La vie en Super-Huit
Mon grand-père maternel avait une caméra super-huit, et il a fait une cinquantaine de films entre 1963 et 1980.
Il l'avait achetée peu après la naissance de ma tante Florence, quand ma mère avait 11 ans, et mon oncle 10 ans, un an avant l'arrivée de mon autre tante Sophie. Et puis après sa mort, les pellicules ont toutes finies dans un grenier, personne ne savait guère s'en servir.
Imaginez ce que c'est que de retrouver tout ça aujourd'hui ! On a racheté une lampe pour le vieux projecteur, dépoussiéré l'écran blanc, et depuis 24h, le salon est dans le noir le plus complet, ça sent le plastique chaud et ça fait un bruit de moteur ignoble. On passe toutes les vieilles bandes, dans un ordre très aléatoire, on saute de 66 à 79 pui à 76 et 64...
A sortir tous ces vieux films que personne n'a vu depuis 25 ans, on se prend pour des archéologues ! Et c'est une sensation étrange de découvrir la vie de votre famille, des années avant que vous n'y débarquiez. Ca met des images sur les souvenirs que vous racontent vos parents. La terrasse au milieu de l'appartement au dessus des Dames de France où a grandi ma mère. Ces quatre enfants qui déballent leurs cadeaux de Noël en pleine nuit, qui plusieurs années plus tard vous regarderons faire de même, avec dans les yeux le même attendrissement que vous avez là en regardant ces images. Mes tantes sont les portraits crachés de leurs filles au même âge ! Regarde maman, Flo on dirait Pauline, Sophie là c'est exactement Manon, la même moue boudeuse... Non en fait ce sont plutôt mes cousines qui sont des clones de mes tantes ! Les communions, les réunions de famille...
Là c'est Armand, le parrain de ma mère, ce grand-oncle qui s'est tué avec sa femme et ses filles dans un accident d'avion quatre ans plus tard, et dont il ne reste guère qu'une clinique portant son nom en région parisienne. C'est plutôt glauque de tomber là-dessus par contre.
Mes grands-parents paternels, cette grand-mère dont je me rappelle à peine, décédée quand j'avais 6 ans. J'ai ses yeux, c'est flagrant. Ma grand-mère maternelle, belle comme une actrice de ces années-là, une façon de se tenir, et cette manière de tenir la cigarette avec une classe naturelle, elle que je n'ai connue que vieille, avec sa canne et ses tâches sur le visage. Enfin mon grand-père paternel, peu présent car c'est souvent lui qui filme, lui que je n'ai pas connu, que ma mère se rappelle comme un homme dur et froid, qui ne l'embrassait jamais. Les souvenirs sont sélectifs maman, on le voit à plusieurs reprises venir s'asseoir sur le bord du fauteuil où elle lit et l'embrasser, vite rejoint par ses deux petites dernières qui veulent leur part du câlin aussi.
Une réception chez mes grands-parents paternels, ma mère se trouble et s'exclame "Je sais quel jour c'était! Ma mère m'avait forcée à venir passer les petits fours." et je comprends à demi-mots que c'est le jour où elle a rencontré mon père. Wooo ça c'est bizarre ! Puis les fianciailles de mes parents et leur mariage. Eux que je ne me rappelle plus avoir vu en couple. Certes j'avais 8 ans quand mon père est parti, mais déjà avant il n'était jamais là, et je ne me souviens plus d'eux ensemble. C'est vraiment irréèl de les voir comme ça, amoureux, se tenant la main. Qu'est-ce que ma mère était belle ! Et là ce petit bout de chou qui tient la traine !!! C'est ma cousine exilée aux USA la maman de mon petit Eloi!
Des vacances au ski, mon père qui ski comme un pied, ça n'a pas changé ça ! Et une gamelle ! Ce look je vous jure... Mes parents s'habillaient en hippies, on aura tout vu !
Et là... Mon frère !!!!!!!! L'aîné des petits-enfants, le seul présent sur les bandes, mon grand-père faisait déjà beaucoup moins de films. Mais regardez moi ce bébé glouton ! Je vous assure que ça n'a rien à voir avec les photos, c'est étonnant de retrouver ça. Ce frère que je n'ai connu que lorsqu'il avait déjà 7 ans, le voilà qui vient de faire ses premiers pas, tout blond, la coupe au bol, de bonnes joues roses bien rebondies et ce sourire canaille ! Qui se précipite dans les bras de celle qui n'est pas encore ma maman mais déjà la sienne et repart en courant dans un autre sens : il a vu un canard ! Et ce ventre un peu en relief de ma mère, n'abriterait-il pas ma soeur ?
Il reste des bandes et des bandes à visionner, l'image saute, il n'y a pas de son, mais c'est vraiment chouette de pouvoir retracer l'histoire familiale en images !
Il l'avait achetée peu après la naissance de ma tante Florence, quand ma mère avait 11 ans, et mon oncle 10 ans, un an avant l'arrivée de mon autre tante Sophie. Et puis après sa mort, les pellicules ont toutes finies dans un grenier, personne ne savait guère s'en servir.
Imaginez ce que c'est que de retrouver tout ça aujourd'hui ! On a racheté une lampe pour le vieux projecteur, dépoussiéré l'écran blanc, et depuis 24h, le salon est dans le noir le plus complet, ça sent le plastique chaud et ça fait un bruit de moteur ignoble. On passe toutes les vieilles bandes, dans un ordre très aléatoire, on saute de 66 à 79 pui à 76 et 64...
A sortir tous ces vieux films que personne n'a vu depuis 25 ans, on se prend pour des archéologues ! Et c'est une sensation étrange de découvrir la vie de votre famille, des années avant que vous n'y débarquiez. Ca met des images sur les souvenirs que vous racontent vos parents. La terrasse au milieu de l'appartement au dessus des Dames de France où a grandi ma mère. Ces quatre enfants qui déballent leurs cadeaux de Noël en pleine nuit, qui plusieurs années plus tard vous regarderons faire de même, avec dans les yeux le même attendrissement que vous avez là en regardant ces images. Mes tantes sont les portraits crachés de leurs filles au même âge ! Regarde maman, Flo on dirait Pauline, Sophie là c'est exactement Manon, la même moue boudeuse... Non en fait ce sont plutôt mes cousines qui sont des clones de mes tantes ! Les communions, les réunions de famille...
Là c'est Armand, le parrain de ma mère, ce grand-oncle qui s'est tué avec sa femme et ses filles dans un accident d'avion quatre ans plus tard, et dont il ne reste guère qu'une clinique portant son nom en région parisienne. C'est plutôt glauque de tomber là-dessus par contre.
Mes grands-parents paternels, cette grand-mère dont je me rappelle à peine, décédée quand j'avais 6 ans. J'ai ses yeux, c'est flagrant. Ma grand-mère maternelle, belle comme une actrice de ces années-là, une façon de se tenir, et cette manière de tenir la cigarette avec une classe naturelle, elle que je n'ai connue que vieille, avec sa canne et ses tâches sur le visage. Enfin mon grand-père paternel, peu présent car c'est souvent lui qui filme, lui que je n'ai pas connu, que ma mère se rappelle comme un homme dur et froid, qui ne l'embrassait jamais. Les souvenirs sont sélectifs maman, on le voit à plusieurs reprises venir s'asseoir sur le bord du fauteuil où elle lit et l'embrasser, vite rejoint par ses deux petites dernières qui veulent leur part du câlin aussi.
Une réception chez mes grands-parents paternels, ma mère se trouble et s'exclame "Je sais quel jour c'était! Ma mère m'avait forcée à venir passer les petits fours." et je comprends à demi-mots que c'est le jour où elle a rencontré mon père. Wooo ça c'est bizarre ! Puis les fianciailles de mes parents et leur mariage. Eux que je ne me rappelle plus avoir vu en couple. Certes j'avais 8 ans quand mon père est parti, mais déjà avant il n'était jamais là, et je ne me souviens plus d'eux ensemble. C'est vraiment irréèl de les voir comme ça, amoureux, se tenant la main. Qu'est-ce que ma mère était belle ! Et là ce petit bout de chou qui tient la traine !!! C'est ma cousine exilée aux USA la maman de mon petit Eloi!
Des vacances au ski, mon père qui ski comme un pied, ça n'a pas changé ça ! Et une gamelle ! Ce look je vous jure... Mes parents s'habillaient en hippies, on aura tout vu !
Et là... Mon frère !!!!!!!! L'aîné des petits-enfants, le seul présent sur les bandes, mon grand-père faisait déjà beaucoup moins de films. Mais regardez moi ce bébé glouton ! Je vous assure que ça n'a rien à voir avec les photos, c'est étonnant de retrouver ça. Ce frère que je n'ai connu que lorsqu'il avait déjà 7 ans, le voilà qui vient de faire ses premiers pas, tout blond, la coupe au bol, de bonnes joues roses bien rebondies et ce sourire canaille ! Qui se précipite dans les bras de celle qui n'est pas encore ma maman mais déjà la sienne et repart en courant dans un autre sens : il a vu un canard ! Et ce ventre un peu en relief de ma mère, n'abriterait-il pas ma soeur ?
Il reste des bandes et des bandes à visionner, l'image saute, il n'y a pas de son, mais c'est vraiment chouette de pouvoir retracer l'histoire familiale en images !