Jul 28, 2013 13:56
Il est cruel de revenir dans cet espace que j'ai presque totalement abandonné pendant une année. L'avant-dernier billet que j'y ai publié parlait de l'arrivée inattendue de Zsa Zsa, la chatte la plus intense du monde, dans notre vie. Eh bien, de façon aussi inattendue, Zsa Zsa est disparue de notre vie. Zsa Zsa est morte samedi le 13 juillet. Ça fait 15 jours que je me dis que je devrais mettre des mots sur mon chagrin et que je ne trouve même pas le coeur de le faire. Je suis un sauuuuuule inconsolaaaaable. Ça pourrait être drôle si ce n'était pas si pathetic, si je n'étais pas aussi aussi lamentable.
À me voir si complètement inapte à composer avec un chagrin comme celui-ci, qui n'est pas rien, certes, mais qui s'avère assurément moins intense que tous les chagrins que je connaîtrai un jour (beaucoup trop près), je me dis que je ne suis pas sortie de l'auberge. Anyway, la résilience c'est complètement surfait. Fuck la résilience.
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Il y a fort longtemps que j'avais bu autant, enfin, aussi régulièrement. Je crois même que ce n'était jamais arrivé. Me voilà momentanément ivrogne. Qu'importe. Après tout, c'est les vacances. Boire et lire, ne sont-ce pas là les choses les plus réjouissantes à faire pendant les vacances? Quoiqu'ayant beaucoup lu, j'ai bu davantage.
On s'anesthésie comme on peut.
Dans quelques semaines je retrouverai ma vie de femme raisonnable qui boit modérément, seulement deux consommations, ou trois pendant les soirées d'exception. Ou je ne la retrouverai pas. Qui sait?
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Lorsque Badria et Ferdinand sont morts, il y a moins de deux ans, il y a fucking moins de deux ans, j'avais partagé spontanément ma douleur sur Facebook. Ça me semblait naturel de le faire, de partager cet événement si important auprès de gens qui, en général, me veulent du bien. J'y trouvais une certaine consolation. Cette fois, ce fut différent. Peut-être parce que ça ressemblait trop à une mauvaise blague, un troisième chat qui meurt en moins de deux ans. Peut-être, sans doute, parce que je croyais que je n'y trouverais pas la moindre consolation. Peut-être, sans doute, parce que, même si je savais que plusieurs de mes contacts éprouvent des sentiments très forts pour leurs animaux de compagnie, il y en a quantité d'autres qui ne pourraient rien comprendre de la douleur d'une telle perte, et que je n'avais pas envie de m'offrir en pâture à ceux-là. Peut-être, assurément, parce que je me sens de plus en plus vouée à une solitude radicale. Enfin, je l'ai fait à contrecoeur, et à défaut d'y trouver une consolation impossible, je me suis à tout le moins sentie momentanément tirée de ma solitude en me rappelant qu'on partageait mon amour pour ces êtres merveilleux.
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Me voilà au point où je constate que je n'arriverai pas à écrire ce texte que je voulais écrire.
Comment arriverais-je donc à dire quelque chose de cette colère qui m'apparaît encore plus incommunicable que ma tristesse?
Fuck, un troisième chat qui meurt, si jeune, sept ans à peine, presque du jour au lendemain, en trois jours à peine, alors que nous avons à peine eu le temps de la connaître, au fond, alors que nous étions prêtes à tout pour la sauver, alors qu'il y a tant de gens qui abandonnent leur chat, ou qui ne veulent pas dépenser de l'argent qu'ils ont pourtant pour les sauver, alors que jamais au grand jamais nous n'abandonnerions nos chats. Je ne trouve rien d'autre à dire que c'est fucking injuste et s'il est puéril de s'exclamer qu'une chose comme celle-là est injuste, eh bien, soit...
Et puis de voir Elstir, à nouveau seul, qui cherche Zsa Zsa, qui miaule la nuit du haut de l'escalier comme pour l'appeler, qui se réfugie dans les lieux que Zsa Zsa affectionnait, c'est crissement davantage que je ne suis capable de supporter. Zsa Zsa ne reviendra pas, Elstir.
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Me voilà encore plus triste que je n'étais. La bière réussira peut-être là où les mots ont échoué. On verra bien.