Un épisode très attendu que j'ai vu dans des conditions… on va dire un peu étranges mais je ne suis plus à un Kamoulox près dans ma vie, et puis tout le monde s'en fout puisqu'après tout, Valar Morghulis. Sans transition, petite chronique dont je ne sais pas trop ce qu'elle va donner parce que, en positif comme en négatif, ça secoue un peu. Dans tous les cas, on ne peut pas dire que les scénaristes n'auront pas su nous surprendre.
The Night-King is watching you
L'analogie entre cette (future-jusqu'à-cette-nuit) bataille de Winterfell et celle du Gouffre de Helm dans le Seigneur des Anneaux ne date pas d'hier… du coup, j'imagine ne pas avoir été la seule à attendre un certain nombre de rebonds scénaristiques en commun. Au final, ça n'y ressemble pas tant que ça et ce n'est pas un mal, parce que ça a laissé la place à des surprises. Par exemple, à l'instar du Youtubeur Mestre Thibault, je m'attendais à ce que Melisandre surgisse à la fin des combats, au lever du soleil, à la façon d'un Gandalf dont il fallait attendre la venue à l'aube du cinquième jour. Ce sera au début de l'épisode qu'elle apparaîtra et… je l'ai trouvée badass tout le temps. Le moment où elle enflamme des épées des Dothrakis est magnifique et, je ne sais pas pourquoi, quand elle s'arrête devant Ver-Gris pour lui dire Valar Morghulis (ce à quoi l'Immaculé répond Valar Dohaeris) absolument cool. Peut-être parce que ça annonçait en quelque sorte ce qui allait se passer : Melisandre savait qu'elle allait mourir et Ver-Gris était prêt à se battre, donc à "servir", et l'inverse se valait également, Ver-Gris risquant la mort et Melisandre étant prête à accomplir sur ultime "service". Par la suite, face à Arya, ses propos ampoulés qui n'ont rien à envier à ceux de Bran (sur les yeux marron, les yeux verts et les yeux bleus) prennent tout leur sens à la fin. Quant à sa mort… je n'étais pas la dernière à imaginer un "sacrifice" de sa part pour sauver le monde, qu'elle se fasse tuer pour protéger quelqu'un, et ç'a été la surprise. La mort de Melisandre est étonnamment sobre et pourtant lourde de sens : non seulement elle tombe le masque en retirant son fameux collier mais en plus, en tant que représentante d'un culte du feu, c'est dans la neige qu'elle rend son dernier souffle. À mon sens, si elle meurt ainsi, c'est parce qu'elle estime avoir fait ce qu'elle avait à faire et en avoir fini avec une existence trop longue. Ça m'a fait repenser à une jolie phrase de François Morel qui dit "Je suis fatigué, fatigué, j'imaginais que je pourrais après la vie me reposer". Pour le coup, j'ai trouvé que Twitter n'a pas rendu justice à Melisandre. Certes, a priori, ses actes ne se voyaient pas vraiment mais en y réfléchissant, elle a eu une belle fin.
Pour en revenir à la comparaison avec les Deux Tours, j'ai bien aimé le retournement de situation qui permet l'entrée de l'ennemi dans la place. Là où Saruman crée une brêche en faisant exploser un truc, ce sont des spectres qui se jettent dans le feu pour ouvrir un passage à leurs congénères. C'est plus original que, par exemple, le Night-King utlisant le souffle de son dragon-zombie. Par ailleurs, là où les Uruk-hai n'atteignent jamais les grottes où sont cachés les civils, les cryptes de Winterfell sont attaquées… et ce même si aucun personnage important qui s'y trouve ne subit trop de dommage (Varys a du sang sur le front et ça s'arrête là). Enfin, effectivement, pas de cavalerie providentielle qui vient sauver le monde à la fin de la bataille - ce qui d'ailleurs n'était pas crédible vu que les gens hors-Winterfell et réunion à Port-Réal en fin de saison 7 qui savent comment tuer les spectres ne courent pas les rues - mais une victoire qui vient de l'intérieur et sur laquelle je reviendrai.
Sur le plan visuel, j'avoue avoir préféré la bataille des bâtards à celle de cet épisode. La luminosité était beaucoup trop faible, on ne distinguait pas grand-chose et on repérait presque plus facilement les spectres à leurs… heu… bruits (rawr-rawr-rawr ! fait le spectre) qu'au visuel, à moins qu'ils soient réduits à l'état de squelettes ou qu'on voie leurs yeux. C'était surtout du gros gloubi-boulga de gens qui se tapent dessus. On s'y retrouvait mieux lors de combats plus clairsemés, genre Lyanna Mormont vs. le géant-zombie, ou Arya dans la bibliothèque de Winterfell, ou même Daenerys lorsqu'elle se bat à terre, elle est aisément reconnaissable avec ses cheveux blonds et son manteau blanc (par contre, Jorah Mormont faisait camouflage, on ne le distinguait que grâce à l'énorme épée des Tarly que Sam lui avait confiée). J'ai à peine vu Edd-la-douleur mourir. Je n'ai pas trop compris ce qui se passait avec les dragons. Que Daenerys grimpe sur Drogon pour faire un barbecue de spectres, d'accord. Ensuite, je ne sais pas pourquoi elle et Jon ont passé autant de temps à haute altitude à surveiller le champ de bataille, à moins que Jon ait essayé de repérer le Night-King. D'ailleurs, à partir du moment où ça se produit, c'est le cirque complet au niveau des dragons. Je n'ai même pas bien vu ce qui arrive à Drogon quand il s'envole avec tous ces zombies accrochés à ses ailes, à part qu'il pleut des spectres, alleluia. Cela dit, les plans à hauteur de dragons en vol sont magnifiques. Il faut quand même le dire.
Par contre, il y a eu de très belles choses au niveau de l'échange de regards entre les personnages. Ils expriment beaucoup de choses sans échanger un mot. J'ai été particulièrement marquée par Daenerys et le Night-King ("Au secours, le feu du dragon ne lui fait rien ! Qu'est-ce que je peux faire ?" "Mouhahaha. Quelle charmante petite idiote.") et le dialogue muet entre Sansa et Tyrion dans les cryptes quand elle sort son couteau en verredragon ("Qu'ils s'approchent, les spectres ! Je vais les viser avec le bout pointu !" "Alors là, vous m'impressionnez !"), même que Tyrion lui fait un baise-main et que j'étais en mode "awwww". Faut m'excuser. Je continue à shipper ces deux-là.
Avant de parler d'Arya, qui porte une bonne partie de l'épisode sur ses épaules et pas uniquement la fin, évoquons un peu nos disparus… bien moins nombreux que ce qu'on aurait pu croire. Comme bien des gens, j'ai pensé que l'adoubement de Brienne par Jaime dans l'épisode 2 signerait potentiellement l'arrêt de mort d'un des deux, ce qui s'avère ne pas être le cas. Aucun personnage important ne meurt dans les cryptes : Varys, Tyrion, Sansa, Missandei, Vère et Petit-Sam sont indemnes. Ver-Gris, qu'on aurait pu croire condamné également, survit à la boucherie des Immaculés qui se prennent des spectres de plein fouet. Les morts "importantes", finalement, sont au nombre de sept. J'ai évoqué Edd-la-douleur et Melisandre. La maison Mormont est a priori décimée avec Lyanna écrabouillée par un géant qu'elle parvient à tuer néanmoins (avant d'être zombifiée par le Night-King) et Jorah qui succombe dans les bras d'une Daenerys effondrée. Beric Dondarrion meurt lui aussi en portant secours à Arya cernée de morts-vivants ("et sa mission est accomplie", dira Melisandre). Theon Greyjoy donne sa vie pour protéger Bran et c'est une scène magnifique (j'ai pleuré comme une fontaine). Cela dit, je ne sais pas trop quoi penser de ce que lui dit Bran. "Tu es un homme bon". J'ignore s'il a eu un éclair d'humanité ou s'il pensait dans sa Ford intérieure "je savais depuis le début que tu allais mourir mais comme je suis une Corneille à trois z'yeux bourrée de mansuétude, je te dis un truc sympa pour que tu y ailles en paix". Dans tous les cas, Theon, qu'on a traité de lâche, de tourne-casaque, de moins-que-rien-qui-pue (bah oui, Schlingue…), etc. pendant tellement d'épisodes, agit en héros désespéré. Et je pense que ça lui permet de partir en paix, bien plus que de s'entendre dire qu'il est un mec bien.
Le dernier mort notable, c'est bien sûr le Night-King.
D'où un glissement vers la plus jeune des filles Stark qui lui portera le coup de grâce.
L'attitude d'Arya m'aura marquée dès le début. Non seulement elle a la sagesse d'envoyer Sansa se cacher mais en plus, quand cette dernière admet ne pas savoir se servir d'une arme blanche, Arya reprendra mot pour mot ce que lui a dit Jon en saison 1, "frappe avec le bout pointu". Son aptitude aux armes, pendant les combats, n'est plus à prouver ; on ne peut que saluer sa précision quand sa flèche enflammée passe à quelques centimètres de l'oreille du Limier pour tuer le spectre juste derrière lui. La course-poursuite dans la bibliothèque est excellente, anxiogène et pleine de suspens, et c'est à ce moment que j'ai choisi le morceau de hard-rock/titre de ma chronique :
Have you run your fingers down the wall
And have you felt your neck skin crawl
When you're searching for the light ?
Sometimes when you're scared to take a look
At the corner of the room
You've sensed that something's watchin you
Fear of the dark, fear of the dark
I have the constant fear that something's always near
Fear of the dark, fear of the dark
An the phobia that someone's always there
D'ailleurs, la bande-annonce de la saison sortie en mars nous aura bien induits en erreur : elle nous montre ce passage où Arya fuit dans les couloirs de Winterfell, on la pense poursuivie par une seule personne mais en fait, il s'agit d'une pelletée de spectres qui rawr-rawr-rawr derrière elle et qui veulent l'attraper.
J'ai bien aimé que, à son corps défendant, ce soit grâce à elle que le Limier sorte de sa cachette et reprenne le combat. Il est intéressant de noter que Sandor Clegane soit resté tel que lui-même, avec sa peur du feu qui le pousse à sombrer dans un quasi-désespoir. Le rendre super badass en un claquement de doigts aurait été une facilité scénaristique, un écueil qui a été heureusement évité.
Quant au fait qu'elle tue le Night-King… c'est une chose qui de toute évidence divise les Internets et dont je ne sais pas trop quoi penser. Je n'ai aucun souvenir de la prédiction de Melisandre en saison 3 sur les yeux marron, verts ou bleus sur laquelle elle revient mais je note quand même qu'elle utilise comme par hasard le poignard en acier valyrien que Bran lui a donné, signe qu'en un sens, Bran savait ce qui allait se passer. Dans tous les cas, toutes les théories sur le prince/princesse qui fut promis-e se sont cassées la figure. S'il était évident que Stannis et son épée enflammée Illumination était un immense flan, on pouvait penser à Jon et/ou à Daenerys du fait de leur ascendance et de leurs parcours respectifs. Finalement, la menace de l'hiver prend fin d'un coup de couteau, donné par une fille qui s'est efforcée de n'être personne. C'est une immense surprise qui s'oppose à toutes les théories, ce que j'admire en soi, mais j'aurais bien voulu des explications sur la façon dont Arya en est arrivée à la conclusion qu'elle devait le faire et comment elle a fait pour se retrouver au bon endroit et au bon moment, le tout sans se faire repérer par le moindre Marcheur Blanc puisqu'ils étaient tous là, réunis autour de Bran, prêts à le regarder se faire détruire par le Night-King. À mon sens, c'est quand même un peu "ta gueule, c'est magique". Enfin, je suis un peu… perturbée, on va dire, par le fait que la menace de l'hiver, qui plane sur toute la série depuis le prologue de la saison 1 (avec ces gus de la garde de nuit qui se font décimer par des Sauvageons zombifiés), se termine de façon aussi brutale. Il ne reste que trois épisodes à la saison (et à la série) qui s'annoncent tous très longs et… je trouve que ça fait beaucoup de temps d'antenne pour régler le cas de Cersei et asseoir un quelconque "gentil" sur le Trône de fer, parce que ça me semble de plus en plus envisageable… et ce même si les véritables origines de Jon Sn… euh d'Aegon Targaryen sixième du nom risquent de remettre beaucoup de choses en cause entre lui et Daenerys, après la "trève" de la bataille de Winterfell.
Enfin, d'un autre côté et du bon, même si là encore, ça peut se produire dans les trois épisodes qui restent, aucun signe d'une théorie très en vogue et à laquelle je m'oppose formellement, à savoir une grossesse de Daenerys. Et c'est pas si mal.
Salut, gens.