White Memories

Sep 21, 2006 13:36


Ici, il ne s'est rien passé. Les airs d'une valse aux tambours alourdis ne s'arrêtent jamais. Il ne s'est rien déroulé, fermez les yeux s'il vous plait. Même de s'asseoir en terrasse à Paris, du 18ieme au sud italie, il ne s'est rien passé. Les airs d'une valse tournent encore leurs cliquetis mécaniques au grès d'une orgue mélancolique, teintée d'un léger souffle réchauffé. Et voila et voila, il ne s'est rien passé. Il suffit de rester là à regarder passer devant soi ce qui ne change pas. La noyée lève un dernier bras au dessus de la marée humaine ; un signe qui s'ajoute à un autre signe. Les saisons vieillissent, paris respire, le métro pulse les gens. C'est un peu comme si personne n'avait vraiment envie de comprendre. Non, là non plus il ne s'est rien passé, rassurez-vous pas plus qu'hier. Pouvez continuer ce mouvement fluide sans aspérité qui risquerait de trop vous retenir. C'est dangereux, dites-vous. Et, désormais, ce qui s'offre aux regards ne sont que clichés surexposés. Monochromes obstinément pâles. L'aveugle est roi et la fontaine brille blanc obstinément sale. Un papier télégramme troué laisse passer le mot fin en filigrane. Rien d'autre que le silence uniforme d'une foule en mouvement, rien d'autre que l'absence. Il faudrait une passoire, une éponge une essoreuse et en presser la substance. Essayer de croire qu'autre chose qu'un liquide livide blanchâtre en ressortirait. Des œillères en vitrine et un collier opaque pour que vous ne vous arrêtiez pas. Les rétines de vos pupilles en sont devenues atones, à tellement fixer le trop juste devant. Pas de temps ou pas de pause, pas d'envie ou pas d'avis. Mais qui êtes-vous ? Et qu'est-ce qui agite vos veines ? Vous ne comprenez pas et vous ne voulez pas savoir. Certains fuient toujours plus en avant. Et d'autres épousent la noyée aux bras de mer. Calme et transparente, chimique. Ne sentez-vous pas ce flux incessant vous donner le vertige ? C'est une inconnue qui le restera. Marchez. Ne vous attardez pas, ça n'en vaut pas la peine dites-vous. On a pas assez de temps et trop de choses à faire, dites-vous. Mais la multitude se multiplie incessamment et la somme des couleurs reste ce fichu blanc. Et surtout ne regardez pas cet individu là, même si vous l'appréciez et encore moins si vous l'aimez. Là non plus il ne s'est rien passé, ne vous inquiétez pas. Les pavés restent clairs et les pas renvoient toujours le même écho dans la rue. Pas de bandeau pas de banderoles, pas de masque pour savoir oublier. Faisons comme-ci, faisons comme-vous. La renaissance est dans votre continuité de merde.

NoMorgan
Previous post Next post
Up