Inspirée par un voyage scolaire, j'ai bouclé un chapitre très important pour "Nom d'un petit balais !", celui de Noël. Très court malheureusement, mais que j'espère assez conforme à l'idée que je m'en faisais et à l'espoir des lecteurs. Si le projet décrit au post précédent est "validé", il est probable que cette fiction s'arrête dans environ trois ou quatre chapitres, puisque le reste mêlera étroitement Charlie et Kirley aux autres personnages.
Voici donc le Sixième Chapitre, "But !"
25 Décembre 1988, Bristol...
En ce beau matin de Noël, elle était allongée sur le sofa miteux du salon, les pieds croisés sur l'accoudoir et une bièreaubeurre à la main. Sa mère dormait, comme toujours et ne devait même pas savoir quel jour de l'année on était, ni même que sa fille était rentrée de Poudlard. Le seul cadeau qu'elle avait reçu était en fait ce lui de Meaghan : une anthologie de l'équipe de Portree, le genre de bouquins qu'elle avait certainement eu gratuitement.
Mais Kirley n'était pas spécialement triste, des comptines de Noël parvenaient à ses oreilles depuis le lecteur CD de sa chambre et elle comptait bien traînasser sur son canapé avec sa bièreaubeurre et une réserve impressionnante de Fizwizbiz à portée de main. Par intermittences, les bonbons agissaient et la surélevaient de quelques centimètres, et elle s'amusait suffisamment à essayer de combiner les effets de Gnomes au Poivre et des Bulles Baveuses suspendue juste au dessus du sofa.
Mais la source de sa bonne humeur ne situait pas uniquement dans ce petit jeu toutefois très prenant. Non, elle venait en revanche et même si elle ne l'aurait avoué pour rien au monde et encore moins à Enola, d'une lettre reçue aux aurores.
25 Décembre 1988, Le Terrier...
Tout était parfait, la lettre était partie dans la nuit et Errol revenu juste à temps pour que personne ne s'aperçoive de son absence, un vrai prodige pour le pauvre animal.
Depuis qu'il était au courant -comment ne pas l'être alors qu'ils partageaient un chambre-, Bill avait arrêté de se moquer de lui, mais le contemplait en revanche avec un intérêt presque scientifique non moins agaçant que les moqueries.
Mais après tout ce n'était pas si grave. Rien ne lui paraissait grave pour l'heure, à vrai dire, pas même l'horrible pull-over traditionnel jaune moutarde, couleur criarde et laide s'il en était, que lui avait offert sa mère et qu'il se sentait obligé de porter. Ni même les blagues plus que douteuses des jumeaux, qui depuis leur réveil s'amusaient à propulser sur lui leurs cognards d'intérieur « garantis sans casse dans le manoir ».
Tout allait très bien, car il ne passerait pas le premier jour de l'année avec la famille mais à Bristol. Après tout, il ne restait plus qu'à l'annoncer à sa mère, il survivrait.
31 Décembre 1988, Bristol...
Elle se tenait debout dans sa chambre, seule pièce chauffée de l'appartement, et l'obscurité de la nuit l'empêchait de voir où elle mettait les pieds. Bien qu'elle connaisse parfaitement la pièce, le fouillis constamment renouvelé apportait toujours son lot de surprises lorsqu'il s'agissait de se repérer dans l'espace. Elle fit quelques pas prudents, bras tendus autour d'elle, et finit par sentir le matelas mis de travers au milieu de la chambre, du bout du pied. Un pas de plus et elle heurta en même temps l'un des pieds de Charlie. Elle se sourit à elle même en entendant son grognement de surprise.
Kirley se laissa tomber à califourchon sur lui, ce qui lui tira un nouveau grognement particulièrement peu sexy. Elle se pencha et laissant ses mains sur son torse, l'embrassa. Elle laissa sa main remonter jusqu'à ses épaules, passer sur sa nuque et se perdre dans ses cheveux d'ordinaires flamboyants que le noir l'empêchait de voir.
De l'autre côté de la mince cloison, dans le couloir, un porte s'ouvrait et Catriona McCormack sortait, comme toujours pour une nouvelle nuit de beuverie. Le miaulement douloureux de Sid V. se perdit dans le vide du salon sans perturber personne lorsqu'elle lui marcha violemment sur la queue.
1er Janvier 1989, Bristol...
En ouvrant les yeux, la pièce autour lui sembla floue. Charlie cligna des yeux, et lorsque le panorama redevint net, il prit soudainement conscience du visage de Kirley juste devant le sien, les yeux grands ouverts qui le regardaient.
Elle semblait amusée, et il comprit pourquoi lorsqu'il sentit l'une de ses jambes s'enrouler autour des siennes et qu'elle posa ses mains sur son torse, se rapprochant ainsi de lui.
Sans la moindre gêne, mais néanmoins doucement, elle demanda :
« - C'était ta première fois ?
- Euh... Je ne... Enfin je, je... » Fut tout ce qu'il parvint à bégayer, rougissant furieusement.
Se moquant à nouveau, elle le coupa dans ses borborygmes en se collant encore un peu plus à lui. Il devint cramoisi jusqu'aux oreilles lorsqu'il prit conscience de son corps dénudé si proche du sien. Avec un malin plaisir et voyant qu'il continuait de rougir progressivement (si un tel miracle pictural était encore possible), elle approcha sa bouche de son oreille et murmura :
« - Relax, c'était bien. Très bien même. »
Puis elle lui planta un baiser sur la joue, et posa son front contre le sien en souriant, pour une fois rassurante. Aussi soudainement qu'elle s'était collée à lui, elle s'écarta et se leva pour enfiler à nouveau sa chemise de nuit. En la voyant debout devant lui, nue bien qu'en train d'y remédier, ses oreilles qui avaient connu trente secondes plus tôt, un retour à la normale, redevinrent instantanément écarlates. Kirley explosa de rire, et une fois plus décente, lui envoya son caleçon et un peignoir à la figure en sortant de la pièce, ses immenses cheveux voletant en désordre derrière elle.
Charlie se laissa le temps de redevenir à un coloris plus banal et soupira.
« - Wow... »
1er Janvier 1989, Dans la cuisine de l'appartement...
Elle était en train de sortir sa bouteille de bièreaubeurre en se demandant ce que Charlie pouvait bien manger le matin lorsqu'il sortit de la chambre. Kirley sourit en le voyant. Le peignoir lui était trop étroit, et il avait manifestement pris le parti de ne pas l'attacher. Il s'accouda au plan de travail et la regarda siroter sa boisson.
Elle s'adossa juste à côté de lui, et l'observa à son tour. Décidément, le Quidditch musclait bien, jugea-t-elle en laissant son regard tomber sur l'ouverture du peignoir. Il se mit à sourire, de ce sourire que Kirley trouvait toujours si étrange, tout seul avant de lui piquer sa bouteille.
Une gorgée plus tard, il leva les yeux vers elle, et soudainement l'humeur taquine de la jeune fille disparut dans ses yeux bleus.
« - Tu... tu avais déjà …? » Demanda-t-il en se remettant debout face à elle, lui rendant sa bièreaubeurre.
En cet instant, Kirley n'avait plus du tout l'impression qu'il était le garçon timide prompt à la gêne qu'elle avait l'habitude de voir. Il faisait bien une tête de plus qu'elle, et elle ne s'était jamais aperçue, malgré qu'elle ait largement eu le temps de voir ses muscles, que ses épaules étaient à ce point plus larges qu'elle. Elle inspira et renonça à son air décontracté.
« - Est-ce que ça t'importe vraiment ?
- Kirley...Moi je te...
- Toi, tu as bégayé... répondit-elle en essayant de rire. Puis devant le regard boudeur de Charlie, elle répondit : l'année dernière. Avec Liam. »
Consciente que rougir aurait été le comble de la douleur pour son ego, Kirley préféra se taire et simplement le regarder. Il était, là, tout de suite, exactement l'idée qu'elle s'était toujours faite d'un petit ami. Il la regardait avec des yeux un peu perdus, peut être, mais l'adolescent rouge et bégayant, elle ne le voyait plus.