[Fic] Libération..., Kushiel's Legacy, Lucius/Imriel [de Bibifoc, pour Thal's Balls]

Sep 07, 2022 21:14

Titre : Libération, dans le battement des ailes
Auteur : Bibifoc (Participant.e 21)
Pour : Thal's Balls (Participant.e 11)
Fandom : Kushiel's Legacy
Persos/Couple : Lucius/Imriel
Rating : NC-17
Disclaimer : Tout appartient à Jacqueline Carey
Prompt : Imriel/Lucius, Imriel s’attarde après le siège au lieu de rentrer pour aider Lucius à se remettre du traumatisme de sa possession et en particulier du combo avoir été sous contrôle + avoir du contrôler les AUTRES une fois libéré, et tout le poids qui va avec… il l’aide à se lacher en se mettant entre les mains d’Imriel, en se réappropriant cette sensation d’être contrôlé mais de façon consensuelle, et Imriel lui doit faire face à ses sentiments côté domination et sadisme que jusqu’ici il n’est arrivé à accepter que sous la forme de Passion Charnelle (TM) et pour lesquels il souffre encore de traumatisme suite à cette fameuse nuit où il n’avait pas de safeword. Si possible, sombre mais doux niveau ambiance, le sombre venant des traumatismes en jeu plutôt que du Edge côté kink, le tout allant plutôt vers une amélioration que quelque chose de Plus Malsain.
Notes : Avertissements pour mention de passé traumatisant. En plus du BDSM, il y a des thèmes religieux, j'espère que ce n'est pas un problème.



Imriel connaissait bien les yeux ambrés de Lucius : pétillants d'humour, un peu perdus dans l'horizon quand il le regardait, quand ils savaient tous les deux que ce n'était pas le moment d'aller jusqu'au bout de leur sincérité. Depuis ce qui s'était passé à Lucca, ils avaient acquis une nouvelle gravité, comme s'ils ne pouvaient plus se permettre aussi légèrement de fixer le ciel.

Mais cette étrangeté était toute nouvelle : le regard de Lucius semblait fuir les yeux d'Imriel, pour fixer un point au-dessus son épaule à la place. Imriel, intrigué, parfois même inquiet ou frustré, craignait de poser la question trop brutalement. Et d'ailleurs, quelle question ?

Celle qu'il cachait au fond de lui était : ai-je bien fait de rester ? Suis-je capable d'aider ?

Suis-je capable d'être une force pour le bien ?

Ils se parlaient, pourtant : de Lucca et de son système de gouvernement, des leçons de Maître Piero. D'Helena surtout, de comment Lucius devait se comporter avec elle. Etait-ce lâche de camoufler le manque de désir de Lucius pour elle avec ses horribles souvenirs du Duc de Valpetra, puis de Gallus ? Qui de lui ou elle devait prendre l'initiative de parler du futur, d'enfants peut-être ?

Imriel tentait d'apporter à ces craintes toute la science D'Angeline. L'amour. Le talent pour lequel ils étaient réputés au-delà des frontières. Imriel ne se sentait pas très talentueux sur le sujet. Il aurait aimé que Phèdre soit là.

Et pourtant, le carcan restreignant la famille royale lui donnait peut-être la meilleure position pour parler des mariages arrangés. Imriel pensait à Alais, qui allait épouser Talorcan pour avoir des enfants. A lui, qui allait épouser Dorelei, et peut-être engendrer un futur héritier. Et à Sidonie. Mais il dissimulait ces ombres, tentait de s'intéresser réellement à Lucius, son ami.

Son ami qui lui avait reproché de ne jamais parler de lui et de ses soucis. Son ami avec qui il avait l'impression d'esquiver tous les sujets les plus importants - mais n'était-ce pas injuste envers Helena de penser cela ?

Finalement, c'est Lucius qui secoua le silence, comme un voile sombre qui s'était enroulé autour d'eux.

"Imriel, je t'ai déjà demandé si tu avais des fantômes aussi, et tu m'as répondu qu'ils étaient tous vivants. Alors dis-moi, suis-je le seul à ressentir cette ombre derrière toi ?"

Si quelqu'un d'autre lui avait posé cette question, Imriel aurait pu douter, tellement les ombres en lui étaient nombreuses. Mais il entendit clairement le battement d'ailes de bronze, et il ne pouvait plus prétendre ne pas savoir.

"Lors du siège de Lucca," dit-il, "j'ai prié un de nos dieux d'être témoin de ce qui se produirait. Il n'est pas encore parti." Et puis, comme il lui devait la vérité, il ajouta. "C'est un lointain ancêtre de notre famille. Il ne part jamais vraiment."

Imriel vit les yeux de Lucius s'étrécir.

"Ce n'est pas comme Gallus," précisa Imriel. "Il ne prend pas possession de mon corps. Je suis libre de mes actes."

Parfois, il ne se sentait pas libre de sa propre volonté, mais il n'en parla pas. Quel jeune homme, même sans descendre de Kushiel, se sentait libre de ses désirs ? Lucius aurait-il aimé désirer sa femme ?

Lucius regarda de nouveau par dessus l'épaule d'Imriel, et Imriel comprit. Il n'avait jamais évité son regard. Il avait cherché celui de quelque chose - quelqu'un d'autre.

"Quel type de dieu est-ce ?" demanda Lucius.

"Kushiel," répondit Imriel, et le nom sonna comme une épée sifflant dans l'air. "L'Ange du châtiment."

"Oh," répondit Lucius, et il cacha son visage dans ses mains. "Je ne crains plus les fantômes. Mais je comprends pourquoi je peux voir le tien. Même quand je ferme les yeux."

Imriel ne regarda pas derrière lui, parce qu'il sentait ses ailes battre trop fort.

"Est-il là pour moi ?" demanda Lucius.

Imriel bondit sur ses pieds, manquant renverser la couche caerdiccienne sur laquelle il s'était étendu. "Lucius, tu ne mérites aucune punition."

"J'ai envoyé des gens se faire tuer," dit-il. "Je l'ai fait parce que Gallus pensait que c'était la meilleure solution. J'ai détesté être sous son contrôle pendant des jours. Je me suis battu pour m'en libérer. Tu t'es battu avec moi. Et quand il est finalement parti, qu'ai-je pu faire ? Seulement me plier au plan qu'il avait élaboré, parce que j'étais incapable d'imaginer autre chose."

"Tu as déjà souffert assez," dit Imriel, très doucement, pour ne pas laisser passer la moindre pointe de violence à travers son corps. Il repensa au baiser que Lucius lui avait donné. Au frisson de désir qui l'avait parcouru. Son esprit ne lui avait offert aucune image alors - il avait eu d'autres préoccupations.

Et maintenant même, il ne voulait rien imaginer. Mais les ailes de Kushiel grondaient derrière lui.

"Gallus n'étais pas là pour me punir. Gallus ne pensait pas à moi du tout. Gallus m'aurait approuvé pour ma cruauté. C'est pour cela que je voulais savoir..."

Lucius releva la tête, releva le regard. Cette fois, il regardait Imriel droit dans les yeux.

"Ah, Imriel, mon ami, je ne rends pas les choses simples pour toi. Je pensais avoir cessé d'être romanesque au point de tomber amoureux d'un prince. Je pensais avoir cessé de te voir comme le fils d'une déesse de légende. Je voulais te voir, juste toi, et tu n'es plus tout seul. Parle-moi de ton dieu, et je ferai le trajet jusqu'aux temples de Tiberium pour le rencontrer."

Imriel sentit ses entrailles se tordre de quelque chose qui n'était pas exactement du désir, ni de la compassion, ni de la jalousie.

Il n'avait pas l'intention de laisser Kushiel prendre le contrôle de sa vie, de devenir un receptacle comme Phèdre l'avait été. Mais, ah, Elua, pouvait-il le rejeter pour autant quand cette partie de lui était désirée, recherchée, pour quelque chose de plus divin que le plaisir ?

"Je le ferais mieux," dit-il. "Parce que tu es mon ami et que je t'aime."

Lucius fixa Imriel avec un espoir confus.

Oui, je suis capable d'être une force pour le bien, pensa Imriel.

"Si tu le souhaites, agenouille-toi, et je te parlerai des dieux de Terre d'Ange."

Lucius n'hésita pas une seconde, et se mit à genoux. Imriel recula d'un pas, se rassit. Lucius n'avança pas ses mains, mais se pencha en avant, son front très proche du genou d'Imriel, sans pour autant le toucher.

Et Imriel parla de Kushiel.

Pas du ressentiment personnel qu'il éprouvait pour lui, de sa crainte d'être une punition pour sa mère, de sa fureur contre ce que Phèdre avait souffert pour lui. Il lui parla du commencement des temps. Il lui parla de l'ange chargé de punir les criminels, qui manifestait un désir si ardent pour la rédemption par leur douleur qu'ils tombaient amoureux de lui, qui tombait amoureux d'eux aussi. Qui ne les punissait que plus intimement. Celui qui avait suivi Elua, parce qu'il savait que l'amour était ce qu'il y a de plus important.

Imriel n'avait jamais vraiment compris cela, mais aucune légende n'était exempte de mystères, aucun amour non plus.

Et en cet instant, sa propre voix résonnant dans son coeur, il était plus près de le comprendre que jamais. Il reconnaissait son propre désir, son phallus tendu. Mais aucune frustration charnelle ne venait l'habiter pour autant, et son désir pour Lucius, roulant dans ses entrailles, se repaissait de la vision de Lucius à ses genoux, de la façon dont il l'écoutait.

Oh, les lignes de fractures dans son coeur étaient si visibles, brillantes, sous le regard d'Imriel auquel il s'offrait sans mélange. Il aurait été si simple de le briser.

Et alors même qu'Imriel brûlait de désir de possession, ce n'était pas ce qu'il voulait, pas ce qu'il allait faire. Il voulait l'attirer à lui, le faire trembler de douleur et de désir, et combler ses manques
brûlants. Il le voulait...

Cela n'avait rien de maléfique. Cela n'avait même rien de cruel.

"Dis-moi," dit-il doucement. "Dis-moi ce que tu as fait de mal. Dis-le à ce qui se bat des ailes derrière mon épaule."

Imriel n'apprit rien sur ce que Lucius avait fait, seulement sur ce qui l'avait blessé, ce qu'il ne pouvait se pardonner. C'était si simple de ne pas lui en vouloir, pourtant. Imriel y parvenait si aisément. Mais il ne pouvait le transmettre, le faire passer dans son coeur.

Avec un gémissement de désir évident, Lucius pencha un peu plus la tête en avant. Son front toucha le genou d'Imriel, et l'équilibre fut rompu. Imriel agrippa une poignée de ses cheveux, la tordit, la tira, sans même savoir s'il voulait le rapprocher ou l'éloigner...

"Non..." murmura Imriel.

Il relâcha Lucius, recula, terrifié par son propre désir.

Une brèche dans son coeur transforma la perfection de la possession en une flèche brûlante. Il n'en tenait qu'à lui de la tirer, de blesser Lucius.

Et pourtant, il pouvait voir que le rejeter le blesserait bien plus. Il ne pouvait plus se mentir quand c'était devant ses yeux, en pleine lumière. La pointe de cette flèche avait été conçue pour guérir le coeur
de Lucius, et seulement lui...

La beauté de cette possibilité lui inondait le coeur. La beauté du contrôle qu'il pouvait exercer, sur Lucius, et du contrôle qu'il avait exercé sur lui-même. Non, ceci était trop sacré pour ne le saisir que pour lui-même.

"Je te punirai au nom de Kushiel," promit-il. " Mais pas maintenant. Nous avons des rituels. Demain, si tu me le demandes."

"Oh, par tous les dieux, merci," soupira Lucius. Il leva les yeux à nouveau, les pupilles dilatées par le désir, les yeux fixés sur Imriel comme s'il voulait le dévorer. Puis, il pencha la tête sur le côté, en une marque d'inquiétude.

"Pourquoi pleures-tu ?"

Ce n'est rien, pensa en premier Imriel, mais c'était un mensonge. Il ne réalisait que maintenant que des larmes perlaient au coin de ses yeux. Elles commencèrent à lui couler sur le visage. C'étaient des larmes de soulagement, d'avoir cherché au fond de son âme, et de n'y avoir rien trouvé de répugnant. Des larmes d'émerveillement devant quelque chose de magnifique.

"Pourquoi ne pleures-tu pas ?" demanda-t-il. La main caressant les cheveux de Lucius, pour atténuer la dureté de sa question. Les textes classiques qu'avaient écrits les Héllènes et que lisaient les Caerdicci glorifiaient les larmes de leurs héros. Mais Lucius, sans pour autant les blâmer, avait toujours tenu les démonstrations extrêmes de joie et de douleur comme une marque d'un autre temps.

Lucius tressaillit imperceptiblement. Imriel put voir sa fierté, qui l'empêchait de ressentir ses émotions pleinement, qui lui faisait chercher des excuses dans la poésie d'autres auteurs. il voyait tout de lui, les pièces se reformant, lui donnant un sens, comme s'il ne l'avait vu que brisé.

"Je te ferai pleurer," promit-il, en lui embrassant le front.

***

Lucca était une cité qui se relevait lentement d'un siège. Imriel ne l'avait connue que sous la menace, dans la dureté des combats. Il doutait qu'un y trouve la même matériel dédié au plaisir que dans la Cour de Nuit, ou même dans les maisons de plaisir de Tiberium. Mais Imriel trouva ce qu'il cherchait, ou presque.

Avec appréhension, il pria Kushiel pour ne pas faire d'erreur et rejoignit Lucius dans sa chambre, dans son lit.

Lucius leva la tête en le voyant arriver, et le souffle d'Imriel se bloqua dans sa gorge. Le désir sur son visage était quelque chose de nouveau. Sans aucun jeu, sans crainte non plus. Une nouvelle fois, Imriel ressentit ce désir comblé, qui ne demandait même pas de satisfaction.

"Imriel," murmura Lucius, avec dévotion. Le ton sur lequel il aurait pu appeler Kushiel.

"Avant tout," dit Imriel, "je veux être certain que tu veux cela."

Lucius hocha la tête.

"Parle-moi," ordonna Imriel, tout doucement Il put néanmoins sentir l'effet que cela avait sur Lucius, la façon dont il se baignait dans ses mots, les laissait le façonner. Imriel repensa à tous ses moments de plaisir, qu'il s'était remémorés la nuit dernière, pour séparer l'expérience de Kushiel de celle de Naamah, et cela ne ressemblait à rien de ce qu'il avait connu.

Si, peut-être, réalisa-t-il en un éclair. La voix d'Emmeline, qui avait soigné son coeur.

"Je veux que ton dieu me punisse," murmura Lucius. "C'est pour cela que je suis là. Ah, par tous les dieux, je veux tellement d'autres choses. Tu sais cela, je te désire, Imriel. Je ne te demande rien, mais je ne te mentirai pas non plus. Vas-tu me prendre de cette façon ?"

"Je ne sais pas," murmura Imriel. "Si je le veux."

"C'est parfait." répondit Lucius, un sourire flottant sur ses lèvres à nouveau. Ah, Imriel avait envie de l'embrasser en ce moment, de le consoler. Pas de faire ce pour quoi il était venu.

C'est un mensonge, il en avait envie.

"Tu dois choisir un signal." dit-il, "Un mot qui mettra fin à tout cela. Si tu le prononces, rien ne peut me faire continuer."

Lucius haussa le sourcil. "Nous parlons d'une punition, n'est-ce pas ? Cela semble une façon de tricher."

"Ce n'est pas..."

Imriel ne put contrôler la réaction de violent dégoût qui l'envahit, qui l'empêcha de finir sa phrase. Il avait réussi à ne pas associer ceci à la violence du Markhagir pendant si longtemps, et maintenant, cela le frappait à nouveau, comme une gifle, comme si sa marque au fer rouge le brûlait à nouveau.

Je ne serai pas comme cela.

Je veux être une force pour le bien.

Il voulut s'enfuir. Il voulut agripper Lucius par le col pour lui crier qu'il savait mieux que lui comment faire. Il serra les poings et ne fit rien de tout cela.

"Imriel ?"

On l'appelait, depuis une longue distance.

"Imriel, regarde-moi !"

C'était Lucius, tout près de lui. Ses doigts effleuraient le bras d'Imriel, son regard empli d'inquiétude l'attirait à la réalité, comme une ancre.

"Imriel, je ne te forcerai pas à faire quelque chose que tu ne veux pas."

Imriel soupira.

"Moi non plus," dit-il. Parce que c'était le fond du problème.

Et il embrassa Lucius. C'était ce qu'ils voulaient tous les deux. Pas de promesse, pas de lignes de fracture à réparer, pas de devoir religieux ; juste les lèvres de Lucius contre les siennes, une reconnaissance qui devenait du désir alors qu'ils apprenaient les joies l'un de l'autre.

Imriel le repoussa lentement, mais il souriait. L'ombre de ses souvenirs était passée.

"Mais tu choisiras tout de même un signal, et tu l'utiliseras si tu en as besoin," dit-il avec fermeté. "Lucius, il faut que tu comprennes. Tu me laisseras faire tout ce que je veux. Tu m'appartiendras. Et cela s'arrêtera exactement quand tu le désireras."

"Oh," dit Lucius. Il frissonna. Il comprenait.

Imriel l'embrassa à nouveau, pour le délivrer des souvenirs de Gallus, comme Lucius l'avait appelé quand il se perdait dans Darsanga.

"Je vais le faire," dit Lucius. "Quel genre de mot ?"

"Quelque chose qui te fasse te sentir en sécurité," répondit Imriel. "Quelque chose dont nous ne risquons pas de parler."

Lucius hocha la tête, et Imriel vit les options défiler derrière ses yeux, toutes rejetées une à une. Il comprenait cela aussi, perdre ses souvenirs de sécurité avec l'innocence de son enfance.

"C'est stupide," dit Lucius, "est-ce que tu en as un ?"

Non, voulut répondre Imriel. Je n'en ai pas besoin. Mais ce n'était pas vrai, n'est-ce pas ?

"Soleil," dit-il, se rappelant Sephira.

"Si tu acceptes de le partager, c'est bien assez bon pour moi."

Quelque chose se noua dans la poitrine d'Imriel. "D'accord."

Il y eut un silence, et plus rien n'arrêtait Imriel, n'est-ce pas ?

"Dis-moi que tu es à moi," dit-il.

Le respiration de Lucius s'accéléra. "Je suis à toi."

"Dis-moi que tu feras tout ce que je te demanderai."

"N'importe quoi, Imriel."

"Dis-moi que tu me laisseras te blesser."

"C'est ce que je veux. Je suis là pour cela. Je t'en prie."

"Déshabille-toi."

Lucius enleva sa ceinture lentement, regardant Imriel dans les yeux. Il passa sa tunique par-dessus sa tête, puis dénoua ses pantalons. Il était nu, le regardant toujours, sans honte de son érection dressée. Imriel se demanda ce qu'il désirait, si c'était lui, si c'était la douleur qu'il lui avait promise, l'affection d'un ange.

Il voulait que ce soit pour lui.

(Est-ce que l'héritage de Kushiel faisait partie de lui, est-ce que c'était quelque chose de différent ?)

"Tourne-toi. Mets-toi à genoux, le visage sur le lit, et présente-moi ton dos. Ne bouge pas avant que je te le demande."

Lucius n'hésita pas un instant. Imriel pouvait presque sentir dans l'air le désir qu'il avait de lui appartenir, comme une toile de soie entre eux.

Imriel prit ce qu'il avait préparé ; une cravache propre, prise dans les écuries. Il en frappa Lucius, assez fort pour laisser une trainée rouge sur le dos de Lucius, pas assez pour le faire saigner.

Lucius gémit dans le matelas.

Imriel pensa, encore une fois, à tout arrêter, parce qu'il désirait trop cela, parce que c'était bien plus que tenir une promesse. Il voulait voir Lucius pleurer. Il voulait le posséder. Comment avait-il pu ne pas le trouver attirant ? Son corps masculin, ainsi offert, soumis, ne pouvait pas le rappeler les hommes qui l'avaient blessé, et... c'était Imriel lui-même qui ne devait pas être cruel.

Mais Lucius était son ami, et il aurait été bien plus cruel de le rejeter.

Et puis, c'était une responsabilité qu'il avait prise. C'était être une force pour le bien. Il devait se le rappeler, quand son désir égoïste tentait de l'emporter.

"Pourquoi veux-tu cela ?" demanda-t-il.

"Pour me purifier par mon châtiment," gémit Lucius, et Imriel frappa une seconde fois.

"Est-ce tout ?" demanda-t-il. La voix rauque de Lucius le faisait frissonner.

"Parce que tu un ange toi-même. Parce que tu es assez pour me posséder et reprendre tout ce que Gallus a eu. Parce que j'ai besoin de toi."

Ses mots changeaient Imriel en flamme, aussi éthérée que brûlante. Lucius était-il aussi éloquent avec tous ses amants, se demanda-t-il. Il se reprocha cette curiosité presque jalouse, et frappa encore. Le dos de Lucius se couvrit de marques rouges, et chacune d'entre elles étaient un lien entre eux, vibrant, et qui les rapprochait.

Imriel jeta la cravache, et s'agenouilla derrière lui, embrassant les meurtrissures. Ses mains caressaient les flancs de Lucius, qui se forçait toujours à ne pas bouger. Imriel lui mordit le cou, lui caressa le ventre. Il était prêt à le punir à nouveau si Lucius lui désobéissait, mais il restait figé, tous ses muscles tendus.

"En as-tu assez ?" demanda Imriel, sans savoir s'il espérait que Lucius réponde oui ou non.

Lucius hésitait, tremblant.

"Tu es si fort," murmurait Imriel, en l'embrassant toujours dans le dos, dans le cou, en frottant son phallus dressé contre ses reins. "Tu peux arrêter maintenant, et être libre. Tu peux en supporter plus. Tu peux faire n'importe quoi. Que veux-tu ?"

"Est-ce que cela compte ?" demanda Lucius.

"Oui, cela compte pour moi. Je veux pouvoir te le donner. Je veux pouvoir te le refuser."

Imriel tremblait aussi, sa poitrine appuyée contre le dos de Lucius. Et malgré les frissons qui résonaient entre eux, c'était l'appui le plus stable qu'il pouvait trouver, parce qu'il avait dit à Lucius de ne pas bouger, et que Lucius le ferait pour lui.

La main d'Imriel caressa le visage de Lucius, et il fut troublé de sentir des larmes couler ses ses joues. Il les porta sa bouche, savoura le goût salé. De son autre main, il caressa le torse de Lucius, descendit jusqu'à son phallus si dur qu'il frottait contre son ventre. Il l'effleura à peine. Il ne voulait pas le prendre avant qu'il demande. Il ne voulait pas le prendre avant qu'il le supplie, et c'était presque la même chose, n'est-ce pas ?

"Je t'en prie, Imriel, prends-moi, blesse-moi encore." souffla Lucius, et Imriel ne put pas s'empêcher de le toucher.

"Dans ma main, j'ai un poignard." dit Imriel, terrifié à l'idée de pas faire comme il le fallait, mais incapable de s'arrêter, malgré ce qu'il avait évoqué. "Un souvenir de la guerre qui a eu lieu. Pour des blessures dignes d'un guerrier. Pour la paix entre toi et les soldats."

"Oh par les dieux..." murmura Lucius, et Imriel laissa courir la lame sur ses épaules, avant de l'enfoncer, très légèrement. Le sang coula, juste une goutte, qui n'osait pas tomber, légère comme un papillon.

Imriel voulait le blesser, et il voulait lui donner tout ce qu'il avait demandé. Le pouvoir qu'il avait sur lui était cela, un moyen infini de donner, et il comptait le faire jusqu'au bout, comme Kushiel l'avait certainement fait. Imriel représentait la divinité, et il la servait, agenouillé lui aussi. En cet instant, Lucius était purifié, et donc Imriel aussi. Il ne savait pas. Il savait que les horreurs du zenana s'étaient attachées à ses sentiments, mais pas à quel point, pas combien cela pouvait être différent sans.

Sa main gauche toucha le phallus de Lucius. Elle était malhabile, bien plus que celle qui caressait sa peau d'une lame, et pourtant, Lucius gémit à nouveau. Imriel tenta de se concentrer, de ne pas se laisser aller au désir dans cette main et dans l'acier. Il comprenait le désir de Lucius, il comprenait ce qu'il voulait. C'était quelque chose de si simple, et qu'il avait parfois eu trop de mal à trouver.

Il fallut peu de temps pour que le plaisir de Lucius jaillisse dans sa main, des saccades agitant son corps entier, ses reins qui frottaient toujours contre le phallus de Lucius. Ah, ce n'était plus tenable. Lucius balbutiait des phrases hachées, Merci et Imri et Ne me laisse pas tomber amoureux de toi et S'il te plait.

Imriel aurait aimé penser que sa tâche était finie, qu'il avait aidé Lucius. Rien n'était fini. Le désir palpitait dans son phallus à lui faire mal. Il lécha le sang de Lucius, et le goût de fer aurait pu l'effrayer s'il n'avait pas été accompagné par l'odeur de sa sueur, de son plaisir - de son corps entier, une odeur familière, une odeur d'amitié et de confiance.

"Tu peux bouger," dit-il à Lucius, et il s'assit sur le bord du lit, épuisé, non pas dans son corps mais dans ses émotions brûlantes. Il caressa doucement la tête de Lucius, tentant de l'apaiser, de marquer que c'était fini, de s'en convaincre aussi. Il devrait probablement prendre les bandages qu'il avait préparés aussi.

Lucius leva les yeux. Il souriait, un large sourire complice. Imriel ne s'était pas attendu à cela.

Et alors, Lucius ouvrit les hauts de chausses d'Imriel et, très lentement, pour lui laisser le temps de s'arrêter, les ouvrit et en approcha sa bouche. Toujours à genoux. Toujours couvert de sang. Imriel ne put pas résister. Il n'essaya pas vraiment. La langue de Lucius était chaude et tendre, et Imriel laissa aller son contrôle sur Lucius et sur lui-même, se délecta de son plaisir si longtemps contenu, alors qu'il atteignait la jouissance dans sa bouche.

"Maintenant j'ai eu tout ce que je désirais," dit Lucius, souriant toujours. "Merci, mon ami, merci. Merci à ton dieu aussi."

"Cela change-t-il vraiment quelque chose ?"

"Vraiment, tu ne sens rien ?"

Imriel sentait les ailes de bronze derrière lui, toujours battantes. Mais il sentait aussi qu'il retrouvait le sourire de Lucius. Il lui toucha la joue.

"Je crois que si." murmura-t-il.

"Et toi ?" demanda Lucius. "Le poids de ton dieu derrière toi, et tout le reste. Je n'ai pas rendu les choses pires ?"

Imriel lui fut reconnaissant d'avoir posé cette question, suffisamment pour être plus honnête avec lui qu'il ne l'avait jamais été - et il ressentit un peu de honte de le réaliser.

"Non. Cela va même mieux. Un peu."

Lucius eut à nouveau son sourire enjôleur, celui qui s'excusait presque pour être aussi séduisant, et l'utiliser pour des buts si dissolus.

"Même si je n'ai plus besoin de continuer, j'en aurai encore envie, si tu es volontaire."

Les joues d'Imriel s'échauffèrent, et il sourit aussi.

kushiel's legacy, fic, pour:thal's balls, auteur:bibifoc

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