EDIT 23h : je crois que je vais m'arrêter là pour ce soir mais continuez à lancer des prompts, il reste 5000 mots à faire demain !! T_T
J'AI BESOIN DE PROMPTS !!
Je ne sais pas improviser des scènes, c'est définitif ! Je sais en improviser le contenu quand je sais que globalement elles doivent raconter ça mais si je n'ai pas la moindre petite idée de scène, de point de départ, je ne sais pas en avoir des qui me viennent, là, comme ça, pouf !
Au stade où j'en suis, j'écris en gruyère et je déteste ça mais je n'ai pas le choix : j'écris les scènes que je sais devoir avoir lieu dans ma fic même s'il n'y a rien pour les relier entre elles. Seulement voilà, il me reste encore 7500 mots à écrire pour finir NaNo demain soir et je n'ai pas assez de scènes en stock pour ça !. Je le sais, c'est clair ! Alors je risque de me retrouver coincée demain à une poignée de milliers de mots de la fin parce que je ne saurai pas sur quoi écrire ! J'AI BESOIN D'AIDE !! Promptez-moi, je vous en supplie, sur n'importe quoi, autant que vous voulez, soyez nombreux, que je sois sûre d'avoir de quoi écrire ce soir et demain ! S'il vous plaît ! Me laissez pas foirer NaNo parce que comme l'année dernière je n'ai pas anticipé assez d'idées ! L'année dernière, j'ai fini sur la dernière sc que j'avais notée dans mon plan. Ça s'est joué à un cheveux, je n'aurais pas été capable de trouver de nouvelles idées. Là, ça va être la même chose sauf que je suis un peu capable d'anticiper le problème (j'avais fini vers les 23h l'année dernière ; 1 heure avant la fin, quoi).
JE PRENDS TOUT ! PROMPTEZ !! é_è
***
EDIT : (aucune relecture, impro totale, j'ai pas le temps de revenir dessus, c'est vraiment du speed-writing. Peut-être le ferai-je à l'occasion) Oh, et vous devez savoir à présent qu'entre la commande initiale et le résultat, hein... ^^;
1) Luna, GW, Duo et Heero, Réchauffe-moi
Le ciel avait la couleur de celui d'une colonie : gris, métallique, implacable, étouffant. Les nuages qui les surplombaient étaient si lourds et imposants que Duo ne les distinguaient plus les uns des autres. La masse qu'ils formaient paraissait peser des tonnes sur leurs épaules. Pour un garçon qui avait souvent les yeux tournés vers les étoiles, le pilote de Deathscythe éprouvait une profonde admiration pour la nature de la Terre. Les premiers temps tout lui avait semblé étrange et artificiel car les substances et matières qu'il voyait, touchait, sentait, goûtait, tout lui avait été étranger. Même les sons l'avaient déstabilisé. Ç'avait été la mer qui, la première, l'avait convaincu que c'était elle qui représentait la vie. Il avait alors appris que c'était tout ce qui lui était familier qui était factice, appris avec non seulement son esprit mais aussi son corps, tout ses sens, que c'était sur Terre que se trouvait ce qui était vrai. Il n'en avait pas moins aimé les Colonies ; simplement, son désir de les voir libérées, de voir la paix établie entre les peuplades de l'espace et celles d'origine, son désir de pouvoir un jour fouler l'herbe, le sable, le bitume même d'ici autrement qu'en tant que terroriste et clandestin, qu'avait fait que se raffermir. Jusqu'à ce jour, il avait toujours vu la planète comme une alliée. C'était les hommes, d'autres hommes, d'autres soldats comme lui qui étaient ses ennemis.
Aujourd'hui, la nature était en colère et le leur faisait chèrement payer.
« Heero... »
Une bourrasque de vent souleva une gifle de neige, Duo manqua de trébucher. L'un derrière l'autre, les pilotes de Wing et Deathscythe poursuivaient une pénible progression. À tour de rôle ils prenaient la tête de leur bien triste procession afin d'ouvrir la voie. Leurs pieds s'enfonçaient dans le manteau glacé qui recouvrait le sol et rendait leur progression difficile. En vue d'économiser ce qui leur restait de force, le dernier marchait dans les pas déjà tracé du premier. Quand celui-ci n'en pouvait plus, ils échangeaient. Ils marchaient depuis longtemps semblait-il, mais Duo ne pensait pas qu'ils avaient parcouru beaucoup de chemin. S'il se retournait, peut-être apercevrait-il les carcasses abandonnées de leurs compagnons de métal. Il ne se retournerait pas, bien sûr. La vision de son ami agonisant dans la neige et le froid sonnerait comme un reproche. Duo savait que personnifier une armure mobile - même son armure mobile - était ridicule, peut-être même un peu une marque de folie sous-jacente. Pourtant, au fond de lui, Duo savait qu'elle tenait à ses yeux autant d'importance que bien des êtres vivants. Duo avait eu peu d'amis dans sa vie. D'une façon ou d'une autre, il les avait toujours laissé derrière, abandonnés sans rien pouvoir faire. Cette fois encore, il sacrifiait une vie pour la sienne. Il avait toujours survécu à tout. La frêle silhouette de son co-équipier se dessinait devant lui. Et lui, le condamnerait-il aussi ? N'était-il déjà pas trop tard pour se le demander ?
« Heero ! hurla-t-il pour couvrir le bruit sourd du vent. Heero, on ne peut pas continuer comme ça, on va geler sur place, il faut trouver un abri ! »
Si le pilote de Wing lui répondit, ses paroles se perdirent dans la neige. Duo s'efforça de presser l'allure. Ses pieds se soulevaient péniblement comme s'il avançait dans une couche épaisse de béton qui peu à peu se solidifiait autour de ses cuisses.
« Heero ! »
La forme devant lui s'immobilisa. Il crut la voir se retourner. Il avança encore, jusqu'à pouvoir la toucher. Il se pencha pour lui crier dans l'oreille. Il avait les mains si froides qu'il ne peut sentir aucune chaleur émaner de la peau de son co-équipier.
« Il faut trouver un abri ! »
Il lui sembla voir Heero acquiescer mais ne il n'aurait pu l'affirmer. Duo leva son poignet. Sa montre faisait office de boussole. Avant de s'écraser, que leurs machines ne cessassent de fonctionner, Heero avait eu le temps de regarder leur position sur la carte. Au sud, à quelques heures de marche, se trouvait un village où ils pourraient trouver refuge. Ces kilomètres qui les séparaient de la civilisation n'auraient représenté aucune épreuve par temps clair ; aujourd'hui, Duo n'était pas sûr qu'ils avaient franchi le premier.
L'écran de sa montre-boussole avait gelé. Il tenta d'en frotter le verre mais sans grand succès. Il souffla alors dessus mais l'air chaud qui s'éleva de sa bouche ne fut pas suffisant pour éclaircir l'écran. Enfin, à bout de moyen, il se résolut à poser la langue dessus. Sa bouche restait l'une des zones de son corps la plus chaude - la seule, peut-être. Cette action lui laissa la langue toute engourdie. Il était parvenu à ses fins, pourtant ; hélas, cela ne lui procura pas l'aide attendue. Il secoua la tête, la releva sur Heero. Le côté gauche de l'adolescent était couvert d'une épaisse couche de neige. Duo n'avait pas remarqué qu'il lui avait servi de bouclier.
« Je crois que les circuits ont gelé ! lui cria-t-il. Est-ce que la tienne fonctionne encore ? »
Cette fois, il vit nettement Heero lui signifier leur malchance.
« Qu'est-ce qu'on fait ? On prend le risque de dévier ? On n'a aucune chance de s'en sortir si on ne sait pas où on va !
- On n'a aucune chance si on reste sur place ! rétorqua enfin Heero de vive voix. Si on arrête de bouger, c'est terminé !
- On devrait peut-être retourner aux Gundams !
- Ce serait le meilleur moyen de se faire capturer mais OZ ne peut nous suivre avec toute cette neige. C'est notre seule chance de leur échapper !
- Tu préfères prendre le risque de mourir de froid plutôt que d'être capturé ?
- Et toi ? »
Duo plissa les yeux. Heero avait beau se tenir tout proche, le mauvais temps était tel qu'il avait du mal à le distinguer. Son expression lui était masquée, pourtant il la devina sans peine. Il la partageait.
« Je déteste le froid », confia-t-il mais il savait que Heero avait compris.
Ce dernier haussa les épaules. Il était temps de repartir.
Se remettre à marcher se révéla plus difficile que Duo ne l'aurait cru. L'épaisseur de la neige ne cessait d'augmenter et, en dépit de la brièveté de leur halte, leurs corps s'étaient engourdis.
Duo n'avait jamais été du genre à se voiler la face : leur situation était précaire, pour ne pas dire sans espoir. Ils avaient envoyé un message de détresse sur une fréquence codée avant que leur système de commande n'eut rendu l'âme avec l'espoir que l'un de leurs compagnons parviendrait à le capter. Hélas, à présent que leurs bracelet-montres respectifs ne valaient guère mieux que leurs armures mobiles, Quatre, Trowa et Wu Fei se trouvaient dans le même cas que les soldats d'OZ : incapables de les suivre à la trace. Incapables de leur porter secours. Ils ne pouvaient que compter sur eux-même et ça ne leur offrait que peu de possibilités d'issue heureuse. Duo, pourtant, n'avait jamais non plus été du genre à abandonner. Il espérait simplement que c'était aussi le cas de Heero : il ne se voyait pas le porter.
Ils marchaient depuis des heures, chaque pas devenait plus difficile à mettre devant l'autre. Par trois fois déjà ils avaient échangé de place, Duo se tenait à présent en tête de leur lugubre cortège. À mesure que ses forces s'amenuisaient, Duo découvrait combien il détestait sa position actuelle. Non parce qu'ouvrir la voie demandait plus d'énergie que de simplement suivre mais parce qu'à moins de se retourner, il ignorait si Heero se trouvait bien toujours derrière lui. Plus d'une fois il avait tourné la tête mais à présent il avait peur de se retourner, de se rendre compte que Heero n'était plus là, que leur fuite avait eu raison de ses forces et que Duo ne l'avait même pas vu tomber. Qu'il avait continué à avancer sans même se rendre compte que son compagnon lui tendait la main. Alors il poursuivait sa progression, les yeux rivés droit devant lui, les bras croisés sur la poitrine et les mains glissées sous ses aisselles. Malgré cela, il savait que s'ils ne trouvaient pas rapidement de l'aide, le moyen de se réchauffer, si par miracle ils venaient à s'en sortir, certains de leurs membres devraient être amputés. Qu'était un pilote sans main ou même ne serait-ce qu'avec des doigts en moins ? Duo ne voulait pas trop y penser.
La masse surgit devant eux avec une telle soudaineté qu'il faillit en perdre l'équilibre. À cause de la neige, la paroi rocheuse était du même blanc que tout le reste et le vent dans leur dos ne leur avait pas permis de deviner sa présence. Du reste, tant qu'il ne tournerait pas, elle ne leur procurerait aucun repris. Appelant une carte mentale des lieux dans son esprit, Duo réalisé qu'ils avaient terriblement dévié de leur trajectoire. Inutile à présent d'espérer rejoindre le village. Malgré cela, Duo accueillit l'escarpement avec un bonheur disproportionné. Il y aurait peut-être une grotte. Quelque part dans la rocher, ils trouveraient peut-être une faille, une fissure, n'importe quoi susceptible de leur procurer un abri.
Duo se retourna.
2) Luna encore :p, GW, Duo et Heero sont à l'hôpital, les 3 autres les ont retrouvés
C'était Wu Fei qui avait capté le message le premier. Aussitôt, il l'avait fait passer aux autres puis, par contact radio sécurité, ils avaient tous les trois discutés de la situation. Le pilote de Shenlong avait tenté de tracer le message mais rapidement celui-ci s'était tu. Les communications de l'opération zodiacale les avaient renseignés sur l'avancée des recherches, puis leur abandon ; provisoire, du moins. Enfin, les médias avaient fait le reste. Sous les conseils de Quatre, ils avaient décidé de confier la mission à Trowa, celui d'entre eux le plus à même de la mener à bien sans se faire capturer. Le nom de Quatre était trop connu et à chacune de ses sorties à découvert il prenait le risque d'être identifié ; quant à Wu Fei, son interaction passée avec Treize Kushrenada avait fait que son portrait robot circulait en masse au sein des troupes ennemies. Que son identité fut à ce jour restée secrète relevait du miracle - en réalité, Quatre pensait que Treize avait simplement choisie de ne pas encore la révéler. Trowa, quant à lui, était l'inconnu parfait. À sa façon, il se fondait à la perfection dans le décors au point de donner l'impression aux gens qui le croisait d'avoir toujours été là. La sensation floue qu'il laissait dans les esprits assurait également ses arrières : personne n'était capable de donner un signalement précis. Les trois pilotes savaient que l'accès à l'hôpital serait lourdement gardé. L'heure n'était pas à l'entrée en force mais à la furtivité. Ainsi, ç'avait été tout naturellement que Trowa s'était vu désigné.
C'était une mission d'infiltration comme les autres, une de plus parmi un paquet d'autres et, à moins qu'il ne se fasse prendre, certainement pas la dernière. Malgré tout, cela lui laissait un drôle de goût sur la langue de se retrouver dans cette pièce. L'odeur des hôpitaux, même une fois au dehors elle semblait vous coller à la peau.
Heero et Duo étaient bordés tous les deux, le drap blanc avait été repoussé jusqu'à la naissance des épaules. C'était la seconde fois qui voilà Heero dans cette position ; la première n'était pas un agréable souvenir. À cette époque, les cinq terroristes envoyés par les Colonies venaient de faire connaissance sur le champ de bataille. Suite à un odieux chantage de la part d'OZ (son sans bouillait encore lorsqu'il y repensait), ils avaient été sur le point de se rendre. Si Heero n'avait pas créé la stupeur dans les deux camps en se faisant exploser avec son Gundam, nul doute qu'ils se seraient tous fait prendre. À l'heure actuelle, c'en aurait été fini de la rébellion. Le geste de Heero, horrible, désespéré, que Trowa lui-même n'avait pas eu le courage d'accomplir, avait servi de diversion. Le pilote de HeavyArms avait tout juste eu le temps de ramasser le corps frêle et brisé de l'adolescent avant de s'enfuir. Il l'avait ramené au cirque de Catherine, sa couverture, son refuge secret, il n'avait pu penser à un autre endroit. Durant un long mois, durant d'interminables journées et d'incertaines nuits, ils s'étaient relayés à son chevet. Trowa n'avait pas pensé qu'il s'en sortirait, Catherine n'avait pas voulu abandonner.
Heero s'en était tiré. D'une façon inexpliquée, bien au-delà du miracle. Aujourd'hui encore Trowa n'appréhendait pas ce que l'on avait dû faire subir au corps de l'adolescent pour qu'il fût ainsi capable de se réveiller et presque immédiatement bouger sans la moindre séquelle apparente. Trowa avait entendu parler des accidentés de la route bien moins chanceux que cela. Dans le cas de Heero, il ne pouvait s'agir de chance. Seule l'inhumanité d'une intervention humaine pouvait l'expliquer.
Le Heero qu'il avait aujourd'hui sous les yeux lui rappelait étrangement ce Heero-là, pourtant pas si lointain. Son visage était aussi placide qu'alors, si lisse et inexpressif qu'aucune douleur qu'il pouvait ressentir ne s'y reflétait. Trowa se targuait de posséder un masque ne laissant rien passer de ses sensations ou pensées, mais Heero, c'était tout autre chose. Allongé, yeux fermés, rien ne laissait supposé qu'il était autre chose qu'un adolescent endormi.
Le visage de Duo était plus marqué. Des ecchymoses violaçaient sa figure et son cou. Çà et là, des griffures rayaient ses pommettes et son front. Ses traits portaient encore des traces de tension, un peu de sang restait sur ses lèvres craquelées. Il s'était battu, son corps en était la preuve absolue, et ses ennemis avaient dû chèrement payer d'avoir voulu lui mettre la main dessus. Trowa ne doutait pas que ç'avait été le cas pour Heero lui aussi. Le style de Duo avait toujours eu quelque chose de plus sale, sans rien ôter à son efficacité.
À ses côtés, le légiste se racla la gorge.
« Alors, ce sont bien vos amis ?
- Non, je suis désolé. Je ne les ai jamais vus de ma vie. »
3) Mithy, GW (je crois que c'est une soirée GW :D), Duo et Heero, Heero a de jolis yeux. UA ?
Ç'avait commencé en toute innocence par un jeu du chat et de la souris. L'un après l'autre, ils avaient été chasseur et chassé, deux rôles qu'ils avaient, semblait-il, connu toute leur vie. Tour à tour traqués, assaillants surprise, les jeux de guerre et de fuite n'avaient pour eux aucun secret ; on aurait pu dire que c'était comme leur règle de vie. Des règles qui maintenaient leur équilibre intact. Un coup le dos au mur, un coup en conjurateurs, ils avaient passé leur vie sur le fil du rasoir. Rien d'étonnant, en fin de compte, qu'ils eussent fini par courir l'un après l'autre.
Ç'avait commencé par Duo commentant sur la couleur de ses yeux. La remarque, totalement hors contexte mais tellement Duo, l'avait laissé pensif. Par la suite, Heero s'était surpris plus d'une fois à prêter attention à ceux de Duo, à toutes les émotions, si diverses, si nombreuses, toujours uniques qui s'y reflétaient.
Ç'avait continué par un premier baiser, pris un soir à la dérobée. Heero s'en souvenait bien. À cette époque déjà, il s'était depuis longtemps laissé prendre à ses filets. Ce soir-là encore, Duo lui avait parlé de ses yeux. De jolis yeux, avait-il dit, de vraiment, vraiment très jolis yeux. Heero ne l'avait pas oublié, Duo l'avait dit ainsi, avait dit « vraiment » deux fois, Duo avait toujours une quelque chose de double en lui.
Ça se terminait par un lit, par une soirée à deux où chacun s'étaient efforcés de ne pas mettre le feu à la cuisine et à l'immeuble qui allait avec. Ça se terminait par Duo qui lui avait proposé de prendre le dessert au lit, quoiqu'il ne l'avait pas tout à fait formulé ainsi. Il avait dit : « Tes yeux m'ont mis en appétit, Heero, j'ai toujours eu envie de les avoir rien que pour moi. » et puis il lui avait proposé de passer dans la pièce suivante. Heero avait accepté.
Ça se terminait par Duo penché sur lui avec Heero coincé sous son corps, par un sourire, totalement hors contexte et pourtant tellement Duo, par une petite cuillère. Et par Heero qui hurle, hurle, hurle.
« Tu as de si jolis yeux, Heero... j'en ai toujours eu envie... »
4) Laède, GW, Quatre et Trowa, renforcement du lien empathique qui les unit
Je me sens un peu coupable. Je ne sais plus qui des trois autres exactement a émis l'idée le premier. Heero peut-être, il prend l'intérêt des missions toujours à cœur et il est certain que les capacités étranges de Quatre peuvent se révéler un atout précieux sur le champ de bataille ; à moins que ce ne soit une plaisanterie de Duo sur combien nous étions proche qui ait déclenché cette discussion, qu'il suffirait de peu pour que nous ne fassions plus qu'un ; ou bien alors, ça a été Wu Fei, levant soudain le nez de son livre avec cette suggestion un peu folle en tête. Je ne sais plus très bien. Je me rappelle parfaitement le débat qui a suivi, par contre, les arguments pour, contre, très vite suivi du qui et surtout du comment. Bien sûr, Quatre et moi sommes assez proches mais c'est surtout parce que Quatre me comprend bien. Ses capacités font que je n'ai pas besoin de parler avec lui. De là à dire que parmi nous cinq, je suis celui le plus proche de Quatre, je n'en suis pas si certain : nous nous sommes rencontrés avant, voilà tout. Je n'ai rien dit à voix haute, pas devant les autres, et le dire tout bas est inutile avec Quatre. De toute façon, je ne suis pas sûr qu'il soit du genre à donner une priorité aux gens, à les classifier par ordre d'importance. Surtout nous.
Je me sens un peu coupable d'avoir accepté. Renforcer la liaison empathique qui nous relie, qui relie Quatre à chacun d'entre nous, pouvait paraître une bonne idée sur la papier, l'un de ses plans parfaits tant qu'ils restent de la théorie. Affiner ses perceptions, supprimer l'effet de distance, voir si le canal pouvait s'ouvrir dans les deux sens, comme une radio constamment branchée entre nous, Quatre en guise de relais. D'abord avec un - le plus facile, moi - et en cas de réussite, un deuxième, troisième, jusqu'où étions-nous prêt à aller au juste ? Mais Quatre a dit qu'il se sentait capable de le faire, qu'il voulait essayer. Je me sens coupable d'avoir accepté.
Il y a eu cette mission, j'ai été sévèrement blessé. J'ai grandi au milieu du danger, je connais bien des facettes de la mort, je l'ai souvent côtoyée de près. Avant ce jour, jamais d'aussi près. je connais bien la douleur, mentale, physique, je l'ai souvent expérimentée. On pourrait dire que mon corps n'a plus de secret pour moi, j'en connais chaque recoin, la plus petite fibre nerveuse, le plus infime centre de douleur, tous les stades, de la simple courbature à l'agonie. Je croyais connaître l'agonie, avant l'échec de cette mission. J'ignore encore comment je m'en suis sorti. J'hésite à parler de miracle, je ne crois pas en Dieu ; un coup de chance, alors ? Duo pourrait dire que j'ai perdu l'une de mes vies. J'espère que je ne suis pas en train de consommer la dernière, la guerre est loin d'être finie.
J'ai eu mal. Vraiment très mal. J'ai été au-delà du stade des mots, là où les émotions même n'ont plus aucun sens, où la pensée se focalise en un sens point, j'ai cru mourir de douleur. Mais pire que tout, je sentais Quatre en moi, sa souffrance faisait écho à la mienne, les deux s'amplifiait. Nous avions pensé que c'était une bonne idée, nous nous étions dit qu'un contact constant nous serait utile. Comment avons-nous pu oublier si vite le revers de la médaille, l'autre aspect des choses ? Comment avons-nous pu oublier tout ce que cela impliquait de partager ? Comment Quatre a-t-il pu oublier après ce que Heero lui avait déjà fait subir ? Comment a-t-il pu les laisser le convaincre, comment ai-je pu moi-même accepter ? J'ai soigné Heero, j'aurais dû savoir, me rappeler.
J'aurais dû dire non.
Mon corps me fait encore mal mais à présent je peux me lever. J'ai été mis dans une petite pièce blanche avec un seul lit le temps pour moi de guérir suffisamment avant de me remettre à bouger. Sally est venue tout spécialement s'occuper de moi ; elle est la seule médecin en qui nous avons confiance. Je sais que Quatre n'est pas loin, je ressens toujours son écho. Aujourd'hui, j'ai assez de forces pour aller le voir. Il nous faut trouver le moyen de défaire ce que nous avons fait, de couper le lien qui nous relie.
Je suis assis sur le rebord du lit quand Sally pénètre dans la pièce. Elle me sourit mais je vois la tension de son visage, la raideur de ses mouvements. Elle est épuisée, inquiète, aussi. Elle sourit, néanmoins ; c'est son devoir de médecin.
« Comment te sens-tu aujourd'hui ?
- Mieux. Je pense pouvoir me lever aujourd'hui. »
J'ai déjà essayé hier, et le jour d'avant et celui d'avant encore. Jusqu'à présent elle m'en a toujours empêché. Cette fois-ci, elle m'ausculte rapidement puis hoche la tête.
« Oui, nous pouvons essayer.
- Je voudrais voir Quatre, est-ce qu'il est réveillé ? »
J'ignore l'heure qu'il peut être, mon horloge interne est encore déréglée. Je ne saurais même dire s'il fait jour ou nuit.
Sally soupire. Elle tire jusqu'à elle une chaise et s'y assoit. Je me crispe alors qu'elle prends mes mains dans les siennes. Sa voix est douce, lasse, comme si elle s'apprêtait à prononcer des paroles maintes fois répétées.
« Je sais que c'est difficile pour toi à entendre mais il faut que tu comprennes, que tu puisses accepter. Il y a eu un grave accident. Je suis sincèrement désolée, Quatre. Trowa est mort... »