Oct 14, 2013 23:30
Il n'y a qu'une seule chose qui me tient dans cette ville et ce pays (à part de la peur, de la manque de confience en soi, du caractère etc.): ce petit Musée. Car je sais que je l'aime, car je sais que j'aime mon travail, car je sais que - sauf que je ne sais pas en quelle forme grammaticale mettre le verbe "pouvoir" - y vivre toute ma vie. Car je ne sais pas qui devrait prendre le pouvoir là pour que je ne puisse plus y être. Et j'espère bien que je ne vais jamais le savoir - pas pour moi, mais pour le Musée (bien que peut-être on le va; tout simplement je suis une fille heureuse d'avoir commencé sous Mme Antonova et d'être élévée par celles qui les aiment sans réserve, elle et le musée).
Car je l'aime. Car j'aime cette vieille dame magnifique venue d'un autre monde. Car j'aime ce metier et cette petite maison de fous, même avec son absurdité, ses personnages, ses intrigues, tout.
Et puis, après tous les dix mille e-mails, papiers, signatures, dossiers de douane - ce sont des camions dans la cour du Musée, le symbole de bonheur; ce sont les oeuvres; ou ce sont des constructions - des podiums, panneaux, mirroirs; ce sont ces gens magnifiques - convoyeurs, ménusiers, électriciens, et parfois Nathalie. Et on travaille tous les jours, on travaille tout le weekend, on a soif, on manque de l'air; moi je suis interprétatrice, ça veut dire, je prends partie, à vous de deviner laquelle. Et on bat, et on souffre, et on se rejouit ensemble.
Et enfin le jour vient et vient le soir, les menusiers regardent la cour de la haut du palier, et on sait plus où est Nathalie, et on la cherche partout, en courant à travers les salles vides que je connais par coeur, et la barrière sonne brusquement. Et puis vous la trouvez, vous la faites parler, tu traduis, tu prends son manteau - le plus mou possible - et tu le porte dans tes bras, comme un homme porte une femme, dans le vestiare. Et puis quelqu'un bien connu joue au alto, et toi, tu regardes les deux femmes que t'admire le plus dans ce monde.
Et puis on rit et sourit, on prend des photos, et même les électriciens sont revenus, on te regarde doucement, et vous levez tous vos verres en disant: "aux bougies!". ça, c'est notre code à nous.
la semaine est over,
хроники Ивана Лыкова-2,
жизнь есть чудо,
ГМИИ,
l'état des choses,
выбор редакции-2013,
elle est reine