Auteur :
cassidy_bTitre : Nous nous sommes trouvés sur les routes
Fandom : Pokémon (anime) ; traversée des séries avant Best Wishes.
Personnages : Kenji, Kasumi, Masato, Haruka, Takeshi, Shigeru (prof Nanakamado), Hikari (Jun), Pikachu, Satoshi.
Disclaimer : Pocket Monsters ne m’appartient pas.
Rating : G
Nombre de mots : 1800 mots (8 x 200 + 199 + 1)
Résumé : Ils se sont croisés, se rencontrent et se retrouveront ; ils avalent le monde de cette façon, et c'est peut-être une fin en soi.
Note / avertissement : Je promets que j'arrête de réécouter
"Soko ni sora ga aru kara" après ça. Ça n'est pas exactement l'idée que j'avais en tête initialement (aka cette nuit), mais je crois que je n'arriverai jamais à la retranscrire. Ça se voit trop que je suis heureuse de rentrer en France à la fin de la semaine ?
Quelques extrapolations sur quelques petits détails (= interprétations abusives de plot holes) mais l'anime nourrit plus que ne correspond à mon headcanon, quelques spoilers (l'histoire de la Vague /o/), déferlante de positivisme, d'amour et d'espoir ce qui me change du travail sur l'anime que j'ai fait ces derniers jours et de l'angst post-"Satoshi je suis ton père". Et, oui : Pocket Monsters parle d'une bande de gamins qui ne tiennent pas en place.
Un jour, Kenji a rencontré deux dresseurs.
Ils ont évolué ensemble pendant quelque temps : Kenji a analysé, noté, s’est rempli de leurs présences et de leurs disputes. Ils ont marché, nagé, volé, avançant avec une rapidité qui l’a parfois effrayé, avalant l’Archipel Orange en un instant. Leur voyage terminé, Satoshi et Kasumi lui ont permis de rencontrer le professeur qu’il vénérait ; Kenji est resté auprès de lui.
Masara Town est un village apaisant mais vivant. Kenji comprend ce mélange d’envies qui peut se lier dans le cœur des enfants ; ici, vouloir en partir et souhaiter y revenir sont complémentaires et indissociables. C’est un petit paradis où les Pokémons peuvent se reposer, apaisés, mais comme toutes les origines, il fait naître le besoin de s’en détacher.
Kenji est encore un élément extérieur, qui s’intègre progressivement à cet environnement : il étudie et apprend à observer, à nouveau. Chaque jour, il trace sur le papier ce qu’il a pu contempler, les paysages comme les Pokémons et les gens.
Un jour, Kenji a rencontré deux dresseurs. Ils savaient attirer l’inhabituel, pointer l’essentiel, condenser le monde en faisant réfléchir ses formes et ses couleurs.
Depuis, Kenji a des images à dessiner pour toute une vie.
***
Sa bicyclette, l’instrument de sa liberté, a disparu. À la place, Kasumi est partie plus loin qu’elle n’aurait pu l’imaginer, entourée comme elle ne l’avait jamais été.
C’est un lien beau parce qu’il ne repose sur rien. La seule chose qui les retient est le désir de rester ensemble ; aucun serment ne les attache, sauf, peut-être, la conscience instinctive qu’ils ne doivent pas laisser le moindre regret derrière eux.
Au bout du voyage, Kasumi apprend qu’elle est nécessaire là où elle voulait l’être, qu’elle est attendue et espérée par celles qui l’avaient convaincue de s’en aller. Elle part et quitte quelque chose, une nouvelle fois, mais tout est différent.
Ici, dans cette ville qui est la sienne, il n’y a plus ces attentes, ces rires et ces courses sur les chemins caillouteux, plus ces craintes, ses paroles et ses actions rassurantes, tous ces petits bonheurs qui font battre plusieurs cœurs au même rythme. Plus son sourire devant elle, plus cette chaleur qui grandit à chaque mètre franchi.
Les jours tristes, prisonnière de son arène, Kasumi y repense, se demandant comment elle a pu croire que la reconnaissance gagnée valait ce qu’elle a dû sacrifier.
Elle a été libre, ce temps-là.
***
Son père continue de lui enseigner, afin de faire disparaître l’ennui qui s’est abattu sur lui dès son retour. Aujourd’hui, peut-être le fait-il en lui montrant concrètement les choses, en illustrant les lignes des livres par des combats et des objets matériels, mais ça n’est pas assez.
Masato sait à présent que les pages et les phrases ne sont pas tout, qu’elles ne sont pas complètes sans les découvertes personnelles qui viennent les accompagner. Comme pour rappeler qu’il est encore possible de bouger, Haruka envoie parfois des cartes, téléphone de temps en temps, lui décrit les Pokémons qu’elle a vus ou dont elle a entendu parler. Masato ne lui en veut pas de l’avoir congédié, mais il est jaloux, encore, de ne pas être présent.
Il a des amis à retrouver, des promesses à honorer et des régions à explorer. N’importe où, pour commencer ; Masato ne peut juste pas rester ici indéfiniment, pas après avoir connu ces voyages dans Hoenn et Kanto prématurément, avant même que son tour ne soit venu.
Qui aurait voulu voyager avec sa sœur, un pervers et un gamin bruyant ?
Masato a eu cette chance, c’est pour ça qu’il attend ses dix ans avec tellement d’impatience.
***
Haruka est seule à Johto, avec pour objectif de tout construire.
Accepter les autres sans se reposer sur eux, décider de son propre chemin, se faire confiance… tant de pas en avant pour se former et faire émerger sa propre force. Elle a craint les Pokémons pendant des années, et tout ce temps perdu doit être rattrapé si elle veut s’améliorer en tant que Coordinatrice. Il faut qu’elle apprenne à se connaître avant de pleinement partager son cœur avec ses partenaires.
Shû parcourt Johto, lui aussi. Ils se croisent souvent, discutent occasionnellement, de façon parfois moins cordiale que ce qu’ils auraient souhaité. Ils s’affrontent, pas vraiment par habitude, et en ressortent à chaque fois un peu plus gagnants.
Haruka s’amuse à regarder ses pas et à imaginer ceux qui sont passés par ces routes avant elle, si tout était similaire, si le petit quelque chose qu’elle a involontairement copié de Satoshi venait d’ici, si y venir en personne lui permettra de s’en affranchir définitivement. Ils se sont ressemblés, peut-être, à un moment, et Haruka n’est toujours pas sûre que sa façon de faire est bien la sienne, qu’elle ne l’imite pas.
En réponse à ses questions, elle avance, tout simplement.
***
- Dis, demande Hikari le soir. Tu es comme Gen, donc ? Tu avais pu savoir où était Riolu grâce à cette « Vague ».
Satoshi le regarde rapidement, comme s’il s’attendait à ce qu’il ait une meilleure explication, avant d’acquiescer lentement, presque avec réluctance.
- Gen pouvait faire des choses formidables ! Alors est-ce que tu ne devrais pas t’y consacrer, au lieu de-
- Non ! Quand c’est arrivé, c’était grâce à Riolu, et c’était seulement la deuxième fois.
- Mais c’est un don, et rare.
Satoshi grimace gentiment, comme si c’était exactement cela, mais que Hikari ne comprenait pas.
- Où est l’intérêt, si tout est basé sur quelque chose qu’on n’a pas soi-même acquis ? Ça ne m’apporterait rien.
Il le dit avec une telle évidence que Takeshi ne peut pas s’empêcher de le comparer à l’enfant venu l’affronter à son arène, il y a des années, à ce petit quelque chose qu’il possédait et qui lui donnait tant envie de se nourrir de sa présence en échange de la protection qu’il lui offrait.
Peut-être, se dit Takeshi, plus rassuré qu’attristé, que Satoshi a grandi, qu’il ne lui est plus si nécessaire, et qu’à ce titre, il sera bientôt temps de rentrer chez lui.
***
Nanakamado a vu passer dans son laboratoire des centaines de dresseurs, transmettant ses Pokémons, ses conseils et son expérience. Il a vu tant de visages impatients, irradiant sans aucune retenu leur envie de partir, qu’il sait reconnaître le besoin d’évasion à travers tout un ensemble de signe.
Une lecture de rapport qui s’arrête progressivement, un regard qui se glisse vers une fenêtre pour se perdre dans l’extérieur. Des Pokéballs négligemment laissées autour d’une ceinture, toujours à portée de main. Une joie qui éclate à la moindre nouveauté, pour aussitôt être refoulée derrière une expression de tranquillité. Des yeux qui fixent le vide lorsque d’autres chercheurs évoquent des découvertes ou des rencontres, dans un ailleurs.
Il y a des personnes qui, malgré toute leur volonté et leur soif d’apprendre, ne peuvent pas contenir leur désir d’agir. Nanakamao voit aussi qu’aucune parole ne viendra exprimer tout cela, et il sait que, dans ce cas, c’est aux aînés d’assumer ce que les jeunes ne se sentent pas prêts à dire.
- Je voudrais que tu apportes quelque chose au professeur Karashina.
Et si Shigeru arrive à Kannagi Town avec plusieurs semaines de retard, il ne l’en blâmera pas ; c’est même très bien comme ça.
***
- HA ! La fille qui traîne avec Satoshi !
- Plus depuis quelques jours, répond calmement Hikari à Jun.
Elle voudrait être en colère en constatant, qu’une nouvelle fois, il ne se souvient pas d’elle, qu’il ne la considère même pas, mais Jun et son attention limitée ne lui en laissent pas le temps. Ils lui ont déjà tourné le dos et sont en train de courir, quelques mètres plus loin.
- Je demande une compensation pour toutes ces fois où tu m’as oubliée.
Ses mots arrêtent Jun en plein mouvement. Il se tourne et lui lance un regard confus, son corps toujours tendu. Hikari sourit.
- Je ne te pardonnerai que si tu m’accompagnes jusqu’à Yosuga City. Ralentis. Marche avec moi.
Être seule est un nouveau défi, un vide à remplir par ses propres moyens. Cela pourrait être avec n’importe qui, mais c’est Jun qui est en face d’elle à ce moment, et elle commencera par là : lui rappeler, inlassablement qu’ils ont été amis, jusqu’à ce qu’ils le redeviennent. Ce n’était pas un de ses rêves, mais elle n’abandonnera pas, comme elle a appris à ne jamais rien lâcher.
Et elle y arrivera. On lui a bien crié que « tout irait bien », n’est-ce pas ?
***
Pikachu, s’il pouvait parler le langage des humains, serait bien en peine d’expliquer tout ce que « Pikapi » représente.
Il montrerait le soleil illuminant le ciel aux dernières heures du jour, des cailloux sur un sentier, le bond d’une créature sortant de l’eau, ou une branche qui se scinde en deux tout en restant une.
Il raconterait les mains qui viennent le sortir hors des cages et des capsules, les bras qui l’entourent doucement lorsqu’ils dorment, l’épaule si peu stable sur laquelle il aime se percher, le visage qui se frotte contre le sien, le sourire qui n’est là que pour lui et le réchauffe continuellement.
Il citerait ses doutes, cette Pierre Foudre conservée, au cas où, si Pikachu avait voulu, les choix qu’il lui laisse et le bonheur qui explose à chacune de ses décisions.
Il essaierait de décrire ce « Je veux être celui qui t’aime le plus » qu’ils se renvoient chaque jour.
« Pikapi » est sa liberté, et Pikachu veut le voir marcher sur une infinité de paysages, ceux qui le remplissent et le rendent un peu plus complet sans le changer.
Alors ils continuent, encore, ensemble, et ils ne seront jamais lassés : ils se sont découverts sur un « toujours ».
***
Le premier jour, son guide a été une boule d’or traversant l’horizon.
Satoshi l’a suivi comme un second soleil : il a tout obtenu, les bonheurs, les désespoirs, les colères, les rires et les larmes. Il en est ressorti anéanti et exultant, prêt à tout recommencer.
L’oiseau dans le ciel est revenu le chercher.
Il a appris à respirer sur les routes, à se laisser entraîner par les évènements et à laisser sa trace là où on l’on avait besoin de lui. Ce que le monde a à lui donner, Satoshi l’accueille sans obtenir de regret. Le voyage prend la forme de visage, proches et riants, de camarades et d’amis, de chaleurs qui naissent, l’entourent et se répandent dans l’air comme des boules de coton.
Au lieu de les attraper, il les laisse glisser ou tomber dans ses paumes ouvertes. C’est ce qui rend, durant ses voyages, les rencontres et les retrouvailles aussi précieuses : parce qu’il n’y a aucune contrainte et qu’elles sont libres d’arriver.
Satoshi est sans doute né une deuxième fois, et Pikachu a toujours été là, avec lui : toujours sur un chemin, toujours plus loin, se frayant un passage dans une myriade de possibilités, tendant vers-
***
l’Infini