[Fic Originale] [Gaël & Akim] Scénette n°13

Jan 17, 2010 14:39

Écrit les 16-17 janvier 2010 pour marathon_prompt :
Prompt : "J'ai, je crois, fait le tour du supplice des souvenirs." [Calogero - Passage des cyclones] lancé par calliopel
Rating : G
Résumé : Album de famille
Information complémentaire : se passe durant l’année +30 (soit en 2010 ! :D Gaël a donc 30 ans) de la chronologie d’ Aux hommes de bonne volonté.

La fragilité des souvenirs rêvés

« Tu me montres ? » demande Marie-Hélène.
Une hésitation, palpable, puis son amie va s’assurer que la porte de sa chambre est bien fermée.
« Je n’ai pas grand-chose… » avertit-elle, comme si cela avait de l’importance. Ça en a, bien sûr, pour Marie Élise, mais pas pour Marie-Hélène.
L’adolescente aux cheveux blonds se dirige vers une armoire dont elle ouvre le battant, fouille sous un amas de papier d’où elle tire une boîte de carton. À l’intérieur, une simple pochette de plastique dont les deux élastiques aux coins sont passés dans la boucle d’un petit cadenas. Le système est rudimentaire mais efficace : pour l’ouvrir, il faut soit couper un élastique, soit posséder la clé. C’est presque comme un journal intime sauf que le contenu est encore plus précieux, encore plus secret. Marie Élise va chercher la clé du cadenas dans son porte-monnaie - ainsi, elle l’a toujours sur elle. De la pochette, elle tire un tas peu épais de photos.
« Je n’en ai pas trouvées beaucoup, s’excuse-t-elle, ils l’ont tous fait disparaître.
- Il te ressemble, répondit Marie-Hélène après un temps d’observation.
- Tu trouves ? » Le sourire de Marie Élise est lumineux.
« C’est flagrant sur celle-ci, lui désigne son amie. On dirait toi sur la photo sur la cheminée, tu sais ? »
Gaël a trois ans, les cheveux vaporeux comme ont souvent les enfants à cet âge, le regard fixé hors cadre sur quelque chose de plus intéressant que le photographe. Derrière lui, Marie Élise devine la forme de sa mère sur les genoux de laquelle son frère aîné est assis. Les bras autour de lui. Un jour, leur mère a placé ses bras autour de lui. Aujourd’hui…
« Je ne crois pas qu’il soit mort, affirme soudain Marie Élise avec l’air buté qu’elle ignore avoir en commun avec son frère. Ils sont tous trop vagues sur le sujet, je crois… que ce serait une autre forme de douleur, qu’ils auraient. Là, on dirait surtout qu’ils sont gênés, enfin je sais pas trop… Je crois qu’il s’est passé quelque chose, qu’il est parti et que la famille s’est mise d’accord pour l’enterrer. Mais moi, je ne suis pas d’accord !
- Qu’est-ce que tu comptes faire au juste ? »
Avec soin, Marie Élise range son trésor. Elle n’a que treize ans mais dans ses yeux brille un éclat farouche.
« Je le retrouverai. Un jour, je le retrouverai. »
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