FIC : Tremblement sur Port Royal [2/?] - James Norrington/Jack Sparrow - PG

Nov 27, 2007 21:15

Titre : Tremblement sur Port Royal
Auteur : annaoz
Disclaimer : A Disney, Ted Elliott & Terry Rossio
Personnages : James Norrington/Jack Sparrow
Rating : PG
Genre : Slash très très discret en pleine tourmente historique (bis)
Nombre de mots : 1457

Suite du premier chapitre (ah ah), écrit à l'époque pour Modocanis (alors que le premier chapitre était pour Frudule, oui, c'est assez moisi d'offrir des bouts de fics en cadeau ^^'). Spoile toujours POTC2 sans tenir compte de POTC3...


Il était un peu moins de midi, ce 7 juin 1692, quand une première vague immense envoya par le fond toute la flotte amarrée à quai de Port Royal.

Il était toujours un peu moins de midi quand la deuxième vague recouvrit d’un bras d’eau les rues, ruelles, courettes, masures et hôtels de Maîtres de la ville.

Il était enfin un peu moins de midi quand la troisième vague, la dernière, engloutit dans les flots les mille, deux mille, hommes, femmes, enfants, putains et nobles, mendiants et marchands.

Ceux-là, les malheureux, avaient couru dès la première secousse chercher refuge, qui à Fort Morgan, qui à Fort Charles, certains même préférant se terrer à l’intérieur de l’église St Paul, qui pourtant tremblait durement sur ses fondations, ignorants que le danger, où qu’ils se cachent, était déjà partout.

Quand ils avaient dépassé, au pas de course, les portes de Fort Rupert, James Norrington, l’ancien Commodore, et Jack Sparrow, le capitaine de rien, avaient frémi : on entendait au loin le mugissement abîmé des noyés.

« Il faut retrouver le rio Cobre ! » avait lâché le pirate, et James n’avait rien dit, épuisant ses pas à la cadence de ceux de Sparrow qui, cent fois, avait tangué follement sur ses quilles mais n’était pas tombé.

« Il faut retrouver le rio Cobre puis grimper les sommets jusqu’à dépasser Ewarton, et là… là on verra. »

Il avait perdu toute sa morgue et sa vilaine ironie dès que le sol avait menacé de s’ouvrir sous ses pieds, disparu le compagnon de cellule irritant et étrange, l’homme était redevenu capitaine et scrutait de ses yeux noirs, ourlés de noir, le fracas qui s’étalait aussi en dehors de la ville.

James le savait, pour trouver le rio, il fallait trouver le nord et l’ouest, contourner Port Royal en s’éloignant assez, revenir vers le centre et bifurquer, sans se tromper de sens, pour deviner l’estuaire que la mer avait sans doute avalé comme le reste.

« Hardi mon Commodore, fais battre tes talons plus vite que ça. Avec ta chance, Beckett aura détalé comme un rat à la première mouillure, ça sent ce genre de choses, ces bêtes-là… »

« Que m’importe Beckett, ça crève de partout ! Il a bien mieux à faire que de me filer le train. »

« Sans doute, l’ami, sans doute, mais attends qu’il se soit regroupé et il ne tardera pas à faire sécher du chanvre pour te le passer au cou. Grouille ! »

Se grouiller, ils le devaient assurément, partir vite, quitter l’apocalypse, mais il fallait pour cela, avant tout, identifier les berges du Cobre sous la terre en limons.

Ce fut Sparrow qui devina la rivière : à son embouchure flottait, pas encore gonflé par la marée furieuse, un homme, un soldat, mort dans l’habit rouge de sa fonction.

Lorsqu’il fut assez près, James eut un haut-le-cœur : « Je le connais, c’est Bellamy, Martin, ou Matthew, je ne sais plus… »

La voix du pirate intervint, coupante : « Grand bien lui fasse que tu saches son nom… tu pourras le pleurer si tu veux, mais plus tard. Pour l’heure, tu fais ses poches, Jamesie. »

La réplique souffleta Norrington plus fort qu’une bastonnade !

« C’était un brave gars, un de mes hommes ! Il est mort, bon sang, maudit chien, tu ne veux pas au moins laisser sa dépouille reposer tranquille ! » Ce disant, il repoussa Sparrow si fort qu’il atterrit l’arrière-train dans la tourbe gorgée d’eau, son tricorne quittant son chef pour voler quelques mètres plus loin.

« Ah, Commodore, si mon sabre pendait encore à mon baudrier, je te l’aurais passé au travers du corps pour un tel manque de respect envers ton capitaine. » siffla-t-il, un sourire large laissant éclater l’or de ses molaires.

« Allons, cesse tes jeux, donne-moi ta main et aide-moi à me relever, que nous sortions ce malheureux de l’eau avant qu’elle ne l’emporte. » chuchota-t-il, toujours sourire aux lèvres, en tendant devant lui une main chargée de bagues.

Méfiant, le visage fermé, James se rapprocha, s’emparant de la pogne du pirate.

Pas assez méfiant, pourtant, il fut, car l’autre, d’un coup de talon, le déséquilibra, l’envoyant valser tout à côté dans la boue.

Immédiatement, dans un mouvement au synchronisme quasi parfait, ce fut la bousculade, bras et jambes luttant dans la gadoue pour atteindre l’opposant, pour lui faire payer la peur, la rage, le dégoût de la catastrophe à laquelle, de si peu, ils avaient échappé.

James cognait aussi pour payer un hommage à l’homme mort, ce Bellamy qui n’avait pas mérité, pas plus, pas moins que d’autres, de périr aujourd’hui.

« Pirate, maudit cœur noir, ce devrait être toi ! » grondait le Commodore, enfonçant poing sur poing dans le ventre, le torse couvert de boue, de Jack Sparrow.

Mais la fatigue avait émoussé la fureur de ses coups, et c’est mollement qu’ils atteignaient celui qui, pour sa part, ne se défendait pas.

« Est-ce tout ? Tu as eu ton content ? » demanda-t-il quand James retomba, souffle court, à moitié sur son bras.

« Je te hais, et j’avais oublié à quel point ! Je devrais t’être gré de me l’avoir rappelé. »

« Tu me hais ? Tu me blesses ! Je te sauve, et voilà ma récompense ? Tsss, Jamesie, tu as perdu ton vernis britannique au fond d’une barrique… »

Quand Norrington se redressa, que Sparrow n’avait toujours pas baissé sa main tendue vers le ciel, il la prit à nouveau.

Tous deux enfin debouts, ils firent comme Sparrow avait dit, tirèrent Bellamy jusqu’au rivage ; James rabattit ses paupières pour l’éternité avant de détacher un à un les boutons argentés de son uniforme.

Il gardait dans ses poches trois pièces de huit et un mouchoir trempé que James conserva néanmoins, son fusil n’était plus, mais ils dénichèrent une boîte de poudre noire, une boîte de bourre et quelques balles de plomb dans les goussets de sa ceinture que Jack lui fit passer sous le nez avant de l’enfouir dans son propre habit.

L’inspection se poursuivit vainement jusqu’à ce que Norrington se souvienne que les soldats cachaient parfois au bas de leur pantalon un coutelas qui les aidaient à tailler dans les saucisses trop sèches que se partageaient les hommes pendant les gardes. Ainsi, Bellamy en possédait bien un, très court mais au tranchant parfaitement aiguisé, rangé dans une housse de cuir.

« Ce n’est pas une arme pour toi, ça, James très cher, pas digne d’un ancien puissant sujet de l’Empire, donne, tu pourrais te piquer… »

James contempla l’objet, le soupesant négligemment dans sa paume.

« Tu as raison, Capitaine, c’est juste bon pour un homme de pont, pour un matelot à peine… » murmura-t-il en le faisant tourner entre ses doigts. « … il me convient donc parfaitement, je le garde ! »

Sparrow sautilla d’un pied sur l’autre, tenta deux ou trois tours de passe-passe pour mettre la main sur le couteau, mais Norrington fut cette fois plus rapide, le rangeant résolument contre son ventre, dans la couture de son pantalon où la ceinture manquait.

« Tu lambines, mon Capitaine ! Tu as ton rio Cobre, j’ai peut-être déjà Beckett et ses hommes aux fesses, en avant marche, je te suis ! »

Ainsi donc, ils marchèrent, Sparrow avec une préciosité tanguante qui faisait que ses pas se marquaient à peine dans la mousse écumeuse de la rive, James avec l’œil résolument vissé sur sa nuque, s’en détachant à peine de temps en temps pour s’assurer que, derrière, régnait toujours la triste désolation.

« Où allons-nous ? »

« Ewarton, je te l’ai dit, Commodore. » lança Jack par dessus son épaule.

« Ewarton n’est pas une ville pour un pirate. Où allons-nous réellement ? »

« Tu te méfies de moi ? Admettons que je t’apprenne qu’Ewarton ne sera en effet qu’une étape, qu’après il se pourrait que nous poussions vers Oracabessa ou Port Maria. Ca ne te plairait pas, Jamesie, de voir les plages de sable blond de l’Oeil d’Or, à Port Maria ? »

« Port Maria… en vrai, tu cherches un bateau, Sparrow. »

« En vrai, je cherche un petit quelque chose qu’Elizabeth a en ses douces menottes, l’ami. » chuchota-t-il à voix si basse que, même en tendant l’oreille, l’autre ne le comprit.

Puis, plus fort : « En vrai… hé bien, oui, j’avoue tout, Commodore : je suis un pirate ! » déclama-t-il avec emphase et révérence, battant l’air avec son tricorne.

Quand il se retourna, qu’il prit quelques pieds d’avance tandis que James ruminait la nouvelle destination, il l’entendit chanter…

On est des canailles, des maudits pirates. Trinquons mes jolis, yo ho !
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