Ma vie a moi - part 1

Mar 21, 2006 15:32

Rebel Yell - Billy Idol

Je ne vais pas vous raconter de salade du genre « Je suis né dans une famille tranquille d’enseignants dans une petite ville de province… ». Si effectivement c’est ce qui pourrait, vu de l’extérieur, être la réalité, la vérité est ailleurs et vous le savez tous.

Alors que s’apaisaient en France les explosions libératrices de la révolution de mai, des savants fous récupéraient l’essence de cette révolte pour créer un être expérimental qui porterait en lui l’esprit de cette lutte.

Deux mois de travail intense et neuf mois de gestation, en hommage aux évènements de Prague qui venaient de se dérouler, on me fit naître le jour du printemps : un symbole pas un hasard.

Le 21 mars 1969, je prononçais mon premier discours engagé sous la forme d’un hurlement que personne n’eu l’air de comprendre et qui ne fut relayé par aucun média.

Serais-je né incompris et bâillonné par les masses oppressantes du conformisme ?

No milk today - Hermans hermits

Pour bien comprendre la dureté de la vie de mes camarades opprimés dans le monde entier, j’ai commencé à travailler très tôt.

Nous avions monté avec ma sœur une petite entreprise de vente ambulante.

Notre magnifique camion, que quelques fâcheux appelaient « la table de la salle à manger », parcourrait la campagne. Moi au volant, ma sœur à l’arrière s’occupait de la partie commerciale (et oui déjà je déléguais cette partie du travail à d’autres).

L’affaire était florissante.

Hélas cela ne dura qu’un temps. Ma sœur m’abandonna seul. Je ne sais pourquoi mais elle décida un beau matin qu’elle ne voulait plus être crémière, épicière, chausseur, droguiste, mercière…

Elle se consacrait maintenant dans sa chambre, avec quelques camarades de son âge à l’exploration du corps humain. Pourtant, je la voyais mal finir infirmière…

On a garé le camion (dans la salle à manger, au milieu du tapis), dispersé les stocks (dans le grenier, dans le frigo et dans les placards de la cuisine - à la plus grande joie de ma mère qui pouvait enfin de nouveau avoir accès à sa farine, oeufs…).

Il me fallait trouver un nouveau but dans la vie, une nouvelle mission à accomplir.

Goldorak Haim - Saban / Shuki Levy / Noam (interprète)

Un beau matin, je me souviens c’était un mercredi, j’embarquais donc avec lapin jaune, mon fidèle lieutenant en second, découvrir l’univers à bord de mon vaisseau spatial (que des gens contrariants appelaient alors mon lit). Non sans avoir bien sûr fait des provisions pour ce long périple (ma mère devrait se passer de sa farine, ses œufs…) et m’être armé pour contrer les attaques de vaisseaux hostiles (mon père allait chercher longtemps sa perceuse).

Ce long périple m’amena à libérer un grand nombre de peuples opprimés et à sauver autant de vies menacées pas les vilains méchants.

Smell like teen spirit - Nirvana

Et voilà ce que c’est d’avoir des parents enseignants…

Il me fallut stopper net mon périple car soit disant il me fallait étudier sérieusement.

Alors adieu les voyages dans l’espace, je devenais un lycéen tout ce qu’il y a de plus banal (enfin à quelques gros détails près).

Mais la révolte contre ce monde injuste et conformiste bouillait en moi : il fallait que je m’exprime.

L’occasion m’en a été donnée par Marielle, une amie qui avait décidé de monter un journal du lycée.

Tout de suite je me portais volontaire. Elle et moi serions les rédacteurs en chef…

On a tout fait comme les grands : pendant les réunions de rédactions ça hurlait, ça exprimait violemment son mécontentement… Et ça se terminait par Marielle qui annonçait « On en prend l’entière responsabilité, surtout Olivier ». Phrase que les deux journaux locaux n’ont pas manqué de citer puisqu’ils avaient été invité par le proviseur à la réunion de bouclage du premier numéro. Après sa publication, nous étions nettement moins dans ses petits papiers.

Le journal eu un franc succès… auprès de nos amis qui très gentiment acceptaient de nous l’acheter quand on les suppliait, les autres…

Mais nous n’en avions cure ! Nous étions sûr qu’un jour on reconnaîtrait notre talent et que nous serions célèbres (Drouot a refusé d’organiser une vente des derniers numéros encore trouvable, nous pensons qu’ils ont eu peur des émeutes que cela aurait provoqué).

Hélas toutes les bonnes choses ont une fin.

En juin, à la surprise générale, je décrochais mon bac.

New York New York - Kander / Heb

Bon ok c’était pas new York mais Bordeaux.

Cependant l’esprit était là.

J’étais jeune, j’étais libre…

L’école d’architecture de Bordeaux m’ouvrait sa porte, elle me la claquera violemment au nez quatre en plus tard.

Malgré tout pendant ces quatre années glorieuses j’en ai appris des trucs !

Saviez-vous que l’espace ça se travaille comme une matière sauf que c’est vraiment plus magique ?
Saviez-vous que Léonard de Vinci était un sombre fumiste ?
Saviez-vous que Michelle larue-Charlus peut vous hypnotiser en vous parlant des épinoches ?
Saviez-vous que les mine graphites vont de 11 B à 9 H ?
Saviez-vous que on peut dessiner un pentagone avec une règle et un compas ?
Saviez-vous que dessiner ça s’apprend ?
Saviez-vous que cet apprentissage se perd beaucoup plus vite qu’un trousseau de clé ?
Saviez-vous que une descente de charge est vraiment un truc ennuyeux à mourir ?
Saviez-vous que un stylo Rotring se bouche que quand vous en avez besoin (le reste du temps il fuit) ?
Saviez-vous que la plus grande invention de la renaissance est la perspective ?
Saviez-vous que Cnossos et Mary sont l’exemple des premières villes état ?
Saviez-vous que ce n’est pas Saint-Exupéry qu a inventé l’histoire des trois tailleurs de pierre ?
Saviez-vous que je ne savais même pas qu’un jour, j’aimerais l’art conceptuel ?

Donc j’ai appris plein de choses…

La chevauchée des walkyries - Richard Wagner

Ça a aussi été le moment d’une rencontre capitale.

Il faut que je vous raconte ça !

Les récits homériques c’est du Daho à côté de ça !

La rencontre sanglante, le combat à mort, où les entrailles vous sortent de l’abdomen mais que vous ne le sentez même pas tellement cet affrontement est violent (vous me dites si j’en fait trop).

Je parle de la rencontre, inévitable en cette fin de vingtième siècle, entre l’homme et la machine.

Je me souviens comme si c’était hier de ce matin glacial du mois de novembre.

Ce jour où tels des gladiateurs, on nous avait convié dans l’arène.

La bête était là, tapie sur un bureau, elle faisait mine de dormir.

Mais je ne m’y trompais pas je savais qu’elle pouvait surgir et attaquer à tout moment.

Je me déplaçais furtivement pour rester sous le vent.

L’odeur d’un jeune étudiant en matière artistique ça se sent de loin.

La confrontation était inévitable.

Nous étions venu pour ça.

L’instinct de mes ancêtres chasseurs de mammouths me revenait peu à peu.

J’étais un indien prêt à bondir sur le dos d’un bison pour le dompter

Je sentais en moi monter ce chant de guerre, comme une prière à la lune qui brille.

Je me sentais devenir cheyenne, Oh Ah Oahiyé Oh Ah…

Oups !

Donc comme un félin, je me rapprochais de la machine.

Je la fixai du regard : mes yeux dans son écran noir.

Je lui ai dit « Ce sera toi ou moi. Je ne t’aimerai jamais, Je ne te laisserai pas me prendre »

Et là sans prévenir, j’ai bondi et appuyé sur la touche avec un petit triangle sur le clavier.

Les hostilités allaient commencer.

L’écran c’est allumé

Il m’a souri.

Il m’a montré sa pomme.

Il m’a dit bonjour.

Il m’a souhaité la bienvenue.

On s’est tout de suite aimé.

On a tout de suite voulu vivre ensemble.

Mais ses parents réclamaient une dot trop importante.

Il a fallu attendre un peu.

Mais on a fini par emménager ensemble.

Et nous eurent beaucoup d’enfants

Sans compter tous ceux que nous avons adoptés (que quelques esprits chagrins qualifient de vielles merdes qui vont finir à la poubelle, quand mal réveillés, ils s’explosent le gros orteil dedans).

Le temps de l’amour (le temps des copains et de l’aventure) - Jacques Dutronc

Mais vingt ans c’est aussi l’âge de la folie et… des grandes batailles idéalistes.

Avec mon camarade Antoine sur son bleu destrier Yamaha nous partions en guerre contre le pouvoir oppressant des enseignants qui osaient faire cours les jours où il faisait beau. Nos actions de grève sur les plages médoquines n’ont pas laissé de trace à par sur notre épiderme. Mais nous étions jeunes nous étions fou et qu’est-ce qu’on c’est bien marré.

On pensait également qu’on pourrait faire changer le système éducatif quelque peut arbitraire de l’école d’architecture.

Belle croisade.

Mais Antoine a rencontré la belle Siegrid et m’a laissé continuer cette épopée seul…

C’est un peu comme ça que l’école d’architecture est sortie de ma vie.

Et puis pour mes amours c’est un peu ma vie privée non mais !

moi

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