Feb 21, 2009 10:34
Si vous et tous ceux pratiquant votre métier disparaissaient, ici je parle de spécialistes, de gens de carrière, sentez-vous que le monde serait un pire endroit où vivre ? Qu'il aurait du mal à fonctionner ?
Mon parcours en philosophie a prit fin lorsque je me suis posé la question. Il n'y a plus rien à tirer de cette discipline, surtout qu'elle se pratiquait, de toute l'Histoire et pour les penseurs les plus marquants, en parallèle avec autre chose.
Spinoza fabriquait des lentilles.
Descartes eut une carrière militaire brillante (et un parcours social flamboyant) et fut un remarquable mathématicien.
Les meilleurs penseurs contemporains en épistémologie, en éthique ou en philosophie des sciences, sont eux-mêmes chercheurs, médecins et ont une expérience directe de ce dont ils parlent.
Socrate devait, logiquement, être assez riche pour être propriétaire et marié. Il avait réalisé son service militaire avec brio et même été officier, si on en croit les écrits de Platon à son sujet. Il parlait justement de tels écarts chez les rhéteurs et sophistes, et a ouvertement méprisé ces "vendeurs de pensée".
Nietzsche, enseignant les lettres, sentait qu'il y avait un trouble dans la façon de penser la philosophie à son époque, et traitait ses contemporains de "culs-de-plomb" même s'il n'a pas remarqué l'ironie de son propre métier.
Et tout ça, c'est la faute de Kant ! Il a débuté la tradition de s'asseoir, de penser, sans rien voir du monde. (Je sais bien que j'exagère)
Je pense quelque chose de similaire de toute l'industrie et le commerce qui tourne autour du divertissement, de la mode, de l'image. Je vois qu'il existe un besoin, une demande, mais il me semble qu'il y a quelque chose de malsain dans la quantité de ressources à la disposition des producteurs de cinéma, de jeux vidéo, de designers, des gérants d'équipes sportives et surtout dans les rêves qui se bâtissent sur ces principes. Des mythologies construites sur des carrières basées sur du jeu, des rêves d'être aussi superflux et glorifié que des stars ou au moins de participer à cet espèce de grand chaos, des intrusions (ou peut-être des constructions) dans la vie privée d'un groupe d'élite pas forcément talentueux, mais constamment sous l'oeil des médias.
Des imaginations qui s'enflamment, qui pensent à la richesse, aux projecteurs, aux éloges gratuites, à la couverture des magazines, et qui se fracassent à la morne et plate réalité, faute d'avoir su modérer ces envolées. Une foule de millionnaires plus ou moins talentueux qui oeuvrent dans des domaines divers et qui servent de modèles depuis une ou deux générations, comme s'ils faisaient quelque chose de bien. Leurs opinions et leurs parcours qui impressionnent malgré leur manque de bon sens, marquent les esprits impressionnables au point d'en faire des émules, qui à défaut de pouvoir évoluer dans le même milieu, tente de mimer leur vie privée au point de se prétendre en dépression, végétaliens, soucieux des enfants au Ghana et j'en passe...
Je pense que ce qui matérialise le mieux mon idée, ce sont les Pussycat Dolls.
Elles me troublent.
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