Merlin BBC - Déguster l'insomnie - Insomnie
Titre : Déguster l'insomnie
Auteur : anadyomede
Thème : Insomnie
Fandom : Merlin BBC
Personnages : Morgane
Rating : PG
Disclaimer : Tout appartient à J. Jones, J. Michie, J. Capps et J. Murphy.
Morgane a gardé les yeux ouverts.
C’est bête, pense-t-elle, parce que ce n’est pas une nuit de plus qui y changera grand chose. Au contraire. Le lendemain, elle se retrouvera plus épuisée que jamais, ses cauchemars roulés en boule contre son cou. Le manque de sommeil les aura soignés, il reviendront de nuit, se jetteront sous ses paupières et la dévoreront avec plus de rage encore. Elle le sait. Mais elle reste là, dans sa chambre.
Elle s’éveille.
Il faut qu’elle se concentre. Ses mains brûlent et elle sait très bien pourquoi. Il y a quelque chose qui grésille chez elle comme du bois qu’on allume et sur lequel on souffle, elle le sent, on souffle dans son ventre. Et son corps comme une brindille flamboyante, et elle au milieu, dans ce château, elle la pupille du roi…
Elle ne dort pas.
Elle s’allume.
Il ne faut pas qu’elle y pense, alors. La magie existe seulement de très loin, et que ferait Uther s’il l’apprenait ? S’il découvrait ce qui pourrie ses nuits, ce qui la rend folle, folle d’obscurité ? Il la jetterait au bûcher, l’attacherait comme une vulgaire enfant de putain et y lâcherait lui-même la flamme. Elle le sait, bien sûr, elle le voit. Bien droit sur son trône, il ne pourrait faire que cela. Est-ce que c’est sa mort qu’elle sent s’enrouler contre son corps lorsque ses yeux se ferment ? Un brasier tout contre elle, sous ses cils pour l’instant, léchant sa peau bientôt ? C’est tellement fort qu’elle a l’impression de se déchirer de l’intérieur.
Morgane s’est relevée.
Il ferait presque froid dans cette chambre, c’est étrange. Quand elle garde les yeux ouverts et tente de sentir chaque parcelle de son corps, alors oui, elle s’aperçoit que la couverture rejetée, c’est du glacé qui lui mord les jambes. Puis elle s’endort et alors elle brûle. C’est sa magie, donc, pense-t-elle. Sa magie rien qu’à elle. Comme cela sonne faux. Et grand. Et beau. Comme menaçant.
Pourquoi ne peut-elle pas dormir ? Pourquoi brûle-t-elle ainsi, comme une folle ? Un jour, elle finira par embraser sa chambre, elle le sait, c’est en train de se dessiner, tout son corps s’y prépare. Et elle, dans son sommeil, elle sera réveillée par la terreur, parce qu’il faut que ça sorte, toute cette magie, toute cette horreur, elle a besoin d’être crachée à l’extérieur avant de la rendre folle.
Mais il y a toujours Uther, dehors.
Morgane a frappé ses draps, ses murs, sa tête. Elle a gémi entre ses mains qu’elle a senti comme des braises contre son front, elle a mordu sa lèvre jusqu’au sang. Puis elle a regardé la lune, puis le ciel noir, la vitre qui l’en sépare.
Un jour, quelque chose de terrible va se passer.
Elle apprend lentement à déguster son insomnie. A oublier son feu follet.
C’est tout son monde qui va s’écrouler, et elle aussi, quelque part, toute une partie de son sourire, de sa confiance au monde, va tomber en ruine à ses pieds. C’est une drôle de sensation que de la savoir.
La bougie sur sa table de chevet est éteinte. Il se fait affreusement tard.
Morgane a gardé les yeux fermés.
Auteur : anadyomede
Thème : Insomnie
Fandom : Merlin BBC
Personnages : Morgane
Rating : PG
Disclaimer : Tout appartient à J. Jones, J. Michie, J. Capps et J. Murphy.
Morgane a gardé les yeux ouverts.
C’est bête, pense-t-elle, parce que ce n’est pas une nuit de plus qui y changera grand chose. Au contraire. Le lendemain, elle se retrouvera plus épuisée que jamais, ses cauchemars roulés en boule contre son cou. Le manque de sommeil les aura soignés, il reviendront de nuit, se jetteront sous ses paupières et la dévoreront avec plus de rage encore. Elle le sait. Mais elle reste là, dans sa chambre.
Elle s’éveille.
Il faut qu’elle se concentre. Ses mains brûlent et elle sait très bien pourquoi. Il y a quelque chose qui grésille chez elle comme du bois qu’on allume et sur lequel on souffle, elle le sent, on souffle dans son ventre. Et son corps comme une brindille flamboyante, et elle au milieu, dans ce château, elle la pupille du roi…
Elle ne dort pas.
Elle s’allume.
Il ne faut pas qu’elle y pense, alors. La magie existe seulement de très loin, et que ferait Uther s’il l’apprenait ? S’il découvrait ce qui pourrie ses nuits, ce qui la rend folle, folle d’obscurité ? Il la jetterait au bûcher, l’attacherait comme une vulgaire enfant de putain et y lâcherait lui-même la flamme. Elle le sait, bien sûr, elle le voit. Bien droit sur son trône, il ne pourrait faire que cela. Est-ce que c’est sa mort qu’elle sent s’enrouler contre son corps lorsque ses yeux se ferment ? Un brasier tout contre elle, sous ses cils pour l’instant, léchant sa peau bientôt ? C’est tellement fort qu’elle a l’impression de se déchirer de l’intérieur.
Morgane s’est relevée.
Il ferait presque froid dans cette chambre, c’est étrange. Quand elle garde les yeux ouverts et tente de sentir chaque parcelle de son corps, alors oui, elle s’aperçoit que la couverture rejetée, c’est du glacé qui lui mord les jambes. Puis elle s’endort et alors elle brûle. C’est sa magie, donc, pense-t-elle. Sa magie rien qu’à elle. Comme cela sonne faux. Et grand. Et beau. Comme menaçant.
Pourquoi ne peut-elle pas dormir ? Pourquoi brûle-t-elle ainsi, comme une folle ? Un jour, elle finira par embraser sa chambre, elle le sait, c’est en train de se dessiner, tout son corps s’y prépare. Et elle, dans son sommeil, elle sera réveillée par la terreur, parce qu’il faut que ça sorte, toute cette magie, toute cette horreur, elle a besoin d’être crachée à l’extérieur avant de la rendre folle.
Mais il y a toujours Uther, dehors.
Morgane a frappé ses draps, ses murs, sa tête. Elle a gémi entre ses mains qu’elle a senti comme des braises contre son front, elle a mordu sa lèvre jusqu’au sang. Puis elle a regardé la lune, puis le ciel noir, la vitre qui l’en sépare.
Un jour, quelque chose de terrible va se passer.
Elle apprend lentement à déguster son insomnie. A oublier son feu follet.
C’est tout son monde qui va s’écrouler, et elle aussi, quelque part, toute une partie de son sourire, de sa confiance au monde, va tomber en ruine à ses pieds. C’est une drôle de sensation que de la savoir.
La bougie sur sa table de chevet est éteinte. Il se fait affreusement tard.
Morgane a gardé les yeux fermés.