(no subject)

Jan 07, 2010 11:53

Et comme d'habitude je me réfugie ici lorsqu'il s'agit d'écrire vraiment. 
Deux morts et une rupture en quatre jours. Mes amis s'inquiètent de savoir comme je vais, alors que la réponse est simple: je ne vais pas. On ne peut aller nulle part quand on est en suspens. Le choc, peut-être. Trop, peut-être. J'ai pris trois coups de poings dans l'estomac et je ne respire plus.

Pourtant, cet état de flottement semble un peu réussir : je ne pleure pas. Je dors mal, c'est vrai, mais je suis capable de passer de bons moments avec d'autres personnes, leur raconter ce qu'il s'est passé. Notre décision commune, cet accident de la route, sa maladie. Et puis je rentre chez moi et je dors. Quand je ne dors pas je regarde la rue par ma fenêtre. Je ne fais rien. Je n'arrive pas à ne pas penser. Quand je sors, c'est plus simple, je mets de la musique fort, très fort, et je ne m'entends plus. Ca aide. 
Je n'arrive pas à travailler. Pour cela, il faudrait pouvoir me concentrer, ne pas avoir l'esprit fatigué ou occupé. J'essaye de lire et mes yeux fixent la page longtemps, les mots disparaissent derrière des visages et des souvenirs. 
Et le choc. J'ai peur. Tout le monde meurt. Surtout en ce moment. Surtout autour de moi. Je ne peux m'empêcher de craindre le prochain appel, la prochaine annonce. Parfois je me dis que ce sera un de mes proches, parfois je me dis que ce sera pour la mienne, ma mort. En réalité, je n'ai pas peur de la mort. Je ressens plus fortement ma vulnérabilité, ma fragilité. Bref, je vais mourir, comme tout le monde. 
Fatiguer mon corps est une bonne chose. La danse, le hammam, les films, les marches dans le froid.

La période est triste, d'où ces pensées. Heureusement, d'autres choses me font sourire. Le bébé d'un couple d'amis qui pleure pour ne pas prendre son bain. Puis je m'assombris, car Thomas avait mon âge. Un morceau de musique qui me donne envie de danser et sourire. Simona qui perd sa mère. Les couleurs d'un ciel d'hiver - aujourd'hui-, les Invalides sous la neige. Ma solitude.

J'attends. L'enterrement, les bras autour de mes épaules, les larmes. Et surtout après. Pourvu qu'après arrive vite, bientôt, qu'il me surprenne, me fasse sourire. Qu'il me rende heureuse et qu'il rende heureux ceux que j'aime. 
Je suis heureuse, au fond. Mais la vie est tellement triste en ce moment. Je n'arrive même plus à pleurer. 
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