Titre : D'Opales et de Sang
Auteur : Lillvisman (Participant.e 2)
Pour : NineOfPentacles (Participant.e 5)
Fandom : Le Cycle Drenaï
Persos/Couple : Druss & Sieben
Rating : K
Disclaimer : je ne suis pas David Gemmell, je joue avec ses persos pour mon propre amusement, et j’espère, le tien !
Prompt : Druss x Sieben : comme les ennemis viseraient davantage Druss que Sieben, c'est logique que ce soit lui qui ait été drogué et enlevé. Et bien sûr, c'est à Sieben d'aller le délivrer. En tuant tout le monde ou en s'inflitrant, c'est comme tu veux ! En UA ou pendant leur aventure, c'est comme tu veux aussi.
Notes : Et bien écoute, voici une petite ficlette Sieben!centrique. Parce qu’on aime le poète, et qu’on sait qu’il peut être bien feral s’il le faut.
(et j’ai triché un peu, la suite arrive!)
Sa tête le tuait. C'était la seule chose sur laquelle Sieben pouvait se concentrer sur le moment. Il faisait noir, le sol sur lequel il était
(allongé?)
était dur. Voilà l'entièreté de son existence à ce moment. Lentement il retrouvait des sensations qui n'avaient rien à voir avec le maelstrom dans son crâne. Le sol était dur et froid. Il avait mal un peu partout mais rien ne semblait faire assez mal pour être sérieusement endommagé (bien que ça pouvait rapidement changer). Il avait le goût âcre et doucereux du sang dans la bouche, et quand il réussit enfin à se retourner, il fut pris d'une vague de nausée violente, puis plus rien.
Il ne se réveilla
(quelques minutes?)
(quelques heures?)
quelque temps plus tard, la lune qui commençait à poindre à travers les arbres, et cette fois-ci avec la douleur dans sa tête qui avait fini par se calmer. Il pouvait commencer à réfléchir à ce qui s'était passé. Ils avaient été attaqués - ça c'était une évidence au vu de son état - et maintenant il était allongé sur le dos au milieu d'une magnifique forêt de pins et de rochers escarpés.
Pas le moment de partir en envolée lyrique, calme-toi le poète...
Et surtout il était seul. Druss n'était nulle part. Sieben n'avait pas encore récupéré assez de forces pour l'appeler (la seule chose qu'il arrivait encore à faire était de croasser comme une grenouille en détresse...il en aurait bien rigolé à l'image mentale si ça ne lui avait pas donné de nouveau envie de vomir) Mais il ne pouvait pas juste rester étalé comme ça; le soleil commençait à se lever, les brigands qui avaient pris Druss allaient disparaître.
Ils l'avaient pris, il n'y avait aucune autre explication, et surtout Sieben refusait de penser autre chose. Personne ne pouvait battre Druss, c'était impossible. La dernière fois qu'il avait vu son compagnon de voyage, c'était avec sa hache en main, en train de se battre comme un diable contre leurs attaquants. La lumière du soleil couchant qui se reflétait sur la lame de Snaga rendait tout rouge et sanglant, et avant qu'il ait pu viser un des bandits qui arrivait derrière Druss, quelque chose l'avait frappé et il ne s'était réveillé que maintenant.
Bon.
Ce n'était pas gagné. Il avait toujours les jambes en coton, et elles menacèrent de se dérober de sous lui plusieurs fois pendant qu'il fit les quelques centaines de mètres vers la rivière qu'ils avaient dépassé la veille. Il fallait qu'il boive, qu'il remette de l'ordre dans ses pensées.
Et il n'arrivait pas à trouver ses couteaux de lancer. Il lui en restait trois dans son baudrier orné d'opales bleues et rouges, et il se doutait que les autres étaient quelque part. Mais il n'avait ni le temps, ni le bon état mental pour fouiller une forêt entière. Rapidement, Sieben fit le tour de son équipement : trois couteaux, une gourde en peau et la miche de pain écrasée dans le sac à sa hanche. Rien d'autre.
Bien. Il n'allait pas aller loin avec ça, mais ce n'était vraiment pas grave. Il ne comptait pas le nombre de fois où Druss l'avait sorti d'une situation compliquée, alors il serait damné s'il hésitait simplement parce qu'il avait aucune arme.
Il s'apprêtait enfin à partir quand un éclat métallique lui attira le regard, et il savait ce qu'il allait trouver avant même d'y arriver. Dans un renfoncement entre deux rochers, curieusement juste à portée de main, Snaga l'attendait.
Sieben savait qu'il allait devoir ramener l'arme à Druss, mais il se refusait de la toucher. Absolument aucune envie de le faire. Tout un poème. Il ne savait pas exactement tout du démon qui vivait dans cette arme - même si Rowena avait réussi à la purifier, il était toujours persuadé que Snaga n'avait pas été entièrement domptée. Il suffisait de voir comment Druss se battait quand il avait le manche de la hache entre les mains... Un spectacle qui donnait des frissons...
Les bandits qui avaient enlevé Druss auraient certainement voulu mettre la main sur la fameuse hache, symbole de Marchemort, le Capitaine à la Hache...et pourtant, elle était là, tout à fait visible. Comme si elle l'attendait.
Ça lui donnait des frissons d'un tout autre genre...
Bon. Il allait devoir, d'une façon ou d'une autre, ramener Snaga à son propriétaire, sans même poser un centimètre carré de peau nue sur sa surface.
Un long bout de temps après, il était enfin prêt à partir. Un dernier regard dans la rivière près de lui, et il ne pouvait pas s'empêcher de lâcher un rire sec. Parti était le poète fringuant qui aurait pu réveiller des statues de pierre de désir, à en croire les soupirs qu’il laissait derrière lui; devant lui se tenait un homme au visage ensanglanté, les cheveux blonds qui tombaient chaotiquement sur ses épaules, échappés de leur bandeau de cuir ornementé, et torse nu dans le frais de la saison automnale.
T'as l'air d'un fou ou d'un vagabond.…
Sa belle chemise en soie de Bactriane, agrémentée de perles et de saphirs, n'avait pas mérité une telle fin. Elle avait coûté une somme obscène et Druss avait grommelé des choses très Druss-iennes quand le poète avait mentionné le prix. Sieben avait juré qu’il ne trouverait jamais une tenue plus belle. Mais il n'avait pas hésité à prendre un de ses couteaux et à la découper de telle façon à pouvoir envelopper Snaga totalement. C'était uniquement parce qu'il y avait une épaisseur entre lui et l'arme que Sieben se sentait presque à moitié à l'aise à la porter. Il avait réussi à la glisser sur son dos à son grand étonnement, parce que Snaga était si massive, ancienne et lourde que seul Druss pouvait la manier. Sieben n'aurait jamais dû pouvoir la soulever.
Et pourtant.
Cherche pas à comprendre, d'accord? On y va.
*
Il n'était pas le meilleur traqueur mais les bandits n'étaient pas discrets. Il ne lui fallut pas très longtemps pour retrouver leur traces et quand la lune se leva de nouveau, il était au pied d'une colline. Elle n'avait rien de particulier, c'était une colline comme toutes les autres dans cette région, mais il avait suivi les bandits jusqu'ici et il allait y aller.
Ça l'inquiétait presque de ne pas entendre de bruit de combat, ou même des grondements mécontents de son ami. Ils ne l'avaient pas tué, c'était évident. Il savait comment agissaient les personnes qui exécutaient un contrat de mise à mort, et c'était loin d'être le cas. Déjà, ils n'avaient même pas vérifié que leurs ennemis étaient bien morts avant de partir. Ou alors ils n'avaient pas considéré qu'il était une menace. Quels amateurs.
Tant pis pour eux.
Snaga était toujours bien sanglée sur son dos, et ses couteaux étaient bien en sécurité, rangés discrètement dans sa botte. Il avait toujours un peu la nausée et toujours un mal de tête qui s'en allait et qui revenait, mais ça, c'était un détail. Et il allait tuer tout le monde qui se dressait entre lui et son
(compagnon)
(destin)
ami.
Tu recommences. Arrête.
Il n'y avait que deux brigands devant la bouche de la grotte. Ils parlaient en partageant une outre de vin, ne remarquant rien autour d'eux. Et bientôt ils n'allaient plus rien remarquer du tout, les couteaux volant avec une précision fatale. Et voilà, comme ça, deux des brigands étaient morts à ses pieds. Sieben ne leur accorda pas plus de temps qu'était nécessaire pour récupérer les deux couteaux, les essuyer sur leurs vêtements, et de s'avancer vers l'intérieur.
Il n'était pas un guerrier exceptionnel. Il était un poète, un barde, un coryphée, un maître des mots. Il pouvait parler, manipuler, charmer. C'était uniquement par souci de sécurité personnelle qu'il avait appris à se défendre. Puis il avait appris à mieux se défendre, pour finalement pouvoir ne pas être un boulet pour
(Druss)
des guerriers plus aguerris.
Il se rendait compte à fur et à mesure qu'il avançait dans la grotte qu'il avait probablement mal calculé cette aventure. Il ne savait pas du tout combien de personnes étaient à l'intérieur, si d'autres personnes allaient arriver, ou quoi que ce soit d'autre.
Et puis merde.
Enfin il entendit des bruits de l'intérieur, et comme il s'en doutait vu la quantité de barils qui traînaient partout, la plupart des voix qu'il entendait étaient des voix de personnes très, très saouls. Peut-être qu'il allait pouvoir prendre le chemin de la facilité, qu'il allait tout simplement se frayer un chemin discret vers là où Druss était maintenu, et qu'ils pourraient tous les deux simplement sortir, et reprendre leurs aventures avant de rentrer chez eux. Malgré sa soif de voyage, à cet instant Sieben avait juste une seule envie : rentrer chez Druss et partager un repas pendant qu'ils régalaient Rowena de récits.
Un petit sourire amer lui étira les lèvres pendant un instant fugace. Il ne pouvait pas oublier Rowena. Il n'avait pas le droit de l'oublier. Elle était gentille, elle était douce, elle supportait Druss depuis des années, donc quelque part elle avait également le courage et la patience d'une tribu de saints. Et il n'avait pas le droit de lui retirer son bonheur.
*
Le poète hésita un instant avant de s'engouffrer plus loin dans la grotte. Il n'avait pas vraiment envie de rester, sa tête commençait à se sentir lourde. Il savait que s'il y pensait trop longtemps, ça le bloquerait. Alors bon, autant pas y penser.
Est-ce que c'était l'air dans ces tunnels qui embrumait son esprit? Il avait la main crispée sur la poignée de son couteau, les sens aux aguets, cherchant toujours le moindre signe de Druss.
Il était tellement concentré sur ce qui se passait devant lui, qu'il rata complètement le bras qui sortit de l'ombre; dans la surprise, il fit tomber son arme qui disparut dans un coin.
Par les couilles de...!
Une odeur bien aigre de vin l'entoura en même temps que le bras et ça donna bien une idée de l'état du propriétaire. Il était aussi éméché que tous les autres, ce qui donnait à Sieben un début d'avantage.
- Allez ma chérie, pourquoi tu t'enfuis...? Viens, viens, j'ai envie…
Encore mieux...
Il savait qu'il n'était pas le plus laid des hommes. Au contraire, il savait qu'il était particulièrement attirant. Il avait de longs cheveux dont il prenait soin, il passait peut-être un peu trop de temps à se préparer le matin que totalement nécessaire (qui avait vraiment besoin de crème hydratante et de khôl pour une aventure dans la brousse?) mais de là à le prendre pour une femme... Enfin, vu déjà que son prétendant n'avait pas remarqué Snaga, il allait avoir du mal à remarquer autre chose... Il fallait juste tourner la situation à son avantage.
Le brigand le tenait toujours par le bras et n'allait pas entendre raison ou suppliques vu son état. Une envie fulgurante - un éclair rouge et brûlant - traversa le poète, une envie de prendre la main qui le tenait et de la retourner, de casser tous les os en bouillie, de la déchiqueter, de...!
C'était quoi ça...?!
L'homme le tenait toujours, et c'était évident qu'il n'allait pas le lâcher comme ça. Bon, ce n'était pas ce qu'il avait initialement prévu (il n'avait rien prévu du tout, il faut dire) mais il était...flexible. Et puis ça n'allait certainement pas prendre trop longtemps. Deux ou trois mots doux et quelques tours de main bien rapides et le brigand serait vidé, dans tous les sens du terme.
Mais avant même de commencer à formuler un début de plan sur comment se sortir de cette situation sans perdre trop de plumes, il se fit tirer en avant et plaqué contre le mur en pierre de la grotte. Il avait presque le souffle coupé, mais quand la main se glissa dans ses cheveux avant de glisser sur son torse, il en oublia un bref instant de respirer tout court.
- Allez...allez, laisse-toi faire chérie... J'ai envie de toi...
- Doucement, doucement...
Pas la peine de faire trop pour cacher sa voix, le brigand n'était pas en état d'écouter de toute façon. Alors Sieben ferma les yeux et attendit que ça se passe. Coincé contre un homme qui puait la vinasse, la sueur et la fumée de bois dans un endroit sombre...il avait connu des situations bien plus rigolotes. Puis il lacha un bruit de surprise quand il se fit embrasser avec chaleur.
Ce n'était pas son premier baiser, loin de là. Ce n'était pas son premier baiser avec un autre homme, loin de là. Mais c'était franchement son premier baiser le plus désagréable, et quand la main dans ses cheveux tira d'un coup sec pour lui tirer la tête en arrière, il fit un bruit étranglé de protestation.
- Eh...!
- Proteste pas, salope!
- Non mais...!
Sieben se tendit involontairement quand le brigand vint lui caresser le ventre (il ne pouvait pas tout contrôler, les instincts, les envies, tout ça...) mais quand les baisers - violents, agressifs, dominateurs - recommencèrent et qu'il sentit le goût du sang dans sa bouche, il se retrouva rapidement tenant le corps sans vie de l'autre homme, un couteau - son couteau - enfoncé dans sa gorge.
Oh.
Oh.
Quand est-ce qu'il avait bougé? Quand est-ce qu'il avait réussi à se dégager assez pour prendre le couteau de sa botte? Bon...et bien au moins c'était réglé. Il avait toujours la tête qui tournait, une douleur sourde qui tambourinait derrière les yeux. Il avait tué trois personnes.
Il n'avait tué que trois personnes. Uniquement trois personnes.
Ce n'était pas assez...
Il en fallait encore...!
Calme! Dehors!
Sieben serra la main sur le pommeau de sa dague tellement fort que ses doigts devinrent blancs. Il y avait une autre voix dans sa tête, une voix qui n'était pas la sienne, une voix qui ne pouvait appartenir qu'à Snaga.
Putain.
La dernière chose dont il avait besoin ou envie, c'était d'avoir un démon en lui, mais il n'avait pas l'air d'avoir le choix.
Tant pis.
Sois utile alors et aide-moi à le trouver, sans que je doive tuer ou sucer tout ce campement...
*
C'était facile à présent. Horriblement facile. Il suivait simplement la voix de Snaga, laissant le démon le guider. Il n'avait plus d'inquiétude ou d'hésitation, et plus aucune discrétion. Il avait la lourde hache dans la main, et un voile rouge s'était abattu sur lui. Il entendait des cris mais est-ce que c'étaient les siens ou ceux des brigands qui tombaient sous ses coups, il n'en savait rien. Ses pensées s'étaient regroupées en un seul but : trouver Druss et sortir de là.
Du coin de l’œil il vit un éclair
(rouge rouge l'éclair sur le métal est rouge comme un soleil couchant c'est rouge comme le vin et rouge comme ce qui vit dans mon coeur mon coeur qui ne bat que pour toi pour toi pour toi)
avant qu'une pointe de douleur lui perce l'épaule. Mais ce n'était rien, juste de la douleur, et ça n'allait pas l'arrêter maintenant. Rien n'allait l'arrêter.
Encore des cris, encore des bruits de combat, encore la chaleur du sang mais bientôt - enfin! - il trouva une cage verrouillée.
Ils avaient encore tellement peur de Marchemort. Pourquoi avoir peur de lui? Druss n'était rien par rapport à ce qui se dressait devant eux à présent, rien du tout!
...lme! Du calme! Par les couilles de Shub-niggurath, tu vas arrêter tes conneries, poète!
Il respirait fort, violemment, et peu à peu sa tête se vidait de la présence démoniaque. Il la sentait, comme un serpent qui retournait se lover sous un caillou, comme une brume qui se dissipait à l'aube. Mais plus Snaga disparaissait au fond de son esprit, emportant toute sa rage et sa violence, plus Sieben sentait qu'elle emportait également toute l'énergie qui restait en lui. Mais il devait porter un dernier coup - juste un - et avec le peu de forces qui lui restaient, il éclata le verrou misérable de la porte d'un dernier coup de hache.
Puis il tomba.
*
Le bruit des oiseaux et la chaleur douce du soleil étaient les premières choses qu'il ressentit. Puis le confort d'un lit sous lui - pas du tout les aiguilles de pin et les cailloux de la forêt - et l'odeur caractéristique du baume guérisseur que Rowena glissait dans leurs bagages à chaque fois qu'ils partaient. Il avait toujours mal à la tête, mais c'était négligeable comparé à avant...
Avant...?
Druss!
Il essaya de se relever, mais aussitôt une douleur violente dans son dos et ses bras le fit geindre, avant qu'il se laisse retomber. Un juron très peu poétique s'échappa de ses lèvres, et il vit enfin les bandages sur ses mains.
Mais qu'est-ce qu'il avait foutu...?
Et comme un début de réponse, la porte de la chambre d'auberge s'ouvrit et la forme chthonienne tant connue de Druss entra dans la chambre, un plateau dans la main.
Sieben se releva un peu et sourit, prêt avec un accueil facile sur sa langue de barde, mais au regard de Druss, il se ravisa.
Et Druss posa le plateau sur le lit et croisa les bras.
- Va falloir t'expliquer, poète.