La belle abandonnée

Nov 17, 2010 09:42

Titre: La belle abandonnée
Base: Mythologie grecque
Personnage(s)/couple(s): Ariane/Thésée, Dionysos/Ariane
Rating: PG
Warning: Pour l’anniversaire delilai ; joyeux anniversaire à toi (encore) avec du retard!
Genre: Angst, fluff et câlins

Ariane l’éplorée, Ariane, la fiancée abandonnée, celle qui avait quitté patrie, famille et amis pour suivre celui dont elle s’était éprise, fixait l’horizon d’un air hagard. Elle ne pleurait plus depuis un long moment déjà, son cœur et son esprit trop vides ayant laissé le chagrin se changer en profonde hébétude. La trahison était une chose détestable ; et elle, qui avait trahi au-delà de tout pardon, en faisait à présent l’amère découverte. Elle eut une pensée pour son jeune frère qu’elle avait dépecé et jeté à la mer et eut un frisson de dégoût pour elle même. Thésée… soit-il sept fois maudit !

Ariane poussa un profond soupir, elle n’arrivait même plus à être en colère. La jeune femme s’étendit sur le flanc, les yeux toujours fixés sur l’horizon. L’île était déserte et elle savait parfaitement qu’elle allait y mourir au bout de quelques jours. Elle s’était donc couchée pour mourir et elle ferma les yeux en implorant Thanatos de l’enlever  promptement.

Hypnos et Thanatos étaient penchés à son chevet de sable. Les deux frères attendaient patiemment, le premier s’étant emparé de l’esprit de la belle pour apaiser ses souffrances. Mais alors que le second s’apprêtait à couper les fils qui liaient encore la jeune femme au monde des vivants, les moires les lui ôtèrent des mains, subitement alertées par le bruit d’un char et de rires, de joyeuses chansons et de ronronnements félins.

Le cortège de Dionysos avait fait route vers la Ionie et s’était arrêté en chemin sur cette île afin de se réapprovisionner en fruits avant de repartir. Quelle ne fut pas la surprise d’un faune en découvrant les jumeaux de la nuit penchés sur une jolie ionienne, apparemment sur le point de mourir de chagrin et d’inanition. Les deux frères se regardèrent et firent signe au faune de partir mais ce dernier appela et d’autres sortirent des fourrés, ainsi que quelques femmes hirsutes à l’œil brillant de celles qui sont un peu trop emmêchées.

Voyant que tous ses compagnons étaient partis dans la même direction, Dionysos posa son amphore, perplexe, et sortit lui aussi du petit bois pour se joindre aux badauds de la plage. Quelle ne fut pas sa surprise de voir ces deux barbants d’Hypnos et Thanatos tenter de faire fuir ses amis qui esquivaient les poignées de sable en riant avant de recommencer à les huer malicieusement.

« Laissez-nous faire notre travail bande d’ivrognes idiots ! », s’exclama Thanatos en faisant voler une giclée de sable blanc d’un coup de pied en direction d’un jeune faune.
« Laissez-la nous plutôt ! L’ivresse, c’est mieux pour oublier que la mort ! »
« Laissez-la nous ! »
« Laissez-la nous ! ! »

C’est à ce moment, alors que les deux frères étaient accaparés par ses suivants, que le dieu de la vigne remarqua le corps allongé sur la plage. Elle était belle et jeune malgré la faim et les pleurs qui lui avaient rongé les joues. Le jeune dieu s’approcha doucement et la prit dans son giron pour déposer un baiser sur son front presque froid. Avant que les jumeaux ne s’en aperçoive, il était déjà parti avec Ariane dans les bras et les faunes suivirent, les laissant comme deux idiots sur la plage. Quand ils se rendirent compte de ce qu’il s’était passé, les deux frères furent pris de colère et se précipitèrent dans le bois pour récupérer leur proie mais le char repartait déjà dans les rires et les chants, et ils eurent beau courir après, ils ne le rattrapèrent point. C’est dans une volée de jurons que les deux frères retournèrent dans l’Erèbe, bredouilles.

Quand Ariane se réveilla, elle fut quelque peu troublée par les secousses de la voiture que menait le dieu. La jeune femme se frotta les yeux et se redressa timidement, se rendant enfin compte qu’elle dormait sur l’épaule d’un jeune homme inconnu, celui qui conduisait le char qui l’emmenait Zeus sait où.

« Où m’emmenez-vous ? », demanda t’elle, incrédule.
« Où tu le souhaites ma douce… veux-tu que je te ramènes chez toi ? »

Un pincement au cœur arracha un léger cri à la princesse qui serra les mains sur sa tunique défraîchie.

« Non… je ne peux pas retourner chez moi… après ce que j’ai fait. », murmura t’elle, rongée par les regrets et les remords.
« Dans ce cas, nous irons ailleurs ! », s’exclama Dionysos en faisant faire demi-tour à son cortège bruyant dans un rire on ne peut plus troublant.

C’est à ce moment-là qu’Ariane se rendit compte de l’identité de son sauveur et porta la main à la bouche dans un signe de crainte respectueuse, les yeux écarquillés. Le dieu ne s’en formalisa pas vraiment et se contenta de lui faire un sourire éclatant de gentillesse et de bienveillance.

« Allons, Ariane, fille de Minos… n’aies pas peur de moi, je ne te veux aucun mal ! », souffla t’il au creux de son oreille, arrachant des frissons à sa compagne de route.

Ils se turent jusqu’à l’île suivante où le cortège s’arrêta à nouveau. Dionysos fit descendre Ariane en l’attrapant par la taille et la posa au sol avant de lui caresser les cheveux. Aussitôt, un faune apporta du raisin et du vin et les tendit à la jeune femme.

« Je sais que c’est dur, mais bois et oublie. Ca ira beaucoup mieux ensuite. »

Et la fille de Minos but le vin d’un long trait, les yeux du dieu plongés dans les siens, et elle s’y noya. La tête se mit presque tout de suite à lui tourner et elle se sentit tomber en arrière. Elle n’évita la chute que grâce aux bras de son protecteur qui écarta les mèches emmêlées de son front en sueur, subjugué par la beauté de son ivresse, ses joues rosies et son petit sourire apaisé.

« Ariane, veux-tu m’épouser ? »

Un soupir de bien être souleva la poitrine de la ionienne quand le dieu lui prit la main et la porta à ses lèvres pour en embrasser la paume. Jamais Thésée n’avait eu pareil geste à son égard, et elle se sentit tout à coup non plus fille, mais femme.

« J’accepte. »

Un sourire heureux et ivre leur étira les lèvres à tous deux pendant que les faunes et les nymphes dansaient lors de leurs chants cacophoniques.

« Je jure de ne jamais te faire pleurer, dorénavant, ta vie sera jalonnée de rires… », lui jura le dieu du vin avant de l’embrasser sur les lèvres.

Emporté par l’ivresse de l’amour et du vin, il lui fit de nombreuses autres promesses, qu’il réalisa toutes ; il lui offrit une couronne d’étoiles, de somptueuses tuniques et jamais il ne la fit pleurer. Car on pouvait dire beaucoup de mal de Dionysos, mais il fallait tout de même lui laisser deux choses : il respectait toujours ses engagements et ne faisait jamais de mal intentionnellement. Il offrit la rédemption à la fille de Minos et elle oublia Thésée, le minotaure, sa famille, le meurtre qu’elle avait commis, son abandon, elle oublia tout, jusqu’à ce que ses jours, ses nuits, et même ses rêves, ne soient plus emplis que par son divin époux et le doux parfum du vin sur son palet.

personnage : dionysos, auteur : fye_et_kurowan, fanfiction, mythologie : grecque, personnage : ariane

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