Écrit le 21 juin 2008 pour
marathon_promptPrompt lancé par
waders : « Enlève ta main. » « C’était pas… » « J’veux pas savoir. »
Vire-moi cette main ou tu te prendras la mienne !
Si Erwan avait bien une chose en horreur, c’était les transports en commun en période de pointe. Il n’était pas agoraphobe mais d’une manière générale, il trouvait déplaisant toute situation impliquant de se retrouver agglutiné à une foule de corps étrangers avec ce que cela supposait de chaleur, moiteur et odeur dont il se passerait bien. Les bus et métros étaient pires que tout le reste car il ne pouvait s’y soustraire s’il voulait rentrer chez lui. (Certes, il aurait pu faire le trajet à pieds mais cela faisait tout de même une sacrée trotte depuis la fac et puis bon, il avait un abonnement, autant s’en servir !)
Cet après-midi-là, les transports étaient particulièrement bondés (pour une journée de non grève) mais il ne lui restait plus beaucoup de stations aussi Erwan décida-t-il de serrer les dents et d’endurer stoïquement son calvaire. Telle avait du moins été son intention jusqu’à ce qu’il sente une main partir à l’exploration de ses fesses. Une fois, cela passait pour une méprise : un sac, sans doute, confondu avec une main. Deux fois, cela pouvait être par inadvertance : l’espace était blindé de monde. Trois fois, les doigts inquisiteurs lui malaxaient clairement le postérieur.
Erwan vit rouge. D’un côté, cela le surprenait, Emmanuel s’était jusqu’à présent toujours montré tout à fait correct dans ses assiduités (physiquement, du moins). De l’autre, qu’il puisse profiter ainsi de la situation n’était guère surprenant de sa part. Pire encore que les transports en commun, son calvaire quotidien portait un nom : Emmanuel Langaret. Qui, la majorité du temps, était un garçon tout à fait plaisant à côtoyer, sans doute même un ami. Peut-être. Enfin, à voir, quoi. Hélas, c’était aussi un garçon qui s’était mis en tête de sortir avec lui.
Erwan n’était pas homosexuel.
Emmanuel ne l’était pas non plus.
Mais allez donc expliquer cela à Manu ! Erwan, lui, se sentait parfois renoncer. Rien ne paraissait pouvoir détourner Emmanuel Langaret d’un objectif qu’il s’était fixé. Pour autant, ce n’était pas une raison pour Erwan de le laisser de la sorte le peloter en public !
La mâchoire crispée, il siffla, de sorte que seul Emmanuel à sa droite put l’entendre :
« Je te donne deux secondes pour virer ta main de là ou je te jure que je te le fais regretter. »
Et afin que son ami en sursis n’ait aucun doute quant à l’imminence des représailles, Erwan tourna le visage vers lui pour le fusiller du regard.
Emmanuel le fixait avec incompréhension. D’une main, il se tenait tant bien que mal à la barre centrale du compartiment, de l’autre, il veillait à ce que la bandoulière de son sac de cours restât bien sur son épaule.
« Heu… virer ma main de quoi ? » fit-il, perplexe.
Erwan devint blanc comme un linge. Si ce n’était pas Manu, alors qui était en train de lui tripoter les fesses ?
Fin
Autre information :
+ Retrouvez ici le
post récapitulatif et explicatif de l'univers des Langaret.