Liess dansant devant la dent de Crolles
C'est la pratique sportive où je suis encore une "newbie", mais qui prend de plus en plus de place dans mon quotidien alors je me suis dit que ce ne serait pas bête d'écrire quelques mots dessus ! Quatre ans après l'achat d'Arlette (=mon vélo), je ne regrette pas cet investissement : je pressentais bien qu'une belle histoire était en train de commencer, lorsque je suis allée chercher ma monture au pied du Mont Ventoux, mais je ne pensais pas que c'était une si longue histoire d'amour qui démarrait là !
Martine et Arlette à la Montagne
Arlette au lac d'Aiguebelette
Arlette, my baby!
[ Attention, dans cet article: Arlette sous toutes les coutures, et dans toutes les contrées, tel le nain de jardin d'Amélie Poulain (même ce film, ça devient une référence de vieux, maintenant…)]
Je pense que c'est l'année où j'aurais le plus roulé, car cette fois-ci, je n'ai pas flanché durant l'hiver, je me suis juste équipée autrement. Les copains du Grenoble Coffee Cycling Club sont d'une endurance au froid et à la pluie à toute épreuve : ça donne de l'inspiration !
Girls gang GCCC ride #1
C'est parti! (route forestière de la Charmette)
Maxime au petit jour
La chouette nouvelle qui rebooste, c'est aussi mon intégration dans la
team Pedaleur : cette jolie box sur abonnement dédiée au cyclisme renouvelle ses représentants chaque année, et j'ai eu le plaisir d'intégrer l'équipe 2019. Syndrome de l'imposteur, crise de légitimité, affolement sur mes moyennes trop nulles… Bon, je ne sais pas si on est là pour vendre du résultat, finalement (pourtant c'est écrit « échappée et panache » sur mon maillot trop beau… au secours!!!). Le principe est surtout de partager le plaisir de rouler et nos "tips" pour être en forme et prendre plaisir sur la route (les produits sont vraiment bien choisis, il faut l'avouer), et ça, pas besoin d'être un champion du tour de France pour y arriver. Si tu veux lire ma petite présentation,
c'est ici, sur le blog de Pedaleur!
Pack Ravito par Pédaleur
Team Pedaleur: le beau maillot signé Katusha
Comme avec la course à pied il y a quelques années, je découvre progressivement tout un univers, et les sous-ramifications qui vont avec : cyclo-sportives, contre la montre, gravel, MTB, brevets cyclo... Et sans trop de surprise, c'est encore le club des fous de l'ultra-endurance qui, je crois, me fais le plus rêver. (
La faute à qui, on se le demande...) Il y a une forme d'ironie à écrire ce poste en plein Tour de France, c'est sûr. Car je crois que mon idéal est tout l'inverse. Je n'ai jamais suivi les courses et les « people » du sport, que ce soit en course à pied ou en vélo. Je ne sais même pas qui remporte les étapes, et je me tiens assez éloignée de ça, mais c'est vrai que cela fait partie du folklore qui entoure le vélo de route. Comme la grande messe de l'UTMB ou les cloches alpines de la Pierra Menta qui déchaînent l'imaginaire collectif autour du trail, même pour les gens qui ne le pratiquent pas… Je crois que je suis toujours un peu gênée avec ces manifestations collectives de liesse autour du sport, et cet esprit « supporter », surtout quand on connaît l'ambiance terrible au sein des pelotons, et toutes les polémiques sur le dopage qui entourent le vélo.
Eric sur la route forestière de Séglières
Sapin couché aux Séglières
Et surtout, c'est un sport qui a une longue histoire, tandis que celle du trail commence juste à s'écrire depuis 10 ou 20 ans. Et ça emporte son lot de mythes, ses époques, avec des chocs de pratique, des évolutions de looks, de culture, ses représentations de classe… Qui finalement le rendent aussi attachant. Plein de petits signes un peu communautaires: ces papys qui nous poursuivent en camping-car dans les cols, en klaxonnant, la casquette de vieux cyclo sur la tête... Ils ont le carreau baissé, balançant une bordée d'encouragements à tue-tête, les yeux tout pétillants, avec madame à coté qui prend sa bordée d'air et de décibels… Je trouve ça super touchant, en fait !
Moirans
C'est parti pour 200km: départ de Grenoble, montée Saint Nizier
Ma pratique idéalisée du vélo est plus celle d'un effort apaisé, loin des foules, sur de belles routes où passent peu de véhicules, entourée du cadre magnifique des montagnes, et de quelques copains d'infortune, avec lesquels je fais route vers le prochain village, la prochaine tarte aux myrtilles, le prochain Coca en terrasse… Et comme souvent, moi, j'aime bien partir à la journée, ou en tout cas pour un long moment. Le must restant
ces enchaînements de jours avec les copains chaque été !
Chartreuse en robe d'automne
Tunnel du col du Rousset
Sous les falaises de Chalais
Mais on ne peut pas toujours partir loin de tout, et j'ai aussi trouvé mon plaisir dans une pratique plus quotidienne. J'ai trouvé une chouette bande de collègues prêts à rouler au boulot, et lancé presque malgré moi un petit club de copains. On se donne rendez-vous par la sortie de secours et on s'échappe en pouffant, loin des soucis (en laissant du boulot non abouti…) pour quelques heures jusqu'au coucher du jour.
Patrice et Thierry dans Belledonne
Oh, nous ne partons pas bien loin mais les alentours garantissent déjà de belles sensations (est-ce que j'ai déjà écrit que j'adore vivre à Grenoble ?! Oui ?! Ah…), mais à l'issue de la première grimpette, les premières vues sur la ville, les premiers chants d'oiseaux et les premiers rires des copains confortent dans cette sensation que les choses sont à leur place, et que l'on est bien où l'on voulait être.
Liess sur les hauteurs de Claix
Mon best partner, Liess, est toujours là. Et les meilleures virées c'est encore avec lui. Ce petit tour du soir sur les hauteurs de Claix et de Seyssins, nous le reproduisons plusieurs fois par mois. Mais on l'affine au fur et à mesure : on change de rue pour éviter les voitures, on découvre un nouveau détour, on regarde les saisons passer derrière le fort de Comboire, les falaises du Vercors changer de couleurs, le ciel s'enflammer dans le soleil couchant… Et doit-on parler de notre contribution à l'usure du bitume de la route de la Pérérée, sur les balcons de Belledonne ? Il y a des jours où l'on discute, des jours où l'on souffle (souffre?), des jours où il pluvine, et d'autres où l'on transpire abondamment. Mais je n'ai pas souvenir d'une sortie ratée !
Aller coco Liess!
Col de Comboire avec Liess
Et c'est avec cet éternel compagnon de vadrouille que je fais les plus beaux tours, jusqu'à rouler mon premier 200km dans le Vercors, il y a deux semaines. C'est tellement évident qu'avec lui, je sais systématiquement où il est, comment tournent ses trajectoires, quand il ne veut pas s'arrêter, de quel côté il va déclipser, où et quand il va s'arrêter… Et il en va de même pour moi : il sait quand j'ai faim, il sait quand je souffre, ou quand au contraire… je vais m'arrêter pour faire une photo ("pause Kodak!"). On est comme un vieux tandem avec ses manies (pleines de transpi, de camboui, de crevaisons et de fatigue), et c'est encore plus frappant quand on roule avec d'autres copains. Vieux filou !
Col du Rousset avec Liess et Damien
Course à obstacles: le minet saute les arbres
Eric Thaï sur les hauteurs de Meylan
Si ce qui me plaisait dans la course de montagne ("trail"), c'était définitivement cette solitude, et cet isolement qu'offrent les grands espaces, j'ai trouvé dans le vélo un plaisir inverse, qui est celui de rouler en bonne compagnie, même si c'est dans des paysages magnifiques, mais moins sauvages qu'en trail. Ce partage de l'effort me porte, et même si je suis souvent derrière (le plaisir d'être une femme…), il n'y a rien de mieux que de retrouver les copains, à bout de souffle, en haut du col.
brochette de sportifs: moi, Maxime, Mathieu, Liess, Laetitia et Samir
Lans en Vercors, Liess heureux de partir!
Damien sur le plateau de Jarrie
La vitesse des descentes, la maîtrise des trajectoires, cette impression de liberté et de légèreté qui doit aussi habiter pas mal de motards, je ne la retrouve dans aucun autre sport (même en ski). Il ne reste plus qu'à entamer encore de plus grands voyages, car je goûte rarement autant de plaisir que lorsque j'ai l'impression de traverser plusieurs univers en une journée. Et oui, passer les frontières du département, dépasser un massif de montagnes, observer les changements de végétation et de paysages… C'est facilement réalisable en vélo. Je gave mes yeux de ces sensations grisantes, je bois dans mes bidons l'eau du Dauphiné au royaume de Savoie, je goûte le chant des cigales de la Drôme, avant de rejoindre les forêts de sapins de l'Isère. C'est fou ce que l'impression de traverser une frontière donne comme joie. Je ne me l'explique pas !
Col de Croix Perrin: Liess ouvre la descente
En arrivant sur Die...
On crie comme des pirates en attaquant la descente, le vent assourdissant s'engouffre dans ma veste, et les coins de ma bouche me semblent atteindre bientôt mes oreilles tellement ce sourire quitte rarement mon visage ! Et je croise des gens trop chouettes, vraiment. Et avec qui je ne suis pas obligée de faire la plus grande dissertation du siècle pour avoir l'impression de partager quelque chose d'exceptionnel.
Domie et l'Oeillon
Florent et les gorges du Nan
Bref, achetez un vélo. Il vous le rendra bien.