Epilogue
Le jeune journaliste du Metropolis Inquisitor redressa son chapeau sur l’arrière de son crâne d’une pichenette et s’essuya les lèvres en cherchant le billet de 20 dans le fond de son imper.
- J’ai commencé la soirée en pensant rédiger un papier bien croustillant sur un plan gay à quatre au sein des hautes sphères, j’ai eu peur en milieu de soirée de devoir me rabattre sur la spéculation concernant l’identité du nouveau boytoy de Stark, et voilà que je repars finalement avec la promesse d’un trio bi. Ça pour sur, vous savez vous amuser en Californie.
Le barman haussa un sourcil sans rien dire et lui resservit un Whisky.
La personne assise sur le tabouret le plus proche se tourna vers le journaliste. Il indiqua la liasse de feuilles froissées dans la main du jeune homme d’un signe de tête indolent.
- Vous imprimez ça ce soir ?
- Vous voulez rire ? Mon patron va bénir chacun de ces mots juteux. Si y a pas d’enlèvements extraterrestres d’ici minuit, ça fera peut-être même la première page.
L’inconnu lui tendit la main.
- Carter Hall.
- Gabriel Bennet, Metropolis Inquisitor. Vous connaissez bien Stark ?
Le gamin ne perdait pas de temps en inepties, il avait ça dans le sang, c’était une fouine emmerdante en devenir.
Carter passa une main sur l’ombre rugueuse de sa barbe naissante.
- Je connais mieux le petit Kent mais il va rarement nulle part sans se renseigner sur tout le monde avant.
Sa voix était étrangement éraillée et pleine d’air, avec un léger accent que Gabriel n’arrivait pas à identifier. Le type avait le regard fatigué de quelqu’un qui a trop bourlingué.
- Y a une chance pour que vous connaissiez le serveur avec lequel Stark s’est montré familier ? Demanda-t-il en sortant de sa sacoche un bloc de papier et un stylo bille noir qui faisait de la pub pour des céréales.
Carter ricana.
- C’est un mécha. Et pas un serveur bonhomme, c’est son A.I., depuis des années. Il vient de lui payer un costume signé Cybertronics.
Gabriel gratta furieusement sur le papier en écarquillant les yeux. De mieux en mieux.
Le portable de Carter vibra sur le marbre du comptoir. La lumière bleue de l’écran faisait clignoter le prénom "Angus". Il empocha le téléphone et se leva.
Il était bâti comme une armoire normande. Gabriel déglutit lorsqu’il posa une main sur son épaule qui faillit bien le déloger de son tabouret.
- Je dois y aller gamin, juste une petite chose. Soit digne tu veux ? Laisse Miss Potts en dehors de ça, sa côte n’a pas besoin qu’on lui prête une aventure scabreuse. Stark et son A.I. sont exclusifs.
Il n’y avait pas de menaces directes dans le choix de ses mots, mais Gabriel n’avait aucun mal à imaginer ce qui pourrait lui arriver si Pepper Potts était mentionnée dans son article.
Il hocha la tête si fort qu’il vit des étoiles. Il était journaliste, pas suicidaire. Il avait largement de quoi faire les gros titres sans l’assistante de Stark.
- Hey, de toute façon, sans manquer de respect à M’sieur Stark, si c’était ce qu’il lui fallait, pas étonnant qu’aucune bourgeoise n’ait survécu à la concurrence.
Carter éclata de rire. C’était un bruit terrifiant, on aurait dit que le tonnerre avait éclaté juste au dessus du bar.
Il était sur le point de s’en aller mais quelque chose le fit hésiter au dernier moment. Il tambourina distraitement sur le comptoir et se concentra de nouveau sur Gabriel avec cette intensité de maniaque. Il fit adroitement apparaitre un billet de 100 dollars et le colla sur le torse du jeune homme avec une fermeté borderline agressive.
- Fais-moi plaisir, si tu passes en première page, arrange-toi pour faire livrer un millier de ces petits bijoux directement chez Helen Minberg, avec reçu. Tu vois qui c’est ?
Gabriel hocha de nouveau la tête avec vigueur. Tout le monde savait qui était Helen Minberg dans le contexte politique actuel. A la veille de l’inéluctable proclamation de l’égalité des méchas, elle était le dernier obstacle sérieusement menaçant. Elle n’allait pas aimer ce cadeau, mais alors pas du tout.
Pour 100 dollars, elle aurait aussi bien pu se balancer par la fenêtre. Gabrielle avait des priorités, un instinct de survie, et son intégrité était à vendre au plus offrant. Il était journaliste.
Carter hocha solennellement la tête à son tour.
-Bien.
Puis il disparut dans la foule en laissant Gabriel un peu tremblant.
Tremblant mais détenteur du gros titre de l’année.
« Le plus sulfureux des bachelors de Malibu cède aux charmes du futur : Un mâle pour un bien. »
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PART 5 - PART 6
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