Synopsis :Londres 1818: John Keats, un jeune poète de 23 ans entretient une liaison clandestine avec Fanny Browne, étudiante en haute couture. Issus de deux univers forts différents, Fanny n’apprécie pas le talent de Keats alors que ce dernier la considère comme une originale aux moeurs légères. Mais Fanny, touchée lorsqu’elle apprend que Keats prend soin de son frère gravement malade, le découvre sous un autre jour. Elle demande à Keats de lui enseigner la poésie qui très vite deviendra le moteur d’une liaison profonde et passionnée.
Après de multiples critiques pour le moins élogieuses à l’encontre de ce film je me suis laissée envoûter par Bright Star. Ces dernières années les films d’époque relatant les amours éperdues d’écrivains et notamment de Jane Austen furent plus ou moins nombreux, il est dès lors difficile de se dire si une fois de plus un réalisateur sera capable d’égaler ou de faire mieux encore que ses prédécesseurs. Car sur le plan scénaristique, il est des plus prévisibles. On connait la fin de l’histoire, il n’y a donc pas de « suspens » en soit. En revanche le récit laisse place à une mise en scène de toute beauté partageant ainsi avec le téléspectateur une intimité tout en grâce et en finesse. La photographie quand à elle développe au fur et à mesure de l’avancement littéraire un degré époustouflant de sensibilité qui nous plonge sans un mot dans les abîmes bouleversants des émois amoureux de ce jeune écrivain.
On découvre ainsi l’univers unique de cette petite Angleterre où Fanny Browne tombe peu à peu sous le charme de John Keats malgré ses réticences et préjugés du début. Elle finira par casser sa propre coquille pour se laisser submerger toute entière par ce jeune poète dont elle tombera éperdument amoureuse. Quand à John Keats, il se découvrira dès lors une inspiration sans borne qui lui permettra de composer ainsi ses meilleurs poèmes grâce à l’amour passionnel qui le lie à Fanny Browne. Je conseille vivement le livre « Lettres à Fanny Browne » qui recueille l’ensemble de ses lettres dont certaines sont enivrantes à souhait.
J’ai été surprise par la réalisation, la beauté des mots, le jeu des acteurs. Certains diront que l’époque et la vie du poète étaient bien ennuyeuses. Certes, l’époque n’était pas la même, le temps et la manière de s’occuper demeuraient bien différentes de ce que nous connaissons actuellement où tout doit aller vite, très vite au détriment de l’émotion. Le toucher pur, le toucher juste glorifie une sensibilité qui se perd peu à peu dans les films actuels. Dès lors certains petits films qui sortent du lot pour rendre justice à la contemplation d’un temps sont une vraie bénédiction pour les amoureux transis de poésie. Je me suis noyée toute entière dans ce film et ai délecté la moindre parcelle de dialogues d’une rare beauté. J’en redemande.
Prochain visionnage, The Hours. Oui, grosse lacune de ma part, je n’ai pas encore vu ce film classé comme un chef d’œuvre. On verra ce qu’il en ressortira.