Honesty 27

Aug 30, 2009 19:27


Hi everybody !

Ca fait longtemps (très longtemps) que je n'ai rien posté sur LJ, alors je me suis dit que ça serait peut-être pas mal...Donc, non je ne suis pas morte, et Honesty n'est (toujours) pas abandonnée. Je suis en train d'écrire le chap suivant, et hopefully il sera publié la semaine prochaine.
Je donnerai des nouvelles générales plus tard, il faut que je continue dans ma lancée, avant de perdre à nouveau le fil.

Je poste le début ici, à tout hasard (avec une mise en page un peu détruite, comme d'hab).
Bises
Mel

Chapitre 27

Les elfes de maison les encerclèrent aussitôt, comme à leur habitude, et furent ravis de leur soumettre un nombre impressionnant de mets mettant en scène le chocolat sous toutes ses formes. Harry profita avec soulagement de leur diversion. Il sentait ses joues le brûler, et espérait que ce n’était pas flagrant. Il se mordit la langue, gêné et confus, se demandant ce qu’il lui était passé par la tête. Il avait presque suggéré…

« Monsieur Harry Potter veut aussi des rafraîchissements ? » s’enquit un elfe avec enthousiasme, le détournant de ses pensées.

« Oui, je veux bien. Merci » répondit-il, acceptant un verre de jus d’orange tandis que Draco demandait un café frappé.

Ce n’était certainement pas le moment de faire de telles allusions, pensa-t-il, jetant un œil à la mine fatiguée du serpentard. Et il s’était juré de ne pas succomber à son attraction. Il ne pouvait pas se le permettre, et il ne voulait pas blesser Draco.

Comment cette attirance avait-elle pu prendre autant d’ampleur ? Depuis quand … ? La seule vue du blond mettait ses pensées en vrac. Son cœur semblait battre trop vite dans sa poitrine, et le souvenir éphémère de lèvres caressant les siennes, le laissant désireux et pantelant, lui envahissait l’esprit.

Il reporta son attention sur son comparse, prenant une gorgée de sa boisson, ignorant la douce chaleur insidieuse qui s’insinuait en lui. Le serpentard semblait être aux prises avec un énorme dilemme. Ses yeux s’attardaient sur une tarte au chocolat, puis se dirigeaient vers une coupe de mousse, toujours au chocolat, avant de revenir se fixer sur la première.

Un sourire étira les lèvres du gryffondor.

« Pourquoi tu ne prendrais pas les deux ? » suggéra-t-il, amusé.

Draco le regarda d’un air presque révolté.

« Et gâcher le fondant de l’un par l’onctuosité de l’autre ? Ça va pas ?! » s’exclama-t-il, visiblement très sérieux.

« Euh… » Harry referma la bouche, interloqué.

Le serpentard soupira de façon presque douloureuse, puis consentit gracieusement à lui expliquer.

« La texture de la tarte fond presque sur la langue, le goût du cacao y est plus prononcé. Plus amer. On a aussi la satisfaction de mordre dedans et… » Il reporta son attention sur le dessert en question, puis continua avec un sourire. « La pâte elle-même est au cacao… » Il poussa presque un soupir d’envie. « La mousse, elle, est plus sucrée, légère. C’est une douceur. Je ne mélange jamais les deux impressions. On ne distingue plus les saveurs après, et on en oublie les sensations. » conclut-il.

Le gryffondor le fixa longuement, bouche bée. Puis il éclata de rire. Draco rougit légèrement, marmonnant quelque chose qui ressemblait de près à « gryffondor inculte », mais Harry riait trop pour s’en soucier.

Le serpentard en profita pour choisir la tarte, décidant que cela accompagnerait mieux le café.

« Tu es complètement fanatique » déclara finalement le brun, remis de ses émotions.

Draco leva un sourcil ironique.

« On parle de chocolat Potter » renifla-t-il, sortant de la cuisine.

Le dit Potter leva les yeux au ciel avant de faire léviter leur plateau de victuailles, remerciant les elfes. Il fit un pas vers la porte, puis se ravisa, et, vérifiant que le blond avait le dos tourné, se saisit de la coupe de mousse au chocolat avec un sourire espiègle.

« Draco ? Tu nous emmènes où exactement ? » demanda le brun, lorsqu’il s’aperçut qu’au lieu de se diriger vers le parc, le serpentard s’enfonçait dans les donjons.

Le blond s’arrêta, et un petit sourire moqueur orna le coin de sa bouche.

« Tu ne sais pas ? » Il poursuivit sans laisser le temps à Harry de répondre, reprenant sa marche. « Tu veux dire que même avec une cape d’invisibilité et une carte d’Hogwarts, le gryffondor ayant à son actif le record d’explorations nocturnes du château et de transgressions du règlement ne sait même pas qu’Hogwarts… » Il disparut dans un renfoncement et Harry, amusé, le rattrapa juste à temps pour le voir ouvrir une petite porte dissimulée dans l’obscurité. « …a son propre verger ? » finit Draco, s’adossant au chambranle de la porte.

Le gryffondor embrassa la vue qui s’offrait à lui, bouche bée. Il sortit la carte des maraudeurs de sa poche sans baisser les yeux, la leva vers son visage, l’observa longuement, cilla, puis rangea le parchemin.

« Harry ? » Le serpentard agita une main blanche devant son champ de vision, attirant son attention.

« Ce n’est pas sur la carte » articula-t-il lentement, éberlué.

Le blond leva les yeux au ciel, puis se saisit de son poignet et l’entraîna dans le verger.

« Mais Draco ! Tu ne te rends pas compte, ça n’est jamais arrivé ! » s’expliqua Harry, jetant des coups d’œil curieux autour de lui.

« Je suis tombé dessus par hasard, et de toutes les fois où je suis venu, je n’ai jamais croisé personne en dehors des elfes » l’informa le serpentard. « Les créateurs de la carte ne devaient pas avoir trouvé le passage. » Il haussa les épaules.

Harry acquiesça distraitement.

Le verger semblait s’étendre à l’arrière du château ; il était bordé de murs recouverts de lierre. Le gryffondor ne reconnaissait pas tous les arbres. Le soleil luisait sur l’herbe verte, et il entendait un vague clapotis. Ce dernier s’expliqua quelques secondes plus tard, lorsqu’ils dépassèrent une petite fontaine à eau. Le liquide tombait dans une mince rigole de pierre, longue d’environ trois mètres, qui menait à un bassin gravé, de taille modeste.

« L’eau est répartie de façon automatique » lui apprit Draco. « Le bassin est magique. Il repère les besoins des arbres et les alimente. »

Harry lui sourit avec reconnaissance. Il avait hésité à poser la question, gêné par son manque de connaissances générales du monde magique. Le serpentard avait anticipé.

Le blond les guida à l’ombre d’un pommier, et s’assit par terre. Le mouvement força le gryffondor à s’avancer et se courber légèrement, et il remarqua, surpris, la main du serpentard toujours sur son poignet. Ses yeux croisèrent ceux de Draco, qui, de même, n’avait pas fait attention à cette étreinte jusqu’alors. Il sentit le pouce du blond glisser sur la peau fine à l’intérieur de son poignet. La gorge sèche, il se demanda brièvement si le mouvement était volontaire. Puis le serpentard tira légèrement sur sa main, l’enjoignant à s’asseoir. Harry s’exécuta, confus, et fit se poser devant eux le plateau de nourriture.

Il s’empara de sa coupe de glace menthe-chocolat et s’empressa de déplacer la mousse au chocolat, placée sous un sortilège de désillusion, afin que Draco ne la découvre pas accidentellement.

Un léger silence s’installa. Harry tenta de l’ignorer, concentrant son attention sur sa glace, mais il ne pouvait s’empêcher d’observer le blond de temps à autre, soucieux. Draco buvait tranquillement son café, au premier abord. Son regard se perdait cependant dans le vide, si l’on se fiait à son absence de cillements ou de tout autre agitation.

« On ne pourra pas s’entraîner, finalement. Ce soir, je veux dire. » énonça nerveusement le gryffondor. « J’imagine que la… cérémonie, sera assez fatigante. »

« Hmm » Draco ne changea pas de position. « Ce n’est pas comme si cela avait grande importance. Ils ne prévoient certainement plus de nous laisser partenaires, comme tu l’as déjà fait remarquer. » Son ton soudain narquois confondit Harry, qui se mordit la langue en réprimant une riposte.

Quelques minutes passèrent avant qu’il n’élève la voix à nouveau.

« Les cercles de parole. Hum, tu peux m’en dire plus ? J’ai trouvé ça très étonnant comme sensation, lorsque tu m’as appelé. » Une teinte d’espoir était clairement perceptible dans sa voix. « Draco… » Il retira doucement le verre des mains crispés du serpentard, et attendit patiemment.

Le préfet l’observa faire, puis ferma les yeux en soupirant lourdement. Lorsqu’il se tourna finalement vers Harry, il parut être revenu à lui. « Désolé. » marmonna-t-il.

Le gryffondor haussa les épaules, à court de mots.

« Les cercles de parole… Oui, j’imagine que c’est surprenant pour toi. » répondit enfin le blond. « Tu n’as pas été élevé comme nous alors - je veux dire, pas comme un sorcier » clarifia-t-il, réalisant que ses paroles pourraient être mal prises. Harry acquiesça, habitué. « Nous sommes accoutumés à être appelés de cette manière. Par exemple, les elfes de maison ont un moyen de contacter leurs maîtres sans être présents. On peut les entendre parler tout d’un coup, même si généralement, c’est plutôt le maître qui appelle le premier. Et puis, mes parents utilisaient souvent un sort pour déplacer leur voix à mes oreilles lorsque j’étais enfant. » Draco remarqua le regard curieux de son vis-à-vis, et précisa. « J’avais tendance à disparaître dans les jardins ou à l’autre bout du manoir. Ça m’amusait énormément de les entendre me chercher pendant des heures. Ça rendait les elfes malades. » Il sourit en racontant ce détail, s’attirant un rire du gryffondor.

« Bizarrement, ça ne m’étonne pas du tout » se moqua Harry. Son sourire retomba lorsqu’il pensa que les Dursley préféraient au contraire lorsqu’il était hors de leur vue, et s‘étaient toujours arrangés pour faire fi de son existence. Ils auraient adoré qu’il disparaisse, de préférence définitivement.

Draco sembla remarquer ce changement d’humeur, et poursuivit, les sourcils un peu froncés. « La différence avec les cercles de parole, c’est que les gens aux alentours ne peuvent pas entendre lorsque je t’appelle. Je ne connais aucun autre artefact, ou sortilège, qui permette la même chose. D’où la rareté des cercles. De plus, normalement, les cercles nous permettent de communiquer quelque soit l’endroit où nous nous trouvons. Chez les sortilèges et les autres artefacts, la portée est limitée. »

Harry assimila les informations avec intérêt, puis questionna :

« Ce que je ne comprends pas, c’est comment les cercles ont été fabriqués. Pourquoi on ne peut pas les reproduire ? »

Draco prit quelques secondes avant de répondre.

« Je t’ai dit que les cercles étaient un héritage de famille. En vérité, on ne peut pas réellement parler d’héritage. Nous ne les recevons pas des générations précédentes. » Il récupéra son verre de café et en prit une gorgée. « Chaque Malfoy se voit attribuer un objet, un cadeau, à sa naissance, en fonction de ses attributs propres. Tu te doutes bien qu’il est beaucoup trop tôt pour pouvoir détecter des particularités magiques chez l’enfant… Il existe apparemment un enchantement, connu seul du maître de famille, que l’on applique sur un échantillon de sang du bébé. On en obtient un bien, comme les cercles de parole. Ça peut aussi être un nouveau sortilège. C’est comme ça qu’est né celui du multi-transplanage d‘ailleurs. » Ne voyant rien d’autre à ajouter, il s’empara de sa part de tarte jusqu’alors intouchée, et l’entama avec plaisir.

Le gryffondor, de son côté, passa avec fascination ses doigts sur sa clavicule, traçant les reliefs de la plume qui l’ornait. Etrangement, le fait que les cercles soient principalement constitués du sang de Draco ne le rebutait pas. Le serpentard reprit alors la parole, le tirant de ses pensées.

« Tu sais… Je pense que les cercles ont été créés pour servir le lien. » Il élabora ensuite : « Nous sommes quasiment sûrs que je suis à l’origine de cette magie… Je dois l’avoir depuis toujours. D’où l’apparition des cercles. »

« Tu veux dire que depuis le début, les cercles devaient nous revenir, à toi et moi ? » demanda Harry, captivé.

« Ou à quelqu’un d’autre avec qui j’aurais partagé le lien » précisa Draco.

Le gryffondor fronça les sourcils à ce rappel, contrarié. Le blond ne le remarqua pas, plongé dans la dégustation de sa tarte au chocolat. A ce spectacle, Harry sentit un sourire étirer ses lèvres bien malgré lui.

« Tu viens souvent ici ? » interrogea-t-il au bout de quelques temps, reprenant sa glace à peine entamée, heureusement préservée par un charme de conservation.

« Quand j’ai envie d’être seul. Je sais que personne ne viendra m’y déranger. » lui dit le serpentard. Le brun acquiesça pensivement, contemplant les alentours.

« C’est un endroit agréable » concéda-t-il. « Et paisible. Ça change du reste du château. » Décalant le plateau, il étendit ses jambes devant lui, et prit appui sur ses coudes, placés derrière lui.

Draco leva un sourcil.

« Tu prends tes aises ? » remarqua-t-il, un brin amusé.

« J’aime bien cet endroit. » répliqua Harry. « Dorénavant, tu ne pourras plus te débarrasser de moi quand tu viendras ici. » le nargua-t-il, sa main tâtonnant discrètement le sol derrière lui.

« Ô désespoir ! Mon havre de paix n’est désormais plus ! » s’écria le serpentard, une main dramatiquement posée sur son front, les yeux fermés.

Le gryffondor leva les yeux au ciel, puis eut un sourire espiègle. « Draco ? »

Quittant sa pose, le blond tourna la tête vers lui.

« Oui-hmmph ! » Le serpentard écarquilla les yeux de surprise, et retira de sa bouche la cuillère, auparavant pleine de mousse au chocolat, qu’Harry venait d’y forcer. Il avala lentement. Son regard passa ensuite du restant de sa tarte au chocolat à la coupe de mousse que le brun tenait dans sa main. Il lança un regard mauvais à l’auteur du méfait, qui s’esclaffait sans plus se soucier de lui.

« Ha haha ha ! Tu aurais vu ta tête ! Ha haha ! » Harry mit quelques temps avant de réaliser que Draco s’était redressé et était maintenant en position d’attaque. Cela coupa court à son hilarité. Il déglutit nerveusement. « Hum, Draco, c’est pas si grave que ça ?… Si ? » demanda-t-il en reculant peu à peu en s’appuyant sur ses mains et ses pieds, s’éloignant du pommier.

« Tu vas payer Potter » le contredit le serpentard, avant de bondir. Il rata sa cible, qui s’était vivement levée et écartée. Le blond s’étala dans l’herbe, puis redressa la tête et fixa Harry d’un regard noir brillant de malice.

« Non, vraiment, je m’excuse Draco. Je m’excuse ! » s’exclama Harry, reculant à nouveau en voyant le serpentard se lever à son tour.

« Trop tard » dit simplement celui-ci, avant de s’élancer. Le gryffondor partit en courant, ses mains agrippant toujours la coupe incriminée.

Draco le poursuivit, bien décidé à se venger.

« J’ai dit que je m’excusais ! » cria Harry , essoufflé, en sautant par-dessus la rigole au milieu du verger. Il s’abrita derrière la fontaine, le serpentard se retrouvant de l’autre côté.

« Ce n’est pas assez pour une telle infamie ! » s’écria le blond, cherchant à l’atteindre. Le gryffondor se figea, éberlué, puis éclata de rire. « Infamie ?! Faut te faire soigner Draco ! » Ce dernier émit une exclamation outrée et reprit sa chasse. Harry détala en riant, slalomant entre les arbres.

« Je vais te la faire bouffer ta foutue mousse ! » cria Draco, un sourire déformant ses lèvres. Le rire du brun redoubla, l’essoufflant. Le serpentard le rattrapa et plongea, plaquant le gryffondor au sol. Celui-ci s’étala de tout son long sur le ventre, le souffle coupé, ses bras tendus devant lui ne lâchant pas la coupe. Le blond se redressa aussitôt et tenta de s’en emparer. Harry se débattit en riant, se retournant à un moment, son trophée tenu à bout de bras derrière lui.

« Je recommencerai plus ! Promis ! » tenta-t-il entre deux rires.

Draco répondit par son propre rire et un redoublement d’efforts. Ses mains se refermèrent finalement sur celles du gryffondor, enserrant la coupe.

« Gagné » souffla-t-il victorieusement, baissant la tête pour toiser le brun. Il interrompit soudain tout mouvement. Il tint compte de la jambe d’Harry serrée entre les siennes, et du peu de centimètres qui séparaient leurs corps. La chaleur que dégageait le brun s’insinuait sous sa peau.

Harry respirait difficilement, l’objet de leur bataille tout à coup oublié. Il passa sa langue sur ses lèvres sèches, ayant follement envie de combler la distance. Il ferma les yeux avec force quelques secondes, avant de s’éclaircir la gorge nerveusement. « Ok. Tu gagnes » articula-t-il enfin, espérant que le serpentard s’écarte.

« Je gagne quoi ? » Le souffle de Draco atterrit sur ses lèvres ; sa voix basse le caressant lentement ; il eut soudain la pensée que ses frémissements devaient être clairement perceptibles. Il fallait absolument qu’il s’éloigne…

« La - la coupe ? » balbutia-t-il, ne reconnaissant presque pas sa voix rauque. Il détourna le regard et s’agita quelque peu, tentant de se redresser sans s’approcher plus du serpentard.

Draco fit un énorme effort sur lui-même et se mit finalement en position assise, reportant son attention sur la coupe désormais entre ses mains. Harry s’écarta avec soulagement, et une pointe de déception qu’il s’efforça de réprimer. Le processus fut facilité par la mousse au chocolat que le blond renversa et badigeonna sur son visage d’un air sadique, ignorant ses cris de protestation.

« Je t’avais dit que je te la ferais manger. » ricana le serpentard.

Le brun renifla fortement, dégouté. Il lécha le coin de ses lèvres distraitement, puis annonça en feignant l’ignorance : « Je ne vois pas pourquoi tu te plains. Elle est super bonne. »

Le blond se passa de réponse, et l’inonda à la place d’une quantité d’eau qu’il fit venir de la fontaine. La bataille reprit de plus belle.

Ils finirent tous deux barbouillés de chocolat et trempés de la tête aux pieds, ce qui ne les gêna pas tellement, étant donné la chaleur estivale. Draco revint s’effondrer au pied du pommier, suivi de près par Harry.

« Hé ! C’est ma glace ! » se récria le gryffondor, avisant le blond en train de dévorer le met. Le serpentard lui lança un regard implorant. « Honnêtement Draco, ce n’est pas ta meilleure expression. On n’y croit pas du tout. » renifla Harry, un peu décontenancé malgré ses dires.

« Je propose un échange alors » suggéra le blond, lui tendant le restant de tarte. Le brun accepta de mauvaise grâce, mais ne le regretta pas une fois qu’il eut goûté. « Tu sais Harry… Je pense sincèrement que tu manques de connaissances culinaires » fit remarquer Draco.

« J’essaye tout ce qu’on sert à Hogwarts » fit remarquer le gryffondor. Et ce n’était pas peu dire, étant donné l’apparence parfois étrange des plats magiquement modifiés.

« Oui, mais ils ne varient pas tellement. Il faut vraiment que je te fasse goûter d’autres plats. On ne t’a pas appris à apprécier la nourriture quand tu étais enfant ? » demanda-t-il curieusement. « Je sais que mes parents m’ont obligé à manger des choses qui me paraissaient vraiment repoussantes… » se rappela-t-il avec nostalgie. « Mais je finissais toujours par aimer. »

Le brun sourit tristement. Il avait plutôt de la chance d’avoir quelque chose à se mettre sous la dent à l’époque.

« Non… Je n’ai pas appris ça. » répondit-il simplement.

Draco lui lança un regard curieux. Le gryffondor semblait se sentir vaguement mal lorsqu’il évoquait son enfance.

Harry prit une bouchée de tarte pensivement. C’était étonnant de voir à quel point l’évocation de la famille de Draco le rendait mélancolique. Il avait toujours imaginé les Malfoy distants, froids, fidèles à l’image qu’ils renvoyaient au monde extérieur. Les souvenirs du serpentard le remplissaient d’envie. Hermione et Ron ne parlaient pas de leurs parents de cette manière. Bien sûr, il connaissait très bien les Weasley, et se savait considéré comme un membre de leur famille à part entière ; ce dont il leur serait éternellement reconnaissant. Mais Ron et Hermione ne discutaient que très rarement de leur enfance. Ron évoquait généralement les tours de ses frères, pas ses parents. Draco, au contraire, semblait chérir cette partie de son passé. Ça lui faisait prendre conscience d’un certain vide dans sa poitrine, chose qu’il préférait d’habitude oublier. Une main sur la sienne le sortit délicatement de ses pensées. Il leva un regard interrogateur sur le propriétaire de celle-ci.

« Tu ne te réfères jamais à ton enfance, Harry » murmura Draco. « Pourquoi ? »

« Il n’y a pas grand-chose à en dire… » Le brun haussa les épaules.

Le serpentard attendit quelques instants, mais son compagnon n’ajouta rien ; il reprit donc : « Je sais juste que tu as été élevé dans ta famille moldue. »

« Mon oncle et ma tante, la sœur de ma mère » acquiesça Harry. « Et Dudley, mon cousin. »

« Ils sont comment ? » demanda le blond avec intérêt.

Le gryffondor renifla avec dérision.

« Pas très aimables. » répondit-il avec amertume. Draco haussa un sourcil.

« C’est-à-dire ? » persista-t-il.

« Mon cousin est pourri-gâté, et capricieux. Colérique. On ne s‘entend pas vraiment, même si ça va un peu mieux depuis l’année dernière. Mon oncle dirige une usine de perceuses. » Il remarqua la confusion de Draco et développa. « Ce sont des machines qui servent à percer les murs, le sol, et autres. Vernon, mon oncle, est assez, euh, brusque on va dire. Ma tante, Pétunia, est blonde, trop mince ; en même temps, les deux autres mangent tout ce qu’il y a. » Il leva les yeux au ciel. « C’est une énorme commère, et elle adore espionner les voisins. Elle est assez douée pour la cuisine je suppose. » Il marqua une pause. « Physiquement, je ne leur ressemble pas du tout.» ajouta-t-il avant de faire face au serpentard.

Ce dernier, assis en tailleur, appuya son coude droit sur son genou, reposant son menton sur sa paume d’un air pensif. Son autre main demeurait toujours sur celle d’Harry.

« Tu ne les aimes pas beaucoup » constata-t-il.

« Non, mais c’est réciproque. » répliqua le gryffondor.

« Pourquoi ? » poursuivit Draco.

« Pourquoi ? » répéta le brun, surpris. Il ne s’était pas attendu à ce que le serpentard pousse la conversation plus loin. « Je… Je suppose que c’est parce qu’ils n’aiment pas la magie. » répondit-il prudemment.

Les sourcils de Draco grimpèrent presque sur son front. Il ouvrit la bouche, interloqué, puis se ravisa et réitéra : « Pourquoi ? »

« J’en sais rien. » se renfrogna Harry. « Parce que ce n’est pas normal. »

« Normal ? Je ne comprends pas. Il n’y a rien de plus normal. » déclara le serpentard, sa voix reflétant clairement l’incapacité qu’il avait à saisir ce point de vue.

« C’est parce que tu as été élevé en baignant dans la magie » sourit le gryffondor. « Les moldus ne savent même pas que ça existe, comment tu veux que ça leur paraisse normal ? »

« Il suffit de l’accepter comme faisant partie intégrante de notre monde. J’ai bien accepté leur électricité moi. » fit-il remarquer. « Si ta famille est comme ça, elle a du avoir du mal à te dire que tu étais un sorcier » rit-il avec amusement.

« Ils ne me l’ont jamais dit. J’ai appris que j’étais un sorcier en recevant la lettre d’Hogwarts. » lui apprit Harry.

Draco s’étouffa à moitié, choqué, et se redressa vivement.

« Mais tu - Comment tu - Tu as bien dû faire de la magie accidentelle ! Ils te l’ont expliqué comment ?! » s’écria-t-il.

« Ils ne m’ont rien expliqué du tout. » dit sombrement le brun. « Je me suis bien fait engueuler par contre » marmonna-t-il.

La main de Draco se resserra sur la sienne, et il les fixa avec fascination.

« Si tu ne savais pas que tu étais un sorcier, pourquoi tu ne les aimais pas ? Tu n’avais pas de raison de leur en vouloir pour leur … manque d’affinité avec la magie. » reprit le blond.

« Pourquoi tu veux savoir tout ça ? » grinça Harry, acculé.

« … Je cherche juste à comprendre. » répondit le sang-pur avec incertitude. « Je ne savais pas du tout que tu avais grandi comme ça. Je pensais qu’étant donné ce qu’il t’était arrivé, ta famille t’aurait, je ne sais pas, choyé. Il y avait plein de familles sorcières prêtes à t’adopter il parait. » s’expliqua-t-il.

« Vraiment ? » demanda le gryffondor, étonné. « Je ne savais pas… » Il soupira. « Je suis désolé, mais je n’aime pas vraiment parler de ma famille. Il n’ont jamais voulu m’adopter, j’étais plus un fardeau qu’autre chose. Vernon déteste tout ce qui n’est pas normal, et Pétunia déteste la magie. C’est exactement ce que je représentais. Ils ne m’ont jamais aimé… Je ne savais pas pourquoi, j’y étais juste habitué. » annonça-t-il finalement.

Draco prit quelque temps pour assimiler ces informations, abasourdi. Il s’était douté de quelque chose, mais pas de ça.

« Quand je pense que je disais être en manque de chocolat... Je crois que tu en as plus besoin que moi. » déclara-t-il finalement, morose.

Harry le dévisagea, ébahi, puis esquissa un sourire.

« Ça veut dire que je peux récupérer ma glace ? » quémanda-t-il.

« Vas-y » lui accorda le blond, en lui tendant. « Euh, ça veut bien dire aussi que je récupère la tarte non ? »

« Tu rêves ! » le nargua le gryffondor, ayant sécurisé les deux desserts. « J’en ai bien plus besoin que toi, comme tu l’as fait remarqué. Je suis un pauvre orphelin mal aimé après tout. » ironisa-t-il. Le serpentard consentit à lui laisser les mets, piquant de temps à autre une cuillère de glace.

Harry avait depuis longtemps pansé ces blessures, même s’il se répugnait à parler des Dursley. Malgré tout, la conversation l’avait comme libéré d’un poids. Il n’avait auparavant jamais eu à s’expliquer à ce sujet. Les Weasley avaient découvert la vérité en direct, Hermione l’avait appris par leur biais. Les réactions incongrues des Dursley étaient souvent mises sur le dos de leur statut de moldus par les sorciers ; et l’on évitait généralement de lui parler d’eux.

Il avait soudain l’impression de mettre un point final au deuil de cette absence. Il n’avait pas besoin de se faire plaindre, ni d’entendre de récriminations à l’égard des Dursley. Mais Draco n’avait rien fait de tout cela.

Il jeta un bref coup d’œil au serpentard, dont le regard se perdait vers la fontaine, puis reporta son attention sur leurs mains. Il retourna la sienne lentement, de façon à ce que leurs paumes se joignent, et entremêla leurs doigts. Lorsqu’il releva la tête, il trouva le blond en train de le fixer, interrogateur.

« Merci, Draco » dit-il, serein.

Le serpentard le scruta quelques secondes, puis acquiesça calmement. Harry repartit à la conquête de sa coupe de glace et en vint finalement à bout, après s’être maintes fois demandé si le récipient n’avait pas été magiquement modifié. Draco l’observa faire, un sourire aux lèvres.

« Il faudra que je t’emmène en France. Et en Italie. En Russie. Partout. Il y a trop de choses qu’il faut que tu découvres. » déclara le serpentard. « Je ne sais pas si tu es déjà allé à l’étranger … ? »

Harry nia de la tête, surpris.

« Prépare tes valises pour quand on sort d’Hogwarts alors » dit Draco d’un ton définitif.

Le gryffondor pencha la tête sur le côté avec un sourire.

« J’adorerais ça » approuva-t-il.

« Alors on ira » conclut le serpentard, les yeux paisibles. Son regard se reporta quelques instants plus tard sur le soleil, et quand il fit face au brun son expression s’assombrit un peu. « On devrait y aller. Il est bientôt 18 heures. » annonça-t-il.

« Déjà ? » Le brun lança un tempus qui lui confirma qu’il ne leur restait qu’un quart d’heure avant de devoir rejoindre le bureau du directeur.

Ils désengagèrent leurs mains et récupérèrent le plateau et les coupes, puis regagnèrent les cuisines, laissant les plats aux elfes. Enfin, ils empruntèrent les couloirs du château jusqu’au sanctuaire de Dumbledore, silencieux.

honesty, fics

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