Défi "non-baiser" - Les règles d'un Seigneur du Temps - Doctor Who

Jan 29, 2010 18:36

Titre : Les règles d’un Seigneur du Temps
Auteur : Angelene
Type : Fanfic
Genre : Sci Fi, romance
Fandom : Doctor Who
Personnages : Le Doctor et  Rose
Défi : Non-Baiser
Rating : G
Disclaimer : Tout appartient à Russell T Davies, Terry Nation, la BBC et d’autres gens probablement tous anglais
Note : La fic se situe dans la saison 2, je ne sais pas exactement quand, mais je fais des références aux trois premiers épisodes, donc après ceux-ci. Minimum. Vue l’UST massive que se tapent les deux personnages dans la fic, tout de même, il serait assez sage de l’imaginer en fin de saison 2.

Sinon, cette fic était partie pour être juste une petite histoire amusante et un poil maladroite sur la relation platonique du Doctor et de Rose, mais en cours de route elle s’est transformée en grande déclaration d’amour de ma part pour le personnage de Rose. Vous êtes prévenus.


LES REGLES D’UN SEIGNEUR DU TEMPS

En neuf cents années d’existence, le Doctor avait maintenu certaines règles assez strictes, concernant ses relations avec ses Compagnes de voyage. Il n’était pas homme (ou plutôt Seigneur du Temps) à suivre les règles, et il s’agissait là de la plus grande bénédiction et de la plus terrible malédiction de sa vie. Pourtant dans ce domaine-ci, en particulier, il était relativement strict. Voire sévère. Il fallait dire qu’il avait vécu un certain nombre de … mauvaises expériences.

Il n’avait jamais su trop quoi faire de ce qu’il s’était passé avec le Master (et sa folie tout comme leurs siècles de luttes incessantes avaient en somme réglé le problème par défaut). Il avait regretté chaque minute de son premier mariage, les trois premiers jours du second, puis plus du tout, puis horriblement les huit derniers, et il préférait oublier totalement son troisième. Quant aux autres … Ils ne comptaient pas vraiment : manœuvres politiques, chocs culturels, malentendus, etc. Il était adepte des idées qui paraissaient bonnes sur le coup puis plus du tout après six bonnes minutes de réflexion.

Au final, il avait préféré s’abstenir. La plupart du temps. Généralement, il était de son avis plutôt hasardeux d’entretenir des relations de nature romantique avec d’autres espèces (car avec des Seigneurs du Temps c’était compromis du fait même que toutes les parties présentes étaient des Seigneurs du Temps et manquaient tout simplement de porter le moindre intérêt à la chose). Ce n’était pas non plus comme si cela lui manquait tellement puisque sa biologie supérieure à celles de toutes les autres espèces de l’Univers le protégeait d’impulsions hormonales irrépressibles.

Il aimait à voyager avec des femelles humaines vraiment ravissantes car elles concluaient souvent très vite au bout de quelques jours … d’adaptation, qu’il était asexuel, ou que son espèce n’était pas compatible avec la leur, ou Rassilon savait quoi. Leur imagination fertile leur offrait tout un tas d’explications qui les satisfaisaient et épargnaient leur ego. Les belles femmes n’étaient pas habituées à laisser les hommes indifférents. C’était assez pratique. Surtout qu’avec le temps, il lui semblait qu’à chacune de ses régénérations il devenait de plus en plus jeune et de plus en plus séduisant.

En ce moment, par exemple, il était extrêmement attirant. Il n’était pas juste jeune et beau _ même s’il l’était, de toute évidence, et grands dieux, sa chevelure ? Un travail de maître, vraiment, il n’aurait pas pu faire mieux s’il avait essayé _ c’était aussi dans son attitude. Parfois il ne la contrôlait pas : après tout il était un génie, un être exceptionnel, il savait tout faire et allier tout cela à une enveloppe corporelle correspondant aux critères de beauté masculine d’au moins 378445 espèces humanoïdes ou dérivées dans l’Univers, franchement, personne n’avait aucune chance.

Parfois, il devait l’admettre, il flirtait volontairement. Mais ce n’était pas du tout de sa faute. C’était celle de Rose. Il avait fallu, après son … changement, qu’elle lui sortît le couplet du traumatisme post-régénératif. Il se serait attendu à un peu mieux de sa part. Il avait été surpris également … Non, non, non pas qu’elle eut mal réagi à la régénération en elle-même : même si pour lui c’était parfaitement naturel, il pouvait comprendre que d’autres espèces fussent choquées en étant témoins d’un tel évènement. Il avait cependant été dans l’impression qu’elle gagnait au change.

Cette version de lui-même était plus sympathique, plus sociable, plus loquace, plus souriante, supportait sa mère (encore que relativement) et Mickey (encore que relativement) et adorait la pop culture dans laquelle elle avait toujours été bercée depuis sa plus tendre enfance. Bon sang, il était même un beau gosse. Rose aimait la compagnie des beaux gosses. Ses souvenirs de ses incarnations précédentes n’étaient pas toujours très limpides, mais il se rappelait très clairement que son Lui d’avant râlait constamment sur Rose et son penchant pour les beaux gosses. Donc au-delà du choc initial, Rose aurait vraiment dû être ravie de son changement.

Pourtant, elle avait été affectée. Profondément en plus. C’était bien sa veine. Elle s’était sentie abandonnée, avait vu en lui un étranger, ne lui avait pas fait confiance (cette pensée continuait à être agaçante, des mois après) et pendant un terrible instant, il avait cru qu’elle partirait. Alors oui. D’accord. Il avait un peu flirté. Il s’était légèrement écarté de ses règles. Mais cela ne comptait pas, hein, pas vraiment. C’était post-régénératif, il délirait encore un peu, et il lui avait fallu agir vite.

Donc il lui avait pris la main et s’était rapproché d’elle un peu gratuitement et lui avait susurré les détails de leur première rencontre, avec, peut-être, admettait-il, un poil trop d’intensité. Et puis, plus tard, il avait peut-être aussi trop (mais là encore vraiment légèrement) insisté sur son physique avantageux, et oui, peut-être fait un clin d’œil pas du tout asexuel. Bon. D’accord. N’empêchait que c’était toujours entièrement de sa faute à elle. Puisque cela avait marché.

Ses règles comptaient toujours. Certes, il était charmeur, il le savait. Les femmes (ou hommes, ou cyborgs, ou non définis) le regardaient plus et il appréciait cette attention. Et encore, se connaissant, il était à peu près persuadé qu’il manquait les signaux d’accouplement d’une bonne moitié d’entre eux. Et quand on se jetait sur lui pour l’embrasser, il était au moins à 82% du temps surpris par l’élan passionné de son interlocuteur. Cela aussi, c’était de la faute de Rose. C’était elle qui avait initié cette nouvelle tradition des attaques par baisers interposés. Bon. Cassandra dans le corps de Rose, mais le résultat était le même. C’était totalement de sa faute.

Son nouveau Lui, qu’il trouvait franchement exceptionnel, probablement son meilleur Lui depuis le début, rendait donc la règle de non fraternisation avec un ou une Compagne, un peu plus difficile à respecter. Et il n’y pouvait pas grand-chose (cf. les développements sur son extraordinaire charisme et sex-appeal naturel) et quand il y pouvait quelque chose … c’était de toute façon de la faute de Rose. Malgré tout, il était parvenu à maintenir sa Compagne à distance.

Il ne savait pas exactement comment. Il flirtait tout le temps avec elle, et son précédent Lui avait assez clairement sous-entendu qu’il n’était pas, en réalité et comme il aimait à le faire croire aux autres en général, asexuel. Pourtant la jeune femme n’avait jamais rien tenté. C’en aurait presque été vexant. Il la savait pourtant attirée par lui (il pouvait sentir les ébullitions d’hormones chez les humains grâce à sa biologie, rappelons-le, nettement supérieure), elle avait entièrement accepté son nouveau Lui (ses regards adorateurs ne trompaient pas), elle se montrait fréquemment jalouse des femmes (ou hommes, ou cyborgs, ou non définis) jetant leur dévolu sur lui.

Il était tellement persuadé que cette situation se présenterait un jour ou l’autre qu’il s’était mentalement préparé à la rejeter si jamais il lui venait en tête de le séduire. Et il avait imaginé de très nombreux scenarii au cours desquels Rose le séduisait, de façon toujours très inventive. Elle avait une imagination débordante, sa Rose. Et elle était audacieuse. En fait, cela aurait été vraiment chouette si elle s’était mise en tête de le séduire … Enfin sauf pour la partie où il devrait la rejeter gentiment et respecter ses strictes et sévères règles de non fraternisation avec un ou une Compagne. Peu importait à quel point ils étaient créatifs et audacieux. Et blondes. Et aventureuses. Et généreuse. Et courageuse. Et sentant la vanille.

Hum.

Voilà. Donc le problème n’était pas vraiment Rose. Même si c’était de sa faute. Le problème était que parfois, il se laissait … distraire. C’était un léger, très léger défaut qui était venu avec cette incarnation, qui avait tendance à digresser, et avoir la capacité de concentration d’un poisson rouge face à un objet brillant. Dans cette métaphore, il était le poisson et Rose l’objet brillant (de façon tout à fait prévisible). Voyons, elle était toute … rose et jaune ! Ce n’était pas comme si on pouvait la louper quand elle était dans une pièce, même remplie de monde. Donc c’était de sa faute. Ou celle de sa régénération et du coup par extension toujours celle de Rose, parce qu’honnêtement, le coup de la régénération en beau gosse qui supportait Jackie et Mickey, ça sentait à plein nez le message de son subconscient lors des faits à sa concentration d’énergie artron.

Il se laissait donc aller. Un peu trop souvent. Et parfois, cela allait. Parfois tout se finissait très bien, il s’occupait avec quelque chose, de la maintenance sur le Tardis, de la consommation gratuite de bananes, un concert d’Ian Dury and the Blockheads, une invasion alien, etc. Ou alors il se ressaisissait de lui-même parce qu’après tout il était un Seigneur du Temps et il avait plus de dignité que cela. Et quand tout cela ne suffisait pas, il lui fallait compter sur Rose.

Parfois, Rose lui rendait les choses faciles. Elle se montrait obstinée, ou flirtait avec un autre beau gosse, ou demandait à rendre visite à sa mère, ou faisait quelque chose de stupide, ou tout simplement disparaissait comme … presque tout le temps, et il était suffisamment agacé pour ne plus dévier. Et parfois Rose rendait les choses difficiles. Très difficiles. En étant … Oui bon, en étant Rose.

***

Rose n’était pas vraiment ravie. L’Impératrice non plus. Pas plus que sa Garde, son Conseiller Suprême ou son Concubin Impérial. Pour la première fois, Rose comprenait pourquoi la Reine Victoria (cela paraissait une éternité) s’était mise en colère contre le Doctor et elle, même après avoir gracieusement sauvé sa vie. Et le Royaume. Et probablement le monde. Il fallait dire que le chaos semblait les suivre partout où ils allaient. Elle savait que le Doctor ne le faisait pas exprès et elle avait une théorie sur le Tardis les emmenant volontairement là où se profilaient les catastrophes.

Lorsqu’elle en avait fait part à son compagnon, il avait commencé par lui expliquer que ce n’était pas possible, puis avait réfléchi et affirmé qu’en fait c’était possible, puis très possible, puis probable, puis avait changé d’avis, puis avait digressé sur une anecdote au sujet de sa rencontre avec La Girouette d’Ostonfanic (une sorte de Pythie Intergalactique) et enfin s’était perdu totalement.

Il avait des difficultés de concentration, son nouveau Doctor. Son premier Doctor … Bon en toute honnêteté, lui aussi avait fait des erreurs et lui aussi avait suivi le chaos à la trace (ou était-ce l’inverse ?) mais il avait toujours donné l’impression de savoir exactement ce qu’il faisait. Même quand ce n’était pas le cas. Ce nouvel homme en costume à rayures, tout en chevelure et pareil à une pile électrique, était un peu comme les montagnes russes. Elle devait admettre que cela rendait leurs aventures encore plus drôles, mais parfois elle s’inquiétait pour sa santé mentale.

Une nouvelle explosion retentit quelque part dans le Vaisseau-Mère « Médusa » de la Flotte Impériale de Barcelona (la planète, pas la ville). Des alarmes retentirent de façon particulièrement stridente, tandis qu’une centaine de boutons rouges et bleus et verts clignotaient sur la gigantesque console de pilotage. Rose devait s’accrocher de toutes ses forces au gouvernail pour maintenir le cap que le Doctor lui avait ordonné de maintenir. A ses côtés, l’Impératrice fulminait et la traitait de tous les noms (encore pire que Queen Vicky en fait), ses Gardes pointaient leurs lances vers elle, d’un peu trop près à son goût, et son Concubin était au bord des larmes.

Le Conseiller pressait Son Impériale Honneur de l’exécuter (youpi), de retrouver et d’arrêter le Doctor (ce qui n’aurait pas été malin puisqu’à ce stade personne d’autre n’aurait pu piloter le vaisseau en perdition) puis de bombarder pour en finir une bonne fois pour toutes la planète Chuchailua. Et cela commençait à bien faire. Le misérable vermisseau (et Rose utilisa ces termes précis en l’interpelant) n’avait que faire du Traité de Paix ou des pertes humaines qu’une guerre causerait. Elle trouvait également de plus en plus louche que la délégation diplomatique impériale eut été sabotée, étant donnée la crise économique qui terrassait Chuchailua dont la population se désespérait que les pourparlers de paix fussent sans cesse délayés.

L’Impératrice et le Conseiller se mirent à vociférer encore plus fort en entendant les accusations de Rose, et la jeune femme était persuadée que si elle n’avait pas été agrippée au gouvernail pour empêcher le crash ou la dérive spatiale du Vaisseau-Mère, les Gardes l’auraient déjà harponnée. De manière répétée. Ils avaient tous l’air plutôt vicieux. A sa droite, le Concubin se mit à sangloter encore plus fort ce qui lui fit lever les yeux au ciel … lorsqu’elle eut une révélation. Elle tourna la tête brusquement vers lui, et eut le réflexe de brandir un doigt menaçant façon Tyler vers lui mais se souvint à temps que ses deux mains étaient prises. Par défaut, elle le fixa de son terrible regard noir (encore un héritage du clan Tyler).

« Vous ! cria-t-elle pour se faire entendre entre les alarmes et les cris impériaux sifflant dans ses oreilles. Parlez ou je raconte tout à l’Impératrice sur … vous-savez-quoi. »

Le jeune Concubin pâlit et la fixa d’un air terrorisé, s’arrêtant de pleurnicher aussi sec. Ce qui n’était pas très séduisant comme look chez un éphèbe. Non pas que l’air de panique complète mêlée de culpabilité l’était beaucoup plus. Il acquiesça aussitôt d’un signe de tête et commença son récit avant que l’Impératrice n’eut le loisir de s’enquérir de ce « vous-savez-quoi ».

Rose songea triomphalement qu’elle pourrait rapporter au Doctor que flirter avec des beaux gosses lui était finalement utile, parce que cela instaurait une certaine confiance et entraînait des confidences alléchantes. Surtout quand ils s’avéraient être les boytoys d’une femme d’Etat caractérielle qu’il valait mieux ne pas froisser. Bafouillant et avalant la moitié de ses mots par des professions d’amour pour Son Impériale Honneur mêlées d’excuses incessantes, le Concubin révéla la vérité.

***

Le Doctor était nerveux. Vraiment nerveux. Fichue règle de non fraternisation. C’était un de ces jours, où Rose lui rendait la tâche vraiment pénible. Il souriait, et hochait la tête, et faisait quelques remarques amusantes ça et là pendant que la jeune femme parlait, mais vraiment il était perdu. C’était égoïste de sa part d’être aussi … Rose.

Il l’avait laissée au gouvernail du « Médusa », entourée par la Garde Impériale (d’accord il avait eu de meilleures idées) pendant qu’il tentait de stopper les explosifs qui avaient été semés dans le Vaisseau-Mère. Il était arrivé un poil trop tard pour certains, la belle machinerie _ vraiment splendide _ était gravement endommagée, au-delà de toute possible réparation, mais au moins ils avaient pu se poser sains et saufs.

Enfin saufs, à l’exception du Conseiller Suprême, qui avait été décapité sur place par la Garde sur ordre de l’Impératrice. Hum. Ces femmes d’Etat et la décapitation … Il n’aurait vraiment pas dû laisser Rose seule avec elle. Quoique. A posteriori il n’avait eu aucun souci à se faire. Quand il en avait eu terminé avec les explosifs, il était retourné à toute vitesse vers la salle de contrôle pour venir à l’aide de son amie avant de réaliser qu’elle n’avait nullement besoin d’aide.

Son Impériale Honneur et sa Charmante Compagne étaient en pleine discussion amicale, à sa plus grande surprise, tandis que le Concubin tenait le gouvernail et que les Gardes encerclaient le Conseiller Suprême. Le Doctor était à moitié persuadé que s’il avait donné à Rose cinq minutes supplémentaires en tête-à-tête avec l’Impératrice, elle se serait vue offerte le poste de nouveau Conseiller. Elle faisait cet effet aux gens, Rose. Elle créait une sorte d’addiction. On en voulait toujours plus.

L’attaque du « Médusa », avait appris le Doctor en plein atterrissage catastrophe sur Chuchailua, avait été un coup monté, ce dont il s’était douté. De la main du Conseiller Suprême, ce dont il ne s’était pas douté, mais vraisemblablement Rose n’avait pas eu le même manquement. Apparemment, son plan avait été de prolonger la guerre pour affaiblir politiquement l’Impératrice et prendre sa place après un coup d’état. Le Concubin l’aurait surpris en train d’engager un mercenaire pour préparer l’attaque, et le Conseiller l’aurait ensuite menacé de mort s’il parlait. Mais Rose, sa très chère Rose, avait poussé ledit éphèbe à parler, et l’Impératrice avait aussitôt résolu de punir son Conseiller et d’annuler toute action offensive contre Chuchailua.

« En réalité, lui expliqua Rose, les joues légèrement rosies par l’alcool qui coulait à flots lors de la réception fêtant l’armistice entre Barcelona et Chuchailua, le Concubin avait probablement appris l’opération de la bouche même du mercenaire, sur l’oreiller si tu vois ce que je veux dire. La nuit dernière, quand on était au Palais Impérial, je suis sortie en pleine nuit pour te voir dans ta chambre … »

« Pour … Pourquoi tu as fait ça ? » s’étrangla le Doctor dans son vin, la voix subitement haut perchée. Cela ne l’aidait pas vraiment, d’imaginer une visite nocturne de Rose.

« Je n’arrivais pas à dormir, lui expliqua-t-elle lentement comme si c’était évident, et comme tu ne dors jamais … »

« Je ne dors pas « jamais », je dors quand j’en ai besoin, et il se trouve juste que je dors moins qu’un humain car ma biologie nettement supérieure … »

« Bref, l’interrompit Rose avec une impatience dont il ne savait si elle avait été créée par sa consommation d’alcool ou par sa lassitude devant ses éloges sur sa biologie supérieure, quand je me baladais dans les couloirs, j’ai vu le Concubin sortir de sa chambre, enlaçant un autre homme. Et … »

« Un autre homme ? s’étonna le Doctor. Il avait passé toute la soirée à t’accaparer ! »

« Il a des goûts variés, je suppose, fit Rose haussant les épaules. Et puis je n’ai pas arrêté de le rembarrer. De toute façon, il n’était pas sérieux, il croyait que j’étais ta femme … »

« Ma … Ma femme ? » grimaça le Doctor en repensant à ses expériences désastreuses avec le mariage et éloignant au plus vite Rose de cette association d’idées.

« En tout cas, reprit-elle en l’ignorant royalement, quand le mercenaire engagé par le Conseiller a diffusé cette fausse vidéo de revendication après la première explosion, je savais que ce visage m’était familier … Cela m’est finalement revenu plus tard et j’ai compris qu’il n’était autre que l’amant du Concubin, et BAM ! »

Rose frappa son poing gauche dans la paume de sa main droite, faisant légèrement sursauter le Doctor, déjà absorbé par la contemplation de ses yeux pétillants et de ses lèvres généreuses tandis qu’elle parlait à toute allure.

«  Je l’ai forcé à tout avouer à l’Impératrice, poursuivit-elle avec un sourire radieux et triomphant. Traité de Paix ? Sauvé ! Guerre ? Evitée ! Je deviens de plus en plus douée, pas vrai ? »

Le Doctor soupira et ne répondit rien, se contentant de la dévisager, il s’en rendait compte avec agacement, avec une adoration non équivoque. C’était peut-être cliché, mais la compétence chez une femme, le rendait vraiment très faible. Le courage et l’intelligence, n’en parlons même pas. Il sentait déjà les mécanismes de sa biologie supérieure faiblir sous l’assaut de ses pourtant généralement discrètes hormones de Seigneur du Temps. Rose était une très bonne tentatrice. Elle ne s’en rendait en plus absolument pas compte. C’était désolant.

Le Doctor fronça les sourcils. Il était sur une pente savonneuse. S’il ne se reprenait pas au plus vite ou si une distraction ne pointait promptement le bout de son nez, quelque chose de vraiment fâcheux pourrait se produire. Il se sentait inexorablement attiré, comme un aimant, comme si l’Univers le poussait vers elle, et, vraiment, si c’était l’Univers, il ne pouvait pas y faire grand-chose après tout. La jeune femme, elle, ne se rendait absolument pas compte de son tourment et continuait à parler avec animation, de la Paix, des Impératrices et des Reines, des chiens qui n’ont pas de flair, des jolies lumières éclairant la salle de réception et des très bons hors-d’œuvre.

C’était une torture. Il la dévisageait sans pouvoir détourner les yeux. Il était complètement conscient de la moindre de ses paroles, de ses moindres gestes, de ses yeux, de ses cheveux, de ses lèvres, de sa main qui jouait distraitement avec un bouton de son manteau comme pour requérir son attention. Comme si elle en avait besoin. Ses cœurs battaient à tout rompre dans sa poitrine biologiquement supérieure de Seigneur du Temps. Elle était complètement impossible. Complètement impossible. Toutes ces années, tous ces Compagnons de voyage, et il allait céder, là, tout de suite. Pourquoi ? La seule réponse qui lui venait à l’esprit tenait en un seul mot et était simple et éloquente à la fois. Rose.

La jeune femme ne se doutait toujours de rien quand le Doctor rendit les armes. Il cessa de lutter. Il regarda ses lèvres, il les regarda sans honte ni hésitation, il les regarda avec insistance. Il les regarda vraiment beaucoup et puis il se rapprocha, presque imperceptiblement et pencha légèrement son visage. Soudain Rose s’arrêta de parler, percevant enfin l’attitude inhabituelle de son ami. Elle sembla se tendre complètement, leva la tête vers lui, la bouche incertaine et entrouverte, presque suspendue dans le temps. Elle le fixa avec ses grands yeux de braise écarquillés, comme si de toutes les choses dont elle avait été le témoin privilégiée depuis qu’elle l’avait rencontré, celle-ci était la plus stupéfiante et la plus merveilleuse et la plus terrifiante.

Il se pencha encore un peu plus et s’imprégna d’elle, toute rose et jaune et sentant la vanille et la liqueur. Il allait le faire. Il voulait le faire. Même si c’était stupide et contre les règles, même s’il allait le regretter et tout compliquer et pleurer toutes les larmes de son corps quand elle le quitterait, il le ferait. Il lui volerait un baiser, au moins une fois. Il prit une profonde inspiration, posa l’une de ses mains sur sa hanche et effleura son épaule de l’autre. Il la sentit se raidir, comme paniquée, mais elle ne fit aucun mouvement pour se dérober. Son visage se rapprocha du sien, s’arrêtant, avec une dernière hésitation. C’était le moment. Ses lèvres étaient sur le point d’effleurer les siennes et … quelqu’un tira Rose en arrière.

Le Doctor allait protester quand il vit l’Impératrice, en personne, les toiser du regard, et poser Son Honorable Main sur le bras de Rose. Elle annonça qu’en tant qu’héroïne de la soirée, ayant rendu possible la signature du Traité, Rose était son invitée d’honneur et allait passer le reste de leur séjour à ses côtés. Le Doctor eut à peine le temps de réagir que déjà l’Impératrice rejetait le menton de côté d’un air de dédain et entraînait Rose à sa suite, les deux femmes encadrées par une haie de Gardes aux lances pointues. Et aux regards vicieux. Elles rejoignirent sous le regard révérencieux de la foule la Tribune Impériale, où l’on désigna à Rose un siège entre l’Impératrice de Chuchailua et l’Impératrice de Barcelona. Le Doctor ne savait pas s’il devait être soulagé ou déçu d’avoir été interrompu et demeura les bras ballants, interdit, ses cœurs battant toujours la chamade.

Finalement, même les jours où Rose lui rendait la tâche extrêmement difficile, quasi impossible, le reste de l’Univers semblait le presser de s’en tenir à ses règles.

« Bon … Ben … Voilà qui est décidé. » marmonna-t-il, incertain.

Il ne lui restait plus qu’à profiter des hors-d’œuvre et passer les prochaines heures à reconsidérer sérieusement la question de ses règles de non fraternisation avec ses Compagnons de voyage. Et pour le reste de la soirée, ce qui en soi était déjà très agréable et beaucoup moins risqué, le Doctor se contenta de faire comme tout le monde, et d’admirer Rose de loin.

série : doctor who, défi : non-baiser, auteur : wyn_wyn_wyn, fanfiction

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