Titre : Deux frères
Auteur : Vriss (Participant 3)
Pour : Mélandra (Participant 4)
Fandom : Les Mille et Une Nuits (manwha)
Couple : Sharyar / Shehara
Rating : un gros R
Disclaimer : Les Mille et Une Nuits est un manhwa de Han SeungHee et Jean JinSeok sur lequel je ne touche aucune pépète.
Prompt : Une nouvelle nuit, un nouveau conte. Sharyar se laisse bercer par le récit et décide de prouver à Shéhara qu’un conte peut se terminer autrement que dans la tristesse. Ca peut finir par un plan Q :p
Note : Spoils jusqu’au tome 3, hein. Sinon, j’ai salement remixé la Bible ( en fait je récupère des OC à moi, si on veut ), c’est une invention pure et simple et je m’en excuse auprès des puristes.
Attention, mentions d’inceste, de non con et autres choses pas jolies jolies dans le genre.
Sharyar s’étira paresseusement, posant la tête sur les genoux de Shehara avec un grognement satisfait.
- Raconte-moi une histoire, Shehara.
Shehara caressa doucement les cheveux du sultan. Il était toujours bouleversé par sa visite chez son jeune frère, et Sharyar le serait certainement aussi, s’il apprenait ce qui se tramait hors de sa vue. Bouleversé au point de tuer. Et s’il y avait une chose que le jeune barde voulait éviter à tout prix, c’était que son seigneur ne devienne fratricide, en plus du reste…
- Je vais vous raconter l’histoire de deux frères, mon Prince…
Sharyar ferma les yeux, se laissant bercer par la voix du conteur, qui cette fois ne l’emmena pas dans un pays lointain, mais dans le désert. Son désert. Chez les nomades qui ont le sable pour seule patrie, et la liberté pour seule possession.
C’était l’histoire d’un jeune homme. Le jeune fils du chef d’une tribu, né malheureusement en dehors du mariage. Un jeune bâtard nommé Baal.
C’était l’histoire d’un jeune prince, unique fils du chef d’une tribu, dernier né de son clan. Un jeune prince nommé Shaytan.
Baal et Shaytan étaient frères, même si le sang de leur mère les séparait à jamais. Là où Shaytan avait une vie confortable et bien réglée, Baal ne subissait que violences et brimades de la part d’un père qui ne le reconnaissait pas. Et pourtant, Shaytan admirait son grand frère, comme il n’avait jamais admiré personne, pas même son père. Et Baal aimait son petit frère, la seule personne à ne pas le regarder de haut et le juger pour sa naissance.
Le jour arriva enfin où le chef commença à s’intéresser à son plus jeune fils, vers le petit Shaytan, la mère du petit prince supplia Baal de faire quelque chose. Elle le supplia pour son fils de détourner encore un peu l’attention de leur père, et se jeter dans ses griffes pour épargner son petit frère.
Et Baal le fit. Tant qu’il le pouvait encore, il devint docile et caressant là où il avait été réticent et arrogant. Il renonça à toute notion d’honneur et de fierté pour protéger le jeune héritier. Il renonça à tout ce qu’il avait encore pour éviter à son frère adoré de subir ce qu’il avait subi. Les violences, les tortures. Les caresses. Les promesses. Les coups. La honte. Son quotidien qui n’était déjà pas enviable devint un véritable enfer.
Jusqu’à ce qu’il devienne adulte. Jusqu’à ce que l’homme qu’il était devenu, brisé et battu, n’ait plus aucun intérêt aux yeux de celui qui n’avait jamais mérité de porter le nom de père. Jusqu’à ce qu’il rassemble ce qu’il lui restait de courage pour essayer de tuer celui qui lui avait donné la vie. De devenir un parricide pour protéger l’innocence de son frère.
Et jusqu’à ce qu’il échoue une dernière fois, et qu’il meure dans la honte qu’il avait connu toute sa vie, pour avoir essayé de protéger son petit frère.
Seul Shaytan pleura son grand frère.
Sharyar fronça les sourcils en se redressant légèrement.
- Elle ne me plait pas, ton histoire. Pourquoi faut-il toujours que tu choisisses des histoires sinistres ?!
- Je m’excuse, Seigneur Sharyar, mais je n’ai pas fini.
Le sultan renifla et se rallongea.
- Elle a intérêt à bien se finir, ton histoire.
Shehara eut un sourire mélancolique et caressa doucement les cheveux du jeune Prince.
Les tourments n’étaient pourtant pas terminés pour Baal. Il avait tenté de tuer celui qui lui avait donné naissance, et cela lui avait fermé les portes du Paradis.
C’est en Enfer que Baal se réveilla, et c’est l’Enfer qui changea Baal. C’est l’Enfer qui, bien plus sûrement que le bourreau de son père, tua celui qui n’avait jamais pu être prince.
- Non mais c’est pas vrai ! J’ai dit que je voulais que ça finisse bien !
- Laissez-moi finir, Seigneur, s’il vous plait…
Shaytan ne se remit jamais de la disparition de celui qu’il admirait le plus au monde. La colère et la haine le rongeaient, et le désir de vengeance pour son frère, le désir de tuer celui qui l’avait enfanté. Shaytan, son heure venue, n’échoua pas. Devenu roi à son tour, il s’assit sur le trône sanglant du père qu’il venait de tuer, et de chef de bergers devint chef de guerre. Le désert ne connut plus un instant de paix, du moment où Shaytan prit la vie de son père. Et à son tour, le jeune prince descendit lentement vers les Enfers.
Et Baal, en Enfer, était rongé par la jalousie. Son frère avait eu tout ce dont il avait été privé. Son frère était roi, son frère était fier. Il connaissait succès sur succès et pouvait garder la tête haute. Alors que lui, il n’avait jamais été rien eu, il avait été brisé, bafoué, sali, tout ça pour protéger un jeune fou qui avait la liberté de renoncer à toutes ses chances de salut.
Il se permettait de pêcher, et de pêcher encore et toujours, alors que lui avait donné sa liberté, sa vie et tout espoir de salut pour lui donner le droit de connaître un joue le paradis. Il aurait tout donné pour avoir cette chance, et voilà que Shaytan bafouait tout ce qu’il avait fait pour lui ? C’est lui qui aurait dû être à sa place. Lui qui aurait dû être le roi. Il était l’aîné, il était le plus intelligent, il était le plus fort. Il était tout ce que Shaytan n’était pas, et seul son sang l’avait privé des honneurs qui lui étaient dus.
L’Envie brûlait dans ses veines, dans son sang, et l’Envie lui donna la puissance qu’Humain il n’avait jamais eu.
Baal devint Belzebuth, Prince de l’Envie.
Sharyar eut une moue sceptique alors que Shehara fronçait légèrement les sourcils.
- Si vous m’interrompez tout le temps, vous ne saurez pas si mon histoire se finit bien, Seigneur.
- Tes histoires ne se finissent jamais bien. Ça m’énerve.
- Vous préférez que j’arrête de vous la raconter ?
- Ah, non, maintenant je veux savoir la suite.
- Alors arrêtez de m’interrompre. On dirait un enfant.
La moue boudeuse de Sharyar s’accentua alors que Shehara reprenait.
Belzebuth n’avait plus qu’un seul objectif. Priver à jamais Shaytan du Paradis. C’était ce qu’il aurait voulu par-dessus tout, le Paradis. Après tout, ce qu’il avait fait, il l’avait fait pour de bonnes raisons, il l’avait fait pour protéger son petit frère, pourquoi personne ne l’avait-il compris ? Alors il n’était pas question que Shaytan, au terme d’une vie de violence, ne se rachète une conduite et n’obtienne le Paradis dont il avait été privé. Il allait corrompre le Prince au point que rien ni personne ne pourrait jamais le racheter.
Et des voix susurrèrent à l’oreille de Shaytan, lui promettant gloire, grandeur et bonheur et échange du sang des innocents. Et Shaytan se remit à tuer, à conquérir, sans pouvoir jamais étancher son insatiable soif de pouvoir et de vengeance, ni faire taire la colère qui couvait en lui depuis la mort de son cher Baal.
Les voix le poussèrent à tuer, puis à collecter des richesses, sans jamais les redistribuer. Elles le poussèrent à convoiter ce que possédait son prochain, femmes, argent, terres, tout ce qui pouvait être convoité.
Shaytan était encore jeune et en pleine gloire lorsqu’il fut assassiné. Le poison versé jour après jour dans son vin par sa femme aimante et dévouée prit sa vie, et à son tour, Shaytan passa les portes de l’Enfer.
Enfer où il retrouva un frère longtemps perdu, et tellement changé… Belzebuth, dévoré par la jalousie, qui ne perdait jamais une occasion de l’humilier.
Et Shaytan, le Prince en colère, devint Satan, Prince de la Colère.
L’amour qui liait les deux frères était devenu haine, une haine si forte qu’elle avait fait d’eux des princes en Enfer, où la haine rend plus fort.
- Quoi ? C’est tout ?
Sharyar se redressa d’un bond et croisa les bras en prenant un air accusateur.
- Ils ont tous les deux eu ce qu’ils voulaient, finalement, non ? Ils sont ensemble pour l’éternité, et ils ont tous les deux leur royaume.
- Oui mais à quel prix ! Je ne pourrais jamais imaginer qu’on puisse se réjouir d’une telle situation. Ils étaient frères !
Shehara eut un sourire. Une fois de plus, la morale de l’histoire lui permettrait d’éloigner un peu Sharyar de la folie, du moins il l’espérait. Et ce malgré la trahison de son frère…
- Vous avez également un frère, Seigneur Sharyar.
- Oui eh bien justement ! Aucun pouvoir quel qu’il soit ne justifie que je me mette à haïr mon frère ! ça n’a pas de sens.
- Pour eux ça en avait apparemment, mon Seigneur.
- Décidément, Shehara, je déteste tes histoires. Si tu veux dire par là que je dois haïr mon frère de toutes mes forces, je ne le ferai pas. De toute façon, l’Enfer n’existe pas.
- Je vous en prie, Seigneur Sharyar, ne blasphémez pas.
Sharyar haussa les épaules et prit doucement Shehara par le menton.
- Moi aussi, j’ai une histoire de prince à te raconter, Shehara.
- Vraiment, mon Seigneur ?
- Vraiment. C’est l’histoire d’un prince comme ton Shaytan, là, qui s’était longtemps perdu dans la colère, la haine et le sang. Tu me suis ?
- Je vous écoute, Seigneur Sharyar.
- Et donc ce prince, là, il faisait ce truc pas net… Il tuait toutes ses femmes la nuit de leur mariage. Seulement un jour, une espèce de jeune fou a pris la place de sa sœur.
- Cette histoire n’a pas encore de fin, Seigneur Sharyar.
- Je t’ai laissé finir ton histoire, laisse-moi finir la mienne.
- Bien, mon Seigneur.
Les mains du Sultan se firent caressantes alors qu’il ouvrait lentement la tunique de Shehara avant de la faire passer au dessus de ses épaules.
- Le jeune homme, il avait cette sale manie de raconter toujours des histoires qui finissaient mal…
Il laissa ses mains courir librement sur le torse du jeune homme, savourant un instant en silence la sensation de la peau frémissante du jeune conteur sous ses doigts, avant de défaire doucement sa ceinture pour le débarrasser de son pantalon.
- En plus de ça, ses histoires étaient toujours moralisatrices et gênantes, et il ne les racontait que pour obtenir quelque chose du sultan. Venant de n’importe qui d’autre, ça aurait été puni de mort.
Le frisson qui secoua Shehara cette fois-ci n’avait rien du frisson de plaisir. Sharyar lui massa doucement la nuque pour le rassurer avant de reprendre.
- Seulement voilà, même si ces histoires, le sultan ne les aimait jamais, apparemment elles lui faisaient du bien, puisqu’il s’est rapidement rendu compte qu’il se sentait… comment dire… plus vivant, moins enfermé dans cet espèce de cauchemar là, qui lui collait à la peau et dont il arrivait pas à se dépêtrer. Un peu comme s’il était une sorte de papillon dans une toile d’araignée, tu vois ?
Shehara déglutit, retenant à grand peine un petit gémissement de plaisir alors qu’une des mains du sultan parcourait doucement sa colonne vertébrale de tout son long et que l’autre taquinait distraitement un téton déjà érigé.
- Alors le sultan décida qu’il allait garder le jeune homme près de lui, et qu’ils allaient rester ensemble très longtemps, même s’il devait écouter ces histoires horribles avec leur morale désagréable…
Sharyar interrompit son conte le temps d’attirer Shehara contre lui et de prendre possession de ses lèvres, longtemps, avec une passion qu’il n’avait pas ressenti depuis… depuis Fatima, mais ça il n’avait vraiment pas envie d’y penser.
- … Et même s’ils n’auront certainement pas d’enfants, il a bien l’intention de vivre longtemps. Et même de se racheter, parce que le petit conteur, là, il a l’air de croire au Paradis.
- Vous savez, Seigneur Sharyar, l’homosexualité est un pêché.
- Le Sultan s’est dit que peut être que si ça lui permettait d’arrêter de tuer, le Dieu du conteur le lui pardonnerait. Tu en penses quoi de mon histoire, Shehara.
Le jeune barde eut un petit sourire avant de s’attaquer à son tour, timidement, en baissant la tête, et en rougissant beaucoup, aux vêtements du Sultan.
- Je pense que le conteur doit être très comblé, et j’espère que le sultan l’est aussi…, souffla-t-il avant que Sharyar ne le renverse sur le lit.
- Alors, tu vois, tu pourrais les faire finir bien tes contes de temps en temps…
- J’y penserai, Seigneur Sharyar…, murmura-t-il.
Avant de se perdre avec délices dans les bras du sultan.