Jan 28, 2012 15:05
L'une des façons les plus efficaces -- et les plus belles aussi -- de se détourner de son découragement est d'aller dans un endroit où des personnes stimulantes et chéries partageront leurs réflexions. L'une des façons les plus efficaces -- mais si douces -- de renouer non plus seulement avec son découragement momentané mais aussi avec son éternelle mélancolie est de boire un tant soit peu. Je n'ai pas besoin de boire beaucoup, deux pintes suffisent et même une seule. Ça ne m'embête pas. C'est ainsi. Tous les chemins me mènent à la mélancolie. Je me priverai pas de beaux moments partagés et d'ivresse légère pour tenter d'éviter l'inévitable. J'essaie seulement de mettre un peu de distance avec cet état pour ne pas me laisser entraîner par le courant.
La vérité est que je suis dans un drôle d'état, mélange d'une joie vive et d'une mélancolie peuplée de revenants.
Je me sens choyée. Je ne vois pas aussi souvent mes amis que je le souhaiterais, je tarde aussi à approfondir plusieurs amitiés naissantes, des amitiés qui naissent parfois depuis des mois ou des années, mais je suis entourée de gens inspirants. Je bénis cette chance en laquelle j'ai peine à croire. Et comble de surprise, il m'arrive même de rencontrer de nouvelles personnes inspirantes.
En me réveillant ce matin, cette joie d'être entourée de gens inspirants m'a toutefois ramenée à un constat amer. J'y ai souvent pensé, mais ce matin je n'arrivais plus à penser à autre chose. Il me semble que les plus mauvais choix que j'ai faits ont toujours été provoqués par mon isolement, un isolement contre lequel j'étais impuissante ou que je provoquais plus ou moins malgré moi. J'ai pris parfois de bien mauvaises décisions. C'est un fait.
Rien de nouveau dans tout ça. Ce qui m'attriste vraiment, en fait, est de m'être mis à penser en me réveillant à ce qui m'était toujours paru comme un choix qui s'était imposé de lui-même et qui, à trois ans de distance, ne m'apparaît plus comme la seule décision qui était souhaitable, à savoir, le destin de notre embryon. Nous nous étions toujours réconfortées, Amélie et moi, en nous disant que c'était le seul choix possible, mais je sais maintenant que c'est faux. C'était plus facile de penser qu'il n'y avait pas d'autre choix possible, mais il y en avait... Oh ça ne me frappait pas pour la première fois ce matin. La première fois que j'y ai pensé, en réalité, c'est il y a quelques mois quand cette amie si chère (que nous connaissions peu à l'époque) nous a demandé tout bonnement: «Mais ne pouviez-vous vraiment pas le garder?» Nous lui avons répondu que non, que c'était impensable et lui avons déballé toutes les raisons, très bonnes, évidemment, pour lesquelles ce l'était... Personne, parmi les rares amis auxquels nous en avions parlé, ne nous avait demandé s'il était même envisageable de le garder. Ce qui est normal. Nous étions si convaincues... À un peu plus de trois ans de distance, je constate avec une certaine amertume que nous ne sommes guère plus avancées que nous ne l'étions et que si nous voulons un bébé, eh bien, nous l'aurons forcément à un moment tout aussi inadéquat, sinon davantage... Nous ne pouvions pas prédire que le chemin serait si dur... Si nous l'avions su, peut-être aurions-nous sauté sur l'occasion. Nous aurions aujourd'hui un enfant de deux ans et demi (j'ai calculé ce matin, il serait né en juillet 2009), un enfant qui aurait probablement les yeux bleus ou sinon dark brown. Nous avons espéré qu'un meilleur moment viendrait. Nous nous sommes trompées. Eh.