la dernière mode, au-delà du cliché
D'après le réseau social de blogs Hellocoton, la dernière tendance en matière d'art de vivre est le "hygge". Ça fait plus de quinze ans que je connais le "hygge", après avoir vécu au Danemark à l'époque de mes études. Du coup, j'ai regardé un peu les articles et j'ai hésité entre rigoler et éprouver une vague consternation devant le ramassis de clichés. Les photos, descriptions et conseils n'avaient rien à voir avec ce que j'ai connu à l'époque, mes soirées "hyggeligt" avec mes copains où il n'y avait ni coussins, ni plaids en laine, ni bougies. Du coup, j'ai eu envie de confronter ce que j'ai vécu à l'âge de vingt ans avec ces jolies décos Ikea et ces photographies qui font si joli sur Instagram.
Quand je suis allée au Danemark, j'étais dans une école pour adultes comme il n'en existe que dans les pays du Nord. On appelle ça une "haute école" ou "højskole". Techniquement, on peut y apprendre tout et n'importe quoi mais l'établissement dans lequel je me trouvais était réservé aux étrangers souhaitant approfondir leurs connaissances linguistiques. On trouvait des gens de tous les pays : Allemagne, Pays-bas, Espagne, Etats-Unis, Israël, Japon… et il y avait même un Pakistanais absolument charmant qui adorait le tricot. Je suis partie avec ma copine de fac, qui était Allemande. On a constaté sur place que notre emploi du temps était réglé au quart de poil, sept jours sur sept, matins, après-midi et soirées et qu'au moins deux fois dans la semaine, les soirées étaient consacrées au "hygge".
On s'est regardées avec ma copine en se demandant ce que c'était. On avait beau apprendre le danois depuis deux ans et être plutôt proches de notre prof (genre, il nous invitait au bistro de temps en temps), on n'avait jamais entendu parler de ça et il est vite apparu que nous devions découvrir par nous-mêmes de quoi il en retournait. Le personnel de la højskole nous avait dit que c'était une coutume locale difficile à expliquer aux étrangers. Il s'avère que c'est exact, que les livres de développement personnel ne font qu'effleurer la partie émergée de l'iceberg et que je risque fort de mal décrire la chose, d'autant que je me base sur ma propre expérience.
Le "hygge" n'est pas un art de vivre. Ce n'est pas une philosophie. C'est davantage un état d'esprit.
Voici quelques exemples de trucs "hyggeligt" que j'ai connus là-bas.
- un de mes compatriotes qui jouait du Renaud à la guitare.
- Débattre des heures durant sur les meilleurs fromages.
- S'asseoir sur un rocher au bord de la mer et regarder les côtes de Suède juste en face.
- Observer la nature (comprendre les petites chauve-souris, les limaces géantes et, quand j'allais voir la mer, les méduses qui se déplacent dans l'eau).
- Se quicher à cinq ou six devant la même fenêtre pour regarder un orage.
- S'émerveiller de voir des canards nager dans la Baltique.
Sinon, c'était super "hyggeligt" de danser en portant une petite Japonaise sur mon dos (par contre, le gramme de paracétamol à prendre après parce que ça m'a flingué les dorsales, ça l'était beaucoup moins) et, le jour où j'ai regagné la France, de faire un câlin d'au-revoir à ma voisine de chambre qui venait de se rincer les cheveux, qui a trempé mon pull-over et qui sentait très fort le jasmin. D'ailleurs, en passant. Le bouquin qui se vend bien ici pour parler du "hygge" a pour sous-titre "se prononce [hou-ga]". C'est n'importe quoi. J'ai appris le danois, avec un prof danois et j'ai passé assez de temps là-bas pour affirmer que ça se prononce [hu-gueu]. Du coup, même sans avoir un diplôme de linguiste, vous retrouverez le terme anglais "hug".
Très franchement, les gens sont libres de mettre des bougies, des coussins blancs et des plaids en moumoute chez eux, de s'installer en lisant un bouquin, de boire des chocolats chauds et de regarder Netflix entre amis ou en couple mais limiter le "hygge" à ça est franchement réducteur à mon sens. Vous n'avez pas idée de la variété d'endroits ou de circonstances qui peuvent être "hyggeligt". Parce que c'est quelque chose qu'on ressent plus qu'on ne le vit.
Alors vous aussi, vivez le "hygge" dans le TGV.
Quand je suis allée au Danemark, j'étais dans une école pour adultes comme il n'en existe que dans les pays du Nord. On appelle ça une "haute école" ou "højskole". Techniquement, on peut y apprendre tout et n'importe quoi mais l'établissement dans lequel je me trouvais était réservé aux étrangers souhaitant approfondir leurs connaissances linguistiques. On trouvait des gens de tous les pays : Allemagne, Pays-bas, Espagne, Etats-Unis, Israël, Japon… et il y avait même un Pakistanais absolument charmant qui adorait le tricot. Je suis partie avec ma copine de fac, qui était Allemande. On a constaté sur place que notre emploi du temps était réglé au quart de poil, sept jours sur sept, matins, après-midi et soirées et qu'au moins deux fois dans la semaine, les soirées étaient consacrées au "hygge".
On s'est regardées avec ma copine en se demandant ce que c'était. On avait beau apprendre le danois depuis deux ans et être plutôt proches de notre prof (genre, il nous invitait au bistro de temps en temps), on n'avait jamais entendu parler de ça et il est vite apparu que nous devions découvrir par nous-mêmes de quoi il en retournait. Le personnel de la højskole nous avait dit que c'était une coutume locale difficile à expliquer aux étrangers. Il s'avère que c'est exact, que les livres de développement personnel ne font qu'effleurer la partie émergée de l'iceberg et que je risque fort de mal décrire la chose, d'autant que je me base sur ma propre expérience.
Le "hygge" n'est pas un art de vivre. Ce n'est pas une philosophie. C'est davantage un état d'esprit.
Voici quelques exemples de trucs "hyggeligt" que j'ai connus là-bas.
- un de mes compatriotes qui jouait du Renaud à la guitare.
- Débattre des heures durant sur les meilleurs fromages.
- S'asseoir sur un rocher au bord de la mer et regarder les côtes de Suède juste en face.
- Observer la nature (comprendre les petites chauve-souris, les limaces géantes et, quand j'allais voir la mer, les méduses qui se déplacent dans l'eau).
- Se quicher à cinq ou six devant la même fenêtre pour regarder un orage.
- S'émerveiller de voir des canards nager dans la Baltique.
Sinon, c'était super "hyggeligt" de danser en portant une petite Japonaise sur mon dos (par contre, le gramme de paracétamol à prendre après parce que ça m'a flingué les dorsales, ça l'était beaucoup moins) et, le jour où j'ai regagné la France, de faire un câlin d'au-revoir à ma voisine de chambre qui venait de se rincer les cheveux, qui a trempé mon pull-over et qui sentait très fort le jasmin. D'ailleurs, en passant. Le bouquin qui se vend bien ici pour parler du "hygge" a pour sous-titre "se prononce [hou-ga]". C'est n'importe quoi. J'ai appris le danois, avec un prof danois et j'ai passé assez de temps là-bas pour affirmer que ça se prononce [hu-gueu]. Du coup, même sans avoir un diplôme de linguiste, vous retrouverez le terme anglais "hug".
Très franchement, les gens sont libres de mettre des bougies, des coussins blancs et des plaids en moumoute chez eux, de s'installer en lisant un bouquin, de boire des chocolats chauds et de regarder Netflix entre amis ou en couple mais limiter le "hygge" à ça est franchement réducteur à mon sens. Vous n'avez pas idée de la variété d'endroits ou de circonstances qui peuvent être "hyggeligt". Parce que c'est quelque chose qu'on ressent plus qu'on ne le vit.
Alors vous aussi, vivez le "hygge" dans le TGV.