Jul 22, 2008 13:43
Une journée de rien. Devant mon ordinateur, au milieu des bouquins et feuilles imprimées, surlignées, en bleu, jaune, vert, à lire, prendre quelques notes, corriger deux ou trois fautes tout au mieux.
Dès que j'avance la main vers les touches de mon clavier, quelque chose me retient. L'immensité du travail. Je n'ose attaquer les premiers mots, les premières lignes. Les idées jaillissent pourtant, alors je griffonne sur mon cahier (le deuxième que je remplis depuis le début de ce mémoire, sans compter les feuilles volantes ou scotchées sur les murs dans ma chambre), je fais des schémas, trace littéralement le dessin de mes idées. Et je n'écris pas. Alors, je relis, retourne voir ces auteurs si brillants, me dit que je n'ai qu'à retranscrire ces pensées si justes, je dérive, suit les raisonnements et m'éloigne de mon sujet, pour ne pas m'y noyer.
Je marche dans l'appartement. J'échange quelques mots avec un ouvrier de passage. Je regarde le ciel bleu dehors. Et le soir, je reste là, assise au milieux de la centaine de textes qui jonchent le sol de mon salon. Et je me dis que je n'y arriverai pas. Plus la force, plus la dynamique, moins d'enthousiasme. A quoi bon écrire ce que l'on sait déjà ? Repenser une trame entière (ce fameux drame de la page blanche n'arrive chez moi que lorsque je sais pertinement ce qu'il faudrait faire, mais qu'une paresse me retient d'accomplir). Tout recommencer. Repartir de la découverte d'une chose, si ancienne pour moi, intégrée déjà; la dérouler, lentement, l'expliquer, l'enrichir, pour enfin aboutir et penser ce cheminement pour je ne sais quel lecteur novice qui n'y connaitrait rien. Tel est celui ou celle à qui je suis censée m'adresser...
Je vois les ombres des oiseaux passer derrière les volets, le soleil changer de côté. Ce livre dans lequel j'aimerais me plonger, mais la culpabilité d'une fuite si assumée me dérange. Je n'ose pas quitter mon lieu de travail qui me crucifie tant que je n'arrive pas à y produire quoi que ce soit.
Alors je reste là, et je me dis : une journée passée, une journée de vide, à craindre et ne rien faire.