34. Lune

Apr 23, 2011 17:50

Assis dans son lit, il l'attendait. Malgré le froid qui régnait à l'extérieur, il avait laissé sa fenêtre grande ouverte pour être sûr qu'elle vint. Il ne pouvait la voir qu'une fois par mois, alors il ne fallait absolument pas la rater, sinon il faudrait encore attendre un mois. C'est long, un mois. Surtout quand on a huit ans. Même une pneumonie ne pouvait pas entraver sa détermination : il voulait, devait la voir. Et puis c'est tout.

Le soleil se couchait, enfin, laissant des trainées verdâtres dans le ciel. Elle n'allait pas tarder à arriver. La pleine Lune brillait déjà dans un coin d'infini ; très faiblement, comparé à son éclat au milieu de la nuit. Mais elle était là, annonçant la venue de celle qu'il attendait.

Alors qu'il contemplait l'astre stellaire, une voix le fit sursauter :
"Bonsoir."
Au son de ce simple salut, Arthur fit un bond. Un rire cristallin lui répondit tandis que le rouge lui montait au visage.
"Allons, n'ai pas peur. Tu savais bien que je viendrais.
- C... Comment vas-tu ?
- Bien, comme d'habitude. Et toi ?
- Bien aus..."

Une quinte de toux le prit, le pliant en deux. Après ce qui lui parut une longue minute, il se redressa et fit un petit sourire en reprenant son souffle.

"Tu mens.
- Mais non, ça va.
- Non.
- Si.
- Non.
- Tu me casses les oreilles ! Je vais très bien, tu entends ?!"

Elle fronce les sourcils. Silence momentané tandis que les deux n'osent se regarder. La demoiselle reprend d'une voix timide :

"Tu ne devrais pas laisser la fenêtre grande ouverte si tu es malade. - Il a un regarde catastrophé - Ca va s'agraver.
- Non !!"

Étonné par la puissance de sa voix, il reste coi quelques secondes puis reprend :

"Non. Je ne pourrais pas te voir sinon.
- Je préfères que tu sois en bonne santé...
- Et moi je préfères te voir. N'insiste pas, je ne fermerais pas cette fenêtre. Point.
- Tant pis pour toi."

Un air boudeur se profile sur son visage et elle croise les bras, détourne la tête. Qu'elle est belle, avec cet apparence aérienne. Un courant d'air la ferait disparaître. Elle décoince ses lèvres, parle :

"Si c'est comme ça, je pars.
- Non, attends ! Att-"

Elle
a disparu. Arthur jure, dans son petit lit. Rougit en pensant qu'il aurait aimé la voir plus longtemps, en savoir plus sur elle. L'admirer un peu plus.

"Je ne sais toujours pas son nom..."

Il rougit. Qu'elle est belle.

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