Je me sentais pas belle

Jun 24, 2009 18:06

La beauté...

Quand j'étais petite, ma mère qui ne savait pas tresser mes cheveux crépus, me faisait des coiffures ridicules. Ce qui me valait les moqueries de mes camarades de classes. J'arrivais à prendre sur moi, et ne montrais pas comme cela me blessait. Puis je me suis bien rattrapé avec l'aide de ma très coquette tante Olga.

Mais après cela, j'ai appris que mes "grosses" lèvres étaient disgracieuses. Pendant près de trois ans j'allais à l'école la bouche plissée, mes sourires étaient devenus timides.

Au collège, lorsque j'ai compris que c'étaient les traits de visages noirs qui ne plaisaient pas aux yeux de mes camarades j'ai arrêté de lutter pour avoir cette bouche fine et caucasienne.
Amoureuse des couleurs et des formes, fille d'un homme dont l'élégance était admirée par tous, je dépensais mon premier argent de poche dans de très jolis vêtements. Très vite, je me suis aperçu qu'être belle ce n'est pas seulement avoir des traits fins mais aussi être mince.
Alors j'ai complexé sur mon corps, ce corps qui ne savait pas être parfait, je l'ai caché. Je m'achetais toujours de beaux vêtements... que je ne portais pas. Je n'étais pas grosse, je ne l'ai jamais vraiment été, mais je ne voyais le moindre bout de chair comme une énorme boule de gras.

J'étais trop grosse, trop grande... Être belle m'était interdit.

Et vous devais penser que j'en voulais aux autres de ne pas être assez bien pour eux. Mais j'en voulais à moi-même. J'aurai pu en vouloir au monde mais c'est à moi que j'en voulais. J'avais bien compris que la beauté, leur beauté, ne se gagne pas. Je me consolais en me disant que si je ne suis pas belle, au moins je suis autre. Je suis une fille intelligente, qui a de l'humour, sensible au sort de l'humanité, J'appris petit à petit à accepter ma différence et puis à l'aimer (ça fait très livre sur le bien-être ce que je dis là mais c'est sincère). Ce sentiment d'être moindre s'est transformé en indifférence face au ridicule (ce qui bizarrement m'a apporté la sympathie et parfois même l'admiration de mes camarades).

Jusqu'au jour où un garçon plutôt mignon a posé le regard sur moi. Là, j'ai eu la certitude que je n'étais ni laide, ni trop grande, ni trop grosse. Que si je n'étais pas belle, j'étais autres... et aimable.

J'aimerai ajouté que 22 ans semble être l'âge de la revanche pour les personnes qu'on trouvait laides à l'école. Bon, tout le monde sait que l'adolescence est l'âge de la disgrâce.  Ceux qui étaient couverts de boutons, ceux qui étaient trop gros, trop ceci ou cela... J'en ai rencontré un il y a peu de temps, Alain, un copain de collège. Ce n'est pas comme s'il est devenu le plus beau et le plus intelligent des garçon mais en fin de compte je l'ai trouvé vraiment intéressant. Il a un bon sens de l'humour qui le rend adorable.
Je lui ai d'ailleurs exposé ma théorie et il a rit.
Il a dit ensuite que quand tu n'es pas aussi beau que la société aimerait que tu sois, tu te rachètes avec l'humour. Il me semble qu'un humoriste a déjà dit quelque chose dans le genre...

Aujourd'hui, j'aimerai dire que je me moque d'être belle, mais j'aime toujours porter de belle choses, voir de beaux endroits, avoir une belle coiffure... Ce qui me sauve, je pense c'est que je ne vois pas le beau à travers l'objectif que le monde nous impose. Le beau c'est pour moi des couleurs, des formes, qui m'émeuvent si leurs combinaisons sont bonnes. C'est aussi, l'amour que je porte aux autres. Je sais que ça peut paraître enfantin mais les gens que j'aime sont vraiment très beau. Il n'y a pas d'objectivement beau dans ma tête. L'objectivement beau c'est le marketing, le "moyen", le médiocre. Vous voyez, ces femmes qui ont tout au milieu? Si on calcule les mensurations de leurs corps et de leurs visages on tombe sur une moyenne? Ben voilà.

Je me contente bien d'être ce que je suis.
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