Original - Aude - Tentative de suicide
Titre : Aude
Auteur : anadyomede
Thème : Tentative de suicide
Fandom : Original
Personnages : Aude
Rating : PG
Disclaimer : Pour cette fois, tout m'appartient.
Elle est si joliment cernée, avait-il songé, qu’on ne voit plus son visage pour de vrai.
Mais elle volait.
Quand il s’était arrêté, cette nuit-là sur le pont, quand il avait pris sa main de glace et qu’il l’avait descendue sur l’asphalte détrempée, elle avait alors tourné vers lui ce visage et avait murmuré qu’elle s’appelait Aude, juste Aude. Alors il avait pensé : cette fille-là, je la sauverai.
Elle avait des yeux très clairs et elle fascinait. Il s’en rappelle, comme elle était belle lorsque dans ce ciel, elle avait joué à la danseuse sur un fil. Lorsqu’il l’avait découverte, les pieds entortillés au bord du pont et qu’il n’avait osé lui demander depuis combien de temps, sous l’averse, elle était restée à observer l’eau. Cela pouvait bien faire des heures comme des années. Peut-être n’était-ce que lui qu’elle attendait.
Ils étaient fait l’un pour l’autre, ou alors c’était lui, simplement lui, qui était fait pour elle. Peut-être n’avait-elle dans le cœur qu’une joyeuse terreur prête à tout moment à la dévorer. Elle avait la mine du désespoir, les traits bien trop tirés lorsqu’elle s’endormait. Alors lui la serrait et il répétait Aude, Aude, comme émerveillé de la découvrir chaque jour à ses côtés.
Elle avait des bracelets qui tintaient à ses oreilles lorsqu’elle s’éveillait. Parfois, elle encerclait ses lèvres de rouge, riait à gorge déployée, puis d’un coup se taisait. Souvent, elle écoutait tomber la pluie de l’autre côté des fenêtres et passait des heures à observer l’eau qui dégoulinait, au chaud de l’autre côté. Elle se lovait contre lui comme un chat lorsque disparaît le soleil, rangeait ses griffes et son inconstante pour ne parler qu’à lui, lui qui l’avait tiré d’un drôle de sommeil il y avait de cela des centaines de nuits.
Mais il la voyait toujours trembler lorsque le pont se dressait, lorsqu’à la place du mort, elle s’installait dans la voiture pour se laisser conduire ailleurs. Ses yeux s’écarquillaient, elle semblait alors se chercher, comme un enfant cherche sa mère sur un quai de gare, avec un affolement de noyée.
Lui aussi, à présent, ne peut s’empêcher de deviner sa silhouette, et ses longs cheveux, ses bracelets autours du poignet lorsque d’humeur joyeuse elle dansait. Et il se dit qu’elle doit bien être quelque part, dans l’eau ou dans l’air, parce que Aude était faite pour demeurer éternelle.
Parce qu’elle est partie, comme ça de nuit. Elle partie comme elle est venue, très doucement elle a décollé son corps, très tendrement l’a reprise la terreur - ce petit venin du monde qui s’était collé en son sein pour faire renaître la danseuse, pour la tirer hors de la chambre, de la maison. C’est toute seule qu’elle s’était précipitée dans l’obscurité. A bout de souffle certainement, elle avait dû marcher jusqu’à ce pont et lui, lui endormi, il n’avait rien compris.
Peut-être l’avait-elle attendu encore en remontant au bord de l’eau. Ou peut-être qu’alors elle s’y était précipitée sans hésitation, sans chercher de phare. Elle s’était accrochée une ancre dans le cœur et lui, tout ce temps, avait eu beau chercher à la détacher, il n’y était jamais arrivé.
Alors cette petite Aude toute cernée, il l’avait perdu pour de vrai.
Auteur : anadyomede
Thème : Tentative de suicide
Fandom : Original
Personnages : Aude
Rating : PG
Disclaimer : Pour cette fois, tout m'appartient.
Elle est si joliment cernée, avait-il songé, qu’on ne voit plus son visage pour de vrai.
Mais elle volait.
Quand il s’était arrêté, cette nuit-là sur le pont, quand il avait pris sa main de glace et qu’il l’avait descendue sur l’asphalte détrempée, elle avait alors tourné vers lui ce visage et avait murmuré qu’elle s’appelait Aude, juste Aude. Alors il avait pensé : cette fille-là, je la sauverai.
Elle avait des yeux très clairs et elle fascinait. Il s’en rappelle, comme elle était belle lorsque dans ce ciel, elle avait joué à la danseuse sur un fil. Lorsqu’il l’avait découverte, les pieds entortillés au bord du pont et qu’il n’avait osé lui demander depuis combien de temps, sous l’averse, elle était restée à observer l’eau. Cela pouvait bien faire des heures comme des années. Peut-être n’était-ce que lui qu’elle attendait.
Ils étaient fait l’un pour l’autre, ou alors c’était lui, simplement lui, qui était fait pour elle. Peut-être n’avait-elle dans le cœur qu’une joyeuse terreur prête à tout moment à la dévorer. Elle avait la mine du désespoir, les traits bien trop tirés lorsqu’elle s’endormait. Alors lui la serrait et il répétait Aude, Aude, comme émerveillé de la découvrir chaque jour à ses côtés.
Elle avait des bracelets qui tintaient à ses oreilles lorsqu’elle s’éveillait. Parfois, elle encerclait ses lèvres de rouge, riait à gorge déployée, puis d’un coup se taisait. Souvent, elle écoutait tomber la pluie de l’autre côté des fenêtres et passait des heures à observer l’eau qui dégoulinait, au chaud de l’autre côté. Elle se lovait contre lui comme un chat lorsque disparaît le soleil, rangeait ses griffes et son inconstante pour ne parler qu’à lui, lui qui l’avait tiré d’un drôle de sommeil il y avait de cela des centaines de nuits.
Mais il la voyait toujours trembler lorsque le pont se dressait, lorsqu’à la place du mort, elle s’installait dans la voiture pour se laisser conduire ailleurs. Ses yeux s’écarquillaient, elle semblait alors se chercher, comme un enfant cherche sa mère sur un quai de gare, avec un affolement de noyée.
Lui aussi, à présent, ne peut s’empêcher de deviner sa silhouette, et ses longs cheveux, ses bracelets autours du poignet lorsque d’humeur joyeuse elle dansait. Et il se dit qu’elle doit bien être quelque part, dans l’eau ou dans l’air, parce que Aude était faite pour demeurer éternelle.
Parce qu’elle est partie, comme ça de nuit. Elle partie comme elle est venue, très doucement elle a décollé son corps, très tendrement l’a reprise la terreur - ce petit venin du monde qui s’était collé en son sein pour faire renaître la danseuse, pour la tirer hors de la chambre, de la maison. C’est toute seule qu’elle s’était précipitée dans l’obscurité. A bout de souffle certainement, elle avait dû marcher jusqu’à ce pont et lui, lui endormi, il n’avait rien compris.
Peut-être l’avait-elle attendu encore en remontant au bord de l’eau. Ou peut-être qu’alors elle s’y était précipitée sans hésitation, sans chercher de phare. Elle s’était accrochée une ancre dans le cœur et lui, tout ce temps, avait eu beau chercher à la détacher, il n’y était jamais arrivé.
Alors cette petite Aude toute cernée, il l’avait perdu pour de vrai.