Titre : Q comme Quelconque
Auteur : Mokoshna
Fandom : DCU, basé très librement sur le Timmverse.
Crédits : Les personnages sont la propriété de DC Comics.
Ratings : PG
Avertissements : Slash, Superman/Bruce Wayne
Résumé : Bruce Wayne est le pire imbécile qui a jamais foulé cette terre, toutes races confondues.
Recueil de chapitres - Ba... Batman, répéta Clark, ne sachant plus que faire. Je... euh...
Batman lui jeta un regard indéchiffrable. Clark se sentit tout petit, tout petit... Comment faisait-il cela ? Batman n'était qu'un humain sans pouvoir tandis que Clark était Superman, il ne devrait pas l'intimider autant... Un seul coup de poing, que diable, un souffle, et Clark pouvait l'envoyer valser à l'autre bout de la Terre ! Il n'avait pas à se ratatiner devant lui !
- Je sais, fit Batman.
- Ah ? Tu nous as écoutés ?
- Oui.
- Ah. Euh... et tu sais donc que la Tour de Guet est...
- Oui.
- Et que Bruce Wayne et moi sommes les seuls...
- Oui.
- Est-ce qu'il y a quelque chose que tu ne sais pas ? s'écria Clark, exaspéré.
Batman ne répondit pas, ce qui ne servit pas à améliorer l'humeur de Clark.
- Comment fais-tu, enfin ? Tu n'étais même pas là !
- Je suis Batman, répondit simplement son coéquipier.
- Et alors ? Je suis Superman, et cela ne m'empêche pas d'avoir des sentiments !
- J'ai des sentiments, fit Batman d'une voix glaciale.
- Ah oui ? Où ça ? Dans une autre dimension ? Y'aurait-il un alter-ego dont tu ne m'aurais pas parlé ?
Clark s'attendait à être ignoré au mieux, frappé au pire (quoique cette dernière option ne comptait pas vraiment : ce n'est pas comme si Batman pouvait lui faire mal. Sauf s'il utilisait de la kryptonite, bien entendu, ce qui avec lui n'était pas impossible). Ce à quoi il ne s'attendait pas, par contre, était de voir les épaules de Batman trembler comme s'il était malade. Il fit un pas en avant, persuadé que d'une manière ou d'une autre, l'étrange phénomène qui avait touché la Tour de Guet avait affecté Batman... et fut cloué sur place par une chose si extraordinaire, si miraculeuse qu'il n'eut d'autre choix que de retenir son souffle de peur de voir le phénomène disparaître en fumée.
Batman éclata de rire.
Cela fut bref, à peine quelques secondes incroyables qui resteraient à jamais gravées dans la mémoire de Clark. Il bénit l'univers et ses parents d'avoir fait de lui un Kryptonien, lui permettant de mémoriser chaque inflexion de voix, chaque mouvement de Batman en cet instant.
- Quelquefois, répliqua Batman, je ne sais pas si tu as un instinct exceptionnel ou si tu es juste chanceux.
Clark lui jeta un regard confus.
- Qu'est-ce que ça veut dire ?
- À toi d'y réfléchir, « Supie ».
- Hé ! Tu n'as pas le droit de...
- Quelle est ta relation avec Bruce Wayne ?
Le moins qu'on puisse dire, c'est que Batman n'y allait pas par quatre chemins. Clark bafouilla, fit mine d'ignorer la question et le regard inquisiteur de Batman, puis, n'y pouvant plus, il soupira et répondit :
- Professionnelle. Je lui ai sauvé la vie, il est notre sponsor. C'est tout.
- Cela n'explique pas le fait que tu l'as laissé t'embrasser.
- Quoi ? Comment est-ce que...
- J'ai aidé à construire la Tour de Guet, tu te souviens ? Je mets un point d'honneur à savoir ce qui se passe dans chacune des structures qui m'appartiennent.
Par Rao, si c'était le cas, il devait sûrement avoir entendu la confession de Clark, celle qui le concernait ! Pourvu qu'il n'ait pas fait le rapprochement !
- Ce n'est pas ce que tu crois !
- Tes partenaires ne m'intéressent pas. Sois juste un peu plus prudent. Il ne faudrait pas qu'une indélicatesse de ton petit ami compromette notre mission.
Cette phrase fit l'effet d'une douche froide sur Clark. De quel droit... Comment Batman pouvait-il parler de la sorte ? Comme si Clark n'était qu'un amateur, comme s'il se laissait berner par le premier dilettante venu !
- Je n'ai pas ce genre de relation avec Bruce Wayne ! En quelle langue dois-je te le dire pour que tu comprennes ?
- Les apparences sont trompeuses, alors.
- Très ! Tu ne crois pas qu'il y a des choses plus urgentes que de m'accuser d'avoir une liaison avec lui ?
Batman eut un ricanement désagréable.
- Je vois. Je propose que nous retournions à la Tour de Guet.
- Je ne peux rien faire...
- Toi, non, mais je connais quelqu'un qui peut.
À peine Batman eut-il dit cela qu'une gerbe de lumière explosa dans son dos, prenant la forme d'un ânkh aux proportions gigantesques de laquelle sortit un homme habillé de bleu et d'or. Clark fut tellement surpris qu'il ne pensa pas d'abord à saluer le Docteur Fate, comme c'était l'usage ; au lieu de cela, il prit une pose agressive, persuadé que d'une manière ou d'une autre, le sorcier avait encore retourné sa veste. Ses méthodes étaient parfois si inhabituelles, ses notions de justice et de vertu si éloignées de celles de Clark ! Fate se posa devant lui et s'inclina en signe de respect.
- Bonjour, Superman, dit Fate. Batman.
Batman le salua d'un hochement de tête, sans plus. Clark se détendit : si Batman avait confiance en lui, il n'y avait pas de raison pour qu'il se méfie.
- Fate ? Je vous croyais en Lituanie avec votre épouse.
- J'ai reçu un appel urgent de Batman, répondit Fate de sa voix monocorde. Je ne voulais pas quitter ma retraite, mais il s'est montré persuasif comme toujours.
Clark fit la grimace.
- Je vois. Je suppose que vous êtes là pour la Tour de Guet ?
- C'est évident, grommela Batman. Assez discuté. Nous avons une mission. Fate, vous pensez pouvoir accéder à la conscience de nos amis ?
- Je peux essayer, mais cela est risqué, surtout si ce que vous m'avez raconté sur les Palatis est vrai. Ce sont des adversaires redoutables.
- Vous les connaissez ? demanda Clark.
- D'anciens manuscrits péruviens les citent. Ils étaient considérés comme des dieux à leur arrivée sur Terre.
- Il y a donc des archives à ce sujet ? fit Batman.
- Très peu, la plupart ont été détruits avec l'arrivée des occidentaux sur le continent. Ceux qui restent font état de dieux à la forme de céphalopode dont les pouvoirs dépasseraient l'entendement.
- En tout cas, ils dépassent le mien, dit Clark. Y'a-t-il un moyen d'entrer en contact et de les raisonner ?
- Ils semblent avoir une notion particulière de la raison.
- J'ai remarqué. Pourquoi discuter quand on peut commencer par atomiser les gens, et quand ça n'a pas marché, les transformer en statues vivantes ? C'est tellement, tellement plus gratifiant que de s'asseoir et de parler !
- Ne les jugez pas si hâtivement, Superman. Ils sont persuadés d'agir pour notre bien, tout comme nous nous efforçons d'aider les peuples en difficulté à travers le monde. Il ne faut pas oublier qu'ils étaient des dieux.
- Ça ne leur donne pas pour autant le droit de disposer de nos vies !
Ni Fate ni Batman n'ajoutèrent quoi que ce soit. Clark était furieux : encore une fois, des entités se croyant supérieures se permettaient de les traiter comme des enfants indisciplinés qu'ils devaient guider. Tout ça pour leur bien. Il ne comptait plus les tentatives de ce genre.
- D'ailleurs, je croyais qu'ils venaient de Chine ! Qu'est-ce qu'ils font au Pérou ?
- Ils se sont intéressés à nos anciennes civilisations à travers le monde, dit Fate. Même si les archives ont quelquefois été détruites ou altérées, leurs traces restent visibles pour ceux qui savent où chercher.
- Génial. Et comment ça se fait qu'on en ait plus entendu parler ? Des êtres aussi singuliers, ça laisse des traces !
Fate baissa la tête.
- Je l'ignore. Nous avons perdu leur trace peu après la chute de l'empire romain. Comme s'ils s'étaient retirés en secret.
- Cela n'explique pas ce qu'ils font sur Terre, intervint Batman. Et pourquoi ils s'intéressent à quelqu'un comme Bruce Wayne.
- Pourquoi ne pas le leur demander ?
Clark poussa un soupir. Lui, Superman, entrer en contact avec des télépathes ? C'était le fiasco assuré. Combien de fois avait-il été piégé par des êtres voulant se servir de lui et de sa force légendaire !
- Je ne suis pas certain de comprendre leur manière de penser, dit-il. Brucie n'a rien d'exceptionnel si ce n'est sa fortune, et pourtant ils veulent le tuer à cause d'une notion d'équilibre bizarre. D'accord, il manque peut-être un peu de maturité, mais il est loin d'être le seul et comparé à bien des personnes que j'ai connues, il est remarquablement équilibré dans son genre. C'est juste... un homme quelconque au milieu d'une foule d'autres. Ni plus, ni moins.
Les fentes qui correspondaient aux yeux de Batman se rétrécirent. Clark s'attendait à ce qu'il réfute son opinion, mais il ne fit rien de tel. Un grand silence tomba.
- Merci, finit par dire Batman.
Clark crut avoir mal entendu. Batman venait-il de le remercier ? Batman ? Et pour quoi, d'ailleurs ?
- Pardon ?
- Allons-y, dit Fate. Plus nous restons à discuter, plus il sera difficile d'établir un contact avec nos amis. Je vais nous téléporter là-bas.
Clark devait avoir mal entendu. Il n'y avait aucune raison pour que Batman le remercie. Sauf si, comme il se l'était déjà dit un nombre incalculable de fois depuis qu'il s'était réveillé, le monde était devenu fou.
- Je croyais que la Tour de Guet était sécurisée contre la magie ?
- Pas dans certains cas exceptionnels, dit Batman. J'ai établi une procédure pour que nous ne soyons pas bloqués à l'extérieur en cas d'invasion. C'est pour cela que j'ai besoin de toi. Il me faut la signature physique et spirituelle de trois de nos membres.
- Oh.
Ce qui se passa par la suite, Clark ne put le décrire avec exactitude. Il entra dans l'ânkh que Fate avait créé en guise de passage interdimensionel ; Batman sortit un petit appareil fait de bois et de métal mêlés qu'il tripota quelques secondes avant de demander à Fate et à Clark de poser leurs mains dessus ; Clark sentit une piqûre sur le bout des doigts, quelque chose de très doux et de douloureux à la fois. Il ferma les yeux.
Quand il les rouvrit, il se trouvait dans la Tour de Guet, dans la salle de contrôle pour être exact. Celle-ci bourdonnait d'activité : les agents qui contrôlaient les événements sur Terre, quelques héros qui consultaient des dossiers sur place, J'onn qui présidait tout cela de son œil sûr. Rien ne sortait de l'ordinaire ; c'était comme si Clark revenait après une mission de routine.
- Qu'est-ce que ça veut dire ? s'écria-t-il, abasourdi. Ils étaient tous comme des statues quand je les ai quittés !
Fate s'envola en direction de J'onn qu'il salua. Ils échangèrent quelques mots ; Clark ne pensa même pas à les écouter. Il tentait en vain de trouver une explication à ce qui s'était passé.
- Je jure qu'ils étaient immobiles la dernière fois que je les ai vus !
J'onn et Fate s'approchèrent.
- Superman, le salua J'onn. Fate vient de me raconter une étrange histoire.
- C'est sûrement la faute des Palatis ! Je ne sais pas pourquoi, mais ils vous ont délivrés de cette espèce de transe...
J'onn leva la main pour le faire taire.
- Les Palatis, dis-tu ? Il s'agit d'une très ancienne race extra-terrestre éteinte depuis des millénaires. Comment en as-tu entendu parler ?
Clark ouvrit des yeux ronds.
- C'est toi qui m'en a parlé, pas plus tard que ce matin !
Ce fut au tour de J'onn d'afficher sa surprise.
- Moi ? Je t'assure que je n'ai rien fait de tel. Je suis resté toute la matinée à cette place, à faire mon devoir.
- Mais... ma visite à Brucie, l'attaque des Palatis et des mercenaires de Luthor ?
- Nous les avons effectivement emprisonnés en attendant de connaître leur sort. As-tu parlé à Luthor ?
- Oui, mais... les Palatis...
Il y eut soudain un souffle de vent, l'apparition d'une tornade rouge. Flash les salua de son plus beau sourire, Green Lantern sur les talons.
- Oh, Supes, déjà de retour ? Alors il a dit quoi, le grand méchant Luthor ?
Clark le prit par les épaules et le souleva de terre.
- Flash, toi tu te souviens sûrement des Palatis ?
- Des quoi ? C'est une marque de lessive ?
- Ça ressemble au nom de ce drôle de minéral que Luthor veut extraire de cette comète, dit Green Lantern. Tu as trouvé une piste, Superman ?
Affolé, Clark lâcha brusquement Flash qui tomba sur le sol. Il regarda autour de lui ; quelque chose devait lui échapper ! Flash se frotta l'arrière-train, l'air confus, Green Lanten lui lança un regard suspicieux tandis que J'onn croisait les bras sans rien dire.
- Je dis la vérité ! s'écria-t-il. Ils étaient là !
- Tu vas bien ? demanda Green Lantern. Tu m'as l'air... paniqué.
- Qui ne le serait pas ? Fate, vous devez leur dire !
Fate s'approcha de lui ; il était d'un calme olympien.
- Je ne sais plus que penser. Vous semblez être le seul à vous souvenir de ces êtres.
- Il y a Batman...
- Qui n'était pas là quand ils sont arrivés.
Batman toussa.
- Brucie, alors ! Il a tout vu ! Je suis parti avec lui !
- Brucie ? renifla Flash. Tu ne parles quand même pas de Bruce Wayne ? Ce type ne serait pas capable de distinguer une arme à feu d'un jouet ! Si ce que tu dis est vrai, et crois-moi je le saurais si c'était le cas, je doute qu'il s'en souvienne. Il a la mémoire d'une passoire.
Clark allait répliquer quand Batman posa la main sur son bras.
- C'est peut-être une manœuvre de Luthor. Le mieux serait d'interroger Wayne et de recouper sa version des faits avec la tienne.
- Mais...
Batman se tourna vers Fate.
- Fate, pourriez-vous nous ramener ?
- Vous pouvez utiliser le téléporteur ou le Javelin, fit remarquer Green Lantern.
- Nous sommes arrivés d'une manière, dit Batman d'une voix catégorique, nous repartirons de la même.
Personne ne protesta : Batman avait ses lubies (souvent paranoïaques, certes) et rien ne pourrait l'en détourner. On les laissa donc réitérer les mêmes gestes que pour leur départ de Gotham ; encore une fois, une gerbe de lumière les engloutit et Clark ferma les yeux.
Il les rouvrit à peine une seconde plus tard, du moins c'est ce qu'il lui sembla. Ils se trouvaient de nouveau sur le toit du commissariat central de Gotham ; sauf que cette fois, il faisait presque nuit. Clark sentit son estomac grogner et se souvint qu'il n'avait rien mangé depuis la veille.
- Vous savez ce que vous avez à faire, dit Batman en direction de Fate.
Fate hocha la tête.
- Je vous tiendrai au courant.
Il disparut aussitôt.
Clark et Batman restèrent seuls.