Anna Karénine - Les lunes empoisonnées - Voyage de noces
Titre : Les lunes empoisonnées
Auteur : anadyomede
Thème : Voyage de noces
Fandom : Anna Karénine
Personnages : Anna Karénine
Rating : PG
Disclaimer : Tout appartient à Tolstoi.
L’Europe sera notre grand voyage de noces, avait-elle songé. Un voyage qui n’en finira jamais, qui ne connaîtra ni frontière ni arrêt, où l’amour déploiera ses ailes à la figure du mépris. Ce seront des noces fidèles, une lune pleine de miel.
Lorsqu’ils étaient partis, l’air si doux de la Russie semblait emplit de cette unique promesse : tout irait bien, à présent. Tout, pour la vie ; et la main de Vronski si sûre dans la sienne, et son regard conquis. Non, jamais ils ne devraient en revenir au risque d’en mourir.
*
Dans le train, elle voit les paysages qui s’étiolent aux fenêtres. A peine a-t-elle le temps de les enfermer que ses yeux affamés déjà se pressent sur d’autres routes. Des terres rougeoyantes aux longs chemins verdoyants, Anna se perd.
Elle savoure ces inconnus qui se succèdent au fil des wagons. Ils les regardent comme on regarde de jeunes mariés, et alors elle ne saurait se l’expliquer mais elle a cette terrible envie de pleurer qui lui saute à la gorge. C’est affreux, pense-t-elle. Affreux, affreux. Le mensonge se colle à sa peau.
*
« M’aimes-tu ? demande-t-elle à Vronski. M’aimes-tu assez, m’aimes-tu pour de vrai ? »
Elle n’a que cette question à la bouche, ces mots qui lui tordent le ventre. Et à lui de toujours répondre :
« Bien sûr que je t’aime plus que tout. »
Mais rien ne la soulage.
Elle se rappelle son véritable voyage de noces, avec cet époux qui existait pareil à une ombre. Ils s’étaient arrêté à Vienne le temps d’une valse, en France au soleil mais tout sera différent à présent. Tout sera pour de faux.
*
L’Europe, Anna en a rêvée des nuits entières.
Elle s’est tournée et retournée, elle a cherché cet homme qu’elle a si violemment aimé, pour qui elle s’est saccagée, et elle pense :
Tout sera heureux là-bas. Il n’y aura plus personne pour me reprocher de me tenir à ses côtés, j’aimerais son enfant qui m’appartient à moitié et ce sera si merveilleux de voyager comme une jeune mariée. Car après tout que suis-je d’autre ? J’ai quitté mon monde comme une enfant quitte sa famille une fois l’alliance passée.
*
Un voyage éreintant, un voyage dévorant. Des milliers, des millions d’heures, leurs mains enlacées, leurs visages serrées, mais Anna a toujours cette terreur qui la poursuit comme un fantôme hurlant.
Qu’est-elle en train de faire, pourquoi les paysages défilent-ils si rapidement, d’où lui vient cette méfiance, ce jeu du mensonge qui la pousse, lorsqu’elle rencontre des dames de la haute société, à déclarer :
« Nous n’avions jamais pu faire notre voyage de noces alors nous voici en Europe pour quelques semaines, quelques mois, des années. »
Mais cette éternité s’apprête à les empoisonner.
Auteur : anadyomede
Thème : Voyage de noces
Fandom : Anna Karénine
Personnages : Anna Karénine
Rating : PG
Disclaimer : Tout appartient à Tolstoi.
L’Europe sera notre grand voyage de noces, avait-elle songé. Un voyage qui n’en finira jamais, qui ne connaîtra ni frontière ni arrêt, où l’amour déploiera ses ailes à la figure du mépris. Ce seront des noces fidèles, une lune pleine de miel.
Lorsqu’ils étaient partis, l’air si doux de la Russie semblait emplit de cette unique promesse : tout irait bien, à présent. Tout, pour la vie ; et la main de Vronski si sûre dans la sienne, et son regard conquis. Non, jamais ils ne devraient en revenir au risque d’en mourir.
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Dans le train, elle voit les paysages qui s’étiolent aux fenêtres. A peine a-t-elle le temps de les enfermer que ses yeux affamés déjà se pressent sur d’autres routes. Des terres rougeoyantes aux longs chemins verdoyants, Anna se perd.
Elle savoure ces inconnus qui se succèdent au fil des wagons. Ils les regardent comme on regarde de jeunes mariés, et alors elle ne saurait se l’expliquer mais elle a cette terrible envie de pleurer qui lui saute à la gorge. C’est affreux, pense-t-elle. Affreux, affreux. Le mensonge se colle à sa peau.
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« M’aimes-tu ? demande-t-elle à Vronski. M’aimes-tu assez, m’aimes-tu pour de vrai ? »
Elle n’a que cette question à la bouche, ces mots qui lui tordent le ventre. Et à lui de toujours répondre :
« Bien sûr que je t’aime plus que tout. »
Mais rien ne la soulage.
Elle se rappelle son véritable voyage de noces, avec cet époux qui existait pareil à une ombre. Ils s’étaient arrêté à Vienne le temps d’une valse, en France au soleil mais tout sera différent à présent. Tout sera pour de faux.
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L’Europe, Anna en a rêvée des nuits entières.
Elle s’est tournée et retournée, elle a cherché cet homme qu’elle a si violemment aimé, pour qui elle s’est saccagée, et elle pense :
Tout sera heureux là-bas. Il n’y aura plus personne pour me reprocher de me tenir à ses côtés, j’aimerais son enfant qui m’appartient à moitié et ce sera si merveilleux de voyager comme une jeune mariée. Car après tout que suis-je d’autre ? J’ai quitté mon monde comme une enfant quitte sa famille une fois l’alliance passée.
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Un voyage éreintant, un voyage dévorant. Des milliers, des millions d’heures, leurs mains enlacées, leurs visages serrées, mais Anna a toujours cette terreur qui la poursuit comme un fantôme hurlant.
Qu’est-elle en train de faire, pourquoi les paysages défilent-ils si rapidement, d’où lui vient cette méfiance, ce jeu du mensonge qui la pousse, lorsqu’elle rencontre des dames de la haute société, à déclarer :
« Nous n’avions jamais pu faire notre voyage de noces alors nous voici en Europe pour quelques semaines, quelques mois, des années. »
Mais cette éternité s’apprête à les empoisonner.