32. Nuit

Dec 05, 2010 17:58

Il marchait à pas rapide, son souffle saccadé brisant le silence nocturne. Vite, rentrer chez soi, se terrer sous les draps et rejoindre Morphée le temps de quelques heures, avant que le jour ne revienne.

Encore trois ruelles, une avenue et il serait chez lui. Plus que deux ruelles. Plus qu'une. Un bruit le fit sursauter, se retourner pour voir d'où il venait. C'était un chat, qui avait fait tomber le couvercle d'une poubelle.

Il le fixait de ses yeux jaunes. La prunelle de ses yeux était ronde, assez large - le lieu était sombre -. Son poil noir luisait doucement. D'abord à quatre pattes, la queue tendue vers le ciel, il finit par s'asseoir. Il fixait toujours l'humain maintenant fasciné par la créature.

Ni l'un ni l'autre n'osait bouger. Rentrer chez soi ? Impossible, pas après avoir vu ce regard-là. Ce regard brulant, qui derrière sa banalité cachait une énorme intensité, à tel point que cela en devenait inquiétant. Cela était valable pour les deux protagonistes.

Enfin, un mouvement. C'est le chat qui entame la danse. Il s'approche, pas à pas, ses muscles roulant doucement sous son fin pelage. L'autre n'ose pas bouger. Le félin avance toujours et frôle doucement la jambe immobile. Allant et venant contre lui, le chat ronronne. Il ferme les yeux de contentement. L'homme ne bouge pas durant un moment, puis se détend. Prend la créature entre ses mains, la porte à
son visage. L'observe de bien plus près en souriant.

La bête pèse plus lourd, soudainement. Ses membres s'allongent, ses poils se raréfient, son visage s'humanise. C'est une femme qu'il tient dans ses bras. Ou un homme, il ne sait pas trop. Cette personne a des seins, un pénis. N'en a plus. En a. A l'un. Ne l'a plus mais a l'autre. L'homme lâche cette créature, effrayé. Recule de quelques pas, rebondit contre un mur. Il est acculé.

La créature avance vers lui, tend ses bras. Sous sa peau vibre des milliers d'atomes, transformant constamment sa personne. Ses attributs, ses détails. L'être incomplet sourit. Il y a encore quelque trace féline dans ce rictus. S'approche, son sourire s'agrandit et devient féroce, l'homme alors cri et

Il se réveilla, plein de sueur. Le soleil à son zénith lui brulait la joue.

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