Chapter 5 :
Alexander The Great
- Jésus, Marie, Joseph, l’âne, le bœuf et les apôtres ! Be still my beating heart!
L’exclamation du chauve lorsqu’il enregistra sa présence résonna comme une première et inexplicable victoire aux oreilles de Jarvis et de "son instinct".
Il y répondit par l’un de ses déjà célèbres et dérangeants sourires, passa entre eux avec une grâce et une impolitesse insolente, puis se posta tout naturellement aux côtés de Tony.
Il ne fit rien de proprement scandaleux. Il n’avait pas enroulé son bras autour de la taille de Tony, il n’avait pas logé sa main à la base de sa nuque pour jouer distraitement avec ses cheveux courts. Ça n’était pas l’envie qui lui manquait de faire précisément ça et un bon millier d’autres choses, mais il y avait instinct et pulsion.
L’instinct restait élégant dans sa bravade, la pulsion frôlait la folie, elle pouvait rapidement devenir hors de contrôle et faire désordre.
Jarvis ne s’y résoudrait qu’en dernier recours.
Pour l’instant, il se contenta de se glisser tout près de Tony, assez près pour qu’on les eut dit soudés par la hanche.
Il n’en fallut pas plus pour attirer l’attention des trois quarts de la salle, mais à ce stade ils ne faisaient encore que jeter des coups d’œil en faisant mine de n’avoir rien remarqué.
Depuis le bar, Pepper songea que c’était tout Jarvis. Même à l’instinct ces gestes restaient parfaitement calculés. Il jouait avec les limites en faisant montre d’une précision inégalable.
Tony tourna la tête vers lui et fit pour sa part quelque chose qui ne lui ressemblait pas du tout.
Ou, si on réfléchissait bien, quelque chose qui n’aurait pas pu lui ressembler d’avantage s’il avait essayé. Quelque chose d’inattendu, de stupéfiante et d’impulsif. Pour le coup ça n’était pas calculé du tout, c’était l’œuvre d’un homme qui cède à une pulsion. Un homme fou.
Tony lui n’avait absolument aucun problème avec ce concept. Bien entendu.
Il allait l’avoir son scandale, simplement pas comme il l’avait initialement prévu. Pepper doutait qu’il en tire moins de satisfaction.
Il glissa une main au creux des reins de Jarvis et l’embrassa sur la tempe.
Jarvis ne cilla pas, il se pencha en fait imperceptiblement dans le geste, comme s’il s’y était attendu, en continuant de fixer Luthor avec un air de défis et son sourire effrayant.
A présent plus personne ne faisait semblant de les ignorer dans la salle. Tous les yeux étaient poliment braqués sur eux.
Lex prit un air contrit.
- Il n’y a bien qu’à toi que ça arrive ça Stark. Une créature de rêve inconnue entre dans la pièce et elle plonge dans tes bras sans un regard pour nous autres pauvres mortels.
Tony épousa la rondeur des côtes de Jarvis avec le creux de sa paume et le tourna contre lui dans un geste court mais terriblement éloquent.
Chasse gardée.
Jarvis porta automatiquement une main contre le torse de Tony, juste sous son cœur, et se dit que Pepper avait raison. Être amoureux n’était certainement pas logique, mais ça expliquait tout.
- J’ai failli à mon devoir d’hôte. Alexandre, je te présente Jarvis, mon majeur d’homme.
La réalisation heurta Lex très vite et il écarquilla les yeux avant de pencher la tête sur le côté avec une expression clairement amusée.
- Jarvis… Oui. Tu as… sans nul doute bien… grandi depuis la dernière fois.
- Est-il vraiment nécessaire de vous rappeler que je suis techniquement l’addition mémorielle de plusieurs générations de Stark ?
Tony glissa sa main libre dans sa poche et serra Jarvis plus fort avec son autre bras.
- Ne joue pas au plus malin avec lui ou dans un quart d’heure il t’aura révéler l’abysse de la bêtise humaine et tu songeras au suicide.
- Et alors je n’aurais plus qu’à mourir de chagrin, murmura une voix grave dans l’oreille d’Alexandre.
La seconde suivante le jeune propriétaire de cette voix enjôleuse (s’il n’y avait que ça, hélas…) se tenait droit en sirotant innocemment son cocktail sans alcool. Il offrit au milliardaire un sourire plein de dents blanches et alignées. Une boucle noire têtue s’échappa de sa coiffure qui se voulait sérieuse et tomba devant ses yeux verts.
Personne n’aurait pu se douter un seul instant que cette espèce d’adolescent colossal à la maladresse charmante et calculée puisse avoir susurré des mots doux à Lex Luthor. Illusion d’optique. Hallucination collective. Quelque chose dans le punch.
Mais l’échange n’échappa pas à Tony, qui savait, ni à Jarvis, qui fut soulager de l’apprendre.
Tony lui serra la main.
- Clark.
- Anthony.
Il hocha poliment la tête dans la direction de Jarvis sans attendre les présentations. Venant de Clark, c’était un détail qui en disait long. Clark était l’auteur du manuel des bonnes manières, il enlevait son chapeau quand il aidait les petites vieilles à traverser la rue et il gardait les post-its que lui laissait sa maman. Tous les post-its. Mais il n’était pas aveugle, juste très fatigué, il ne lui fallut pas une seconde pour savoir qu’il pouvait avoir confiance, et ce qu’il fit ensuite le démontra.
Il eut recours à une tactique qui amusait énormément Tony depuis que Lex et Clark vivaient ensemble ; il fit semblant d’être en train de leur raconter à tous une chose sans importance, sans jamais regarder quelqu’un en particulier, pour s’adresser à Lex.
- Si je dois passer une minute de plus dans ce panier à crabes, je te renverse sur le piano et tu te chargeras d’expliquer aux médias pourquoi un jeune reporter que tu es sensé à peine connaitre s’est senti le devoir de te palper les amygdales avec sa langue, ce après rien de plus qu’un verre de goyave, framboise.
Là-dessus il leur souhaita une bonne soirée et se dirigea l’air de rien jusqu’aux vestiaires.
Jarvis sourit dans le cou de Tony. Il allait aimer ce Clark.
Lex se passa une main sur la nuque et haussa les épaules.
- Vous avez entendu le patron.
- C’est pathétique Alexandre.
- Oh desserre un peu l’étau autour de ton majeur d’homme, je crois que tu lui coupes la respiration.
- Ne t’en va pas trop vite, quelqu’un pourrait établir une connexion entre vos deux départs.
Jarvis se racla la gorge.
- Aussi divertissante soit cette joute, vraiment, si Monsieur Luthor voulait bien, dans ce qui lui semblera être suffisamment longtemps pour ne pas attirer d’attention compromettante, rejoindre la véritable et seule raison de sa présence initiale à cette soirée, nous pourrions en faire de même et laisser le reste des festivités aux bons soins de ses organisateurs, que vous payez grassement puis-je ajouter.
Lex secoua la tête avec un air admiratif.
- Il est plus qu’à la hauteur Tony, il est trop bien pour toi.
Tony lui offrit un "gnagnagna" très mature en réponse, et le chassa d’un revers de main gracieux.
- Va compter fleurette à boucle d’ébène.
Lex fit un clin d’œil à Jarvis et tourna les talons. Il était peut-être un peu tôt… Mais certaines choses n’attendaient pas, et Cybertronics sait que l’amour est impatient.
Tony se retourna vers Jarvis. Leurs visages étaient scandaleusement proches.
- Et bien voilà qui est inattendu.
- Ne soyez pas ridicule. C’était si prévisible que j’ai honte de ne pas vous avoir proposé l’alternative du cybersexe à Noël dernier. Au moins en attendant que vous vous sortiez la tête du… sable.
Tony fronça les sourcils.
- Noël dernier ? Je suis rentré plus imbibé que nécessaire. Hey, je ne me souviens même pas être rentré.
- Précisément. C’est bien ce qui m’a retenu. Vous étiez incroyablement précis et exceptionnellement généreux en détails pour un homme dans votre état. Et bien que vous ne m’ayez jamais appelé du nom d’un ou d’une autre, j’aime assez la garantie de la sobriété.
Tony éclata de rire. Il glissa inconsciemment le bout de ses doigts sous le t-shirt de Jarvis qui frissonna au contact. La magie des terminaisons nerveuses, ça valait bien tout l’embarras de la honte, de l’inquiétude, de la jalousie et de toutes ces adorables petites émotions humaines. Il n’avait pas vraiment de mots exacts pour décrire la sensation nouvelle d’être doté des cinq sens. Pour ce qui était du touché, il se serait abaissé à faire une analogie, c’était comme si sa peau avait faim. Et qu’elle savait très exactement ce qu’elle voulait pour le dîner. Et pour le reste de ses repas.
Tony se tourna pour le fixer, comme s’il savait. Ce qui n’était pas impossible.
Il conduisit Jarvis jusqu’au bar, sa main à plat au creux de ses reins, à même la peau. Il attrapa Pepper au passage, passa son bras libre autour de ses petites épaules et ensemble ils quittèrent la réception dans un sillon de chuchotements.
Pepper tourna la tête vers son patron et battit des paupières avec exagération, la bouche en cœur.
- C’était adorable boss.
Tony resta concentré sur leur trajectoire jusqu’à la grande porte.
- Si vous tenez à votre job, tenez-en vous là Miss Potts.
Jarvis soupira mais un sourire lui chatouillait les lèvres.
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