Titre : Rouge réminescence
Auteur : Chapichapo (Participant 21)
Pour : Desiderium (Participant 14)
Fandom : Autant en emporte le vent
Persos/Couple : Melanie/ Scarlett
Rating : T
Disclaimer : Tous les personnages et l'univers d'Autant en emporte le vent appartiennent à Margarett Mitchell, (même si l'oeuvre est du domaine public)
Prompt : Melanie a toujours été une grande admiratrice de Scarlett, mais peut-être que c'est même plus que de l'admiration quand elle la voit apparaître avec sa robe rouge. Un léger Melanie/Scarlett à sens unique
Notes : Après avoir vainement cherché dans mes souvenirs à quel moment se trouvait cette robe, j'ai pu enfin, après quelques tortures envers mon lecteur dvd récalcitrant, retrouver la dite scène, tout en n'étant pas sûre que c'était celle à laquelle tu faisais allusion. Donc je fais un grand mea-culpa pré-lecture.
Je ne sais pas du tout si j'ai pu répondre à tes attentes. C'est un peu, beaucoup court mais ne dit-on pas que les sentiments se dévoilent avec parcimonie ? (évite le jet de tomates, méritées toutefois).
Bonne lecture
Rouge réminiscence
L’entrebâillement de la porte et un tissu rouge qui se dévoile dans l'embrasure. Le silence accompagnant ton arrivée m'informe de ton identité. Les murmures reprennent. Mes parents, mes proches, mes amis, mes voisins : tous déversent le fiel de leur rancœur et animosité sur toi. Celle qui a voulu séduire mon époux, Ashley, la fourbe, la catin Scarlett. Mais nul ne te connait comme moi, nul ne sait voir tes motivations derrière l'apparente vacuité de tes actes.
"Scarlett ! Cette chère Scarlett. Quelle bonne surprise. Bienvenue ! N'est-ce pas merveilleux que Scarlett ait pu venir ce soir ?"
Alors, comme jadis, tu l'as fait pour moi, je hausse le ton de ma voix, te souhaite la bienvenue, espérant couper court aux rumeurs qui bourdonnent dans le salon. Comme lorsque j'étais enfant, voir des amis se fâcher m'insupporte, je ressens le devoir de les réconcilier, d'être celle qui enterre symboliquement la hache de guerre. Je fais le lien, je provoque les rencontres, j'oblige les ressentiments à s'amoindrir.
"Madame Merriweter, Scarlett est parmi nous, m'exclamais-je
- Bonjour Madame Butler"
Comme dans un tourbillon, au ralenti, je murmure machinalement le nom de tous les convives présents, venant à présent te saluer comme il convient. Je ne sais ce qui me comble le plus, voir toutes ses personnes qui te vilipendait quelques minutes auparavant, venir te saluer comme si tu faisais partir du cercle restreint de la communauté ou bien de pouvoir à loisir de contempler sans qu'en aucune façon, cela puisse te déplaire
Ta tenue est audacieuse, envoûtante, faisant fi des convenances. Et pourtant, elle te sied si bien, soulignant ta taille fine, tes épaules blanches, finement musclées par le travail harassant dans les champs de Tara.
Rouge comme l'être passionné que tu es. Sans aucune concession pour les autres, ni pour toi. Écarlate couleur qui détonne dans cette assemblée ou l'harmonie de tons oscille entre le noir et le beige. Nulle autre qui toi, n'aurait pu imaginer porter une robe, digne d'un bal de princesse à une simple invitation entre voisins et pourtant là tu me ravie par cette témérité.
Certains penseront qu'ainsi tu provoques, que tu accentues ton décalage avec la société d'Atlanta et qu'en agissant ainsi, tu la renies. Mais eux, ne te comprenne pas. Ils ne savent pas que le rouge nous relie
Le rouge embaumant de ces œillets qu'Ashley nous avais donnés la première fois que je te rencontrai. Un seul suffit à orner ton corsage et à sublimer le beauté de tes traits. Un seul suffit pour que j'entrevois la passion sous un masque de vanité. Un seul suffit pour que je voulus être ton amie.
Le sang de la vie, le sang de la mort. Tes cris, tes encouragements, ton irritation à mon égard lorsque je tentais d'accoucher de mon premier enfant, trop frêle, trop épuisée, mon corps m'abandonnait mais tu m'as fourni la force de continuer et sans ta présence à mes côtés, je n'aurais jamais connu le bonheur d'être mère.
La tâche qui se dessina sur le flanc de ce soldat. Le cri que je poussais peu avant, détournant son attention de l'éclat chromé que j'avais entraperçu. Je ne voulais pas lui faire de mal, mais comment aurais-je pu supporter qu'il t'en fasse ?
Ce spectacle était si insupportable que je commis l'irréparable. Pétrifiée par les conséquences de mon acte, je tentais du mieux que je pus de t'épauler dans cette douloureuse épreuve.
Toujours, tu as été une amie fidèle, présente aux moments les plus difficiles, donnant de ta personne avec pour seul dividende, ma reconnaissance éternelle.
Tes mains manucurées qui serrent aujourd'hui machinalement les mains tendues, se prêtant aux jeu du baise-main avec une grâce naturelle, même si je vois dans ton regard que ton esprit s'évade vers d'autres horizons. Ces mains là, je les aies vues, ensanglantées, recouvertes d'ampoules, les ongles rougies par la terre argileuse de Tara, ces mains là m'ont sauvé, m'ont nourri.
Tes cheveux noirs, indomptables, ciselés, travaillés par la grâce et agilité de tes doigts. Toi qui à l'âme d'une dame de la Terre, attachée aux racines de ce qui demeure essentiel. Qu'importe les tenues extravagantes que tu portes. Qu'importe l'exubérance de tes bijoux, de ta calèche. Tout ne sont le superflu qui telle une poupée russe dénature et cache ce que tu es.
Ton sourire de façade que tu abordes en saluant nos voisins. Le léger mouvement que tu fais lorsque tu fronces le nez, inconsciemment, toujours le même lorsqu’une personne ou une situation t'ennuie. Je t'ai vu parfois agir ainsi en ma présence. Je sais que je peux paraitre parfois terne, pas aussi flamboyante que tu le souhaiterais, mais je n'aurais jamais le courage de contrarier ma nature effacée.
Et cette bouche peinte avec le plus écarlate des rouges, rehaussant le dessin pulpeux de tes lèvres. Fascinante. Cette bouche qui s'approche de moi et pose un léger baiser sur ma joue. Une douce sensation de douceur et ce sourire bref, sincère que tu me fais.
Peut-être te demandes-tu si j'ai eu connaissance de ses rumeurs ? Crains-tu que je t'attires avec du miel pour pouvoir avec perfidie te détruire ? Jamais je ne pourrais agir ainsi, ce serait contre mes principes, contres les valeurs auxquels je crois. Mais le simple fait de lire dans ton regard, des doutes me tourmente. Ne sais-tu pas que tu es comme ma soeur, ma meilleure amie, ma confidente ?
Je ne dis rien, espérant que tu me comprendras. Je te laisses t'éloigner de moi parce que c'est ce qu'il faut faire.
Je dois me comporter en parfaite hôtesse et ne pas focaliser ainsi mon attention sur toi. C'est ce que je dois faire
Et pourtant sais-tu, Scarlett que la première fois où je te vis, je bénis le ciel de t'avoir fait femme, parce que je n'aurais pas été capable de résister à une tentation masculine. En faisant de toi, ma sœur, je t'emprisonne dans un rôle où jamais je ne pourrais te décevoir et me renier.