[Fic] Le lit de Miss Fisher, Les enquêtes de Miss Fisher [de Los Perdigones, pour Alix]

Sep 25, 2016 19:06

Titre : Le lit de Miss Fisher
Auteur : Los Perdigones (participant 6)
Pour : Alix (participant 18)
Fandom : Les enquêtes de Miss Fisher
Personnages : Phryne/Jack
Rating : PG-13 ?? Je ne suis jamais totalement sûre…
Disclaimer : Vive Kerry Greenwood, qui a crée Miss Fisher, et vive ceux qui l’ont adaptée au petit écran.
Prompt : - Les enquêtes de Miss Fisher.
Phryne/Jack. Ce n’est pas parce qu’ils sont enfin ensemble que les enquêtes se déroulent sans encombres. Il faut juste qu’ils trouvent comment balancer leur relation et leur travail. Peut-être que leur dernière enquête les aidera. Se faire passer pour un couple marié peut aider, non ? 
- Point bonus : Si Jack prend son rôle hyper au sérieux.

Qu’il soit encourtiné de brocart ou de serge,
Triste comme une tombe ou joyeux comme un nid,
C’est là que l’homme naît, se repose et s’unit,
Enfant, époux, vieillard, aïeule, femme ou vierge.
Le lit
José-Maria de Heredia

Longtemps avant que cela se produise, Jack s’était laissé à imaginer le jour où Miss Fisher l’amènerait à son lit.
Longtemps avant que cela se produise, il avait compris qu’il s’agissait bien d’une donnée temporelle, pas d’une donnée hypothétique. Un jour viendrait où il partagerait le lit de Miss Fisher. De Phryne.
Longtemps avant que cela se produise, il avait aussi compris que ce serait lui qui serait invité dans le sien, pas l’inverse, ou à la rigueur qu’elle s’inviterait un beau matin dans son lit à lui, assumant la possession du territoire, un peu comme ces chats harets, si proches de sauvages, si beaux qu’ils rappellent les précieux chats-dieux d’autrefois, les mystiques félins du bord du Nil, qui parfois adoptent un humain. Faire partie de l’entourage de Miss Fisher, c’était devoir mette de côté bon nombre d’idées sur le monde, à commencer par ses deux communistes de chauffeurs préférés qu’il aurait autrefois classés dans les canailles sans hésitation et qu’il appréciait aujourd’hui.
Ce qu’il ne l’aurait jamais avoué, pas plus que ceux-ci n’auraient avoué qu’ils avaient confiance en un flic.
Elle avait bouleversé tant de choses dans sa vie et ses idées, il n’était que logique que ses opinions sur les relations homme-femme suivent le même chemin. Ce qu’il trouvait honnête, dans un contexte de gens de bonne compagnie, et qu’elle aurait trouvé vieux jeu, mais pour elle, là aussi, il était prêt à faire une partie du chemin, à examiner ce qu’il pensait gravé dans l’airain.
Une fois que l’exaspération d’un calibre dantesque pour cette femme à nulle autre pareille eut fait place à une fascination un peu morbide, jusqu’où irait-elle, puis au respect, puis enfin à une amitié qu’il ne fut longtemps pas prêt à qualifier autrement, il….il s’était laissé aller à imaginer.
Difficile de faire autrement avec sa façon de flirter à tout bout de champ. Même si pendant longtemps, son cerveau brillant, quoique rempli d’idées des plus crispantes, à commencer par ses idées sur les endroits convenables pour une dame, fût-elle armée et plus dangereuse que certains chefs de gangs qu’il avait arrêtés….Pendant un temps, il ne remarqua que son cerveau et ses éclairs de génie.
Elle aurait fait un bien meilleur commissaire que lui, pas qu’il lui avouerait jamais car son ego n’avait pas besoin de cela.
Se concentrer sur le cerveau était probablement une façon d’oublier le reste, et de ne pas s’avouer à lui-même qu’il aurait aidé Miss Fisher à retirer ses pantalons, et qu’il était prêt à envoyer au diable ses idées préconçues sur les dames ainsi vêtues.
Pendant un temps, donc, il s’imagina qu’un jour, l’adrénaline serait trop forte et qu’au court d’une enquête haletante, après s’être fait tirer dessus une fois ou deux, parce que ce genre de choses arrivait toujours dès qu’elle était dans les parages, ils rouleraient sur le plancher d’un wagon de marchandises/chercheraient la surface plane la plus proche/testeraient la solidité de son bureau…enfin, qu’ils céderaient à l’urgence.
Parce que le destin, et Phrnye, étaient de nature imprévisible, cela n’arriva pas ainsi. Simplement, un soir, ils prenaient leur habituel verre de la victoire, deux Martini ce jour-là, et elle lui avait proposé de rester, arguant que l’absence de Monsieur Butler parti visiter sa famille, de Dot, que son fiancé avait emmené rencontrer sa grand-mère, préserverait la réputation du commissaire.
Et il avait dit oui, entre deux réflexions amusées sur sa vertu que Phryne était bonne de protéger ainsi, et l’avait suivie à l’étage ; tout simplement, vers ce lit qu’il avait souvent imaginé. C’était une femme moderne, et lui un homme tout à fait disposé à la rejoindre, et lui qui n’avait plus touché une femme depuis bien avant son divorce, laissa sa main la guider, apprenant à l’aider à mettre un de ses dispositifs féminins, en feuille anglaise extra et à bourrelet pneumatique, comme le proclamait l’étiquette, car Phrnye n’était pas le genre à prendre des risques avec des grossesses non désirées ou d’étranges maladies.
Elle était une amante plus douce qu’il ne l’aurait pensé. Pas que leurs ébats ne fussent pas parfois hautement athlétiques, mais elle comprenait la pénombre qui était nécessaire à Jack quand il lui prenait de murmurer des mots au creux de ses reins, des mots tendres et adorateurs, qui auraient plus convenu à une antique déesse chryséléphantine qu’à une femme de chair.
Le si sérieux commissaire pouvait se révéler poète, toutes portes fermées.

Dans ce grand lit, tendu pour l’occasion d’un lourd tissu rouge, ils restèrent trois jours avant de condescendre à redescendre pour se mêler au reste du monde. Et encore, ce fut parce que Bert avait été le témoin de l’assassinat d’un docker et avait besoin de toutes leurs aides pour contrer ceux qui voulaient le faire taire.
Un trafic d’opium démantelé plus tard, et au passage il était bien sûr qu’ils n’avaient pas d’affaire aussi exotiques avant qu’elle ne revienne d’Europe, cela devait être quelque chose dans le sillage de son parfum, les deux amants durent bien se rendre à l’évidence que c’était difficile. Jack ne pouvait pas voir un criminel pointer un Smith & Wesson sur Phryne sans songer que les baisers de la nuit précédente seraient peut être les derniers. Et même elle, indépendante, farouche, cynique Phryne Fisher, maintenant qu’elle avait posé les mains sur lui, qu’elle avait constaté encore et encore qu’il était de chair et de sang, tremblait parfois quand une balle le frôlait.
« Comment faisait votre femme ? » avait-elle tempêté un jour où elle avait manqué faire rater toute une affaire en laissant sa couverture exploser quand elle avait compris qu’il était enfermé dans une cave se remplissant peu à peu de l’eau croupie d’une citerne.
« Je n’emmenais pas ma femme sur mes enquêtes. Et on tentait de me tuer avec bien moins de régularité, avant que je vous connaisse.» avait-il simplement remarqué, claquant encore des dents sous l’effet de l’eau glacée, avant de se laisser déshabiller, défaire de ses vêtements gorgés d’eau, de laisser les mains fines constater sa bonne santé, sa survie et de se débarrasser de l’appréhension de trouver du sang sous le tissu.
Parce que l’emmener, elle…d’abord, elle l’aurait suivi, aussi sûr que deux et deux font quatre et que Collins et sa fiancée étaient plus adorables qu’un couple de jeunes lapereaux.
Et puis...c’était rassurant. Quand il n’avait qu’à tourner la tête pour la voir, au moins il ne se demandait pas à quel tueur psychopathe elle était en train de jeter des bâtons dans les roues. Elle en jetait toujours, autant que faire se peut, mais au moins, il savait, au lieu de laisser son imagination l’emmener sur des chemins terribles se terminant par un corps brisé et des yeux sans vie. Et si une ou deux fois, il aurait bien aimé qu’elle apprenne à se taire devant le canon d’une arme, plutôt que d’être indomptable et sarcastique, il préférait la peur de ce qu’il voyait que la terreur de ce qu’il imaginait.

C’est peut-être pour cela qu’ils se trouvaient là. Jouant à être Mr. & Mrs Jack Olin, fraichement débarqués de la capitale, dans une petite ville balnéaire censément tranquille, où tous les nouveaux propriétaires de la villa qu’ils occupaient avaient mystérieusement disparu avec une telle régularité et une telle perplexité pour les enquêteurs que le chef de la police locale avait fini par décrocher son téléphone et appeler Jack, un vieux camarade de régiment.
Autrefois, il aurait joué les vieux célibataires, ou remplit la ville d’uniformes. Aujourd’hui, il jouait à lui prendre la main en public, quelque chose que le Commissaire John « Jack » Robinson ne se serait pas permis de peur de la compromettre, parce que sa hiérarchie était pleine de bien-pensants ultra-pratiquants et qu’admettre une liaison avec elle aurait sérieusement ralenti sa carrière, et « oui, je sais que c’est vieux jeu, Phryne, ayez pitié de moi. »

Les autres savaient. Bien sûr que les autres savaient, mais tout le monde tournait autour du sujet, comme s’il était une vierge effarouchée de roman à trois sous. Jamais il n’était resté jusqu’à l’heure où Mr.Butler se levait. Jamais il n’avait suivi dans sa chambre son amante tant que Dot n’était pas elle-même couché. Il savait bien que tout le monde savait, mais un reste de son éducation, un reste de ce qu’il pensait correct le retenait encore.
Cela serait bien dur de laisser partir Jack Ollin. Jack Ollin se réveillait tous les matins contre la peau chaude de sa femme. Jack Ollin ne craignait pas le scandale. Jack Ollin ne se sentait pas comme un indiscret dans un lit censé conjugal. C’était une enquête au point mort. Parfaite pour passer des heures et des heures au creux de ce grand lit. Parfais pour connaître le goût de la peau de Phryne quand elle protestait. « Encore dix minutes de sommeil, Jack, satyre. », le rire de gorge de sa voix contredisant ses mots. Parfait pour s’offrir des siestes ensemble, entre deux tours dans la ville. Ils n’avaient pas le moindre début d’indices, rien d’autre à faire qu’attendre que le tueur vienne à eux.
C’était parfait. Parfait pour les promenades sur la plage, main dans la main, pour les minuscules restaurants où ils se passaient de vin pour garder la tête claire, mais profitaient d’une profusion de fruits de mer. Parfait pour jouer à oser car ici, il pouvait laisser voir en public qu’il l’aimait.
Voilà, il l’aimait, il devait bien se l’avouer.
L’indomptable, l’imprévisible Miss Fisher, qui n’avait ni Dieu ni maître si ce n’est son aigu sens de la justice, il en était profondément amoureux. Il aimait son esprit affûté comme une arme, son humour percutant, son sourire en coin, ses intuitions. Même sa façon de conduire, il pourrait apprendre à l’aimer !
Et ce fut, bien évidemment, l’instant de cette révélation que leur tueur en série, une petite vieille à pigeons, avec un chapeau à voilette, des bésicles et des mitaines au crochet, impliquée dans les affaires de la paroisse et portant le printanier prénom de May, choisit pour tenter de les tuer, provoquant une série d’imprécations comme il s’en permettait rarement.
« Avant que vous entriez dans ma vie, l’excitation de la semaine c’était un bookmaker véreux puant le mauvais alcool de grain et qui tentait de me casser une chaise sur la tête. » protesta-t-il, tandis qu’ils escaladaient un balcon pour échapper à la maison en feu.
« Avouez que c’est beaucoup plus original ! Vous ne vous ennuyez jamais !  » rit Phryne.
« C’est pour ça que je veux vivre avec vous ! » cria Jack, tandis qu’ils gagnaient la pelouse, à peine grillés sur le bord de leurs vêtements, essoufflés, pieds nus.
Vivants.
« Quoi ?!
-Je sais que vous n’êtes pas prête à vous marier. Que vous n’en avez pas envie. Alors je ne vous épouse pas. Mais je ne me sauverais plus à l’aube. J’ai passé l’âge de filer à l’anglaise des balcons.
-Sauf quand une vieille tueuse tente de vous changer en grillade.
-Je suis un imbécile. Peu importe si ma carrière stagne. Qu’est-ce que je ficherais dans un emploi de bureau de toute façon ? Je veux cette vie-là ! Avec vous. Je me fiche qu’on nous tire dessus mais je ne veux plus me cacher avec vous. Miss Phryne Fisher, acceptez-vous de scandaliser tous les bien-pensants, ma hiérarchie, le clergé et votre Tante Prudence, en vivant dans le péché avec moi et en manquant vous faire assassiner par tous les psychopathes, les trafiquants, les meurtriers que nous pourrons débusquer et jeter derrière les barreaux? » demanda-t-il, le cœur battant, posant un genou en terre sur l’herbe mouillé, sur fond d’incendie, avec seulement le bruit des flammes pour accompagner les battements de ce cœur qui ne s’était jamais autant agité que depuis qu’elle était entré dans sa vie.
-Oui !!! »

Fin…ou plutôt début.

Note de l’auteur : Et oui, les préservatifs féminins existaient déjà, et depuis des décennies en plus. Et je n’imagine pas Phrnye prendre des risques. Tout du moins pas ce genre de risques.

auteur:los pedigones, les enquêtes de miss fisher, pour:alix, fic

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