Six Feet

Jun 12, 2006 11:52



Six feet under the ground, les muscles de bras suspendus et quelque chose de l’ordre d’une latence infligée. Six pieds sous terre la fatigue éreinte, elle choisit seule une section de chaire à gangrener. Nausées à la poitrine et douleur au dent, au corps à corps, décor tranché et dernière pulsion corporelle. Un souffle léger pour me sortir d’ombres tamisées, et j’aimerai de grandes étendues fraîches, les matins au soleil. Des draps blancs s’affolent, l’ailleurs n’existe pas. Ici je ne la vois pas, je vois le foncé rougeoyant terni de rideaux à moitié dégrafés. Chaque mouvement est lourd, chaque substance a le goût de nourriture acide, chaque parcelle est recouverte de poussière de ville, les routes qui en partent sont défoncées. Et là-bas allongé sur le sol tiède à ciel ouvert, et ici à tombeaux ouverts avec bras en croix et les jambes en croix, les yeux louches, les tripes déglinguées, des nœuds aux ligaments, un petit fanion percé à l’artère fémorale. Et entre-deux, un cobra étiré sur l’horizon poussiéreux, le long du crépitement téléphonique d’une décennie passée. Des poutres de bois s’étendent sur l’asphalte. Six pieds sous terre à cent vingt kilomètre-heure sur une route noircie, chaque pas décolle la poudre du sol. Aux grès de vétustes impressions de grands espaces, des envolées de pensées déconstruites fuient, au travers les pores de la peau. Les humeurs fichent le camp, des huiles enduisent cette peau et suintent l’érosion des décibels encrées. Une étrangeté, cet étouffement de l’ordre de l’abandon m’envahit. L’herbe est tachée de rouille et le manque d’air flirte avec l’asphyxie. Toutes les secondes, les explosions au ciel en l’air à l’ailleurs, au tragique au théâtre, les rideaux décousus, les portes de bois d’acier décomposé d’histoire ravalée, des tâches de carbone à la figure, toutes les histoires les quart d’heure les cafés, les odeurs et les défilés d’envie, de désir d’ailes les déserts de mélasse, les marionnettes folles allongées articulées, toutes les secondes s’étiolent six pieds sous terre. Un voile noir surgit, je ne vois plus. L’herbe est tachée de rouille.

NoMorgan - juin 2006
http://www.voile-onirique.net

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