin de partager mes préoccupations, somnolait presque malgré le reportage sur l’imminence du Boxing Day (dont il est pourtant friand et qu’il rêve de voir débarquer dans le monde sorcier), n’a évidemment pas compris d'où ça venait.
- Exactement le sujet que tout homme rêve d’aborder avec sa fille, marmonna-t-il en épongeant le plus gros du désastre avec ce qui lui tombait sous la main (ici, un vieux numéro de la Gazette et un coussin).
Que ce soit clair, j’étais moi-même loin d’être à l'aise avec tout ça. Le sujet était sensible, presque tabou. Mais après aujourd’hui, après tout ce qui s’était passé les jours précédents (et même avant, quand j'y réfléchissais), ma question, elle, était évidente.
Indiscrète, légitime et peut-être pas si inattendue que ça. D'un soupir résigné, les pieds de nouveaux sur la table basse, mon père me le confirma. Pour autant, il ne répondit pas, ne me laissant guère le choix.
- Est-ce que c’est à cause de…
- Non June, souffla-t-il me coupant dans mon élan, les yeux rivés à l’écran et la télécommande en main, passant désormais d’une chaîne à l’autre. Ce n’est pas à cause de toi.
Ce qui était bon à savoir. Sauf que, pour une fois, j’étais bien consciente que tout ne tournait pas autour de moi.
- … à cause de Maman ? ai-je repris, presque timidement.
Un « Oh » étonné lui échappa, à l’opposé de l’autre « Oh », plus grave, qu’il répéta la seconde d’après.
- Tu l’aimes toujours ?
J’ai détesté ma petite voix, presque enfantine, qui pouvait passer pour de l’espoir. Alors que je savais. Je sais. Mes parents ne se remettraient jamais ensemble. De leur divorce, c'était l'une des deux certitudes que j'avais tirées. Et je n'avais pas eu besoin d'Edouard pour ça.
Fixant mon regard sur l’écran pour ne pas être tentée de jeter un coup d’œil dans sa direction, j'attendis sa réponse, le cœur battant. Tant pis si mon père se méprenait sur le fond de ma pensée. Aujourd'hui, plus que jamais, je devais poser la question.
Lui n’était toutefois pas obligé d’y répondre. Et l’espace d’un instant, devant son immobilité presque parfaite (jamais des publicités ne l'avaient autant fasciné), j’ai bien cru que c’était ce qu'il ferait.
- Ta mère et moi ne nous sommes pas séparés parce que nous ne nous aimions plus, dit-il simplement, reprenant son zapping frénétique.
Ce n'était pas ce que je lui demandais. Inspirant, j'ouvris la bouche, prête à le lui faire remarquer. Toutefois mon père me prit de court, se tournant pour la première fois vers moi, un petit sourire aux lèvres.
- Et nous ne nous sommes pas non plus séparés à cause de toi.
Que ce soit clair, ce n'était pas du tout ce que je comptais objecter mais c’était effectivement ce à quoi, sur l’instant, je venais de penser. J'avais toujours eu ma petite théorie sur la raison qui avait pu pousser mes parents à se séparer. Je formulais simplement la chose d’une autre façon. Blâmer la magie, Poudlard. Ce sentiment de différence que ma mère avait évoqué.
Prise de court, je refermai la bouche et me demandai un bref instant comment il avait aussi facilement pu deviner (parce qu'aux dernières nouvelles, il n'y avait aucun Legilimens chez les Tierney), avant de finalement renoncer. C’était peut-être le coup classique en fait. Le sentiment de culpabilité était certainement un incontournable chez les enfants dont les parents avaient divorcé.
Une part de moi commençait à envisager sérieusement qu'il puisse dire vrai, se fiant au soulagement que ces quelques mots avaient suffi à provoquer, et voulait creuser la question. L'autre part se doutait qu'il ne s'agissait que du plus adorable et plus vil moyen de détourner mon attention et d'éviter la vraie question.
Ce qui était idiot puisque je savais. Là aussi, je sais. Mes parents ne se détestaient pas, malgré tout, malgré les années. C'était la deuxième certitude que j'avais tirée de tout ce qui avait pu se passer.
J’étais peut-être bouchée à en croire certains, mais en dépit des disputes et du temps qui passait, j’étais bien consciente de ne pas avoir été élevée et entourée par des parents qui se détestaient.
Je l’ai vu. Durant des années, je l’ai bien vu. Dans des gestes, dans des détails, dans des souvenirs qu’ils continuent de partager et qu’ils commencent à peine à dévoiler.
Je savais. J'avais juste besoin d'entendre ce que mon père dirait, la façon dont il en parlerait.
Lui non plus n'était pas dupe puisqu'il finit par céder.
- Pas de la manière dont tu voudrais…
Le soupir de mon père me tira de mes pensées. Surprise, je le dévisageai. Ce n’était pas un non, et pas vraiment un oui. Je ne fis pas l’erreur de le reprendre, de lui assurer que je ne voulais rien, que je n’attendais rien. Principalement parce que cela nous éloignerait du véritable sujet. Et aussi parce que sur l'instant, je ne pouvais pas affirmer sans mentir qu'il se trompait.
- Elle a refait sa vie, me suis-je contentée de rappeler.
- Et c’est une très bonne chose !
Une légère grimace m’échappa. Sur le principe, je voyais l’idée. Sauf qu’avec Edouard, j’étais incapable de l’affirmer.
- Mais toi…
- J’ai refait la mienne, me coupa mon père. En me consacrant à mon travail.
Ce n’était pas ce que je voulais dire et il le savait très bien. Roulant les yeux de manière ostensible, je feignis l’agacement pour tenter de dissimuler la vague de soulagement un peu coupable qui venait de me submerger. J’aurais eu l’air bien fine s’il avait choisi cet instant pour justement m’expliquer qu’une Edouarda allait débarquer. J'aurais sûrement dû le lui souhaiter. Mais j’étais loin d’être prête pour ça.
- C’est pas pareil, ai-je marmonné.
Mon père me décocha un regard en coin avant de se mettre à sourire, amusé.
- On dirait ta tante May !
Je fronçai les sourcils, ne voyant pas vraiment le rapport.
- Juni, tu tiens tant que ça à a voir une belle-mère et des frères et sœurs ?
Pour le coup, non. C'était égoïste de ma part, mais la situation me convenait telle qu'elle était. Je ne le disais pas pour ça. Pas du tout en vérité. C'était plus complexe à me l'avouer, presque impossible à expliquer. Je ne voulais simplement pas que mon père soit toujours amoureux, si ma mère aimait Edouard de son côté. Même rien d’un peu. D’une certaine manière, je savais ce que c’était.
Je haussai les épaules, pour donner le change.
- Je veux juste que tu sois heureux.
Et c’était la stricte vérité. Même lui ne pouvait pas en douter. Du coup, j’avoue que je n’ai pas compris son sourcil haussé et la lueur moqueuse dans son regard.
- Donc pour toi, le bonheur passe forcément par la vie à deux ? fit-il faussement songeur. Tes grands-parents et la lignée entière des Tierney seraient fiers de ta vision conservatrice et rétrograde de l’existence !
Tante May et mon père aimaient plaisanter sur le fait que lui divorcé et elle pas encore mariée auraient rendu dingue leurs parents, pur produit de l’Irlande traditionnelle et sorcière.
J’acceptai la moquerie, ne pouvant de toute façon pas lui expliquer le véritable fond de ma pensée.
- Je sais que Maman et toi êtes séparés, ai-je répondu, malgré tout un peu vexée. Et que le passé est le passé mais… je constate juste que vous avez l’air de bien vous entendre.
Mon père détourna la tête, mais pas assez vite pour ne pas m’apercevoir qu’il souriait.
- Ta mère et moi avons grandi. Un peu comme toi…
Et ça me satisfaisait amplement. Je m’en rendais compte maintenant. Peut-être que pendant longtemps, j’avais inconsciemment espéré que mes parents se retrouveraient. Aujourd’hui, le simple fait de les voir s’entendre, même sans aller jusqu’à être amis ou avoir des sentiments l’un pour l’autre, me suffisait. Tous les jours ne seraient pas comme aujourd’hui, je le savais. Mais j’avais eu sous les yeux la preuve qu’un quelque chose entre eux subsistait.
- L’amour, parfois c’est compliqué…
Amusée par sa remarque, je soufflai par le nez. Compliqué. Le terme même qu'avait également choisi Olivier.
Ma réaction n’échappa pas à mon père qui me jeta un autre regard en coin. Par chance, il n’insista pas.
- Enfin, tu le découvriras bien assez tôt, reprit-il repoussant cette perspective d’un geste de la main. Et malheureusement, ça ne va pas s’arrangeant…
Un froncement de sourcils me suffit à lui faire comprendre que je ne le suivais pas.
- On fait tout un foin des remous de l’adolescence, de son exacerbation, de cette sensation que tout y est plus fort, plus grand, plus horrible, plus absolu, plus terrifiant…. Surtout en ce qui concerne les sentiments.
J’acquiesçai d’un hochement de tête, cochant mentalement chaque case. J’étais en plein dedans, justement.
- Crois-bien que ça me fend le cœur d’avance parce que ce que je vais te révéler risque de briser ton enfance, dit mon père l’air grave, résigné, presque désolé (et malgré moi, je me suis légèrement redressée, inquiète). Mais autant t’y préparer… Un adulte n’est rien d’autre qu’un adolescent qui paie des impôts ! Les remous et compagnie, tu n’en sortiras vraiment jamais.
- Merci pour la perspective ! ai-je marmonné.
Parce que même si j’adorais ma vie actuellement (et encore plus depuis cet après-midi), je n’avais pas franchement envie de subir l’ascenseur émotionnel de ces derniers mois encore une fois. Je pensais que les adultes avaient pour eux sagesse et sérénité, une vie plus tranquille. Ennuyante à mourir, à n'en pas douter. Mais cette monotonie que nous déplorions tous en observant nos enseignants et nos parents et leurs vies bien rangées, je pense que dans les coups durs, nous y aspirions.
Tout en jurant de ne pas y succomber, la seconde d’après.
C’était du moins mon cas.
- Oh, et histoire de piétiner et réduire une bonne foi pour toutes en miettes les restes de ton innocence enfantine, reprit mon père avec légèreté, le Père Noël n'existe pas.
Je l’observai un instant, consternée. Il se foutait de moi ? Si le doute avait pu subsister, l’ombre de sourire qu’il parvenait tout juste à retenir sous le masque de compassion désolée qu’il avait réussi à plaquer sur son visage l’aurait réduit à néant.
- Oui, je sais, ajouta-t-il. Mais tu es une grande fille maintenant et je ne voudrais pas que les autres enfants à Poudlard se moquent de toi à cause de ça. Tu as le droit de m’en vouloir, mais Juni, tu l'aurais découvert d'une façon ou d'une autre…
Une courte seconde, j’envisageai de répliquer, avant de renoncer. J’étais celle qui avait ouvert les hostilités. Et clairement, face à mon père, peu importait le sujet, je ne serai jamais de taille à l’emporter. Encore moins après cette journée. Aussi me suis-je contentée de mettre autant d’ironie possible dans le « merci » que je marmonnai.
Ma réaction (et reddition) sembla amuser mon père. Reprenant la télécommande, satisfait de la tournure qu’avait prise cette délicate conversation, il se tourna de nouveau vers le poste de télé.
- Et toi ? dit-il d’un air presque badin. Tu n’as rien à …
Il laissa sa phrase en suspens. J’avais beau être bouchée à en croire certains, je voyais bien où il voulait en venir. C’était de bonne guerre. Mais non. Je n’avais rien à lui raconter.
La méfiance et la prudence étaient de mise.
- Je ne vois pas de quoi tu veux parler, me contentai-je de répondre d’un air égal.
Mon père n’insista pas, esquissant simplement un sourire et soupirant.
J’avais sûrement passé un peu trop de temps à l’affût du moindre signe provenant d’Olivier dans l’après-midi puisque j’aurais presque pu jurer avoir entendu dans son souffle un «…peut-être le problème, non ? » à peine articulé.
Les sourcils froncés, je lui jetai un regard suspicieux.
N’étant toutefois pas prête à demander des explications (encore moins à assumer des réponses), je blâmai mon esprit échaudé et fis abstraction de tout ça.
Tout bien réfléchi, il y avait bien une chose dont nous pouvions discuter.
- Pourquoi tu as parlé de Jamie Carragher ?
Sincèrement étonné, mon père n’eut pas l’air de comprendre.
- Maman est au courant, ai-je ajouté les sourcils froncés.
Et elle ne s’était pas privée d’en plaisanter encore quelques heures auparavant.
Autant mon vif intérêt pour l’ancien joueur n’était un secret pour personne à Poudlard (en grande partie par ma faute, je l’admets… pour le reste, je blâmerai Olivier), autant si ma mère était au courant, je n’avais rien à voir là-dedans.
Me faisant face, un sourcil haussé, mon père croisa les bras. Son sourire ne me disait rien qui vaille.
- Oh, et au courant de quoi ?
D’un simple intérêt purement sportif et d’une rencontre fortuite et totalement innocente que quelques esprits mal tournés avaient transformé en… je ne sais même pas ce que les gens (mon père et Dubois les premiers) se sont mis en tête à ce sujet. Mais la remarque de ma mère, plutôt transparente, pouvait m’en donner une vague idée.
- Et tu ne penses pas que ça vient de ta manie de trimballer ton fichu calendrier ?
Ok, touché.
Mes joues s’empourprèrent. Je l’avais sûrement bien cherché. Il ne quitterait plus le ciel de mon lit à Poudlard. Parce que soyons honnêtes, ce calendrier avait beau être de l’an passé, il était hors de question de le jeter. Il pouvait se moquer (mes amis ne s’en privaient pas !), le réconfort qu’un simple cliché sur papier glacé continuait à m’apporter après toutes ces épreuves était trop précieux pour que je puis m’en séparer.
Sans attendre de réponse de ma part, mon père se leva, attrapa sa tasse d’une main et de l’autre, me tendit la télécommande.
- Et que les choses soient claires, ta mère a parlé de Jamie Carragher !
Un ricanement moqueur m’échappa. Il jouait sur les mots ! Certes ma mère avait commencé mais lui ne s’était pas privé d’en remettre une couche. Je tentai de le lui faire comprendre d’un regard mais ce fut sans effet.
- Juni, se défendit-il un éclat de rire dans la voix, je n'ai jamais parlé de Jamie Carragher.
Il jura, portant la main tenant la tasse à son cœur, comme si cela suffisait à prouver sa bonne foi. Je devais le croire? Levant les yeux au ciel, je pris finalement la télécommande qu'il me tendait. Satisfait, le sourire de mon père s'agrandit et il quitta la pièce pour la cuisine.
Victorieux.
Sénile avant l’âge, selon moi.
Soupirant, je me renfonçais dans le canapé, épuisée par cette simple conversation. Cela faisait beaucoup de choses à intégrer pour une seule et même journée.
Cela dit, j’avais eu la réponse à ma question. Au fond, si mon père n’avait pas refait sa vie, c'était surement parce qu’il trouvait bien plus intéressant de faire tourner en bourriques les gens qui l’entouraient.
*