Yggdrasil mai-juin : Catastrophe
Titre : Arriver à bon port
Base : Mythologie européenne
Personnages : un équipage et son capitaine (et trois naufrageurs)
Rating : R
Genre : Angst un brin fantastique
Note : ça fait partie de ces "légendes de la mer" que l'on retrouve un peu partout où il y a des côtes. Cette histoire est inspirée d'un lieu bien particulier appelé la Baie des Trépassés, en Bretagne, où les courants sont particulièrement traîtres; elle est aussi inspirée d'un article de ma grande encyclopédie des lutins qui présentait les naufrageurs comme des créatures maléfiques apparentées aux gobelins.
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La tempête faisait rage. D'immenses vagues déferlaient contre la proue du navire, menaçant de le renverser et de noyer ses occupants.
Les hommes, trempés, tremblaient de froid et de terreur ; ils ne pouvaient rien faire contre la colère de l'océan, à part prier. Pourtant le capitaine aboyait férocement des ordres et les invectivait de toute sa voix, déterminé à ne rien lâcher, à maintenir le cap quoiqu'il en coûte. Il était le dernier rempart entre ses marins et les profondeurs insondables qui risquaient de les engloutir.
- Terre ! TERRE !
Ce fût un rugissement de triomphe lorsque l'équipage aperçut, à travers le déluge, une lueur ténue. Cela ne pouvait signifier qu'une chose : il approchait de la côte !
Cette vision ragaillardit en peu de temps tous ceux qui perdaient espoir, et ils reprirent de plus belle leur lutte contre les éléments, poussés par l'idée folle de s'en sortir. Tels des abeilles bien organisées, les hommes se dispersèrent sur le pont, sortant les rames, rentrant les voiles, tirant cordes et manivelles. Le capitaine manœuvrait le gouvernail d'une main de maître ; il les amènerait tous à bon port, il en faisait le serment.
Le salut était tout proche.
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Lorsque le bateau éclata comme une coquille de noix contre les récifs, la falaise toute entière trembla. Des hurlements d'effroi résonnèrent longuement avant de s'éteindre progressivement, tandis que le bâtiment coulait. En quelques heures, c'était terminé.
Dans l'obscurité, trois silhouettes trapues, armées d'une lanterne, dévalèrent la pente dans des éclats de rire.
- Tous à la baie, tous à la baie...il doit y en avoir des choses à ramasser...
- Des trésors à trouver...
- Fouiller dans les poches des morts...et trouver de l'or
- De beaux habits !
- Des pierreries !
- Et du vin, du vin !
Un nouveau rire sinistre et inhumain balaya d'un coup de vent le ciel, chassant les nuages noirs pour dévoiler le faciès blême de la lune.