Titre : La Force Du Destin.
Prologue : Part3/4
Auteur : Munnoch.
Langue : Français.
Avis : Adultes.
Genre : AU/AU
Personnages : Les noms des personnages repris dans ce récit, sont propriété exclusive d'Annie Proulx pour laquelle je ressens une profonde admiration.
Notes de l'auteur : Dans le cadre d'une Egypte millénaire, une valise sera le lien qui mettra en présence Ennis del Mar, un jeune et talentueux égyptologue à l'aube de sa carrière et Jack Twist, qui pense fuir son passé.
Encore un mot s’il vous plait : Le prologue, bien que très long, apporte un éclairage indispensable pour la suite de mon récit.
Commentaires : Merci.
Me rappelleras-tu, mon doux seigneur ?
La nuit venait de tomber, comme Tiuu, porté en chaise par deux porteurs, arrivait devant le palais royal qui de ses façades illuminées des lueurs dansantes de torchères, se reflétait sur l'onde dormante du grand lac sous une lune opale, alors que de la grande salle du trône, parvenait le son d’une musique d’ambiance, à laquelle se mêlait la discrète rumeur de la fête, que présidée le dieu vivant lui-même, Ramsès le Grand, l'incontestable vainqueur de la bataille de Qadesh1 en l’an IV de son règne.
Entouré de son épouse la belle Néfertari, ainsi que de ses fils, les princes royaux, Pharaon, se tenait assis sur un trône en sycomore doré, sous la protection des ailes déployées du grand faucon qui ornait le haut du dossier, irradiant de virile beauté malgré ses cinquante ans, comment eut-t-il pu être autrement, avantagé qu’il était par sa coiffe bleue bombée décorée de pastilles dorées qui porte le nom de couronne khepresh et que sur sa poitrine scintillait le grand pectoral royal. Un collier d'or pur, serti de lapis-lazulis, turquoises, tourmalines et pâte de verre aux nuances irisées, représentant le vautour sacré, lequel, selon les perspectives artistiques de l'ancienne Égypte, devait poser la tête sur la poitrine de pharaon.
Pour l'occasion aussi, le souverain avait choisi d’honorer la mémoire ses ancêtres, en portant une longue jupe à l'ancienne mode, en coton blanc plissé. À ses pies, de fines sandales tressées de fils d’or, sur les semelles desquelles étaient peintes les faces exécrées de ses ennemis héréditaires. Les Hyksos.
Cependant, combien, parmi les invités à la peau luisante d'huiles parfumées, pouvaient se targuer d’avoir été témoins de ce glorieux passé, quand Ramsès, parlant d'égal à égal aux dieux, imposa sa volonté en ces termes :
- Moi, Ramsès ! Maitre de dix mille chars, dieu d’Ô Kemit2 ! Je t'ordonne, à toi Amon -Rê, de contenir ta course... et à toi Osiris, de me donner la victoire ! Bak-her.3
« Cela fut dit ! Cela fut fait. »
Oui « Cela fut dit et cela s’accomplit. » Se remémora Pharaon perdu dans ses rêves de gloires passées.
Soudain, l'atmosphère changea perceptiblement, et que les serviteurs, qui un instant auparavant dans la grande salle du trône s'activaient déposant sur les tables individuelles des convives, liqueurs et mets recherchés, se retiraient en toute discrétion dos au mur. Le bruit des conversations peu à peu s'atténua pour se fondre en d'intimes murmures.
Lorsque tomba le silence, augurant le spectacle tant attendu de la soirée, palpable se fit l'impatience dans l’attente de Tiuu, le jeune danseur venu du grand temple Amon.
Brusquement ! Au-delà du halo de lumière qui illuminait la grande salle, la puissante percussion des tambours claqua, électrisant les sens des invités comme claque la foudre dans l’orage. Surgissent alors quatre géants éthiopiens. Habillés d’un simple cache sexe en cuir noir, clouté de pointes cuivrées. Ils s’avançaient le torse puissant, en frappant de leurs mains la peau tendue de leurs tam-tams, qui pendait bas sur leur ventre, et que retenait une large sangle passée par leurs épaules.
Émergeant à son tour de la pénombre, un jeune danseur s'avance, modulant ses pas sur le répétitif staccato de la percussion, auquel à présent répond le tintement métallique des crotales, mêlé au son aérien des flûtes, qui modulant leurs trilles sur les profondes vibrations des basses des harpes subliment le rythme musical jusqu'au paroxysme et parvenir par la magie des sons á une mélodie obsédante.
Pénétré de musique, Tiuu arrive au pied de l'estrade dominée par le trône de Pharaon. Les yeux baissés pour ne pas offenser sa majesté, il fait une révérence et dans l’instant, ôtant sa cape dévoile sa quasi-nudité aux regards avides des spectateurs et, bien qu'ingrate, la lumière des torchères ruisselait sur son corps, transformant tout son être en statue aux nuances chatoyantes. Éblouis, les spectateurs saluèrent par une clameur d'admiration cette vision de rêve.
Indifférant à ce tumulte dont il était l’objet, bercé par la mélodie, c’est avec la grâce d'un cygne qui déploie ses ailes pour s'envoler, que Tiuu souleva les bras en rejetant sa tête en arrière. Dès lors ses sens enivrés par l'ensorcelante musique, pareille à la plume docile qui dans la main d'un scribe module les hiéroglyphes, le jeune danseur se mit á danser sur une chorégraphie d'une envoutante beauté. Son corps á peine sorti de l'enfance, suivait les envolées aériennes des progressions tonales, en ondulant telle une écharpe agitée par le vent.
Mais quand la musique se fit douceur et que glissant sur le corps soyeux de Tiuu comme les caresses lascives d’un amant jaloux, c’est sur la pointe des pieds, mollissant ses gestes en lents moulinets de ses bras qu’il enchaîne des déhanchements suggestifs.
Mais soudainement sous la vive injonction des instruments, le rythme de la mélodie change. Tiuu, comme poussé par le vent enchaina une suite de d’acrobatiques virevoltes, naturellement suivies d’un grand écart qui s’achevé en se laissant tomber à genoux au pied du trône, le torse fléchi en arrière tel un arc tendu.
A la grande surprise de tous, sous la violence de l'effort, la sorte d’escarcelle tressée de fils d'or qui comprimait jusqu'alors son sexe céda, désormais nu, il s'offrit haletant aux regards avides de Pharaon, pendant que résonnait le pianissimo agonisant des flûtes et que les derniers battements feutrés des tambours expiraient. Un instant encore, ondulant avec lenteur des bras, Tiuu se redresse pour ramener son torse vers l’avant et se fermer sur lui-même telle la fleur du lotus à l’approche du soir.
Émerveillés, par la beauté du spectacle, autant que par la plastique du danseur, des salves enthousiasmées fusent en reconnaissance de son talent. Souriant modestement, Tiuu se releva, salua et ramassant sa cape disparait en courant, ses cheveux bouclés ondulants longs sur sa nuque, suivit du regard par Pharaon, qui croisa et décroisa le flagellum et le sceptre Heka5 sur son torse avant de se lever. L’assistance se prosterna humblement, comme le Pharaon se retirait.
Une fois dans ses appartements, immergé dans la douce clarté diffusée par des lampes á huile disposées avec soin sur des torchères d'albâtre, Ramsès, attendait l’arrivée du jeune danseur, possédait par les doutes qu’il n’eût jamais voulu s’avouer. Bien sûr, il savait oh combien, qu'il n'était plus le jeune homme que naguère tous révéraient, mais quand soudain percevant la psyché de cuivre étincelant, qui lui renvoyait son image et se vit tel qu'il était, c’est d’un geste de déplaisir, qu’il s'en approcha pour le recouvrit d'un fin voile de lin.
Or à présent, lui, le grand, l'irréductible lion, se voyait réduit à attendre le jeune Tiuu, animé par les mêmes appréhensions qui l'habitèrent jadis, lors de son premier rendez-vous. Cependant, que le cœur palpitant de désir, il sentait encore en lui l’embrasement de désir de l'homme qui demeurait toujours vivace en lui.
Afin de tromper son angoisse, il se versa une coupe de vin aromatisé, mélangé d'un puisant aphrodisiaque. Songeur, il écarta de sa main les fins rideaux de coton, gonflés par la brise du soir et passa sur la terrasse, pénétrant dans le vaste silence de la nuit, que baignait la lumière bleutée de Noun, Pharaon, perdu dans ses pensées, semblait chercher sa mémoire, les yeux levés vers la lune, qui ce soir se révélait pleine dans toute sa force et qui semblait caresser de sa clarté diaphane le long fleuve qui s’en allait paisiblement vers le delta et que tous appelaient le père de Kemit1. Puis déviant son regard sur sa coupe qu’il porta à ses lèvres but jusqu’à la dernière goutte.
Un léger toc-toc sur la porte suffit pour d'arracher Pharaon à ses méditations. Le huis s'entrouvrit légèrement, cédant le passage à Tiuu, sa courte jupe flottant librement autour de reins. Il fit quelques pas timides dans la grande chambre soumise dans une brume de lumière jaunâtre, quand, brusquement percevant de dos le dieu vivant, que nimbait la lueur nocturne, il s'immobilisa, soudain assailli de frayeurs et se jeta á genou le front au sol.
- Avance n'aies pas peur. - Le rassura Ramsès qui devant tant de jeunesse ressentit une fois encore la morsure de ses doutes.
Ebloui par le respect dû au dieu vivant, les yeux baissés en signe de soumission, Tiuu se releva n’osant toujours pas s’avancer vers Pharaon, mais parce qu’il lui devait obéissance, il se rapprocha d'un pas encore hésitant. Dans son avance, il passa près d’un petit bassin d’eau qui capta son image tel un reflet évanescent.
Ramsès, les yeux brillants de désir, sentit soudainement s'embraser le creuset où se forge la puissance de la virilité. D'un geste nerveux, il s’arracha son pagne dévoilant son corps au jeune danseur, lui faisant comprendre, par ce geste de venir vers lui pour le toucher.
Nonobstant, encore empli d'hésitations, comme effrayé par une flamme trop grande, Tiuu, tendit les mains à Pharaon qui les lui prit pour les placer contre la peau brune de son ventre.
Tiuu ferma les yeux et se laissa tomber entre les jambes écartées du dieu vivant, qu’il caressa de ses joues alors que ses mains effleuraient les poils noirs et frisés de son pubis. Comme pour y lire un encouragement à son incertitude, Tiuu, leva les yeux vers son suprême maitre, avant de lui saisir le sexe dans les paumes de ses mains, qui sous ses caresses, se dressa tumescent, parcouru de veines puissamment gonflées, brûlant et doux à la fois. Et pharaon ferma les yeux de ravissement quand les lèvres du jeune danseur effleurent ses bourses de vie, devenues dures comme des galets oblongs.
Au bout d'un instant, agacé par l’urgence de son désir, le roi le prenant dans ses bras, le porta sur le grand lit où, d'un geste rapide, il lui arracha son pagne. Allongé sur lui buvant le miel de sa peau qui avait la douceur de l'innocence et le parfum d'un fruit défendu de sa bouche aux lèvres fortement dessinées, il l'embrassait avidement sur le dos, sur le cou. Et comme s’il revivait sa jeunesse en rêve, se glissa entre ses cuisses que d'instinct Tiuu tenaient écartées, Pharaon, s’aidant de sa main, guida son sexe d'où sourdait sans discontinuer un fin filet d'un épais liquide cristallin entre les fesses du jeune danseur.
Et Pharaon le pénétra, sans se presser, faisant durer le plaisir de cet instant grisant, en repoussant les limites de l'accomplissement final jusqu'à ne plus pouvoir se contrôler. Mais quand parvenu au comble de l’excitation Pharaon se libera en poussant un rugissement de bête, cris à la fois de victoire et de jouissance, il se déversa intarissable en Tiuu, quand ce dernier perdait contenance lui-même, transporté de bonheur, pris de soubresauts et chavirer dans un abimé d’enchantement.
A pressant qu’ayant triomphé de ses doutes et comblé de toutes ces ivresses, Ramsès se retira du jeune corps encore frémissant et se laissa tomber sur le dos en soufflant d'épuisement.
Cependant, se méprenant sur la nature du silence qui s’établit entre eux. Une soudaine angoisse étreignit le cœur de Tiuu, qui redoutait qu'à présent, les sens de Pharaon assouvis, ne se montre indisposé à son égard. Nonobstant, vainquant sa timidité, il se blottit contre Pharaon et chose impensable, osa s’adresser à lui.
- Pharaon ! Tu es beau.
Surpris par cette inattendue démonstration d'affection, Ramsès se souleva sur un coude et sonda de son regard inquisiteur celui de jeune garçon qu’illuminé un doux sourire. Convaincu dès lors de sa sincérité, il le baisa tendrement sur les paupières et se recoucha.
- Tous ceux qui désirent me flatter me le dit Tiuu, les prêtres, les ambassadeurs, les femmes, mes amants, cependant le tain de mon miroir me revoit l'image d'un vieux.
-Non ! Murmura Tiuu avec passion. - Tu ne vieilliras jamais. Car quand je te regarde, il me semble qu'Osiris le dieu tout puissant est en toi... Tu es comme sa main, son regard, tu es sa voix et sa force ainsi que sa douceur. De toi se dégage l’aura divine, qui m'emplit de félicité et fait que je sois heureux d'être ton esclave, oh maître de ma vie.
Transporté par ces paroles et à sa grande surprise, Ramsès, sentit pour la deuxième fois en cette nuit, jaillir en lui une onde de force qui lui durcit son membre, au point qu'il en devînt douloureux. Pris de folie, enveloppant son jeune amant de toute sa fougue entre ses bras, il l'écrasa de tout son corps et bien que Tiuu fût allongé sur le dos, il fut pris de vertige, étouffant sous le poids et la puissance du désir qui durcissait les muscles de son royal amant, cependant que trahit prématurément par sa fougue Pharaon sans se désunir de son jeune amant, s'endormait sur lui mouillé de suer.
Mais, comme la lune baissait à l'horizon, et que Rê émergerait bientôt en majesté des entrailles de la Douat,2 le temps de se quitter était venu. Tiuu se glissa précautionneusement hors du lit.
- Où vas-tu ?
- Majesté ! Bientôt la Lumière de Rê ! - Susurra Tiuu.
- Il fait encore nuit noire Tiuu. - Lui reprocha le souverain, qui se levant à son tour, pour se diriger vers un petit coffret posé sur une table murale.
- Hélas, mon doux maitre, je dois danser pour le dieu Amon.
- À chacun, les responsabilités de sa charge n'est-ce pas ?
- Me rappelleras-tu, mon doux seigneur ?
Pour toute réponse Ramsès lui dédia un sourire bienveillant et lui baisa tendrement la nuque tout lui attacha un précieux pectoral d'or, orné de trois grosses turquoises...
1-
http://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Qadesh2- Kemit : autre appellation pour l’Egypte du temps des pharaons.
3- Bak-her =Amon = Amen.
4- La Douat , c'est la région nocturne du "monde d'en bas" qu'emprunte la barque solaire du dieu Rê pendant les douze heures de la nuit.
5- Flagellum (à gauche) et le sceptre Heka