Chapitre 1 : Le commerce de poisons

Jun 21, 2008 14:48



Salazar relisait pour la cinquième fois son livre préféré intitulé Les morts lentes et extrêmement douloureuses à l’aide des poisons à l’ombre fraîche de sa grotte. Bien qu’il fût en hébreux ancien, les passages descriptifs des agonies de cet ouvrage étaient captivants. Il était sur le point d’arriver à son chapitre favori sur « les poisons à rebours ou comment tuer votre ennemi sans que l’on vous soupçonne ». Il aurait bien aimé en produire, des poisons à rebours, mais il n’avait pas le chaudron en or et étain nécessaire à leur fabrication. Il soupira. Depuis la mort de ses parents et sa fuite au cœur des marécages, le luxe n’était plus au rendez-vous. Son commerce de potions illicites permettait tout juste de mettre du beurre dans les racines. Il avait été déchu de sa noblesse avant même d’avoir l’âge pour le titre. Mais il allait se venger, évidemment. Evidemment.

Gwendoline qui s’était avancée silencieusement, posa délicatement sa tête sur ses genoux. Il la lui caressa paresseusement, tout entier à la lecture de son chapitre.

« …La victime après 80 heures passées en parfaite santé se mettra soudainement à cracher de la bile noire en quantité importante et sera prise des spasmes violents qui l’empêcheront de se tenir debout. Si vous êtes témoin, n’oubliez pas d’appeler à l’aide ainsi que de prendre un air horrifié… »

Il est bien ce livre mais les conseils sont parfois si puérils !

«…Lors que l’on croit à la fin de la victime, qui se met à vomir du sang, le poison écorcheur prend toute son originalité en… »

Croooaaaaa ! Salazar sursauta dans son siège. Un concert de crapauds se mit à retentir en un superbe canon de contre-alto. C’était la sonnerie de la boutique à l’entrée de la grotte qui le prévenait que quelqu’un venait d’entrer.

Argh ! Un damné client pendant mon passage préféré ! Pour la peine je vais lui donner la frayeur de sa vie !

Il saisit avec précaution Gwendoline et la posa par terre. Elle ne se rendit compte de rien car elle était déjà profondément endormie. Il noua une cape noire autour de ses épaules pour avoir l’air présentable et se dirigea vers l’entrée de sa grotte, où se tenait la boutique et donc le client futur traumatisé. Les crapauds s’en donnaient à cœur joie rivalisant les uns les autres en gammes puissantes et parfaitement cacophoniques.

Il est vraiment nécessaire que je change cette sonnerie ridicule. Mais ces crétins de clients, les chers pigeons, l’adorent tellement…

Devant la pyramide des chanteurs batraciens se tenait une espèce de colosse blond qui visiblement avait beaucoup apprécié le concert, au vu de l’enthousiasme de ses applaudissements et de son rire sonore. Je crois que j’ai appâté un champion…

Le type faisait bien une tête de plus que lui et cela eut été surprenant qu’il eût gagné ces biceps en soulevant des livres. Il avait une armure de cuir et portait une grande cape rouge richement décorée. Dans sa main droite une épée immense incrustée de pierres précieuses.

Hum. La première impression n’est pas à mon avantage.

L’individu se tourna vers lui et sembla surpris de le trouver là. Il sourit, dévoilant des dents qui n'étaient visiblement pas faites pour manger des légumes, et dit :

« Salut petit ! »

Vous, vous allez me supplier de vous épargner d’ici peu…

« Qu’est-ce que vous voulez ? »

Salazar avait pris son ton tout à la fois glacial et agressif, un vrai chef d’œuvre d’antipathie que le chevalier ne sembla même pas remarquer.

« C’est que je cherche quelqu’un…

- Je ne fais pas encore du commerce humain. »

Le sorcier blond semblait très désappointé et arborait une moue boudeuse qui reflétait peut être une tentative de réflexion. Salazar se demandait si, pour une fois, il n'allait pas se montrer magnanime et lui dire simplement de débarrasser le placher pour pouvoir retourner plus vite à son ouvrage. D’un autre côté, s’il le tuait, pour son effroyable impertinence, pour le dérangement et pour tout le reste, il pourrait récupérer à son compte la magnifique épée.

Et puis la cape. Et les bottes. Et le béret aussi ! …Mais je devrais me batte et puis enterrer le corps après…pff… épuisant... Et si je le déleste de tout puis lui dis de déguerpir ? kssksskss (rire serpentin de satisfaction intérieur )

Salazar planta son regard impénétrable dans le sien, et, rassemblant toute sa morgue :

« Etre misérable, si vous tenez ne serait-ce qu’un peu à votre v...

- Eh bien, j’ai vraiment pas de bol moi! Hahahaha! Tu sais que ça fait six heures que je tourne en rond dans ces marécages, moi ! »

D’une main leste le chevalier vira brusquement toutes les grenouilles de leur rocher et s’assit aussitôt avec un grand soupir de satisfaction très bruyant.

Non mais il aurait pu quémander la permission! Ce n’est pas parce que c’est une grotte que l’on peut se permettre… Hey ! Il m’a coupé ma réplique !

« Diantre ! C’est qu’ils sont étendus ces marécages, pas vrai ! Tu sais quoi ? J’ai la dalle ! Faut dire que marcher dans ce décor misérable, c’est pas de tout repos! Hahahaha! »

Je ne vous permets pas de critiquer mes beaux marécages, immonde créature ! Mais ? Il m’a tutoyé le rustre! Et pourquoi est-ce qu’il rigole ?

Le blond rangea son épée, puis se saisit d’un canif et sortit de sa poche un saucisson. Il commença à se découper quelques tranches tout en continuant à palabrer, inconscient des regards de haine enflammée dont il était l’objet. Sa capacité à mâcher tout en parlant tenait du véritable prodige.

« Non parce que, dans les herbes hautes tu vois rien alors du coup j’ai fait trois fois le tour sans trouver ! Hahaha! »

Par Hadès, c’est trop complexe de suivre un panneau ! J’en ai planté par dizaine dans les environs ! Son incommensurable stupidité l’empêcherait-il de suivre une flèche ?

Un tel spectacle de la nature retenait momentanément les foudres de Salazar. Intuitivement, il sentait qu’il commettrait un sacrilège de tuer ce monument d’inconscience.

« Tiens ! Prends-toi du saucisson ! Ca te fera grandir ! »

Salazar reçu un bout de charcuterie volante au niveau du torse mais ne fit rien pour l’attraper. Il était occupé en un difficile débat mental. Dans son esprit machiavélique apparaissaient les différentes possibilités de châtiments qu’il ferait subir à l’impudent. Quelle fin choisir pour LUI?

« Et ben t’as pas beaucoup de réflexes! Hahaha! Bon, revenons à nos moutons ! Alors tu connais personne dans la région? »

Un long silence d’au moins une minute se fit alors entendre. Le blond regardait le jeune sorcier aux cheveux noirs tout en se curant les dents à l’aide du canif. Le maître des potions était abasourdi, à cours de réponse devant une question aussi idiote.

Mais il n’y a pas âme qui vive dans ce coin perdu à part ma personne! De quoi le taré parle-t-il !

Un grand éclat de rire viril rompit la quiétude si chèrement acquise.

« Ahahaha! Pardon ! J’ai oublié de me présenter ! Je m’appelle Godric Louis Gryffondor ! Je viens du sud! Je suis chevalier! Enfin, j’ai pas encore fait mes preuves ! D’ailleurs, je suis là pour çà ! Je suis venu parce qu’il paraît qu’il y a un mage noir dans la région alors tu comprends, je veux le défier ! »

Salazar reprit tout à coup toutes ses capacités mentales. Alors ma réputation a ébranlé le sud ! D’ici peu, tout le monde voudra des potions de Salazar ! Kssksss ! Mais il faut que je me méfie un peu plus de ce nigaud du coup! Après tout, il est là pour me tuer, bien qu’il ne se rende même pas compte que c’est moi l’être diabolique et dangereux des marais…Kssss…

« Il faut bien que je me fasse la main ! Je compte devenir le plus brave des combattants, tu piges ! C’est pas en tuant seulement une douzaine de serpents comme aujourd’hui que je vais devenir le meilleur ! Ahahaha ! »

Le jeune magicien sentit le monde se dérober sous ses pieds l’espace d’une seconde. Ce Godric avait tué des serpents. Ses serpents. Mes serpents chéris. Une douzaine de mes petits protégés. Les seuls êtres avec qui je peux communiquer dans mon exil. Ne vous inquiétez pas, votre maître bien-aimé va vous venger. Maintenant, je sais ce que je vais faire de toi, pauvre diable. Tu as tué mes serpents. Tu vas mourir par leurs poisons alors. Ne t’inquiète pas, tu vas beaucoup souffrir.

fic, quand godric rencontra salazar, ayez pitié c'est mon tout premier écrit

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