Saturday night at the cinema... "The Happening"...

Jun 29, 2008 10:44

Saturday night at the cinema... "The Happening"...
Ou Lolo a vraiment du mal à s'en remettre...
Ou encore Lolo adore se torturer l'esprit...

De retour du cinéma hier soir, je me suis laissée tenter par un dernier quart d'heure de digestion et de dissection du film avec Karen et Rob.
Film à la 2ème scéance (celle de 21h30, eh oui, ici tout arrive plus tôt), avec 20 personnes dans une salle pouvant en contenir une centaine...
Les gens quittant tous la salle à la première note des crédits à la fin du film. Des mines amères et déçues.
Et trois étrangers éberlués restés assis jusqu'à ce qu'on les mette à la porte.

De retour in the Bay, visite du net autour d'une tisane à la recherche désespérée d'analyses et de commentaires d'autres spectateurs ayant vu les mêmes choses que nous dans le dernier film de Shyamalan, "The Happening".
Personne. Absolument personne.

Les critiques sont cependant variées, mais toutes se classent dans 2 catégories :
- analyse de surface du spectateur qui ne voit que la couche de vernis
- analyse reprenant point par point ce que M. Night Shyamalan a livré de son film avant qu'il sort (donc pas son véritable but) comme pour excuser le fait que ce film n'était ni The 6th Sense, ni Signs, ni The Village...

Bref, pour la première catégorie, voici ce qui se dit, à l'écrit dans des commentaires, comme en vidé sur YouTube:

Terrible jeu des acteurs, stupidité de la vague de morts par suicide, stupidité des arbres et de la nature qui se met à tuer les êtres humains, intrigue ridicule, phénomène ridicule, dialogues absolument ridicules, et j'en passe, bref,

un film de série B tendant vers la série Z.

Pour la deuxième catégorie, que nous nommerons "M. Shyamalan a dit" :

M. Shyamalan a dit : inspiration des films des années 50 de série B et de suspense - oui, tout a fait un film de série B avec des acteurs et des dialogues parfaits pour ce genre de film.
M. Shyamalan a dit : ce film n'a rien a voir les précédents - effectivement, c'est une rupture du genre. L'horreur est abordée de la même façon mais de manière plus poussée dans les suicides, toujours des images très belles

visuellement (l'orchestration et la photographie des "hommes volants" - suicide collectifs des maçons sautant des toits, ou l'homme à la tondeuse), toujours à la limite de la visualisation complète des morts mais toujours aussi

à la limite de "on va s'arrêter avant de l'horreur" (poussée à l'extrême, car on ne sait pas si l'image va s'arrêter avant la seconde d'horreur ou se poursuivre)...
M. Shyamalan a dit : (euh, je sais plus ce qu'il a dit, mais les deux "M. Shyamalan a dit :" précédents résument bien ce point de vue)

Bref, le tout ponctué de "ce n'est pas mon film préféré de Shyamalan, ni son meilleur film, mais c'est Mr Shyamalan alors je suis fan et je me révolte contre les mauvaises critiques et les critiques de surface", qui finalement sont

aussi peu utiles que les leurs, haha.

Donc, voici ce que personnellement, j'ai vu dans ce film, et pourquoi j'en suis tellement chamboulée que j'ai besoin d'en parler  (et quel plaisir de voir un tel film sur grand écran avec deux amis qui ont vu la même chose que moi)

:

- La série B : Okay, j'ai passé les 10 premières minutes à me retenir de faire un petit commentaire à Karen sur le jeu de MArky Mark (Mark Walberg). Parce que franchement... Une expression faciale. Un rôle de prof de science

allumé mais dans le genre hyper calme, complètement inconscient du désaccord entre son monde "mental" et le monde extérieur. Une patience comme aucun prof n'en a (je parle d'expérience, parce qu'on m'a dit que j'étais si

patiente en classe que ça pouvait être interprété comme du laxisme).
Mais là, entre John Leguizamo. Bon acteur. Rien à voir avec Marky Mark habituellement. Et le pire dialogue du film.
Leguizamo demande à Mark Walberg s'il a un problème de couple... Argh. J'ai failli m'étouffer tellement c'était mauvais.
Mais je tique quand même. Parce que Leguizamo joue sur le même registre que Walberg.
Et je me dit.... "Oh! On va avoir droit à ce jeu d'acteur tout le long pour une bonne raison!"

M. Night Shyamalan donne au public le ton de série B annoncé, mais pas pour faire de la série B. Il donne au public ce que le public voit, lit, et veut voir et lire : un monde où tout va bien, même quand ça va mal. La preuve. Avant

l'entrée en scène de Leguizamo, on voit Wlaberg enseigner de façon étrange, comme un prof de science passionné par sa matière avec des questions poussant les élèves à se poser des questions. Bref, un enseignant qui joue son

rôle "réfléchissez, ne prenez pas tout pour acquis". La classe est d'autant plus étrange que tous les élèves d'un quinzaine d'années sont calmes et attentifs. Même le bellâtre de la classe. Qui se fait taquiner sur sa vanité et le

prend bien. Et qui répond intelligemment alors que Walberg lui dit de réfléchir et de proposer une hypothèse à la disparition des abeilles...

Série B aussi parce que tous les personnages réagissent comme on l'attend.
Poussé encore plus loin, par la réaction du public (qui ne s'arrête pas au vernis). L'horreur : un gamin qui dans sa fuite tombe dans la réaction violente qu'on attribue aux ados dans les flash d'information de la colère vandale

face au refus de l'adulte ; les gens qui prennent la fuite sans considération pour ceux qui fuient avec eux parce qu'ils ont encore plus peur de ces inconnus que sont nos voisins que du phénomène inexpliqué...

Et la rupture des personnages de série B! Ooooooh.
Le professeur qui a 2 moments très très humains : il avoue à la petite fille Leguizamo que son père est mort. Calin et larmes au bord de la route, le tout légèrement flou, sans aucun son issu de ce moment intime, vu de la distance...

et le pétage de plomb quand tout le monde fait pression face à l'hoerreur du suicide collectif arrivé à 2 pas : il essaie de se convaincre de réfléchir pour se maîtriser face à la panique, avec unmantra amusant, sa phrase sur

comment analyser un problème scientifique, la même qu'il donne à ses élèves lorsqu'ils quittent son cour. Le tout pour finalement péter un plomb et hurler sur les gens qui paniquent autour de lui.

Leguizamo en papa modèle qui refuse de lacher sa fille mais finalement l'abandonne à ses amis pour aller chercher sa femme. Et mourir en abandonnant sa fille.

Le soldat qui réagit à l'opposé de ce que font les soldats dans les films, il est perdu, aucune maitrise lui-même, aucune maitrise de la panique, et le mantra précédent sa mort "mon arme est mon amie"...

Bref, on peut très bien ne pas voir la subtilité de l'utilisation de la série B à des fins particulières : je vous donne ce que vous voulez voir, mais vous n'allez pas aimer par ce que je ne l'utilise pas afin de vous donner ce que vous

voulez.

- Le phénomène : les critiques (pro ou comme moi) ont trouvé le phénomène des suicides rocambolesque et peu réaliste.
Non non non. Déjà d'un point de vue image, c'est génial! Tous ces gens qui s'arrêtent. Qui bloquent sur leur dernière phrase ou mot. Qui se mettent à marcher à reculons. Pour finalement se suicider de la première manière qu'ils

trouvent. Une régression mentale et physique. La vie et le développement à l'envers.
Filmé de manière assez poétique. Tous ces maçons qui marchent pour se laisse tomber dans le vide, filmé depuis le sol. C'est presque un ballet.
Même le policier qui se tire une balle dans la Tête, qui tombe, son arme qui tombe un peu plus loin, et un effet de dominos qui pourrait être sans fin, quand on voit les pieds d'un homme qui descend de sa voiture, sa main qui

saisit l'arme, le cup de feu, sa chute, l'arme un mètre plus loin, des chaussures à talons qui rompent leur immobilité, une main de femme qui saisit l'arme, le coup de feu, la chute, l'arme.... rupture d'image et retour à MArk

Walberg...

L'interprétation même du phénomène par les personnages est une vive critique de la société actuelle qui a tendance à reléguer au surréalisme loufouque toute explication autre qu'attentat terroriste avec arme biologique ou

complot et expériences de la CIA.

Le film s'ouvre d'ailleurs sur cette classe et le phénomène des abeilles qui disparaissent d'un coup à plusieurs endroits en même temps. Les hypothèses des élèves sont là et annoncent la suite : changement climatique, pollution,

et la meilleure réponse, celle du bellâtre : pourquoi devrait-il y avoir une explication rationnelle? Pourquoi ne peut-on pas admettre qu'il y a une force qui domine tout?

Non, pas Dieu. La Nature. Dame Nature.

Dans leur fuite, Mark Walberg et sa femme rencontre une personne qui les prend en voiture. Botaniste allumé et sa femme qui mangent des hotdogs parce que les plantes ont une âme.
Oui, la théorie du botaniste sur le phénomène est une partie de la réalité : les plantes, les arbres, l'herbe communiquent et ce sont elles qui déchargent une phéromone en réaction à une menace. Mécanisme de défense.
Mark Walberg ne réagit pas. Il trouve seulement le botaniste flippant.

Dans le film, mon passage préféré, qui à mon humble avis est la clé et le passage le plus génial, est la fin de leur fuite.
Après avoir attérri dans une maison de démonstration où tout est en plastique, nourriture, faux-écran d'ordi, sushi, verre de vin rouge... avec une scène hilarante où Mark Walberg commence à penser que c'est bien le vent, les

arbres qui transportent une toxine, seul dans une pièce, voit une plante agitée par un courrant d'air et se met à lui parler, comme pour la convaincre de ne pas lui faire de mal, et caresse une de ses feuilles pour réaliser qu'il est

en train de parler à une foutue plante en plastique, après une maison qui fait penser à une maison du sud des USA où on se barricade à l'approche d'étrangers et après avoir fait les morts, on tire simplement sur les gens sur le

pas de la porte depuis un espace dans les volets, Walberg, sa femme et la petite fille sous le choc du massacre de 2 ados trouvent une maison au milieu de nulle part...

Walberg sonne une cloche sur le perron. Une ville femme dans un rocking chair lui répond de la manière la plus étrange. Il ne parle pas du tout. Mais elle dit 3 choses :
LA cloche c'est pour le Labrador (aucun labrador en vue, à aucun moment)
Pourquoi est-ce que vous regarder mon verre de limonade fraîche?
Bon, je suppose que je vais devoir vous nourrir.

La scène suivante est chocante et bouleversante par ses changements d'humeur.
Ils sont autour de la table. Je crois que Mark Walberg remercie la vieille femme pour le repas. Et s'aperçoit qu'il n'y a aucun moyen de communication et lui demande si ellea une radio.
Elle lui répond qu'elle ne veut rien savoir du monde extérieur, que le monde se fiche d'elle et qu'elle s'en fiche aussi.
Et BAM! Elle tape brutalement sur la main de la petite fille qui veut prendre un biscuit : "Don't take what is not yours!"
Elle leur parle alors d'un lien entre la maison et un bâtiment extérieur reliés par un système de tuyaux grâce auxquels on entend tout de la maison dans la le bÂtiment comme si on y était, systèm datant du temps où on cachait les

esclaves en fuite... Étrange.
Et elle leur dit qu'elle subvient à ses besoins, qu'elle a son potager qui la nourrit, mais qu'elle n'est pas très douée, les choses suivent leur cours dans son jardin, elles ont leur propre volonté...
Puis elle se lève brusquement et dit : "Je suppose que je vais devoir vous garder pour le nuit".

Étrange. Et vraiment efrayant. Cette vieille femme est aigrie et dégage une impression presque psychopathique (est ce que c'est un mot?)...
Elle ne cesse de dire des choses dérangeantes sur son ton plat : "je sais ce que vous faites. Vous allez me tuer dans mon sommeil", "vous êtes là pour me voler"...

Même dans sa mort, elle est différente... Contrairement aux autres suicidés, elle se tient là, dans son potager, et elle regarde Mark Walberg tout le long de sa courte marche vers la mort, elle le regarde. Elle brise toutes les fenêtre

pour laisser entrer la mort et emporter Mark Walberg avec elle...

Pensez-vous comme moi?
Qui est cette femme?
Relisez ce qu'elle a dit.
Cette vieille bonne femme dérangeante et aigrie n'est autre, à mon avis, que Mère Nature.
Aigrie par tout ce qu'elle a donné à ses enfants (nourriture et abri) mais l'homme la pillé et détruite, il a sa propre volonté. Il fait se qu'il lui plait sans aucune considération.

- Autre chose qui m'a frappé, toujours lié à la nature, c'est la manière dont la nature s'attaque à l'homme, en fait par son moyen naturel, si je puis dire, mais avec des mécanismes humains : La nature attaque les groupes

d'humains en grand nombre. Comme les humains qui se sentent menacés par de trop gros groupes de personnes ou d'animaux ou qui détruisent l'excès de choses qu'il ne comprennent pas par peur.
La régression de l'état de conscience et de motricité, les dérèglements, comme la nature déréglée à cause de l'intervention de l'homme, et qui finit soit par mourrir soit par s'autodétruire.

Et le scientifique interviewé à la télévision qui se fait rire au nez alors qui annonce son hypothèse sur la nature qui donnait un avertissement en attaquant brièvement sans avertir ni du début ni de la fin subite de son attaque.
Les gens préfèrent croire en un Mal palpable est absolu de l'homme sur l'homme que de penser que tout le mal qu'il fait au non-humain pouvant un jour lui rendre la monnaie de sa pièce.

Bref, comme vous l'avez compris, je suis absolument hallucinée pas la portée du film et l'incompréhension qui l'entoure.

Mais c'est bien la preuve que de nos jour, on se laisse porter par la "Junk Culture" et tous ses produits et que pousser l'analyse quelque part ailleurs, ou simplement se laisser voir que le vernis n'est pas la toile, est devenu une violence tellement aberrante qu'on considère même l'horreur de la nature humaine comme une moindre violence.

Je sais, je suis un peu extrême, mais je suis impressionnée et bouleversée par toutes les images, les symboles et la visée de ce film.

J'espère que ceux qui l'on vu et n'ont pas vu la même chose que moi iront à nouveau voir ce film. Et que ceux qui ne l'ont pas vu et se sont spoilés par mon commentaire itony voir le film et reviendront avec encore plus de détails et d'idées sur ce film...

Aaaaaaaaaaaaaah. Il est 12h11, ça fait 1h30 que je tape. J'ai la flemme de me relire. Je vais aller me faire un café et lire les posts des copines. Pas fait depuis plusieurs jours.

Mes excuses à
camille_miko pour ne pas avoir posté de pub pour
banquet_final ... La honte...

rl, flim

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